par Otho le 13 Mars 2014, 12:14
Cette missive... Otho l'avait lu comme un mauvaise nouvelle, mais cette idée que le responsable des armées viennent jusqu'à eux était anormal. Chaque fois qu'il allait sur les remparts ces derniers temps, pour voir le soleil mourir un peu plus chaque jour sur un horizon trop silencieux à son gout, il pouvait sentir le parfum de la mort vicieuse, cette putain de senteur plutonienne qui le suivait comme une femelle en chaleur et que jamais il n'avait accepté d'enlacer. Il pouvait se gratter lui et ses créatures. Il ne savait plus quoi inventer pour faire pisser Rome dans le slip des sénateurs, alors il ne faisait plus rien. Il n'y avait rien de pire que le silence, celui qui ne présage rien de bon, celui qui fatigue plus qu'il n’apaise, celui qui obsède parce qu'on ne sait pas, à la limite de la paranoïa. Ce silence là puait Pluton, et ces fichues bestioles sorties dont ne sait où pour remettre Rome à sa place dans l'humanité. Déjà qu'ils n'étaient plus beaucoup, mais si c'était pour se faire décimer par une menace inconnue, c'était moche. Il jeta un regard au Temple de Pluton , de visu par une ouverture de la pièce officielle , un genre de bureau rustique, et plissa les yeux. Qu'est-ce que cette pourriture des enfers leur réservait-elle encore? Il expira et en pleine réflexion s'enfila un verre d'alcool. Rah , cette vinasse était dégueulasse. Foutus sénateurs et leur décision de limité les ressources pour cette centurie...
Un jour, ça le gonflerait et il balancerait ses hommes en pleine réunion du Sénat , histoire de bien faire comprendre leur utilité et leur importance. Rester dans l'ombre devenait pesant. Ils ne demandaient pas la gloire mais juste un semblant de respect en étant au même niveau que les autres centuries, du moins financièrement. Mais s'il y avait bien une chose qu'Otho avait appris avec son Oncle, centurion de carrière, c'était qu'il ne fallait jamais abaisser toutes ses cartes, même face aux plus hautes sphères. Oh cela n'avait rien à voir avec de quelconques fourberies politiciennes. C'était de la stratégie militaire adapté. Étudié l'ennemi, écouter, observer et apprendre en silence de lui et sur lui, pour mieux l’exposer le jour venu et faire en sorte qu'il ne se relève jamais. Comme dans l'arène. En parlant d'arène, le fait de voir ce chaton impulsif et autoritaire qu'était le fameux dirigeant des armées entrer dans son arène, son ludus, avait le don de le rendre sceptique et un peu amer. Pourquoi venait-il? Et en plus, il ne précisait pas le jour. Mais bordel c'était quoi cette idée qu'un supérieur se sent obligé de ne pas préciser quand il vient? Il s'attend à quoi, à surprendre des actes monstrueux ou criminels, pour faire fermer cet endroit ? Otho n'aimait pas ça mais ne dit mot et renvoya l'approbation de présence par simple respect. Respect.... Comme si l'armée avait du respect pour les Ursus... Il les considérait comme des merdes, des fils de putain... alors que ces hommes avec plus d'honneurs que toutes ces petites tafioles en uniforme. Le vrai honneur, celui qui ne s'offre pas, ne s'achète pas. Et d'ailleurs son plus gros problème ne serait pas ses hommes mais Nero lui même. Il se méfiait. Cet homme était redouté, même si Otho s'en foutait mais sous-estimait un autre combattant était une erreur de débutant.
Quelques jours plus tard...
Les hommes étaient levés depuis un moment, comme un commun sentiment que ce jour serait celui où il ne faudrait pas mollir. Et ce n'était pas Otho qui dirait le contraire, lui qui était debout depuis trois heures du matin à cause d'une fête qui avait animé une villa pas loin, et le raffut que ramenait ces fils de poules de luxe , et les rires de ces crétines qui s'envoyaient en l'air, avaient empêché l'ours de bien dormir et les hommes s'étaient excités comme des furets à tourner en cage. Certains avaient opté pour le choix direct du partenaire masculin, pourquoi s'emmerder quand on est rustre et qu'on a un cul à porter. Les pucelles voisines n'avaient qu'à pas gueuler si fort. Oui voila, c'était leur faute. Toujours était-il que le matin, à l'aube, tous les hommes étaient debout en tenue classique sans missions, pagne de tissu entre le beige, ocre et rouge, puis pagne de cuir par dessus, et tenue différente en haut mais généralement des protections de cuir, typiques des gladiateurs, et bottes de cuir ou sandales pleines avec protection de tibia. Simples, efficaces, près pour s'entrainer dans l'arène du Ludus, car tel était le programme aujourd'hui. Otho était sensé donner le son de cloche en fin de matinée pour évaluer la progression de chacun. Mais tout ça , ça aurait été sans le passage du Préfet qui se pointa fièrement, comme une fleur, aussi blanc qu'une jeune fille à marier, et qui lorgna ses hommes comme s'ils étaient des rebuts. Ils n'en firent pas moins, dédaignant cet homme qui les avait snobé jusque là ou qui avaient des subalternes plein de secrets. Otho avait observé en coin de fenêtre l'arrivée de cet homme, qui était venu seul d'ailleurs. Un bon point pour lui, il n'y aurait pas de guerre entre ses hommes et les siens.
