C'est bizarre, je le sens changer au fil de mes mots, de ce que je dis, c'est comme si lentement il s'ouvrait et laissait la discussion s'entamer. Cela semble bizarre parce qu'il était vraiment fermé au début, je ne vais pas dire que ça me déplait, c'est même le contraire, j'apprécie le fait qu'il se montre moins froid et distant, je n'aime pas ce genre de rapport. Il semble un peu inquiet de l'attitude que je pourrai avoir, de ce que je pourrai vouloir, je suis honnête avec lui, je ne crois pas avoir l'appétit sexuel d'une androïde prévue à cet effet et de toute façon mon expérience dans le domaine est cruellement limité donc il n'a sûrement pas à s'inquiéter de me voir lui sauter dessus. Je préfère, de moi-même, me cantonner à des tâches dans lesquelles je suis certaine de pouvoir lui toute et entière satisfaction. J'écoute ce qu'il dit avec attention, la façon dont il a grandis, été élevé au milieu de femme qui l'ont fait tourner en bourrique, je pourrai presque sourire, son récit est amusant, en tout cas je hoche la tête, c'est bien la première fois que je vois une attitude pareille mais c'est agréable, ça me change.
- Monsieur, ma mission sera toujours de vous servir et de vous obéir, pas de vous mener par le bout du nez. Ce que vous dites est pourtant très agréable, feu mon Maître me voyait surtout comme une distraction, un objet de diversion efficace pour manipuler, j'aime que vous m'appeliez "femme" et non "androïde" ou "truc". Vous n'avez pourtant pas à me témoigner tant de respect qu'à une femme, je ne suis qu'une androïde.
Honnête. Trop peut-être. Sans doute même. Mon Maître me l'avait parfois reproché, il aimait faire des reproches pour les rares fois où il me parlait, une façon d'asseoir son autorité sur moi sans doute. A sa question suivante, il me faut toutefois un peu de temps pour repenser à mes rencontres du jour, à ces personnes que j'avais vu et finalement, une fois que j'eus pris le temps de préparer correctement ma réponse, je la formule avec sincérité, à nouveau trop sincère peut-être. Je parle des gens qui sont venus, je parle de ce qu'ils attendaient de moi et du fait que tous tombaient sous l'influence de mon pouvoir. Alors voir un homme résister comme il le fait, savoir qu'il résistera jusqu'à ce que mon pouvoir s'apaise enfin, cela me rassure, me met à l'aise en sa présence, j'aime n'avoir aucune emprise involontaire et puissante sur lui, c'est agréable de pouvoir tenir une conversation dans ces conditions. Je dois pourtant admettre que sa façon de me mettre à l'aise et de me parler est peu habituelle, si prévenant et doux envers moi, si tendre.
- Je porterai ce qu'il conviendra que je porte selon vos désirs, Monsieur. C'est avec plaisir que je porterai cette toge, même trop grande ou trop petite. Ma tenue chez mon ancien Maître se faisait de huit bracelets, deux par cheville et deux par poignet, d'une toge très courte du tissu extrêmement fin et transparent, aussi je crois que je me ferai d'une toge sans problème aucun. De même si vous préférez que je reste nue, cela est votre choix.
Avant qu'il n'aille trouver Spurius, je me permets toutefois de m'approcher de lui, me penchant en offrant par là une vue imprenable sur ma poitrine dont je ne me rends même pas compter tandis que je murmure doucement :
- Nul besoin d'une offre monstrueuse, Monsieur. Tout au mieux, le plus intéressé aura misé cent cinquante pièces d'or.