[E3] Prières de Vita [Event]

[Vita Proteus]

Voilà donc ce qui vous nourrit, vous fait exister...
Les prières...
Celles des humains car vous méprisez les androïdes comme moi !

Malgré tout, je suis ici et maintenant, face à toi,
Minerve, la gardienne et protectrice de la Cité de Rome.
Ne te réjouis pas trop vite, je ne t'interpelle pas pour moi...
Je ne me fais aucune illusion sur un avenir que je n'ai pas.
Je suis face à toi pour mon maître et nul autre que lui.

Maximus Proteus, Consul et forgeron, ton fidèle serviteur,
Voilà l'humain pour lequel je m'adresse à toi.
Ne crois-tu pas qu'il a assez souffert maintenant ?
Rend-lui sa liberté !
Cesse de le tourmenter !
Apaise son esprit et son corps !

Je me tiens debout devant toi, sans crainte, sans haine.
Qu'importe mon avenir, ma vie et ma liberté,
Si tu es aussi puissante que mon maître ne le pense,
Offre-lui la vie qu'il mérite !

Et si toi, Déesse, tu ne peux accéder à ma demande...
Alors pars et emmène ton temple maudit avec toi
Car ta place de Protectrice ne serait qu'une vulgaire usurpation !

[Venus]

Les paroles ne tombèrent pas dans l'oreille d'une sourde. Un léger claquement de langue se fit entendre dans la pièce. Sur la main de Vita, trois petits grains de sable tombèrent. Ils scintillaient de mille éclats. Et puis un autre grain de sable rejoint les premiers. D'autres grains tombèrent. Le sol commença à se couvrir de sable. En levant les yeux, elle put contempler l'autel de Minerve. Il fondait en milliards de grains de sable. La voûte du toit s'effritait et disparaissait en un nuage de sable que le vent chaud du désert souffla au loin. Les pieds de Vita commencèrent à s'enfoncer dans le sable.

Par réflexe, elle releva les pieds un à un pour se dégager. Le temple autour d'elle s'était totalement désagrégé. Rome n'était plus là. Que se passait-il ? Le soleil rayonnait haut dans le ciel. La chaleur du désert était terrassante. Et une centaine de mètres devant elle se tenait Maximus. Il semblait étonné, ahuri de se retrouver en plein milieu du désert. Vita pouvait crier, sa voix avait disparu. Venus la muselait. Elle apparut dans son éclatante beauté. Un autre soleil semblait se poser sur le sable. Il pouvait être vu par delà les dunes et nul doute qu'il attirerait l'attention du corps expéditionnaire deux lieues plus loin. La déesse drappée dans une soie bleues

-- Écoute moi bien jeune insolente, catin de lupanar... Crois-tu que ma soeur Minerve apprécie de savoir que son charmant toutou a voulu démissionner de son poste de Consul ? Crois-tu que ma soeur ignore les sentiments qu'il éprouve pour toi ? Crois-tu vraiment que ton charmant petit maître ne l'irrite pas ? Je défends l'Amour. C'est pour cela que j'interviens petite sote. Elle serait passée outre ses actes, elle a d'autres chats à fouetter. Mais de voir une catin l'insulter dans son temple, ça jamais elle ne l'aurait laissé passer jeune insolente.

Elle poussa de l'index Vita qui tomba en arrière sur ses fesses.

Si je vous avais laissé tous les deux à Rome, elle aurait influer les grands tribuns et ils auraient fait jeter aux lions ton maître. Et quelque soit sa force, il serait mort dans vos arènes. C'est cela que tu veux ? N'insulte plus jamais les dieux, catin ! Crains leur colère, romaine ! Je te laisse la vie sauve uniquement si Maximus tient à toi. Maintenant reste à savoir s'il préférera se jeter dans le gueule du Tigre ou fuir vers le corps expéditionnaire...

Venus disparut en une volute de fumée blanche. Vita se retrouva plongée dans le silence du désert. Un silence bien trop pesant. Maximus se trouvait en haut d'une dune en face d'elle. Du haut de sa dune, Maximus pouvaient observer le corps expéditionnaire. Il marchait en leur direction mais était à deux bonnes lieues d'eux. Même les cavaliers mettraient du temps à galoper vers eux. Maximus se retourna à nouveau et put observer Vita. Elle se tenait dans sa belle robe blanche en haut d'une autre dune.

