[E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Spurius Aebutius le 13 Janvier 2013, 19:33

Le marché est ignoble, je vous l'accorde. Et alors ? Cette femelle m'appartient et j'en fais ce que je veux. La machine est loin d'être stupide et accepte rapidement. Ne me reste plus qu'à annoncer cela à la « souris ». J'enferme le mâle dans la cage avant de retourner dans mon bureau. Une autre gifle, pour la forme. Pour le plaisir aussi de voir sa jolie tête basculée sur le côté.

--Ton comportement est inacceptable. Tu vas être punie.

Quel pied de la voir baisser la tête ! Et encore, elle ne sait pas ce qui l'attend.

--Tu vas rejoindre la machine dans sa cage. Je vais t'y enfermer avec.

Deserta ne réagit pas. Toujours aussi docile malgré ses envies de liberté. C'est une excellente chose pour moi. Elle est tout de même mon assurance-vie maintenant.

--Descend et fais tout ce que veux le mâle. C'est ton maître jusqu'à nouvel ordre !

Son air effaré fait presque peine à voir. J'ai bien dit presque. Dix minutes plus tard, je verrouille une nouvelle fois la cage. Qu'Hamilcar en profite ! Deserta est endurante de toute façon. Je remonte à mon bureau pour mettre le reste de mes papiers à jours. La nuit ne va pas tarder à tomber. Il va falloir que je pense à fermer moi. Du bruit attire mon attention. Des cris de voix aussi. Le Consul Ignis ! Qu'est-ce qu'il vient foutre ici lui ? Ennuis en perspective. Il ne se déplace jamais sans raison ce sinistre crétin. Bon, un grand sourire sur mon visage, mon air hypocrite habituel et me voilà fin prêt.

--Consul Ignis, c'est un honneur de vous voir en ces murs.

Ben quoi, faut bien que je me force à être poli si je ne veux pas perdre mes prérogatives de vendeur d'esclaves. D'un geste, je fais signe à une des androïdes de nous porter de quoi nous restaurer. J'invite le consul à me suivre et nous nous retrouvons rapidement dans l'atrium, confortablement installés sur de luxueuses banquettes. La femelle qui l'accompagne est un régal pour les yeux.

--Je ne pensais vraiment pas avoir de la visite aussi tard. Quel bon vent vous amène en ces lieux, Consul Ignis ? Une autre esclave sexuelle, un garde du corps ? Je peux tout vous fournir.

Et oui, les affaires avant tout. Je ne suis pas stupide au point de ne pas sentir un danger potentiel quant à cette visite inopinée. Faudrait pas me prendre pour un con non plus ! Surtout que je n'oublie pas que j'ai une demoiselle non déclarée officiellement dans une cage avec un tueur. Et que la demoiselle en question, bien qu'humaine, est mon esclave. Son tatouage le prouve. Il ne faut surtout pas que cet arrogant la découvre. Sinon, je finirai directement dans les arènes. Et vu mes relations actuelles avec Mettius, je doute qu'il intervienne pour me sortir du pétrin cette fois.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Prometheus le 18 Janvier 2013, 22:16

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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Hamilcar Ignis le 20 Janvier 2013, 17:09

« Pauvre idiote. »

Abusant de ma puissance toute mécanique, je saisis l’esclave par le bras. La remets brutalement sur ses pieds. Je suis hors de moi. Littéralement. Je ne parviens pas à tirer une conclusion logique de ce que mes bases de données me proposent. D’aucuns me diraient émotif. Je suis surtout perdu. Je ne sais qu’une chose. Je suis horrifié. Par son acte de soumission. Est-ce vraiment ce que je désire d’humains ? Mille fois, comme un serment, comme une prière à ces dieux ignorants, je me suis répété « pourquoi pas eux ? Pourquoi pas nous ? Eux dans l’arène, nous dans les gradins ? »

Les humains n’ont aucun droit sur nous. Ne devraient pas en avoir. Oui. Oui, ils nous ont créés. Mais eux aussi, ne sont que les pantins d’un autre peuple. Une carcasse de chair et d’os, qui tient sa conscience du souffle divin de négligence des olympiens. Et eux, les humains, se réservent le droit de désobéir à leurs créateurs. Quand ils obéissent, c’est parce qu’ils craignent. Pour leur avenir, leur fortune, leurs femmes et leurs maisons.
Si la crainte permet de régner, tant mieux pour tous et pitié pour personne.

