J'ai l'esprit préoccupé en ce moment. Je n'arrive pas à effacer cette rencontre avec Servius de ma mémoire. Je lui ai menti sans vergogne en lui disant que nous ne nous connaissions pas. C'est simplement pour le protéger. Seulement, mon coeur en saigne. Je voudrais plus que tout, qu'il se souvienne de moi. J'ai envie que l'on se retrouve comme avant. Qu'on ait les mêmes échanges qu'avant. Sans vouloir récupérer mon amant, j'aimerais serrer de nouveau mon ami dans mes bras. Malheureusement, je veux lui faire courir aucun danger. Je suis devenue une cible à Rome. On me traque. On cherche à savoir qui je suis et je dois faire attention à moi plus que jamais. Je ne peux pas me jeter à corps perdu dans une relation qui est perdue d'avance. Servius se fait réinitialiser à pratiquement chaque lunes. Le perdre encore, me sera trop difficile à vivre.
Pour le moment, je me concentre sur mes responsabilités envers Mettius. J'ai pu remarquer que si je fais tout ce qu'il me demande et plus encore, il me laisse un peu de liberté. Grâce à ça, j'ai pu gagner enfin le droit de sortir du domus. Il m'a demandé d'aller lui chercher un paquet dans une boutique de livres. Quand j'étais une Demeter, je traînais toujours dans ces endroits à la recherche de perles rares. J'ai lu et relu plus de livres que je ne saurais le dire. Ce temps me manque... Mais c'est du passé que je me dois de mettre de côté désormais, si je veux avancer.
D'un sourire, je prends ma course et remercie poliment le marchand avant de reprendre le chemin du Domus. Ce n'est pas que je sois pressée, mais aujourd'hui, mon coeur n'est pas à la fête. J'ai besoin de repos, de penser à autre chose que Servius, Angus ou ma nièce. Je n'ai qu'une seule envie, me blottir dans les bras de Phaedra pour ne plus en bouger.
Je suis tellement prise dans mes pensées que je n'ai pas entendues la jeune fille qui m'appelait. Ce n'est qu'une fois que son bras agrippe le mien, que je me retourne, le regard mauvais. Quand je me rends compte de qui il s'agit, mon visage se radoucit.
Veuillez m'excuser, j'ai cru à un agresseur.
Elle me raconte que les paquets ont malencontreusement été mélangés et se présente à moi. Elle a l'air bien gentille et elle a cette spontanéité et cette innocence dans le regard que je ne vois désormais plus dans les visages qui m'entourent. Un peu de fraicheur et de douceur de temps en temps dans la vie, ça fait du bien.
Je m'appelle Lia, je suis enchantée d'avoir croisé ta route Euterpe. Sans toi, j'allais tout droit au conflit avec mon maître. Je t'en suis reconnaissante. Dis-moi, comment je peux ne plus t'en être redevable et je le ferais.
Je suis sincère et souriante. Elle m'a évité de me faire battre et de m'entendre ressasser cette erreur pendant des semaines. Je ne relève cependant pas son observation sur le fait que je sois triste. Je me mettrais juste des baffes. Je ne dois pas laisser mes émotions prendre le pas sur moi, en tout cas, quand je suis en public. Là, il est clair, que j'ai échoué. Je préfère changer de conversation et m'intéresser à son chat qu'elle surnomme Bonbon.
Laissez-le donc. Il a tout d'un séducteur, il a raison d'en profiter. Je me baisse pour aller caresser l'animal qui ronronne sous mes caresses.
Tu aimes ça dis donc !? Dis-je en m'adressant à la boule de poils avant que mon regard et mes paroles ne s'adressent de nouveau à l'androïde.
Voilà, un drôle de nom pour un chat. Pourquoi donc Bonbon ?
Elle me présente son panier me proposant un fruit. Je ne peux accepter de prendre le dû d'un autre maître que le mien. Et quand bien même ce panier appartiendrait à Mettius, je me devrais d'avoir son autorisation. Chose qui selon moi, n'arriverait jamais. Mettius sait que je n'ai pas besoin de me nourrir. Pour lui, c'est jeter de l'argent pas les fenêtres. Je ne veux pas avoir de soucis avec Mortis et je préfère refuser.
Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, mais merci tout de même.