Et soudain loin derrière Vita, des rugissements se firent entendre. Trois puissants tigres aux dents de sabre se battaient devant une conquête femelle. Mais l'un d'entre eux s'arrêta. Il se mit à humer l'air et tourna sur lui-même. Ses yeux fendus se relevèrent du sable et captèrent toute l'attention de Vita quand ils se posèrent sur elle. L'appétissante créature détourna les trois mâles de la femelle. Vita ferait un délicieux repas, un magnifique présent pour la tigresse.

-- S'il t'aime, il courra vers toi lança Venus à Vita.

Mais il mourra certainement avec elle. Car même dans les arènes, jamais un homme n'avait survécu à trois tigres.

Au loin, Venus avait volontairement attirer l'attention du corps expéditionnaire. Et la lumière qu'elle émit ne put être inaperçue. Quel décision prendrait Caius ?

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Merci de laisser Maximus répondre

[Maximus]

Certaines journées commençaient comme beaucoup d’autres. En cette fin de matinée, le bruit du marteau forgeant le métal résonnait tranquillement sur la place du marché. Son rythme d’une étonnante régularité semblait battre la mesure pour un invisible orchestre. Maximus levait son marteau et l’abattait sans relâche sur une pièce d’armure chauffée au rouge. Le marteau s'envola pour frapper à nouveau. Mais plus aucun son ne provint de la forge. Il observait son marteau qu’il tenait en l’air. Du sable semblait tomber du ciel, la forge semblait disparaître dans une étrange pluie de sable.

Quelques instants plus tard, un homme vint chercher sa commande. La forge était vide, ouverte aux quatre vents. Le forgeron demeurait introuvable et dans la nuit sa forge sera certainement dépouillée par les voleurs. Et pour cause, Maximus se trouvait à plusieurs centaines de lieues de là, dans le désert, au sommet d’une immense dune de sable fin. Il tourna le visage et put observer une puissante lueur. Ébloui, il ferma les yeux et les cligna plusieurs fois pensant à une hallucination. Il tourna la tête vers le Sud et observa le corps expéditionnaire.

-- Ça... ça craint...

Sa première pensée fut pour Vita qu'il pensait restée seule à Rome. Et lui, il était là, ridicule, avec son bras levé, brandissant son marteau d’une main et cette pièce de métal de l’autre. Il resta là incrédule jusqu’à ce que la lumière disparaisse. Il découvrit alors Vita au sommet de l’autre dune. Mais plus loin derrière elle, il vit l’horreur de quatre tigres à dents de sabre. Ces créatures, il les connaissait trop bien. Jeune, il avait craint ses félins qui arpentaient sournoisement les champs lors des moissons. Les tigres se dissimulaient dans les blés et tuaient avec une rapidité extrême les agriculteurs qui ne les avaient pas sentis approcher. Leur deux grands crocs s’enfonçaient dans la nuque de leur proie et la tuait instantanément. Combien de fois avait-il courut vers les gardiens de Pluton lorsque le cor des remparts les avertissait de leur présence ?

Aujourd’hui, nul cor ! Les gardiens de Pluton étaient là, une, peut-être deux lieues derrière lui. S’il courrait vite, il avait une chance. Pas une seconde, il n’hésita. Il dévala la dune en se jetant corps et âme … vers Vita. Pour gagner du temps, il sautait, chutait et glissait sur le sable. Il courut aussi vite qu’il le put vers celle qui comptait plus que sa vie. Venus avait tort de douter de ses sentiments. Trois tigres bondissaient à leur tour vers elle. Ils dévalaient la dune alors que la tigresse observaient ceux qui se disputaient sa croupe. Elle rugit à gorge déployée, un son rauque qui se propagea jusqu’au corps expéditionnaire. Les soldats de Pluton tels Titus ne pouvaient ignorer ce rugissement. Ils le connaissaient trop bien. C'était le cri de victoire d'un tigre ayant eu sa proie.