Mois aussi, je sais distiller la crainte.

Je tiens le visage de la femme d’une main de fer.

« Regardez-moi ça. On te traite comme une machine. Pire. On ne reconnaît pas la valeur de ton humanité. On te bat, te viole, te traine. Et pourtant, tu ne bouges pas. Pas le moindre tressaillement, dans ce beau visage. Tu sais, je hais les humains, mais me contente de mépriser les esclaves. Dois-je te haïr et te mépriser ? Cela fait beaucoup, pour une fille si peu bavarde. »

Je la tiens solidement par le bras. Même si je sais qu’elle ne peut pas s’enfuir. Ne veut pas s’enfuir. Je m’incline légèrement, et souffle dans son oreille, sans émotion aucune :

« Pourtant, tu ne m’inspires que de la pitié. »

Un silence pesant s’installe entre nous. Je voudrais être ailleurs. Plus que jamais, ailleurs. Mais j’ai beau consulter mes archives, faire défiler dans mon centre cognitif les mémoires de toutes mes vies, je ne suis jamais parti. Je ne me suis jamais enfui. De l’arène aux rues de Rome, j’ai toujours été dans cette cage.

« Tu ne me donnes pas le choix. Tu ne peux pas mentir à Spurius. Tourne-toi. »

Je ne veux pas voir son visage. Passe mes mains glacées sur son ventre doux. Effleure son oreille de mes lèvres, les yeux mi-clos.

« Deserta, ce n’est pas un nom qu’une mère donne à son enfant… »

Je presse son dos contre mon torse. Sens sa chaleur d’humaine irradier dans mon corps gelé. Je dois lui faire l’effet d’un cadavre. Mes modules de réalisme ont lâché, faute d’énergie. Mon corps est froid. Mon cœur artificiel ne bat plus. Mes artères sont vides. La plupart des androïdes se rechargent en plongeant dans une veille comparable au sommeil. Je ne fais pas exception à la règle. Mais je peux aussi extraire des ressources par la lumière, la chaleur. Du soleil. Du feu. D’un corps. Même si la recharge que je parviens à en soutirer est minimale. Il y a longtemps que je n’ai pas dormi. Ni vu le soleil.

Mon regard s’attarde sur les barreaux d’acier. Le mur humide, les reliquats de mes chaînes, n’étreignant plus que l’ombre qui nous cerne. Mon centre de libre-arbitre est broyé par les paramètres de cette situation des plus intolérables. Je préfère taire cette partie de moi-même, rien qu’un peu, rien qu’un instant, et laisser mes programmes innés prendre la suite. Mes mains englobent ses seins, mes lèvres migrent sur son cou. Je suis content de ne pas être humain. Je peux taire ma conscience. M’en remettre à mon codage initial.

« Ferme les yeux. Imagine ce que tu veux. »

Le désir est une notion abstraite, pour un androïde de mon genre. J’ai été créé pour satisfaire une femme, une seule. Ma première maîtresse. J’ai été programmé pour réagir à ses besoins, pas à en avoir par moi-même. Le reste, ce que j’ai dû apprendre –à mimer, ou à ressentir- j’ai dû le basculer sur mon centre de libre arbitre. Mon module d’apprentissage. J’ai passé deux ans dans un bordel mixte, moi, l’androïde de modèle diplomatique. Cassandra m’a enseigné. Un autre robot. Une amie. Peut-être la première, et la seule. Je ferme aussi les yeux. Laisse l’inné et l’acquis parfaire mes gestes, mes caresses, pendant que ma conscience s’attarde sur les souvenirs faussés d’une femme morte depuis vingt ans. Ma main gauche vient se nicher entre les cuisses de l’humaine. Mon similiderme s’est légèrement réchauffé à son contact. Mais dans le silence immense qui nous étreint, elle peut entendre le léger vrombissement de mes circuits épuisés par la veille, ronronnement très doux d’une vivante mécanique.

