Quelque jour auparavant, alors que je m'exerçais, j'eux la surprenante visite d'un homme de noble rang venant quérir mes services. Il avait besoin de quelque artiste reconnu pour animer sa soirée où bons nombres d'invités étaient des gens importants et influents. Bien que l'idée de me trouver au milieu des loups me terrifiait quelque peu, j'avais su garder mon sourire acceptant la demande, non sans remarquer l'insistance avec laquelle cet homme me regardait. Autant vous dire que sa façon de m'observer n'avait rien de bien chaste, d'ailleurs, il s'était essayé à quelque flatterie pensant que j'allais succomber ou peut-être en espérant que j'étais comme ma génitrice, à ouvrir mes jambes face à un homme de bonne condition. Cela était mal me connaître, je n'étais aucunement comme, c'était un exemple à ne suivre aucunement. J'ai été dans la bienveillance et la tendresse d'une androïde qui m'appris bien des choses. Certes, c'était son devoir de le faire, mais je m'étais toujours rêvé à penser qu'au fond d'elle, elle m'aimait, qu'elle ressentait la tendresse d'une mère à mon égard. Peut-être me trompais-je, mais, à plusieurs reprises je crus remarquer une certaine lueur dans son regard.
J'avais su comment détourner les intentions perverses de cet homme en le faisant rire, d'ailleurs j'avais l'horrible sensation que son ventre allait exploser à chaque fois qu'il s'esclaffait, ne parlons pas de sa respiration qui lui manquait parfois. J'aurais pu être compatissante envers son état de santé plutôt précaire, mais le fait d'avoir sous-entendu que je pourrais lui être plus utile qu'une artiste, m'avait désappointé. Je ne disais rien, mais au fond de moi, la colère naissait. Je suis peut-être une adepte de Vénus, mais je la prie pour l'art et non la luxure.
Voilà un petit résumé de mon entrevue avec cet homme. Me voici derrière l'estrade à attendre qu'il me présente à ces invités pour que je débute mon petit concert. J'avais cherché la chanson adéquate pour la chanter et répété minutieusement. Pour cette soirée en haut lieu, j'avais choisi une
tenue bleue mettant en valeur mes courbes ainsi que la couleur de mes yeux. Ma coiffure se résumait à une queue de cheval sophistiqué ondulant le long de mon dos, quelque bracelet discret et des boucles d'oreilles. Mon surnom Sirena ne valorisait pas seulement ma voix, mais également ma beauté. Deux atouts de par un seul surnom, judicieux pour l'artiste qui m'avait baptisé, très judicieux même.
Comme avant chaque entrée en scène, j'avais un peu le trac que je tentais de contrôler. Jetant un coup d’œil au musicien qui accordait leurs instruments sur la scène tout aussi nerveux que moi et pourtant pour faire bonne figure, ils faisaient fie de cela. Prenant quelque respiration, je me calmais peu à peu tout en regardant l'organisateur de la soirée monter sur scène.
- Mes chers amis, tout d'abord, je vous remercie d'avoir répondu favorablement à mon invitation. Qui dit soirée, dit bien évidemment musique. Pour vous, j'ai fait appeler une perle des océans que Santorius, un musicien réputé a baptisé Sirena. Veuillez accueillir chaleureusement Livia Caelius.Avec grâce, je montais sur scène avec l'aide de l'hôte de la soirée qui me tendait la main. Regardant mon public, un sourire se dessina sur mes lèvres, intérieurement je priais Vénus pour que tout se déroule à merveille et que ma prestation plaise. C'était peut-être l'une de mes peurs, que ma voix ne plaise plus et que ma voix disparaisse à jamais. C'était pour cela que je me renouvelais toujours, que j'améliorais mon art et ne restait pas toujours sur la même chose. Je donnais des airs oubliés qui s'harmonisait avec celle que nous connaissions tous.
- Merci pour votre accueil mesdames et messieurs.J'accorde un regard aux musiciens qui se mettent doucement à jouer. Balayant la salle du regard, je me mis alors à
chanter y mettant le cœur à l'ouvrage. Dès que je chantais, mes yeux brillaient d'une lueur profonde et indescriptible, cependant on pouvait y lire parfaitement l'amour que je portais à cet art. Chaque musique devait être interprétée de différentes façons. Je n'allais pas y mettre de la joie si les paroles étaient tristes.
Ma chanson de ce soir exprimait mystère, l'appel d'une nymphe cherchant l'amour qu'elle a perdu. Elle mélangeait détresse, amour et passion. Une certitude que son amoureux l'entendrait même dans la mort.
J'espérais que mon public soit réceptif à ma chanson. Chanson dédiait non seulement à Vénus, mais aussi à mon Azura qui m'accompagnait absolument partout même si elle a été brisée par mon odieuse génitrice de laquelle je n'entendais plus parler depuis que mon père l'a jeté dehors. Ce fut une bonne chose, car désormais, il était libre et il ne passait plus pour un homme de qui l'on se moque par derrière. J'aimais mon père malgré son air autoritaire, dure et sans cœur. Il avait beau être froid, mais il se souciait grandement de moi, c'était le genre à prendre soin des autres dans l'ombre. D'ailleurs, je me demande s'il n'a pas ressenti un sentiment quelconque envers Azura, son regard semblait se radoucir à chaque fois qu'il prononçait son nom.
Mon regard croisa celle d'une femme sublime empli de grâce et d'une présence si grande qu'elle captivait nombre de regard. Chantant, je lui souriais continuant avec amour aidé par les musiciens grâce à qui je poussais la bonne note.