Maximus laissa tomber le marteau comme la pièce de métal pour courir plus vite. Ses armes-là ne lui serait guère d'une grande utilité contre ses montres. Il criait à Vita de courir vers lui. Il commençait à grimper la colline quand il la croisa, mais il ne la saisit pas dans ses bras. Il la repoussa vers le bas de la dune. Elle en chuta et glissa à plusieurs mètres de lui.

-- Silence ! Court vers le sud, court vers le corps expéditionnaire sans jamais regarder en arrière et dirige les vers moi ensuite.

Maximus se mit alors à grimper vers le sommet de la dune sans s’attarder plus longtemps avec Vita. Il fallait qu’elle fuit. Il avait une chance infime de lui faire gagner quelques précieuses minutes. Maximus n’était pas un humain comme les autres. Minerve lui avait offert un don. Et ce don lui permettrait peut-être de survivre assez longtemps pour sauver Vita.

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édition de Venus : Caius, Titus et Vita peuvent répondre, il en est de même pour tout ceux qui veulent se lancer vers la lumière et le rugissement. Mais n'oubliez pas que (sauf don particulier) vous n'avez pas pu voir la silhouette de Vita. Seule celle de Maximus peut-être entr'aperçue.

[Titus Acilius]

Le Corps Expéditionnaire de Mettius Aurelius avançait vers l'Olympe, pataugeant dans le Grand Désert. Les lieues défilaient à la vitesse d'un escargot sur une côte savonnée. Les soldats souffraient de la chaleur, comme de la fraicheur, de la déshydratation, de la crainte de tomber sur une bestiole et de la peur de ne jamais retrouver leurs femmes, soeurs, mères, filles... Si les soldats étaient en très bonne forme physique, rompus aux marches dans le désert, partir avec tout un bardas sur le dos, pendant des jours et des jours, cela, ils ne l'avaient jamais enduré et leurs pieds s'enfonçaient dans le sable, ralentissant leur marche forcée. Titus s'occupait de l'arrière-garde et ne distribuait pas d'ordre, si ce n'était que pour ses hommes, marchant silencieusement, comme à leurs habitudes, des vrais Soldats de Pluton, gardant leurs forces pour les rencontres avec les bêtes monstrueuses. Pour le moment, ils n'avaient pas été attaqués, mais ils se méfiaient. L'ordre venant de la première ligne avait été donné : le Corps marcherait la nuit et se reposerait durant les heures les plus chaudes de la journée. Si bien que cette journée-là, ils marchaient tranquillement, attendant la pause bien méritée. Un râle retentissant les interpella et ils virent une lumière divine. Les soldats s'arrêtèrent, tous, qu'ils soient de Minerve ou de Pluton. Et puis, un cri. Un cri déchirant. Titus fronça les sourcils, mais ne bougea pas. Certains soldats, père, fils ou frère, eurent le réflexe de s'élancer vers ce cri.

- Arrêtez.

Titus donna son ordre, strict, froid, glacial. On ne se disperserait pas. Il fut entendu par presque la moitié de tout le corps. Les gardes de Pluton n'avait pas bougé d'un millimètre, mais cela avait été quelques Soldats de Minerve qui avaient tenté de porter secours à cette silhouette entrevue, à ce cri, à ce grognement. Ils lancèrent sur le Centurion un regard terrible, hargneux. Comment un homme de Pluton pouvait donner un ordre à un soldat de Minerve?

- Préférez-vous voir tomber un être ou tout le Corps? On ne sait pas ce que c'est, on ne sait pas ce qu'il y a. Les Monstres ne sont pas stupides, les guet-apens sont nombreux dans le désert qui se trouve être LEUR territoire. On ne bouge pas du chemin que trace le début du Corps.

Les paroles sensées réveillèrent l'intellect des Minerviens et ils attendirent, les yeux tournés vers Caïus. C'était lui qui donnait les ordres, c'était lui l'autorité suprême dans cette expédition et Titus suivrait ses ordres, mais encore fallait-il qu'il les donne. Ce n'était que du triage militaire. Mieux valait-il sacrifier un homme, plutôt que mille. Titus n'aimait pas ce genre de réflexion, mais dans un lieu hostile, il n'avait pas le choix que de l'appliquer. Il tenait à ses hommes plus que tout.