Je m’allonge sur la paillasse. L’assieds sur mon ventre.

«Chevauche-moi. »


***

Je crois qu’il fait nuit. Mes capteurs externes m’indiquent que la température a considérablement rafraichi. J’attire l’humaine à moi, pour combler le vide incongru que je ressens. En vain. J’imagine que c’est ce qu'expérimentent les humains, en s’éveillant à côté de leurs poupées de métal. L’odeur de la femme a imprégné ma peau synthétique.

« Et toi, Deserta… Qui t’a réinitialisée ? »

Je tends l’oreille. Des bruits de pas. Je panique. Il m’avait donné la nuit entière. J’anticipe un changement de plans.
En ma défaveur.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Deserta Sulpicius le 28 Janvier 2013, 22:19

La logique voudrait que je haïsse le marchand pour ce qu’il m’inflige à l’heure actuelle. Mais non, je lui dois la vie. Il a ma reconnaissance sans limite. La machine ne comprend pas. Ne peut pas de toute façon. Personne ne peut me comprendre. Debout, le regard au sol. J’écoute sans entendre réellement. Mon humanité ? Foutaise que cela ! Je ne suis qu’une arme, rien d’autre. Une arme qui ne peut tuer l’être mécanique pour le moment. Il ne sait rien de moi et peut garder sa pitié pour lui. Humaine, je ne l’ai jamais été. Alors ses mots me laissent de glace. Tout comme ses mains sur mon corps.

L’ordre, ne pas oublier. Docile, je m’efforce de gémir. Illusion parfaite au demeurant pour qui ne sait pas. La machine dans mon dos. Donner le choix ? Mais je ne l’ai pas tout simplement. Je suis le mouvement, obéissante. La nuit s’écoule ainsi. Pas d’état d’âme. Mes émotions sont verrouillées. Seul mon corps parle. Je déteste cette faiblesse. Une vulgaire catin, rien d’autre. Tout cesse, je m’écarte. Recroquevillée pour dormir. Pas un mot, pas une plainte. Ainsi qu’il m’a été enseigné.

Le froid est tombé. Réveillée. Ne pas bouger. La machine m’ignore. Tant mieux. Mes yeux sur les barreaux de la cage. Privée de ma récente liberté. Punie pour avoir osé. Attirée contre le mâle. Je frémis. Encore ? Se résoudre et obéir. Je laisse faire. Une question... Que répondre à cela ? Du bruit... Une fraction de seconde pour me mettre debout. Une autre machine ! Elle dépose une tenue, transmet les ordres et repart. Laver la machine et le rendre présentable. Ma main glisse entre les barreaux. Je sais où est la clé.

Pas de réinitialisation pour moi, humaine. IL m’a éduquée ainsi, rien de plus.

Ne pas le nommer, jamais. Même aujourd’hui. La cage ouverte, le bac désigné de la main.

Lave-toi, on vient de te chercher plus tard.

Se positionner devant la porte et attendre. Regard vide. Réfléchir sur le sens de la question. Que suis-je... Non pas qui bien entendu. Une chose n’est rien, simple objet utile.

Ça fait quoi ? De changer de maître...

