par Valeria le 11 Août 2013, 14:26
La peur m’envahissait. Cette même sensation quand j’avais perdu ma mère adoptive. Cette même émotion de me retrouver toute seule avec une douleur terrible. Oui, j’avais beau vivre dans un temple, entourée de prêtres, de prêtresses, d’adeptes et d’androïdes, je m’étais toujours sentie seule et totalement à part de tout ce monde. L’amour que m’offrait Aquilus était inattendu et tout autant merveilleux. Mais ma peur me freinait tellement. Toutes les personnes qui avaient été proches de moi étaient mortes ou avaient disparu, comme si flottait au-dessus de moi une malédiction. Alors savoir que je pouvais être responsable de ce qui pourrait arriver à mon ami, cela m’effrayait. Tout en lui expliquant ce qui me tiraillait, j’étais toujours aussi proche de lui. Mes mains avaient glissé sur ses flancs, et je me tenais à lui pour me raccrocher à la réalité de l’instant comme si à tout moment il pouvait disparaitre, me laisser, m’abandonner. J’étais à fleur de peau et totalement désemparée. Des émotions différentes me gagnaient, impossible de faire le bon choix, entre ma raison qui me murmurait que je n’étais pas faite pour un si beau bonheur, et mon envie de rester auprès d’Aquilus. Ses mots me berçaient. Ils me donnaient aussi la force de voir la vie différemment que celle dans laquelle je m’étais murée depuis si longtemps.
Je demeurai silencieuse, mon front collé contre le sien, mes yeux fermés, à écouter avec attention toutes ses paroles. Je n’entendais même plus la mélodie du Tibre, ni je ne percevais tout ce décor enchanteur. Non. Il n’y avait plus que lui et moi. J’inspirai lentement comme pour me libérer d’un énorme poids sur mes épaules, reculant d’Aquilus pour relever mon visage et plonger dans ses yeux.
- Oui, c’est vrai. Tu as raison. Je suis là avec toi. Je t’ai embrassé. Nous sommes encore là. Et quand bien même si ma logique me pousse à éviter tout cela avec toi. Mon cœur me dicte toute autre chose. J’ai peur parce que je ne connais rien en l’amour. J’ai peur de ne pas être à la hauteur de tes sentiments, ni d’être la femme que tu attends. C’est complexe. J’en suis bien consciente.
Cette fois-ci, je me libérai de ses bras et de son corps totalement, cherchant à faire le tri dans ma tête. L’eau nous arrivait à la taille, du moins pour moi qui était plus petite que lui. Machinalement, j’effleurai l’étendue bleuté sous mes doigts. Je devais aller de l’avant. Je m’étais trop exclue des autres depuis de nombreuses années. La preuve était que quelque part j’avais déjà amorcé ce changement en prenant Servius, non pas comme esclave, mais bien comme une personne devant vivre avec moi et en le libérant d’un destin bien trop brutal. Et si je me donnais une chance ? Et si je nous donnais une chance ?
- Inconsciemment, j’ai déjà fait un pas énorme en avant. J’ai envie d’évoluer et de changer mon comportement envers les autres. Aquilus, rien ne sera facile pour moi, j’aurai certainement des réactions étranges parfois, un rappel de ce que j’ai toujours été. Mais malgré tout cela, j’ai envie de vivre un peu pour moi et de me laisser aller à ce que je désire au lieu de tout refuser en bloc. Alors, si tu veux de moi avec tous mes défauts, avec toutes ces difficultés qu’on rencontrera, si tu veux bien m’aider à me redonner confiance … Je suis à toi …