par Katla Buskvej le 12 Juin 2013, 13:06
Un grand terrain découvert, c'était pile ce qu'il me faudrait pour créer un bioréacteur. Avec un peu de chance il serait de taille suffisante pour y élever les si précieuses algues. L'objectif serait de creuser plusieurs cuves étanches, de les recouvrir de verre pour que la lumière passe, puis d'y connecter deux machines simples. Une pompe qui nettoierait l'eau sale, pour ensuite y injecter du souffre et des aliments à partir des égouts, et un compresseur pour rendre l'hydrogène utilisable. Ah, oui non, il faudrait aussi un séparateur pour filtrer l'hydrogène.
Pour faire marcher tout ce bordel il me faudrait donc un voire deux générateurs hydroélectriques. Ce n'était pas compliqué à fabriquer, mais... Tiens, voilà l'idée. L'eau évacuée pour être nettoyée pourrait servir à alimenter les générateurs électriques, du coup il suffirait d'amorcer le système pour avoir un système plus ou moins auto-suffisant. Il faudrait que je puisse jeter un œil au terrain histoire de prendre des mesures et réfléchir à la façon dont j'organiserais ça.
- Très bien. Je regarderai l'endroit dont vous parlez, et je verrai si je peux faire quelque chose. Merci, ajoutai-je avec un sourire sincère.
Je doutais fort qu'il tienne cet engagement, ceci dit. Ce n'était pas que je n'avais pas confiance en lui, je pensais en fait qu'il était foncièrement gentil. Néanmoins... J'étais aussi une source de problèmes assez régulière. Souvent à mon corps défendant d'ailleurs, vu qu'au fond je ne demandais pas grand chose. Donnez-moi un domus acceptable, du matériel, laissez-moi bosser dans mon coin et je serai tout à fait contente. Néanmoins la situation complexe de Rome faisait que... hé bien, que la simplicité n'existait pas.
En tout cas, lorsqu'il reprit sur cette histoire d'hommes et autres qui m'avait laissée vraiment surprise, il affirma qu'il ne savait pas pour l'âge. D'un autre côté c'était logique : je ne lui avais pas dit, il ne pouvait donc effectivement pas deviner. Puis ma nature mécanique laissait penser à beaucoup de personnes que j'étais faite exclusivement de métal, et donc incapable de prendre le moindre plaisir. Quelle ironie : une des choses sur lesquelles j'avais passé le plus de temps, quand j'ai conçu ces corps, était de conserver les sensations et réactions humaines.
Par exemple il m'étais possible de bâiller, d'éternuer, je pouvais me racler la gorge, rougir, soupirer, et même pleurer, alors pourtant que rien de tout ça n'était "essentiel". Bâiller éternuer et autres ne servait à rien vu que je n'avais plus de muqueuses respiratoires, par exemple, ni de poumon biologique. Rougir était normalement une réaction dans les vaisseaux sanguins, mais je n'en avais pas. Pleurer pareil, je n'avais pas de glandes lacrymales. Tiens, le sexe aussi ne servait à rien vu qu'on ne pouvait pas se reproduire, mais j'avais pourtant porté un effort particulier à cet aspect-là.
Je ne voulais pas que nous devenions des machines froides. Cela serait allé à l'encontre de tout ce en quoi je croyais, qui était que l'HUMANITÉ devait s'échapper, explorer, découvrir. L'humanité, pas une sorte de race de machines avec un cerveau qui "traîne".
- Y'a pas à se sentir petit, je suis vieille. Et le nombre doit être moins important... J'ai parfois eu des rapports avec les mêmes personnes, parfois rien pendant quelques temps, ça dépend. Enfin pour répondre à votre question, oui j'ai connu des hommes. Quand j'ai fabriqué le corps artificiel dans lequel je suis, j'ai pris soin de conserver pas mal d'éléments essentiels qui font qu'un humain est un humain, et non un assemblage de métal insensible. Cela inclut faire l'amour, mais aussi sourire, rougir, soupirer, pleurer, ... Je ne voulais pas nous transformer en créatures sans visage ni émotions.
Il me dit ensuite un numéro de charmeur. Moui. Disons que la culture de Rome et celle de chez moi étaient différentes... Il avait plutôt l'air du genre "chevalier protecteur" qui charme les femmes et les protège des méchants pas beaux. Je pensai intéressant de l'évoquer.
- Je suis sûre que ce numéro de charmeur marcherait sur les romaines, qui aiment un protecteur fort et séducteur pour les abriter du danger. Et que vous m'imaginez comme une sorte de pauvre créature qui a besoin d'être prise sous son aile ou autres... Mais nos cultures sont assez différentes. Chez moi les femmes les plus séduisantes étaient les plus malines, les plus indépendantes, celles capables de se débrouiller seules sans difficultés. De même, je suis attirée par les hommes qui savent quelles sont mes compétences, qualités, et qui les respectent, sans vouloir les rabaisser parce qu'en tant que femelle je suis censée être "sauvée" ou "protégée". J'apprécie votre générosité, soyons très clairs là-dessus. Vous êtes quelqu'un que je pense fondamentalement gentil, ce qui est très rare à Rome. Mais peut-être vaut-il mieux laisser tomber les sujets plus "intimes" comme vous dites, car... Nos cultures sont différentes comme je disais. Mais il faut savoir que je sais payer mes dettes, peu importe le temps nécessaire, ajoutai-je en haussant à nouveau les épaules. Mais concernant le vin, je suis preneuse.