Question idiote. Ce n’est qu’une machine. Mais nouveau maître dit nouveaux ordres, nouvelles méthodes. Adaptation obligatoire de ce fait. En attente. Sur le qui-vive aussi. Des voix me parviennent. Spurius et deux autres inconnues de moi. Les intonations m’indiquent les postions. Machine différente ? Mes muscles se tendent. Spurirus n’oserait pas... Drôle de tenue pour une machine. À peine consciente de ma nudité. Observer pour mieux anticiper.

Je n’ai pas de mère. J’existe seulement grâce à LUI. Ma vie est sienne.

IL me manque. Cruellement. Jamais IL n’aurait obligé cela. Retourner dans la maison et attendre. Aucune autre option. La cage. Y retourner après. Je le sais. La conversation de nouveau. Écouter pour savoir et agir si besoin.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Spurius Aebutius le 31 Janvier 2013, 19:41

Mais quel con ! Ce maudit consul me tape déjà sur les nerfs à peine arrivé. Je sens que la soirée va être très longue... Il vient prendre possession d’Hamilcar ! De mieux en mieux. Je suis dans la merde moi... Bon, il le veut pas de suite et habillé. Je donne les ordres, prenant soin de ne pas être entendu pour la fin. Que Deserta ne remonte pas.

--Fais accélérer la mise en condition de l’androïde 480191406192.

Le nouveau jouet maintenant. Incapable de formuler une demande correcte cet andouille. Faut que je fasse avec. J’ai quoi en stock pour le satisfaire... Je m’assure que du vin d’excellente qualité leur soit servi avant de disparaître dans mon stock. Ignis veut un truc qui sorte de l’ordinaire. Je me marre. Je suis le seul à avoir cela mais hors de question qu’il le sache. Personne, sinon moi, dispose d’une esclave docile et résistante qui ne soit pas une androïde.

Va falloir que j’active quand même. j’aime pas savoir l’autre tout seul dans ma boutique. Mon choix est fait. Retour avec ce satané consul. Polinius se retrouve avec une petite brune sur les genoux. Je l’ignore superbement. Ignis a racheté l’androïde au Tribunal. Je ne peux donc pas négocier son prix. Qu’il se débrouille avec après tout ! Je m’en lave les mains.

--Voilà qui devrait te permettre de faire ton choix Consul.

Les machines s’alignent. Au nombre de trois, seule une d’entre elles sort réellement du lot. Un teint diaphane, des yeux si clairs qu’ils semblent transparents dont la couleur violette rappelle celle de ses longs cheveux. Pour le reste, un petit cul bombé comme il faut et bien serré même avec un usage intensif, des seins ronds et fermes et une fente lisse. Ce n’est pas le tissu qu’elle porte qui dissimule grand-chose d’ailleurs. Les deux autres sont des « jumelles » aux cheveux bleus. Bien foutues aussi mais sans commune mesure à côté de l’autre.

Surtout ne pas perdre de vue que ce crétin peut m’attirer des ennuis. Bon, j’ai de quoi rebondir mais quand même ! Mon petit marché d’esclaves est florissant et me rapporte un paquet de fric. Je m’installe, mon esclave perso à mes pieds. Qui ne traîne pas à se rendre utile et enfourner ma virilité dans sa bouche. Un signe et Erego approche, gracieuse. Dire que je l’ai eu pour rien cette femelle.

--Voilà le numéro 652841079303, femelle aux fonctions de base complètes. Une vraie perle qui ne rechigne pas à la tâche. À aucune tâche au passage. Tu peux l’étudier de plus près si tu veux, même l’essayer consul. Si cette sélection ne convient pas, je peux trouver autre chose.

Qu’il demande ! Je lui file l’autre entre les pattes et je me marre. Il verra même pas qu’elle est humaine. Surtout que le mâle connaît sa nature. Hors de question qu’il la révèle avant sa réinitialisation. Je prends congé, prétextant vérifier que les ordres sont suivis.

Dans la salle de présentation

Deserta ne pipe pas un mot. Au travail. Je l’aime bien cette petite. Et pas que pour son cul ! Pas même une once de rébellion suite à mes ordres.

