Etre une femme, n'être considérée que comme l'une d'entre elle. Au diable vauvert les positions sénatoriales, les airs hautains, les simagrées et autres distinctions de classe. Je ne désirais qu'une seule chose, que Servius oublie qui était le maître, qui était l'esclave. Si nous possédions les mêmes compétences, les mêmes programmes, alors aucun de nous ne simulerions. Il fit ce que je lui demandais, il prit les initiatives et s'accapara de mon corps avec la fermeté d'un homme, m'emportant loin du triclinium. A chaque pas, je sentais son sexe tout contre le mien, s'invitant mutuellement, mais aucun des deux ne se plia à l'offre. Je laissais échapper une supplique d'impatience douloureuse, un gémissement d'envie, un cri d'appel. Même l'esclave nouvellement acheté ne laissa pas parler sa force et ce fut comme sur un nuage qu'il me posa dans mon propre lit. Il ne lui fallut qu'une seconde pour que je me retrouve sur le dos. J'aurais pu imposer mon statut de maitresse, qu'il ne traite pas comme une esclave, mais au fond de moi, je savais que c'était exactement ce que je désirais, aussi ne prononçais-je aucun mot, mordant ma lèvre inférieure. Servius attrapa mes hanches et tout mon corps suivit, y compris mes bras, dont mes doigts restaient accrochés à un drap. Je sentis ses mains sur mon ventre. Le contact de sa peau était électrisant, stimulant. J'avais l'impression de trembler des pieds à la tête rien que par son toucher. Tout au fond de moi, j'eus l'impression que des millions de papillons s'envolaient dans une bourrasque de vent. Et puis, ses mains sur ma poitrine, cela m'arracha presque un nouveau gémissement, j'en fermais les yeux de cette sensation particulière. Ses doigts sur la pointe de mes seins me faisaient chavirer et je m'enfonçais dans un rêve à moitié éveillé, comme un voile éthéré passé devant mes yeux. Enfin, il finit par prendre possession de mon être, fouillant mes entrailles de son sexe tendu. Ma tête se posa sur son épaule, mon regard fila au plafond, ma main alla chercher sa nuque alors que l'autre se plaçait sur sa jumelle masculine.
Mais au comble de me sentir femme, je ne vis que deux machines cachées loin de leurs maîtres, tentant d'oublier les journées de labeur, tentant d'échapper à leurs corvées quotidiennes. Nous n'étions plus que deux êtres synthétiques, nous comprenant parfaitement, unissant nos craintes, nos peurs, nos joies, en cet instant oublié de tous. Je n'étais plus une femme, je n'étais qu'une machine faisant corps à une autre machine. Il n'y avait plus de chaîne, de caste, de rang, de secret. Il était en moi et j'étais à lui. Qu'il joue avec moi comme on traite une poupée. Entre ses doigts j'aurais fait n'importe quoi, j'obéirais aux moindres de ses volontés et ses coups de butors réveillait l'esclave que j'avais été. Poupée de chair mécanique, je souriais à ce maître imaginaire devant moi. Malgré moi, mes doigts allèrent chercher l'arrête d'une joue invisible. Mon corps répondant à chaque stimulus que Servius m'offrait. Ses mains sur mes seins me faisaient soupirer d'allégresse, ses coups de reins forçaient mes lèvres à laisser échapper quelques suppliques d'envie, de désir, de plaisir. Dans mon dos, je sentais ses muscles bouger au fil de ses à-coups. Mes programmes comportementalistes ne disposaient pas de limite dans ce genre de pratiques et ma respiration artificielle s'accéléra, les faux battements cardiaques s'intensifièrent, mon corps tout entier se plia aux réactions humaines normales, une fine pellicule de sueur se forma, des spasmes d'envie intense, de plaisir indescriptible parcoururent mes membres, et à mes lèvres, il n'y avait plus qu'un nom, à peine prononcé, celui de mon doux tortionnaire. Nos corps unis dansaient la même danse, mon souffle et ses reins donnaient le rythme, en imposaient la mesure. Les silences apportés par mes gémissements, calmaient quelques fois la partition qui défilait, mais qui reprenait de plus belle, après cela. Ô Servius, que n'avais-tu pas provoqué? A nouveau le visage brumeux de mon maître apparut et son regard froid fixait le tatouage de la peur. Je baissais les yeux, servile. Comme répondant à mes prières silencieuse, les mains de l'esclave, derrière moi, se firent plus insistante et ma tête bascula à nouveau, mon corps se cambra de plus belle, la consécration à son apogée. Ma main, contre sa nuque, se crispa, alors que mon souffle se figea. Quelques secondes qui furent éternelles.