par Livia Caelius le 28 Février 2013, 17:06
Pour ma part, c'est lorsque je me bats que tout le reste ne compte plus. Je ne peux pas l'exprimer de la même manière que toi, mais le fond est le même. Dans un combat, nous sommes deux, on interagit avec l'autre et on décide ensemble du début et de la fin de l'échange. Mais lorsque je ne me bats pas, et quand je ne prie pas Minerve, là s'exprime la véritable solitude, celle qui prend au fond de l'âme et qui fait vraiment réaliser que personne ne voit les choses comme soit. Personne ne conçoit le monde comme je le conçois et j'y éprouve un véritable manque. Pourtant, il y a du monde qui m'aime et qui m'admire, et il y a pas mal de personnes que j'apprécie... Mais aucune qui ne partage ce qu'on partage en ce moment.
J'aurais presque pu rire aux mots qu'il prononça. C'était fou, j'avais l'impression d'entendre mon père. Varro et lui se ressemble en bien des points hormis le sujet sur les guerrières, mais ce n'était pas un point où ils viendront à se disputer. Malgré les airs bourru et froid de mon père, on pouvait aisément percevoir, une fois qu'on le connait bien. Un homme ouvert et sensible, mais qui préfère cacher peur ou crainte pour ne faire ressortir son courage et sa force et le partager avec ceux qui l'entoure.
Enfant, cet homme m'avait toujours effrayé, car nous étions à des kilomètres l'un de l'autre. Pensant sans cesse qu'il ne ferait jamais attention à moi et qu'il ne m'a jamais porté dans son coeur. A chaque fois que nous étions ensemble, il me grondait et n'était jamais satisfait de ce que je faisais. Bien des fois, j'ai pleuré dans les bras d'Azura ou bien auprès de Marius qui m'encourageait toujours.
Une larme roula le long de ma joue face à mes vieux souvenirs que j'effaçais avec ma main et sourit à mon compagnon nocturne pour le rassurer.
- Pardon. Tu parles exactement comme mon père et...ça m'a fait retourner dans le passé.
Varro est un homme bon sans conteste. Bien qu'il soit un peu froid au premier abord, qu'on le pense sans émotion. On se rend compte finalement que c'est le contraire. Il est plus accessible qu'il ne veut le montrer. Une barrière protectrice sans doute. S'immunisant contre les faux semblants et ne pas perdre la face devant les autres. Moi, je suis le contraire, je m'ouvre aux autres, je suis chaleureuse. Cependant, j'essaie de ne pas trop me dévoiler trop facilement. Seulement, ce soir, je faisais face à un ami charmant et avec qui je me trouvais quelque point commun.
Je n'aurais pu exprimer mieux cette vision des choses. Tout ce que je fais est pour Minerve, et oui je crois bien qu'on me sur-élève alors que je ne fais que la servir le plus fidèlement possible. Mais peut-être est-ce pour ça d'ailleurs ? Parce que nous voulons faire le meilleur possible, et que nous sommes les meilleurs pour ça, du moins je parle de moi pour le combat, alors les gens nous sur-élèves. Et de toute façon, l'éloignement dû au rang social est une barrière vraiment difficile à passer. D'un autre coté, il vaut mieux qu'il y ai cette barrière, cela rend exceptionnel les personnes qui la franchisse...
Avec attention, je l'écoute sans le couper. Je le laisse répondre à ma question, partageant ainsi le fond de ses pensées. Il me démontre que nous avons plus de point qu'il n'y paraît au premier abord. Après tout, on ne s'attend pas à ce qu'un guerrier qui aime le combat et une artiste qui prône l'amour s'entendent aussi bien et ce dès la première rencontre. Pourtant, c'est vrai. Nous pouvons nous considérer comme les deux faces d'une même pièce. Deux étrangers, deux opposés que tous séparent, mais qui finalement se rendent compte que malgré les différences et la barrière que l'on a construite peut être dépassée par quelqu'un. Un être d'exception selon lui.
Comme toi.
Lorsque Varro prit délicatement ma main, je fus un peu surprise. Mon regard se posa alors, instinctivement sur lui. Alors, que mes joues s'empourprèrent sous les derniers du guerrier et qui me laissa, je dois bien l'avouer, complètement coi. Je ne m'attendais absolument pas à cela et sur le coup, je ne savais absolument pas quoi dire. Que pouvais-je dire en même temps ? Il me fallut un petit moment, quelque seconde en vérité, peut-être longue, pour me reprendre et esquisser un sourire quelque peu gêné.
- Tu exagères, je ne suis pas...exceptionnelle. Je suis simplement moi voilà tout. Le naturel peut toucher comme révulser les autres. J'estime que pour une amitié ou une relation amoureuse, il faut que les deux êtres se respectent, soient fidèles l'un envers l'autre et surtout, ils doivent tout se dire.
Mon regard se baissa légèrement en pensant à mon enfance. A cette femme qui a détruit trois vies, Azura, mon père et moi. Enfin deux, car avec le temps, j'ai pu comprendre que ma tendre nourrice ne fut pas seulement une androïde pour mon père, mais bien plus tout autant que pour moi. Elle a été ma vraie mère, petite, je l'appelais ainsi. Elle me grondait de peur que ma génitrice surprenne ces mots, mais jamais cette horrible mégère n'a prêté une réelle attention envers moi. Elle ne se souciait que d'elle, de son apparence, de la richesse, de la place qu'elle avait en société, mais aussi de ces multiples aventures qui nombre de fois ont dû faire enrager Venus. Ma mère n'a jamais compris comment aimer, mais abuser psychologiquement et physiquement des autres, là c'était une championne.
Balayant, les mauvais souvenirs, je regardais à nouveau Varro serrant doucement sa main dans la mienne ne sachant pas quoi dire de plus.