[Vita Proteus]

Il se passe quoi là ? Depuis quand le sable tombe du ciel ? Je regarde sans comprendre le sable, tout ce sable avant de réaliser que je suis... dans le désert ! Je crois que j'ai fait une gaffe. Avec précaution, je me remets sur mes jambes avant de me trouver nez à nez avec une femme que je ne connais pas. Mon maître va me tuer... Ses premières paroles me semblent incompréhensible jusqu'à ce que je réalise qui elle est. Venus ! La Déesse ! Je vais pour lui faire une remarque quand je me rends compte que je ne peux plus parler. Dans quel pétrin me suis-je mise ? Je l'écoute, partagée entre joie et crainte. Mon maître... en danger ! La colère s'empare de moi. Mais pour qui se prend-elle ? Bon d'accord, c'est une déesse mais je m'en moque royalement. S'occuper des androïdes ne les intéresse pas que je sache mais dès qu'on touche à leur orgueil, ça se réveille ! Me revoilà les fesses par terre. Je retiens les mots qui ne demandent qu'à franchir mes lèvres. Ses paroles m'indiffèrent sauf quand Venus parle du colosse. Comment ça il m'aime... Il ne manquait plus que cela ! La Déesse de l'Amour vient de péter un câble ! Je plains intérieurement ses adeptes.

Plus rien. Cette maudite lumière a disparu et je me retrouve de nouveau seule, en plein désert. Elle a de l'humour Venus, je rentre comme moi maintenant. Elle aurait au moins pu prévoir le retour tout de même ! Ah ces dieux, ils n'en font décidément qu'à leur tête. Je regarde autour de moi puis en direction de la ligne d'horizon, dans l'espoir d'apercevoir Rome. Je manque de m'étrangler ! Maximus ! Ah non, elle n'avait pas le droit ! Il n'a rien fait lui. Je me relève, tout en le fixant, incrédule. Lentement, les mots de la Déesse reviennent en ma mémoire. Avant que je réalise réellement qu'en dépit de mon erreur, une déesse est venue me parler... Moi, l'androïde sexuelle alors que je ne la prie même pas. Je n'ai pas le temps de m’appesantir sur cette découverte qu'un rugissement se fait entendre derrière moi. J'ignore ce que c'est mais je n'aime pas. Venus a parlé de tigre... Je fouille dans mes archives virtuelles et j'y trouve des renseignements concernant les tigres des sables. Je frémis d'horreur. Ma situation ne pouvait être pire.

La voix de mon maître me ramène à la réalité. Il veut que je courre vers lui. Comme mue par une raison qui n'est pas mienne, c'est ce que je fais, progressant sur cette étendue de sable. Contrairement aux humains, je dispose d'une capacité non négligeable sur ce type de terrain : la possibilité d'adapter mon équilibre de façon instantanée. Ce qui me permet de progresser rapidement, plus rapidement que mon maître en tout cas. Mais si je comptais me réfugier dans ses bras, c'est raté. À peine arrivée à sa hauteur, il me projette au pied de la dune, derrière lui, en me hurlant d'aller chercher le corps expéditionnaire qui progresse dans notre direction. Le temps n'est ni à la discussion, ni aux aveux visiblement. J'obéis sans discuter, reprenant ma progression. Je semble glisser sur le sable. Combien me séparent des hommes, je l'ignore mais cela ne m'effraie pas. La seule chose qui compte maintenant, c'est l'homme qui risque de mourir pour me sauver la vie. Mon maître. Un humain haït par la rébellion mais qui tient à moi bien plus que la logique le veut. Je dois parler avec lui des paroles de la Déesse, il le faut !

