Les jours se sont lentement écoulés depuis ma représentation au Colisée. Mon père a eu vent de ce qui s'était passé, mais il ne m'a pas félicité. Il s'était juste contenté d'un hochement de tête et d'un faible sourire. Maximilus n'a jamais été du genre à extérioriser ces sentiments, il prenait cela comme un acte de faiblesse, mais il n'en pensait pas moins. Son éducation fut si stricte que parfois, il agissait comme un androïde sans émotion ni lueur dans le regard. Peu de chose le touchait véritablement hormis la voix de sa fille unique et les batailles. Seuls ces moments lui permettaient de faire apparaître cette lumière dans son regard sombre. Avare de compliment, il reste silencieux, ne parlant pas plus que de raison, seules les actions comptaient pour lui.
Je le vois encore se tenir à mes côtés, alors que nous avancions dans le jardin de sa demeure, mains dans le dos, il écoutait ce que je disais. Je ressemblais à l'un de ces petits soldats qui lui faisaient son rapport. Hochement de tête par-ci par-là, rien de concluant, il disait « oui », « Intéressant ». Il a semblé avoir une lueur maligne dans le regard quand je lui ai compté le passage de la prêtresse guerrière. Voilà qui a dû lui plaire plus que les autres choses. Enfin une femme au combat, pour lui c'était quelque chose d'excitant, cela mettait du piment dans ce monde que l'on croyait exclusivement réserver aux hommes, mais les femmes avaient des armes que l'homme ne possédait pas et impossible d'y échapper pour lui. C'est pour cela qu'il prenait dans sa section quelque femme adepte comme lui de Pluton.
Encore une fois, il m'avait proposé de joindre ces rangs, une personne de confiance n'était jamais de trop, même s'il se doutait de ma réponse négative, il tentait toujours le tout pour le tout. Oubliant un moment puis relançant la proposition. Il n'était pas du genre à abandonner aussi facilement, après n'était-ce pas lui qui m'avait entraîné et appris des techniques imparables que lui seuls connaissaient et qu'ils avaient inventé ? Maximilus avait trouvé tout à fait normal que sa fille soit la légitime héritière de ces attaques au moins, pour lui, je ne risquais pas grand-chose.
Mon père. Incroyable personnage. A chacune de mes visites c'était toujours la même rengaine. Mais bon, on ne peut plus changer ce vieux loup. Me dirigeant vers le marché, j'avais été invité par une certaine Fausta Herminius. Elle doit être nouvelle à Rome, car je n'avais guère entendu parler d'elle, elle m'offrait l'occasion de me représenter en sa demeure souhaitant divertir ces invités de par ma voix.
Cela faisait chaud au coeur, car cela signifiait que ma popularité grandissait peu à peu. Si Mettius vous appelait alors, on était sûr de gagner un échelon à Rome. Cependant, je priais ma Déesse pour qu'il ne me quémande uniquement pour des représentations et rien de plus. Je connaissais quelque peu son penchant pour les belles femmes androïdes ou non et je dois dire que cela m'effrayait un peu. De plus si jamais, il osait quoi que ce soit, je doute que mon père reste de glace. Toucher à l'un des siens était un acte impardonnable et il était prêt à bien des choses pour demander réparation. Puissant ou non, ils devaient être sous le joug de la justice.
Pour cette occasion, je m'étais parée d'une
robe couleur violet mettant comme d'habitude mes formes en valeur. Quelque chose de simple, mais d'élégant sans trop pousser à la vulgarité, un bracelet d'argent sur mon poignet gauche, les cheveux ondulant le long de mon dos et un maquillage simple.
Encore quelque mètre et j'étais presque arrivé, il faisait bon en cette matinée, je n'avais donc pas prévu un quelconque transport. Une fois arrivée, je toquais et un serviteur vint m'ouvrir me conduisant à sa maîtresse après que je me sois présenté.
Sois la bienvenue en ma modeste demeure, Livia Caelius. Puis-je t'offrir un rafraîchissement ?Répondant à son sourire, je m'installais sur un siège.
- Merci de m'avoir invité Fausta Herminius. J'accepte volontiers un rafraîchissement, mais pas de vin s'il vous plaît.Je jetais un coup d'oeil à l'endroit où nous étions soulignant le goût de mon hôtesse puis la regarda à nouveau.
- Êtes-vous nouvelle à Rome ? Pardonnez-moi cette indiscrétion, mais je connais plus ou moins ceux qui y vive et je n'ai eu l'occasion d'entendre votre nom, ni même de voir votre visage.