Otho se décala de la fenêtre et balança une missive d'essai au feu. Il se frotta les mains, rajustant un peu mieux un protège poignet de cuir et de tissu rouge. L'homme fit son apparition. Il se redressa calmement mais ne fit pas les mêmes formalités typiques aux Centurions classiques, ces choses comme les garde à vous et autres léchouilles morales pouvant flatter l'égo de ce gros chat. Il connaissait déjà sa réputation, tout comme lui avait peut être une idée de la sienne.
- Praefectus.
Un signe de tête suffit. Le Centurion se tenait près du feu. Il fit un signe de main à Nero vers un fauteuil massif confortable s'il avait envie de s'asseoir, ne le lâchant pas du regard, le visage fermé , les traits francs. Otho eut un sourire en coin, légèrement moqueur à la phrase directe du préfet. Au moins, c'était clair, sans détour. Ils avaient au moins ça en commun. Ses yeux pales se perdirent dans les flammes, pensif, et sa voix raisonna calmement dans la pièce un peu sombre.
- Rome est dans la merde surtout. J'm'attendais à vous voir tôt ou tard. Mettius n'a plus les couilles assez grosses pour gonfler l'ambition militaire de Rome et sa puissance? *un regard provocateur à Nero et un rictus malsain, puis il plissa les yeux, son ton se fit plus dur, toujours aussi calme* Et s'il ne passe pas aux élections, nous devrons obéir à des paires de nibards en mal de supériorité? Pluton doit se branler là haut de ce spectacle pathétique qui voit Rome plonger le nez droit dans son dépotoir politique... et cette fois-ci, le prétexte des créatures ne marchent plus. Elle va se noyer dans sa propre vantardise. J'ai toujours refusé que mes hommes prennent par à cette mascarade, par honneur, aussi peu fréquentables soient-ils, et vous v'nez me d'mander de vous aider à nettoyer votre merde accumulée depuis des années, qui attirent en plus d'autres charognards conscients de votre possible faiblesse?
Il eut un rire léger et grave en secouant la tête légèrement , regardant de nouveau le feu et non Nero, bras imposants croisés sur un torse puissant.
- Protéger Rome... Quelle connerie? Et rester parqués ici comme des lions en cage, qu'on attend de foutre dans l'arène, contre dix ou quinze gladiateurs par tête... et se faire saigner comme des porcs, tout ça parce que celui qui vous dirige... *tourne la tête vers Nero et le fixe durement , les traits hargneux mais toujours passif* est certes un bon orateur, mais n'a aucune capacité stratégique sur le terrain... Quand on se fera envahir... quand vous verrez vos femmes chialer et vos enfants courir... Quand on se fera assiéger... Ce sera trop tard.
Otho se décale de la cheminée et regarde les remparts par la fenêtre.
- J'vous suivrai à une condition... Il faut faire une sélection de vos meilleurs hommes, une cinquantaine tout au plus, une élite, et je prendrai ma cinquantaine. Il faut les frapper sur leur terrain, avant qu'ils ne touchent nos remparts, les diviser là où la végétation était encore abondante, dans les marécages ou dans les chemins escarpés, par des pièges, des embuscades, ne jamais se faire voir , leur trancher la gorge la nuit, les affronter par groupe divisés... Ils arriveront ici dispersés, avec des forces qui douteront de leur réussite tant on aura foutu le bordel avant... C'est risqué , on peut perdre des hommes, mais les miens combattent comme ça. Ils deviendront fous s'ils attendent sur les remparts... Ils ont besoin d'autre chose. On n'explose pas une montagne en la percutant de plein fouet... on la détruit en creusant des galeries en son coeur... jusqu'à ce qu'elle s'effondre sur elle-même. Les Ursus n'ont pas pour devise d'attendre que la mort vienne les baiser avec le sourire.
MEME QUAND ON S'RA DANS L'AU DELA, MA BOTTE TROUVERA TON CUL.
.OURS PLEIN DE DENTS, EMMERDES DROIT DEVANT.