Je finis par apercevoir la longue colonne des soldats, encore loin cependant. J'ignore ce qu'ils sont en train de faire mais je ne m'en soucie pas. Je dois les mener à mon maître, le plus rapidement possible. Même si je sais, tout au fond de moi, que les chances que Maximus survive sont rares. Sauf si son don marche aussi avec les animaux. Pas le temps de faire une dissertation sur le sujet, je dois suivre les ordres. Et uniquement cela pour le moment. Mes sentiments pour cet humain ont fini par faire de moi une androïde très obéissante. Prévenir les soldats et ensuite ? Ensuite... demi-tour et retour auprès de mon maître. La colonne finit par se trouver à portée de voix. Je cesse ma course avant d'augmenter le son de ma voix à son maximum. Avec ça, ils ne pourront ignorer mes appels. Je réfléchis à tout ce que m'a dit mon maître au sujet de ce corps expéditionnaire. Un nom me revient en mémoire. Je n'ai pas le temps de me rappeler son rôle exact mais au moins, lui devrait savoir que je ne mens pas.

Praefectus Aquilius ! Le Consul Maximus Proteus m'envoie pour solliciter votre aide. Il vient d'être attaqué par des tigres des sables.

Je n'attends pas la réponse, je n'ai pas le temps. Mais une chose est sûre, ma plastique en a attiré plus d'un. Je repars immédiatement dans le sens inverse, sans même savoir si l'homme interpellé me suit. Une seule chose m'obsède. Retrouver mon maître, en vie si possible, et rapidement. Retrouver l'homme qui m'aime et que j'aime aussi.

[Caius Aquilius]

Le désert... C'est cet endroit l'ennemi, cette immense étendue de sable s'étendant à l'infini. Dans ma jeunesse, un de mes percepteurs m'avait conté qu'en un passé lointain ici s'étendait une terre prospère et sécurisée, bien avant à ce que les guerres ne la détruisent. C'est ici que le destin de cinq milles hommes se décidera. La victoire ou la mort, c'est cela le choix qui s'offre à nous.

Le danger est partout. J'ai nommé des éclaireurs dans chaque section, chargés d'observer tout signe d'un de ces animaux féroces contre lesquelles nous luttons chaque jour pour protéger les habitants de Rome. Pourtant pour le moment, rien ne semble entamer le moral des troupes, curieux assortiment de ce que la cité compte en soldat ou idéaliste. Nombreux sont ceux qui n'ont avant cette expédition eu peu d’expérience dans le domaine des armes... Bientôt leur enthousiasme s'effritera et il m'appartiendra de maintenir la discipline et l'ordre dans cette armée.

Je chevauche avec l'avant garde, entouré des principaux officiers de l'armée. A ma droite, sur la monture que je lui ai moi même offerte se trouve Aquila, prêtresse de Jupiter,qu'à une époque, alors que nombreux étaient ceux à se moquer d'elle, j'ai pris sous mon aile pour lui apprendre l'art délicat du combat monté. En pareille compagnie, je me sens bien plus en sécurité que dans les coulisses de la politique romaine.

Lumière.... Une colonne de lumière blanche apparaît au loin, nous éblouissant par sa clarté. Est-ce là un phénomène du au désert ou à un signe divin cherchant à nous guider vers une voie que nous n'envisagions pas encore ? Un cri déchire alors le silence et certains hommes commencent à vouloir s'élancer, retenus par leurs officiers. Il va vraiment falloir que je fasse éduquer toutes ses jeunes recrues dans la tradition militaire qui fait la gloire de Rome.

Je n'ai guère le temps de la réflexion que surgissant des dunes, une jeune femme vêtue à la mode romaine survint. Ce qu'elle me dit m'estomaque... Le consul Proteus ici en plein désert à des kilomètres de la ville ? Mais comment a t'il fait pour nous précéder ? Serais-ce là ce signe des dieux que j'attends pour nous guider ? Le temps n'est pas à la réflexion mais à l'action :

Aquila.... Prends avec toi la seconde, la troisième et la quatrième décurie de cavaliers et aller voir en éclaireurs de quoi il s'agit. Sauvez le consul et engagez les créatures à distance, au javelot ou à l'arbalète. Le reste de l'armée suivra derrière, aussi n'hésitez pas à vous replier en cas de soucis, si le consul est en sécurité.

