J'avais envoyé ma douce progéniture hors des murs de la ville. Respirer l'air pur de la désolation, fondre sous le soleil ardent et souffrir de la chaleur était ce qui se faisait de mieux en matière de réflexion. Là, elle pourra peaufiner tous les petits détails du culte que j'avais plus ou moins lancé. Prier un dieu endormi, faible et inutile était la seule et unique manière que j'avais trouvé pour m'élever un peu de ma torpeur spectatrice. Le sang des adeptes coulaient vers moi et je m'en délectais, Gangraena était une fervente adepte et j'aimais jouer avec sa personne. Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Et puis après le coup foireux du Palais du Prélat, je me devais de la punir. Qu'elle souffre donc en silence. Moi, je la regardais en train de marcher dans le sable, difficilement, peinant sous la chaleur et l'éclat du disque diurne. Ses pas la conduisirent jusqu'au bord de l'immensité plate de la mer calme. Il n'y avait aucun pêcheur, rares étaient ceux qui s'aventuraient pour rapporter en ville leur maigre récolte piscicole. Néanmoins, quelques bulles à la surface montrait que les cétacés paissaient encore par ici. Peut-être des monstres. Je devais me méfier et contrôler les bestioles de mon antre, je ne voulais pas qu'elle se fasse dévorée par l'une d'entre elles. Ma petite Perfidia s'arrêta, ses cheveux volèrent au vent, son regard perça l'horizon et les pans du peu de vêtements qu'elle portait voletaient. Finalement, elle reprit la route en direction d'un petit point dans le sable, assis en face de la mer. Ma protégée s'aidait d'un bâton une longue étole d'un rouge carmin y était attachée. Plus elle s'approcha de ce point, plus elle comprit ce qui se trouvait là. Un homme, aux longs cheveux méditait ou attendait ou que savais-je encore, restait de marbre à l'approche de ma progéniture. Gangraena laissa son regard balayer l'homme. Il n'avait qu'un pagne sur lui, sans aucun doute un esclave. Aucun humain dans ses plein droits ne porterait un simple cache-pot. Un sourire traversa son visage, elle ne portait pas grand chose de plus. Mais les hommes étaient de fiers êtres qui aimaient étaler leur richesse. Un humain normalement constitué porterait léger tissu ou velours côtelé. Celui-là était semblable à un sauvage avec ses cheveux dans le vent, hirsutes. Je riais, ma Gangraena possédait des tatouages dignes d'un tigre, elle aussi pouvait ressembler à une véritable sauvage.
- Aussi loin de Rome, vous devez fuir quelqu'un.
La voix de mon enfant du mal était chaude et coupa net le silence du désert. La peau de ma Perfidia était hâlée, par l'ardent soleil de la journée, mais également par les origines de sa mère naturelle. Elle se plaça devant lui et ne manqua pas le tatouage du code barre. Il était un androïde, donc. Cela étonnerait beaucoup Gangraena si elle apprenait que c'était le maître ou la maîtresse de cette entité mécanique qui l'avait envoyé ici pour... ne rien faire. Non, il était logique qu'il ait fuit ou qu'un système n'ai pas fonctionné correctement. Ma jolie petite humaine appuya ses avant-bras sur le bâton, laissant pencher sa tête sur le côté.
- Que faites-vous ici?