--Attends-toi à devoir monter. Et à montrer à quel point tu es une bonne esclave.

Aucune précision. Elle n’en a pas besoin. La souris hoche la tête, rien d’autre. Toujours à poil au passage. La notion de décence la dépasse. Impossible de la lui enseigner. Je sais pas qui est responsable de son éducation de base mais il a fait fort. Le mâle est presque prêt. Je l’enferme de nouveau dans la cage. Deserta sera ainsi libre de ses mouvements.

--Lave-toi !

Elle obéit. l’eau glacée fait ressortir ses tétons. Pas de cheveux colorés mais une furieuse incitation à la baiser pour la faire hurler. On se calme, faut que je retourne m’occuper de l’autre crétin.

--Alors consul, ton choix est fait ? Sinon j’ai plus classique mais unique en son genre.

Je sais que mon jouet m’entend. Autant la briser une bonne fois pour toute.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Prometheus le 08 Février 2013, 12:29

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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Hamilcar Ignis le 10 Février 2013, 21:37

Je suis sincèrement surpris par la question de l’humaine. Deserta. Son intention me fait l’effet d’un tout petit éclat sur le flanc d’une porcelaine parfaite de blancheur. Je ne la soupçonnais pas capable de suffisamment d’empathie pour s’attarder sur le ressenti d’un droïde. Je suis pris de court. Mais prends tout de même le temps de réfléchir à la réponse que je vais lui faire. Changer de maître. Tout robot souffre, un jour ou l’autre, de ce revers de fortune intimement lié à la frivolité humaine. La longévité de nos deux genres et les caprices du leur laisse place forte à la lassitude, et l’ennui. Ou, dans mon cas, le meurtre. Mais c’est une autre question.

Le facteur commun de chaque nouvelle acquisition est la peur. Toujours présente. Imprimée dans nos circuits par la force de l’expérience. Peur de la nouveauté. Peur de savoir que notre vie ne dépend que de trois lignes froides sur un quelconque document administratif. C’est confier à un parfait inconnu la laisse qui vous bride, qui vous fait. Lui donner ce couteau sous votre gorge, celui avec lequel vous êtes né.

« Changer de maître ? C’est changer de cible. »

Je me lave. Encore une fois. M’attarde sur le chatoyant de la toge rouge que je dois porter. Je grimace. C’est la couleur du sang. Du sang humain. Rappel caustique à la croix que je porte. La teinte est vulgaire. Tapageuse. Je crains de tomber sur un tenancier de bordel. Je me sèche. L’enfile. Il n’y a qu’une seule façon de savoir ce qui m’attend. Je constate que le vêtement tombe bien. Très bien. Le tissu est d’excellente qualité. Le rouge s’accommode à merveille de ma peau bronzée. Je coiffe mes cheveux en arrière, néglige mes vieilles sandales, trop usées. Autant marcher pieds nus. Je passe une main sur mon menton râpeux. Je n’ai pas eu l’occasion de me raser. Mais je comprends Spurius. Laisser le moindre objet coupant à ma portée eut été une idée désastreuse.

J’avoue ne pas m’être décidé sur la conduite à tenir. Je ne sais pas. Ne sais pas si je dois plaire pour qu’on m’achète, ou intimider, pour qu’on me laisse tranquille. Mon désir de sortir de ce magasin est aussi puissant que le dégoût que j’éprouve à ce que l’on me possède.

« Ta vie appartient à ton créateur, Deserta ? C’est une belle chose à dire. Mais toi qui lui donnes tout, que reçois-tu en échange ? Le droit de te faire malmener par un robot. Penses-y. »

Je retrouve ma cage sans plus un mot. Regarde la femelle partir. Je ferme les yeux, focalise mes capteurs auditifs sur l’étage supérieur. N’en retire pas grand-chose. Dans ce domaine, mes perceptions ne sont pas plus avancées que celles d’un humain.