Avant mon départ, j'ai vu les hommes adorant Pluton. Je sais ce que vaut un tigre des sables en combat rapproché.... Je sais aussi que ces bêtes ne résisteront pas à une pluie de javelots et de carreaux tirés par des hommes montés se mouvant rapidement. Toujours observant la demoiselle qui court dans le sable, j'interpelle un de mes officiers à mon coté.

Labienus, prenez cinq cavaliers et rattrapez cette demoiselle. Empêchez là d'aller se faire dévorer.... Pas de brutalité mais maîtrisez là si elle résiste.

L'officier obéit alors et s'élance. J'ai choisi Labienus car je sais que ce dernier ne s'adonnera pas à quelque penchant sur celle qui me paraît être une androide A cheval il aura rattrapper la femme avant qu'elle ne rejoigne le lieu du combat, où elle risque plus d'être une gene qu'un atout.

Je fait signe aux hérauts à proximité de moi de donner mes ordres à la colonne. Je n'exclue pas l'hypothèse d'un piège et je vois en cet événement le moment que je craignais et espérais à la fois, celui de tester l'efficacité de l'armée qui est mienne en situation de danger.

Faites passer les ordres. Que tous les centurions mettent leurs troupes en formation de combat. Nous avançons vers la lumière. Tout homme qui quittera la formation ou fera preuve d'indiscipline sera puni.

Pas question de se précipiter. Aquila et les hommes que j'envoie suffiront pour une poignée de tigres et de toute façon nous serons peu de temps après là bas. Déjà je sens mon cerveau m'échapper, je vois mon esprit tactique prendre la direction, évaluant chaque risque, chaque situation possible.

Messieurs, il est temps pour nous de voir ce que les dieux nous veulent.

Déja les coups de sifflet retentissent, transmettant de façon simple les ordres. C'est là la méthode au sein de la légion romaine en phase de combat, bien plus efficace qu'un messager. Si vraiment cette lumière est un signe divin, cela n'en fera que renforcer la détermination des troupes.

En route.

J'éperonne mon cheval alors tandis que l'armée bouge lentement en direction de l'endroit où la lumière est apparu. Quoi qu'il nous attend là bas, je suis prêt à l'affronter.

[Titus Acilius]

Le désert était sans pitié. Pour ceux qui le connaissaient, pour ceux qui l'avaient arpenté en long, en large et en travers, tous le savaient et tous, visiblement ne se trouvaient pas dans les rangs du corps. Derrière chaque grain de sable pouvait se cacher une terreur venue des Dieux. Pluton guidait les membres de la compagnie de Titus, mais qu'en était-il du reste du Corps? Non, le désert ne serait d'aucune pitié. Mais les ordres furent donnés et Titus, comme tout le reste des Plutoniens, d'un commun accord commun sortirent leur épée et suivirent le reste du corps qui marchait lentement vers la lumière divine. Toujours prêts, c'était là, la devise d'un Garde de Pluton. Ils marchaient donc l'épée dénudée, prête à l'emploi. Point hésitants, décidés au contraire à tâter des bestioles qui pullulaient dans la région. Quelques fois, il fallait accepter et laisser les Dieux tranquilles. Mais les ordres avaient été donné. Titus n'était pas celui qui dirigeait, il obéirait donc aux ordres donnés. Il regarda partir les cavaliers vers le cri, vers les râles, vers cette silhouette qu'il avait entre-aperçue. En formation combat, il marchait avec ses hommes, il s'enfonça dans sa compagnie pour marcher avec les tous derniers hommes, si le danger allait venir de là, il serait prêt, comme l'étaient ses hommes. La peur ne les prendrait pas de court, ils se battraient pour avoir le droit de rentrer chez eux, pour plaire aux Dieux et pour que Pluton les accepte dans les champs élyséens s'ils venaient à tomber sous les crocs des monstres du Désert, engloutis par le sable. Ils marchaient donc, fermant la marche, mais rien derrière eux ne surgissait, seul la lumière, droit devant le Corps était toujours présente, les guidant. Les rales continuaient, un peu plus loin et désormais, tel un grondement de tonnerre, les chevaux galopaient, tambourinant d'une voix sourde le sol sablonneux du Désert. Titus les regarda s'éloigner. Tous ces chevaux qui risquaient de ne pas revenir. Il espérait sincèrement que le Praefectus ne les envoyait pas au casse-pipe, mais les sifflets avaient dictés leurs conduites et les Gardes de Pluton, toujours silencieux marchaient, alertes et prêts.

