- Moui, mais dans votre exemple où on découvre une planète étrangère, on part aussi du principe que je suis parmi les miens et que je ne suis pas dans une situation terrifiante, dernière de mon espèce, en danger de mort parce qu'un soldat fou furieux et en armure me court après pour tenter de me tuer.
Je levai la main, tendant l'index vers le haut, comme pour l'arrêter immédiatement au cas où elle tenterait de répondre.
- EN REVANCHE, je vois où vous voulez en venir et vous n'avez en effet pas tort. Mais vous ignorez beaucoup d'éléments. Sans technologie par exemple, je serai morte dans 9 mois. Il me faut impérativement un objet avancé nommé convertisseur à hydrogène, sans quoi je ne pourrai survivre. Et si je ne trouve pas de l'armement lourd, le soldat dont je parlais m'aura tuée bien avant ça vu qu'il utilise des armes technologiquement très avancées... Tous les romains ne rejettent pas la technologie. Mais vous avez raison, et si je créé de la technologie, je ferai en sorte de ne pas la diffuser ou de la rendre impossible à comprendre ou reproduire facilement.
Je haussai en tout cas les épaules, passant aux dieux. Aller voir les grands prêtres ? Pouvaient-ils vraiment entrer en contact avec ces glandus de dieux ? Peut-être... Au fond cela valait peut-être la peine de tenter, dans le pire des cas j'aviserais une fois sur place. Si je tombais sur des dingues fanatiques je pourrai prétendre que j'ai une mission divine ou autres et ficher le camp, et s'ils étaient un peu malins il y aurait peut-être un moyen de s'arranger.
- Mortis, Tiberius, Gaia. Je note. Je dois vous avouer que ça m'étonnerait fort qu'ils veuillent communiquer avec moi, vos dieux. Comme je disais, ils font comme si je n'existais pas, et si des orgies avaient pu attirer Pluton, il serait venu chez nous assez souvent, surtout chez moi d'ailleurs, ajoutai-je avec un air amusé. Mais en dépit de mes doutes, je vous fais confiance. J'essaierai de voir les grands prêtres. Parce que les orgies vu que tout le monde veut me tuer, je doute d'y parvenir, hélas ! finis-je en ricanant.
Elle me reparla ensuite de cette histoire de protection, des dieux, de la technologie... Tout ça était intéressant, philosophiquement parlant, mais j'avais la nette impression que mon interlocutrice n'était pas vraiment du style à vouloir se lancer dans un grand débat philosophique.
- Enfin... Pour la protection, soit, j'accepte. De toutes façons ça ne peut pas me causer tant de tort, même si je saisis mal comment vous pourriez me protéger contre toute la ville, et les dieux en plus. Car je vous le dis clairement : je sais que je ne peux pas les battre. J'ignore quelles sont leurs technologies, ou "pouvoirs", mais je ne les comprends pas clairement pour le moment. Et je sais que leurs intentions envers moi ne sont pas excessivement sympathiques.
Je réfléchis alors un moment à ce qu'elle disait concernant la technologie... Je n'était pas tout à fait d'accord, mais j'étais ouverte à ce point de vue qui me semblait aussi posséder des points justes. C'était de cette façon que j'avais toujours procédé à la Citadelle, en fait je ne rejetais que l'illogique et l'incohérence. Ironiquement, j'adorais l'humour absurde, mais c'était une autre histoire.
- Enfin, pour ce qui est du fait que le peuple a abandonné la technologie, c'est peut-être pour de mauvaises raisons. Ce qui a créé le conflit ce n'est pas l'avancement technique, c'est le fanatisme religieux. Je pense que l'origine du problème n'est pas vraiment le développement scientifique... Quant au fait que les romains veuillent ou non une ville futuriste, certains, oui. D'autres, non. Il y aura toujours une opposition entre ceux qui veulent rester à chier par les fenêtres et ceux qui ont inventé l'hygiène. Je sais que je caricature, mais je pense que le sujet est plus complexe que ça. Après comme je le disais, je pense que votre point de vue a du sens et je ne souhaite donc pas forcer une révolution industrielle à Rome, et ne le ferai pas à moins d'y être forcée.
Je finis par sourire après avoir répondu à la tirade de la brune, l'air assez amusée, la fixant dans les yeux.
- Quel dommage que vous ne m'appréciez guère. J'ai toujours apprécié les femmes qui ont de la volonté. Si l'on avait été chez moi je vous aurais déjà sûrement invitée à dîner, conclus-je avec un petit rire.
Ce n'était pas que je ne prenais pas la situation au sérieux, mais plutôt que je jugeais inutile de devenir trop sérieux et de s'inquiéter. Au fond, paniquer ou prendre l'air grave ne changerait pas les choses. Je n'avais plus énormément de temps à vivre alors pourquoi passer ce temps à me stresser la vie ?