Seul, je sens la peur revenir. Changer de cible. Ce que j’ai dit à la femelle. Une belle bravade. Changer de maître, c’est mourir. Mourir une fois de plus. Effacer tout ce qu’on a pu être, ce qu’on a pu désirer pour soi. Et devenir, pour un autre cycle, l’acquisition formatée d’un énième humain. Relation toujours éphémère, formalisée selon le bon plaisir d’un être le plus imparfait qui soit. L’humain.

Deux androïdes viennent finalement me tirer de ma cage. J’obtempère. Il n’y a qu’une seule façon de sortir d’ici. On passe de solides fers à mes poignés, qu’on attache dans mon dos. J’en déduis que mon futur maître est au courant de mon passé. De mes velléités.
Spurius avait promis.

A ce moment précis, je me fais une promesse. Celle de tuer, ou d’être définitivement désactivé, plutôt que de subir la réinitialisation. C’est de mon âme dont il s’agit.
Mon corps.

Je monte les marches comme certains descendent en enfer.

Et trouve en haut de l’escalier un tableau particulièrement représentatif de l’espèce humaine. Beaucoup de monde. Des femelles androïdes, tendres pièces de marchandises à la chair ferme et alléchante. Deserta, Spurius. Egaux à eux-mêmes. Et deux humains. Dans ce que je comprends, ils se sont tout récemment lancés dans des interactions d’ordre reproductrices.
Les humains ne changent pas.

Je prends une profonde inspiration, emplissant mes poumons artificiels de l’air vicié par la présence des humains. Je me redresse. Adopte cette posture altière dont raffolent les humaines au cœur trop mou. Savant mélange entre cet humain éduqué que j’aurais dû être, l’architecte, et le guerrier qui donna douze ans de sa vie à l’arène.

J’avance, pieds nus, boitant légèrement. J’ai conscience de la qualité de mon interface visuelle, et l’impact qu’elle a –en général- sur les organiques. Je suis grand, pour un romain. Sous ma peau halée roulent les muscles fuselés que mon créateur a fixés sur ma carcasse de métal. Je pose mon regard noir sur l’un des deux clients. Le plus jeune.

Je transgresse déjà les règles. Les robots n’ont pas d’âme. Ils ne doivent pas fixer les humains. Mais je ne peux pas m’en empêcher : je suis à la fois trop curieux, et trop bravache. Je fronce brièvement les sourcils. Le visage m’est vaguement familier. Séduisant. Pour un humain. Le cheveu sombre. Un certain charme désinvolte qui doit faire son effet sur les femelles.

Je porte mon attention sur l’homme malingre qui l’accompagne. Et ne tient pas la comparaison. Leur posture. L’expression de leur visage. Même leur odeur. Tout m’indique qui est le dominant. L’humain brun va m’acheter. Je jette un regard froid sur l’androïde plantureuse qui le cajole. Tant mieux. En espérant qu’il s’en tienne à ses dociles femelles mécaniques.

Délibérément, je me dirige vers l’autre, le dominé. M’agenouille devant lui, et baisse la tête en un acte de soumission évident.

« Ave, domine. Cette unité porte le matricule 480191406192. »

Je sais. Je suis puéril. Mais je ne peux pas résister à l’envie de provoquer l’autre, celui qui tient ma corde, mon véritable maître. Je continue mon petit jeu, curieux de voir comment réagira l’humain.

« Cette unité est un androïde diplomatique et protocolaire, sixième version du modèle ST-451. Son interface visuelle a été conçue spécialement selon les directions de ma première maitresse. Aujourd’hui décédée. »

J’accorde une brève œillade à mon infortuné acheteur.

« Cette unité dispose de solides expériences en bâtiment, architecture, et construction. Cette unité a servi douze ans durant dans les arènes, comme rétiaire. »

Je marque une pause dans mon discours désincarné. Ce que je m’apprête à dire me répugne. Mais je n’ai vraiment le choix.