[Vita Proteus]

-- Silence ! Court vers le sud, court vers le corps expéditionnaire sans jamais regarder en arrière et dirige les vers moi ensuite.

Les mots de mon maître résonnent en moi comme des milliers de tambours. Je dois le rejoindre, conduire les soldats jusqu'à lui. C'est pour cela que j'ai fait demi-tour rapidement pour repartir vers mon maître... et les tigres des sables. Un regard derrière moi m'informe que le corps expéditionnaire m'a emboîté le pas. Tant mieux. L'homme que j'ai interpellé m'a crue. J'en suis soulagée mais mon esprit reste tourné vers l'homme qui risque sa vie pour la mienne. Pourvu que nous n'arrivions pas trop tard... Je ne supporterai pas de retourner chez le marchand d'esclaves. Tout mais surtout pas ça !

Un bruit derrière moi attire mon attention. Un groupe de cavaliers se rapproche rapidement. Je les ignore, poursuivant ma progression à un rythme soutenu. Je suis malgré tout contrainte de m'arrêter, les chevaux venant former un cercle autour de moi. Je ne comprends pas, il s'agit de mon maître, non de moi. Les animaux m'effraient. De mauvais souvenirs m'assaillent mais quoi que je fasse, je ne vois aucune porte de sortie. À force de m'agiter, je chute au sol, me retrouvant à genoux. Les hommes n'ont pourtant pas l'air agressif à mon égard mais leurs montures... Je ne fais même pas attention au fait que ma robe s'est relevée sur mes cuisses, découvrant le poignard que je porte. L'un des hommes prend enfin la parole.

Le Praefectus Aquilius veut que vous veniez avec nous afin que nous puissions vous protéger.

Je le regarde, incrédule. Je ne peux pas lui obéir, mon maître m'a donné un ordre ! Son regard finit par se poser sur mon arme sans que je ne perçoive de méfiance quelconque de sa part.

Mon maître, le consul Proteus, m'a ordonné de venir vous chercher et de vous mener à lui. Je ne peux lui désobéir.

L'homme m'indique un point derrière lui. J'aperçois un second groupe de cavaliers, bien plus avancés que nous et armés.

Ces soldats vont secourir le Consul. Mais vous, il me faut vous empêcher d'aller vous faire dévorer.

Je hoche la tête en signe d'accord, me relevant sans quitter les chevaux du regard. L'homme comprend visiblement ma peur avant de me signifier de patienter le temps que les hommes nous rejoignent. Étonnement, ils sont corrects envers moi. Reste mon arme et le fait que j'ai pleinement conscience qu'une androïde armée, hormis ceux reconnus comme garde du corps, n'est pas une chose habituelle. Je baisse la tête, cherchant un moyen d'éviter le pire.

Mon maître m'a donné cette arme, je la porte avec son accord mais si il le faut, je peux vous la remettre.

Je n'ai pas envie de me séparer de mon poignard. Je crains que ce soit la seule qui me reste de mon maître. Intérieurement, je maudis cette déesse qui m'a éloignée de lui. Mais, je ne souhaite pas aggraver ma situation, consciente que cela n'arrangera pas les affaires de mon maître. Le soldat se contente de me faire savoir que son supérieur tranchera la question. L'homme en question semble arriver d'ailleurs et je n'en mène pas large car je suis bel et bien responsable de tout ce désastre. J'ai beau rester immobile, je guette malgré tout le moindre passage qui me permettrait de reprendre ma progression vers le lieu où j'ai abandonné mon maître.

[Maximus]

Les tigres arrivent bien plus vite pensé. Maximus manque de se faire couper en deux par le premier. Il effectue un rouler-bouler et déjà son dos se rappelait à lui. Mais le mastodonte avait plus d’un tour dans son sac et avait l’habitude d’endurer les souffrances. Il se redressa et attendit le second tigre. Quand il prit ses appuis pour bondir, Maximus usa de son pouvoir.

