La cité est en effervescence, le jour tant attendu est là et les badauds sont nombreux dans les rues à discuter des jeux à venir. Les rumeurs vont bon train sur les surprises que nous réservent Mettius Aurelius Aguila. En prêtant l'oreille j'entends évidemment beaucoup parler des gladiateurs qui s'affronteront courageusement dans l'arène. Certains se préoccupent d'avantage de la politique et des choix décisifs qui seront dévoilés lors du rituel des couples. Quel grand Dieu aura la majorité des votes cette année ? Difficile de le prédire. En fervente adoratrice de Vénus je ne peux qu’espérer qu'elle emportera de nombreux suffrages et je fais confiance au Grand Prêtre Tiberius pour s'en assurer. Ces votes sont déterminant, ils orienteront l'évolution de Rome et influenceront notre devenir à chacun. Je crains un peu ce qui pourrait advenir mais comme le dit l'adage : carpe diem. Je vais d'abord profiter de cette journée exceptionnelle bien que la vue de toute cette foule m’oppresse déjà de bon matin.
Pourtant je ne suis pas tout à fait sereine. Depuis ma chute pour montrer à ma déesse que j'ai pleine et entière confiance en elle, que ma foi n'est pas juste d'apparence et au contraire profondément ancrée dans mon être, j'ai une douleur lancinante à la cheville. J'ai voulu faire la brave, me dire que cela passerait malheureusement la souffrance ne fait que grandir et j'ai de plus en plus de mal à m'appuyer sur ma cheville pour marcher. Le plus difficile a été de cacher à Giulia que je me suis blessée. Je boitille en marchant, bien décidée à trouver quelqu'un pour me soigner. Évidemment ce n'est pas la meilleure journée pour cela. Tout le monde est dans la rue ou affairé aux derniers préparatifs pour le carnaval. Impossible de trouver un guérisseur qui ne soit pas déjà débordé quand les autres ont tous décidé de chômer pour cette fête.
A force de marcher, de forcer sur ma cheville souffrante j'ai de plus en plus de mal à avancer. Si cela continue je vais devoir rentrer à cloche pieds. Cela m'apprendra de vouloir faire la brave et d’espérer que le mal parte par enchantement. Je décide de me poser un peu pour souffler. Je m'assieds sur un petit murer et ôte ma sandale après m'être assurée que tout le monde était trop occupé pour faire attention à moi. Je relève légèrement ma stola, dévoilant un peu mes mollets délicats, et masse ma cheville douloureuse en faisant une grimace. Je ne sais pas comment va se passer la journée dans ces conditions. Je serais bien déprimée si je ne pouvais pas prendre part aux festivités. Je pousse un long soupir. Je pense alors à Tacitus mon androïde. Peut-être qu'il pourrait faire quelque chose pour me soulager puisqu'il a des connaissances en médecine. Visiblement ce sera mon dernier espoir.
De ma main gauche j'écarte une mèche de cheveux blonds qui s'est échappée de ma coiffure et me retombe devant les yeux. C'est alors que mon regard se poser un homme qui semble me fixer. Un peu mal à l'aise je prends néanmoins un air détaché et me redresse. Je lui adresse un sourire aimable. Je ne crois pas le connaître ni l'avoir jamais croisé. Il est d'une grande beauté c'est une certitude. Je m'en souviendrais sans doute si je l'avais vu quelque part. Je finis par détourner les yeux, il serait impoli de le fixer d'avantage.