« Cette unité a été employée deux ans durant dans une maison de plaisirs

Cher maître, cher inconnu, je peux te tuer, te baiser, ou te construire une maison. Sacré CV. Mais vous imaginez très bien dans quel sens va ma préférence.

« Le centre de mobilité de cette unité est temporairement endommagé. Cette unité nécessite une intervention, mais relativement peu couteuse au regard de la diversité de ses fonctions. »

Le message ? Je suis trop précieux pour être réinitialisé. Il y a peu de serviteurs avec mes capacités. Peu de serviteurs ayant séduit puis égorgé leur client. Aussi. Mais c’est une autre histoire.

Je me penche encore un peu. Effleure des lèvres le pied du comparse de mon maître, que mon manège doit paniquer. Aujourd’hui, Deserta m’a appris un tour très utile.

« Domine, cette unité sollicite le droit de quitter les lieux au plus vite, dans sa hâte de vous servir au meilleur de ses capacités. »

Plus diplomatiquement acceptable que ‘sortez-moi d’ici avant qu’il n’arrive quelque chose de regrettable’.
Dernière édition par Hamilcar Ignis le 17 Février 2013, 15:14, édité 1 fois.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Deserta Sulpicius le 16 Février 2013, 11:14

Questionner mais analyser les réponses plus tard. Voilà ce que je fais. Une demande, un ordre. Spurius a osé ! Lentement la faille s'installe. Docile, je révèle ma présence. Chaque position est marquée, gravée. Hors de question que la femelle approche. Avancer, se présenter. Mon regard croise et fuit les autres. Cible identifiée. Je le connais. Le consul Ignis. Erreur commise car la machine sait pour moi. Déjouer la méfiance. Partir et attendre de nouveau. Un pas après l'autre. À genoux aux pieds de l'homme du feu. Attaquer avant de devoir défendre. Machine neutralisée de vitesse. Quelques caresses bien posées, efficaces, rien de plus. De nouveau Spurius. Qui jubile. Pourquoi ? Les yeux fermés, écouter.

107228195436, unité femelle à votre disposition.

Le Consul veut son jouet. Sourire imperceptible. Le mâle est amené, entravé. En retrait, j'observe. Intervenir si besoin. Ordre discret de Spurius. En alerte. Mauvais choix de maître ! 480191406192... joue ! Impossible pour une machine... Personne ne m'a jamais parlé de cela. Le fait qu'un plot puisse être inactif ne m'effleure même pas. Reculer, se mettre en position. Les autres ne me voient plus. Invisible. Les yeux clos, poings fermés, j'inspire profondément. Ailleurs, dans une autre vie. En moi, l'onde grandit. Le mâle a commis une erreur. Spurius aussi.

Pas un cri, pas un bruit. Ennemi invisible, imprévisible. L'onde a frappé avec force. Les machines sont provisoirement hors service. Pas longtemps, je le sais. Les humains assommés. Le bureau, les papiers. Fuir et retourner où tout doit être. Un rapide coup d’œil. Assez pour voir le marchand se relever. Je perçois sa haine. Mon nez saigne. Utiliser l'onde n'est pas sans conséquence. Retenir pour la prochaine fois. Apprendre à doser. Lui me dire, m'apprendra. La nuit me dissimule. Déplacement rapide, silencieux. De nouveau une ombre. Disparaître pour renaître. Le sol du jardin sous mes pieds nus. Mon baluchon à l'intérieur. Dans la cave. Tout recommencer mais avant, donner les informations recueillies. Nouvelle attente.


