par Caecilius le 21 Novembre 2012, 21:39
Voilà bien une chose inhabituelle qu'une Sénatrice vienne me parler. Evidemment ma lettre n'avait pas été douce avec le jardinier mais quand même, de là à ce qu'une Sénatrice se déplace, il fallait croire que la politique était en train de prendre un penchant véritablement démocratique. Ou qu'elle voulait autre chose mais là je ne pouvais pas franchement comprendre de quoi il retournait car en tout honnêteté, je n'en avais pas la moindre idée. Je suis un aveugle, trop souvent vu comme infirme à mon goût, mes connaissances et mon amour des plantes sont deux choses que je chéris, passer du temps dans ces jardins en devient une habitude douce et agréable pour tout dire. S'il m'arrivait d'être interpelé par des passants dans les jardins, il était rare qu'une Sénatrice m'honore de son temps, loin de rentrer dans les jeux politiques de la ville,je laissais ça à ceux qui savent les jouer et prennent du plaisir à les jouer, préférant de loin ma petite tranquillité agréable loin de ces vies tumultueuses. Et les jardins suspendus, bien qu'ils ne soient pas miens, étaient mon refuge, l'endroit où je me rendais le plus fréquemment pour profiter bien tranquillement d'un moment de paisible tranquillité. J'espérais au moins que mes mots n'importunent pas trop la Sénatrice, loin d'être à l'aise dans ce genre d'exercice, j'ignorais si elle était du genre bavarde ou non, j'ignorais si elle était là pour ma lettre ou autre chose, une seule chose de certaine, elle me cherchait. Et elle m'avait trouvée ! C'était un jeu généralement plus facile pour les voyants que celui de trouver quelqu'un, sauf dans une pièce complètement obscure ou si nous étions en plein bal masqué, ce qui dans les deux cas n'étaient pas ici le cas présent. Le soleil était chaud et agréable sur ma peau, donc elle devait parfaitement y voir et puis je n'étais pas si dur à reconnaitre avec ma canne qui n'était jamais bien loin de moi.
Je dois l'avouer, cet endroit me plait énormément, il me faudra y emmener un jour la douce Clio, la pauvre jeune femme avait eu le don de toucher mon coeur avec sa détresse, je pensais parfois à elle, comment allait-elle ? Elle qui avait ce magnifique pouvoir de donner vie aux fleurs par ses larmes, non je ne voulais provoquer sa détresse pour donner vie à des fleurs, mais ce pouvoir était si magnifique et son amour des plantes avait été comme un écho au mien. Oui elle me plaisait beaucoup, même si je n'avais jamais fais que partager sa douleur, mais j'avais hâte de la revoir, peut-être d'ailleurs devrai-je provoquer cela un de ces jours. Revenons un peu à la Sénatrice, quand même ce n'est pas tous les jours qu'une Sénatrice vient me voir parce qu'elle me cherche ! Ni même d'ailleurs simplement par hasard sans qu'elle me cherche soi dit en passant ! Je l'écoute en souriant, c'est vrai que ici est sans doute le meilleur endroit pour parler de fleurs, d'arbustes et de plantes, après tout ces jardins, si je ne les ai jamais vus, ont toujours fais mon bonheur et ceux des autres !
- Vous avez raison, cet endroit est sans nul doute le plus propice à ce genre de discussion et il est toujours agréable pour un botaniste de rencontrer quelqu'un qui sache profiter et apprécier de la nature et de ses vertus apaisantes et plaisantes.
Elle en revenait finalement à ma lettre, concédant ne pas en avoir eu connaissance, ainsi donc j'avais vu juste, elle voulait me voir pour une autre raison que de parler de ma lettre et son contenu :
- Je n'ai pas dis qu'il n'était pas apte à son travail, ses compétences en jardinage sont parfaitement adaptées à cet endroit. Ce sont ses aptitudes sociales qui m'ont laissées ... de glace. Travailler au milieu de toute cette vie et ces fleurs et pourtant se montrer froid et agressif avec les gens qui le complimentent, je trouve cela inadéquat.
Je souris, me rendant compte du côté un peu stupide de cette lettre finalement, peut-être avait-il simplement eu une mauvaise journée. Les dix jours où j'avais voulu discuter avec lui. Non il était peut-être simplement dans sa nature de demeurer de marbre et froid avec les gens, allez savoir :
- Pardonnez-moi mais si vous n'êtes pas là pour cette lettre, alors quelle raison peut-il y avoir à ce que vous veniez me voir ? Auriez-vous besoin d'aider pour entretenir votre viridarium ? Ca serait un honneur de vous conseiller si c'est là ce que vous désirez. N'allez pas croire que je doute de votre capacité à l'entretenir mais les fleurs sont ma vie, elles n'ont jamais été un travail, plus un passe-temps, une passion dont j'ai la chance de vivre, je les aime parce que beaucoup d'entre elles valent mieux que les humains. Mais ... revenons en au fait, vous ne m'avez toujours pas dis pourquoi vous me cherchiez ?