Cette nuit avait été sans pareille. Tiberius avait eu le chic pour lever mes angoisses autant que mes inquiétudes et désormais je me sentais beaucoup mieux. La nervosité n'était pas quelque chose dont j'avais l'habitude et je dois bien l'avouer, je me sentais désormais plus légère après cette nuit qui fut si agréable. J'ignorais si ça allait encore arriver mais je n'oublierai jamais cette nuit là, après tout il avait été le premier que je choisissais de mon propre et plein gré avec une telle envie ! Il avait un certain charisme, quelque chose, je ne sais quoi, d'attirant, peut-être cet air un peu ténébreux, ce côté mystérieux, le fait d'avoir eu des contacts physiques avec lui par le passé à l'occasion de nos entrainements, allez savoir mais il y avait forcément quelque chose ! J'ignorais encore quoi et sans doute ne le saurais jamais, le fait était que ça n'avait ce matin absolument aucune importance, je voulais juste profiter encore un peu de sa présence si rassurante et agréable. Ca devait être ça, un ami, quelqu'un avec qui on se sent à l'aise et avec qui on veut passer du temps et puis je me rendais compte ces derniers que la solitude me pesait, peut-être aussi parce que ma Maîtresse me manquait. Et mon Maître dont j'espérais de tout mon coeur le retour, surtout avec l'heureuse nouvelle que Dame Valentina aura à lui faire savoir.
« D'accord Tiberius, je vous tutoierai. Je te tutoierai. »
Je souriais comme une enfant, cela me faisait bizarre, je tâchais de me remémorer mes plus jeunes années et je me rendais compte que je n'avais jamais tutoyé personne. Comme dans absolument personne. Sacré choc mine de rien. Il serait le premier, le premier de beaucoup de choses apparemment. Le premier avec qui je finissais entre les draps de mon gré et de ma propre volonté, le premier que je tutoierai, mon premier vrai ami, cela faisait beaucoup de choses, ça touchait mes circuits imprimés et mes connectiques, quelle gourde, je pourrai pleurer. Pas question de lui faire ce plaisir, ça reste un orgueilleux personnage qui serait capable de moquerie et ça je n'accepterai pas, il me met sans dessus dessous mais hors de question de trop le lui montrer même si ... m'est avis que je suis incapable de le cacher en réalité. Tant pis, peu importe, je ne veux pas le faire.
Je sens l'odeur du thé qu'il est en train de préparer, les herbes séchées qui infusent lentement dans l'eau bouillante, pour ma part je prépare le café, les grains moulus formant un marc d'un café corsé mais à l'arôme délicieux. Je me découvrais gourmande, très gourmande, j'aimais surtout goûter, découvrir, un vrai défaut chez les humains mais c'était tellement captivant toutes ces odeurs et surtout de pouvoir aimer ou ne pas aimer. Une androïde qui aime les plaisirs culinaires, allez comprendre. Le café prêt, je le rejoins sur la terrasse ayant pris soin d'emmener du sucre, un peu de lait et une cuillère pour le cas où cela serait de son goût. Je lui adresse un léger sourire tout en m'emparant de la tasse de thé, chaude la tasse, très chaude, un humain l'aurait lâchée sans doute mais je la garde entre mes mains, respirant le fumet de la boisson.
Alors qu'il prend la parole pour mieux lever un doigt et me faire signe de ne pas parler, je me rends compte qu'une partie de moi vient de s'éveiller, je me sens sur la défensive, intérieurement du moins, je n'aurai rien dis de toute façon. Je compris rapidement à ses mots qu'il ignorait que ma Maîtresse faisait parti de ceux qu'on avait tentés de tuer. Elle s'en était sortie, heureusement, mais je n'avais toujours pas digéré la façon dont l'androïde avait réussis à éviter d'attirer mon attention, pour une garde du corps ce n'était pas très flatteur ! Toutefois j'estimais que Tiberius avait droit de savoir, relevant donc mon regard de ma tasse de thé à celui de l'humain :
« Qui que ce soit il a déjà essayé de s'en prendre à ma Maîtresse. Vous ... tu peux l'ajouter à la liste des personnes qui ont été victimes d'une tentative d'assassinat. »
La tasse tourne un peu nerveusement entre mes doigts mais je me fais de suite rassurante :
« Ne t'inquiète pas, elle va bien. Comme quoi Maître Caïus a eu raison de vouloir d'une garde du corps pour son épouse. L'agresseur n'a pas dis grand chose, qu'elle était désolée, qu'elle ne sait pas ce qui lui a pris, qu'elle ne contrôlait rien. »
Je bois une petite gorgée de thé avant d'anticiper sur ce qui allait sans doute être sa question :
« J'ai terminé l'agresseur. Cela semblait plus sage à ma Maîtresse et à moi. »
Regardant mon thé :
« Le thé est délicieux. »
L'art et la manière de changer de sujet. Enfin d'essayer. Je n'avais pas aimé "tuer" l'androïde qui avait agressé ma Maîtresse, d'où sans doute l'utilisation de "terminer", ça faisait moins violent à l'oreille, et puis on ne tue pas une machine, on la termine.