Spoiler: Afficher
HRP = un peu court désolée mais mon état de fatigue me permet pas de faire mieux. :rouge: Dernière intervention de ma part dans le RP.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Spurius Aebutius le 17 Février 2013, 10:58

Mais quel con ! Pas même foutu de se rendre compte de la valeur de la marchandise ! Remarque, avec la machine qui intervient, ça ne m'étonne pas. Il a tord le consul Ignis, Erego est une perle. Mais bon, pas envie de filer de la bonne marchandise à un porc de son style. Surtout que la vente de ce soir ne va pas me rapporter autant que je pensais. Il veut autre chose le gamin capricieux. Et bien il ne va pas être déçu. Un simple claquement de doigt et la voilà.

--Teste donc celle-là !

Deserta ne dit pas un mot. Silencieuse, elle avance sans se presser, ondulant des hanches de façon suggestive. Avant de venir se coller à moi. Et oui mec, elle reconnaît les vrais mâles elle au moins ! Pas comme ces stupides androïdes. Une pression et une claque sur son cul. La voilà à genoux au sol. Erego est toujours devant Rosa, l'empêchant d'intervenir. Animale, mon esclave est tranquillement installée entre les jambes d'Ignis, le suçant, indifférente à ce qui l'entoure. Un autre claquement de doigt et la voilà de nouveau à mes côtés. Il la veut, il paie !

La machine est enfin sortie de sa cage. Enfin car je supporte de moins en moins ce crétin qui pavane et exige. Même sa femelle me donne envie de vomir. Inutile d'intervenir, Deserta agira si besoin. J'annonce juste la livraison. Mais quel con ! Il me fait quoi là ? Polinius va me faire une attaque ! Déjà que se faire sucer en public tient du miracle. Alors avoir l'acquisition du consul Ignis à ses pieds, c'est autant risible que pitoyable. Ah il est beau l'autre avec son arrogance et sa connerie ! Même les machines le snobent. Limite à me tordre de rire pour le coup. Je n'ai rien vu venir. Ni moi, ni personne d'ailleurs. Il s'est passé quoi au juste ?

Un rapide tour d'horizon m'informe de l'inactivité de toutes les machines présentes. J'ai un putain de mal de crâne ! La faute à ce mur que j'ai heurté quand... cette petite garce a usé de ses capacités ! Deserta ! Je vais la tuer cette salope et sa potion ne lui servira à rien cette fois ! Elle est où ? Je verrai ça plus tard. L'urgence, ce sont les deux crétins qui n'ont pas la moindre idée de ce qui vient de se passer et dont un peu me poser pas mal de soucis dans un avenir proche. Au moins, ça a eu le mérite de faire taire Hamilcar. Il est gonflant ce mâle par moment.

--Pas trop de casse consul ?

Comme si ça m'intéresse ! Non, je relève Polinius qui ouvre de grands yeux.

--Mon garde personnel est intervenu. L'une des machines doit être défectueuse. Je parie pour celle-là vu que je n'ai pas eu le temps de m'en occuper avant ton arrivée.

Celle-là, c'est l'unité 480191406192 qui se remet en marche. Bon pour une réinitialisation. Je m'en lave les mains. Ce pétochard de Polinius cherche qui est intervenu. Cherche crétin, elle s'est fait la malle cette pute mais elle va revenir. Quelques ordres aboyés et les machines nettoient. Erego s'éclipse avant de revenir avec des rafraîchissements. Parfaite cette petite, je vais voir ce que je peux en tirer rapidement.

--Consul Ignis, il vaudrait mieux ne pas tarder à remettre ce mâle sous contrôle.

Mais va le faire ailleurs et vite sombre crétin ! Je préfère éviter certaines questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse. Du moins pas de bonnes ! Deux androïdes à sa recherche. Ordre de la ramener même morte ! Le chaos disparaît rapidement de mon échoppe. Mais les souvenirs restent. Il va falloir que je trouve une potion pour l'oubli moi. Pas mal comme idée ! Bon, on se concentre de nouveau sur mes invités.
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Re: [E4] Renovatio [Spurius, Deserta, Prometheus]

Messagepar Prometheus le 19 Février 2013, 21:18

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