Au loin, le corps expéditionnaire put observer un nuage de sable s’élever dans le ciel. Le tigre avait voler sur plusieurs mètres, l’onde de choc ne s’était pas contenter de le faire chuter, elle l’avait projeté plus loin qu’il ne le pensait. L’un des tigres s’arrêta. Le second, plus téméraire prit de l’élan pour charger Maximus et il rencontra une seconde onde de choc qui l’assoma sur le coup.

Le forgeron décida alors de charger le troisième tigre. Un soldat de Pluton lui avait dit qu’en meute, ils étaient courageux, mais seul à seul, ils préféraient fuir. Et à la grande surprise du Consul, le procédé fonctionna. Apparemment, les soldats de Pluton ne déméritaient pas leurs lauriers. Il attendit une seconde ou deux et commença à marcher rapidement vers le corps expéditionnaire. Il regardait régulièrement autour de lui, convaincu que la tigresse et le fuyard reviendrait le chercher.

Il ne se trompait pas. Les deux félins le traquait doucement mais sûrement. Alors qu’il grimpait en haut d’une dune, les deux tigres révélèrent leur ruse. Chasseurs expérimentés, ils contournèrent à vive allure la dune, chacun de leur côté. Ils remontaient vers Maximus et s’apprêtaient à frapper en même temps. Les premiers cavaliers menés par une femme dont il entendait la voix jusqu’ici restaient encore trop loin. Alors, il envoya une onde de choc au pied du fuyard qui se ramassa et fut ralentit. Il espérait pouvoir ainsi les décaler et éviter une attaque simultanée. Ce fut peine perdue. La tigresse bondit. Il la balaya d’une violente onde, mais la force de celle-ci le fit chuter en arrière.

Le second tigre eut alors tout le temps d’ajuster son saut. Il allait frapper Maximus derrière la nuque avec une redoutable précision, mais rien ne vint. Rien ? Pas tout à fait ! Un son sifflant venait du ciel. Maximus surprit se redressa tant bien que mal. Il ne voyait plus la tigresse. Mais le dernier des tigres n’avait pas bondit. Il avait la queue entre les jambes et semblait terrorisé.

-- C’est pas bon ça

Maximus n’avait jamais entendu parler de créatures volantes à la voix stridente. Et pour cause, ce n’était pas une voix. Il s’agissait d’un lourd objet en chute libre. Il s’écrasa non loin du tigre qui bondit et fuit aussi vite que possible. Du sable vola et le corps expéditionnaire put voir l’objet enflammé qui venait de tomber du ciel. Il se fracassa en rebondissant plusieurs fois et s'immobilisa près des premiers cavaliers. Certains chevaux terrorisés cabrèrent avant que le calme ne revînt. Maximus remonta au dessus de la dune pour observer le cratère formé par l’objet encore incandescent. Il s’assura que le tigre ait fuit avant de reprendre sa marche, non sans surveiller ses arrières.

L’objet au pied des cavaliers ne ressemblaient à rien de connu. Sa taille atteignait celle d’un cheval. Il brûlait encore et dégageait une âcre fumée noire. De profondes bosses couvraient les plaques de métal et son intérieur semblait creux. Mais les observations restaient difficiles tant la chaleur dégagée rayonnait autour de la zone d'arrêt. Il s’agissait en réalité d’un réacteur. Maximus approchait du groupe. Un des cavaliers désigna le ciel. Le restant du léger vaisseau semblait en perdition. Il continua son vol sur plusieurs dizaines de kilomètres et se cracha au loin. Il faudrait facilement plusieurs journées de marche pour que le corps expéditionnaire atteigne le point d’impact.

Maximus fronçait les yeux puis tourna la tête vers Aquila. Il ne connaissait pas la prêtresse-guerrière personnellement. Mais sa réputation et ses peintures de guerre la devançaient. Il allait poser une question, mais s’abstint car il remarqua Vita, encerclée par des cavaliers.

-- Mais qu’est-ce que je fiche ici ? Et qu'est-ce qu'elle fait encerclée comme ça ? se demanda-t-il.

[Julius Lullus]