par Roenna le 22 Novembre 2012, 19:37
Seule dans la maison de mes Maîtres, je me sens seule. C'est bizarre, je n'avais jamais ressentis la solitude. Depuis ce Maître qui m'avait tant violentée, tout semblait si différent, je découvrais la vie sous un nouveau jour, ignorant si cela était bien ou si je devais lutter contre ce qui m'arrivait. Petit à petit, j'avais sentis le changement s'installer, une partie de moi s'en délectant, en profitant, savourant toutes ces sensations nouvelles, ces sentiments inconnus, toutes ces choses que je découvrais. Une autre partie de moi était effrayée, ces libertés nouvelles, toutes ces choses nouvelles, ça avait quelque chose d'effrayant, de fascinant mais de terrifiant. Dire que j'étais une garde du corps parfaitement à même de me défendre, de me battre mais que j'avais peur de cela, d'une idée, de liberté, des choses que les humains aiment tant, qui me terrifient pourtant. Seule ici, je pourrai partir, fuir, vivre libre ma vie d'androïde, ça ne serait pas facile mais bien talentueux l'humain qui arriverait à me faire prisonnière si j'en décidais autrement. Alors que devais-je faire ? Peut-être devrai-je en parler avec ma Maîtresse, elle semble si gentille, si compréhensive, mais comment va-t-elle réagir ? Future mère de deux petits enfants, elle ne voudra surement pas savoir sa progéniture avec une androïde aux talents martiaux sans peu de pareil et libre de son plot donc parfaitement capable de choisir de donner la mort. Et puis si elle se montrait douce et gentille maintenant, c'était peut-être qu'elle me croyait sous l'influence de mon plot, m'apprenant libre, comment allait-elle réagir ? Et Maître Caïus ? Non je devis garder le secret et vivre ainsi que je le faisais, en explorant ces sensations nouvelles mais en restant l'androïde serviable que j'ai toujours été.
Assise dans la chambre de mes Maîtres, je regarde par la fenêtre sans bouger, le ciel, un ciel magnifique, bleu nuit, taché de somptueuses étoiles, un magnifique tableau que j'aime contempler. La lune éclaire de sa lumière argentée, le spectacle est magnifique, j'aime ce que je vois, je regrette de ne pas être artiste, de ne pas savoir peindre tout cela, mais je ne l'oublierai pas, j'aime trop cette vue. Bougeant un peu la tête, je sens mes cheveux sur mes épaules, bien plus courts qu'auparavant pour que l'illusion trompe avec ma Maîtresse. Mes cheveux, je n'ai rien dis quand elle les a coupés, c'était mon idée après tout, mais j'y tenais. Je les avais coupés la veille du jour où mon Maître m'avait, bien involontairement, libérée de mon plot et depuis je les avais laissés pousser, comme un souvenir de ce jour, de cette liberté acquise. Les laisser couper m'était pourtant apparu naturel, je me plaisais moins ainsi avec les cheveux plus courts mais l'important n'était pas que je me plaise mais que les gens se laissent tromper en me voyant de loin, derrière ces murs où je suis condamnée à rester pour cacher la vérité. Ma Maîtresse cachée, protégeant les enfants qui grandissent en elle, restant en vie après cette tentative d'assassinat. Je reste là, inquiète pour elle, ne sachant comment elle se porte, espérant qu'elle aille bien, j'ai même adressé ma première prière à Venus pour elle, pour son époux, pour ses enfants, pour leur bonheur à tout quatre. Je reste là, jouant son rôle comme une figurante, attendant que quelqu'un tente de "la" tuer, de me tuer mais jour après jour, nuit après nuit, il ne se passe rien, rien du tout, c'est presque déprimant d'ennuis.
Comme si j'avais été entendue par une divinité, disons Venus puisqu'elle m'est apparue par le passé et que je l'ai priée, mais soudainement j'entends du bruit en bas. Rien de bien méchant, non mais des bruits très légers, des pas qui tentent de rester discrets autant que faire se peut. Le genre d'attitude qui éveille complètement l'attention de la garde du corps. Passant rapidement la cape de ma Maîtresse, que j'aimais beaucoup par le fait de cette capuche qui masquait mon visage sauf ma bouche et mon menton. En silence je quitte la chambre, descendant sans le moindre bruit vers l'étage inférieur et l'origine de bruit. Dans un silence complet, j'approche de l'homme, l'attrapant par les épaules, j'invite sa tête à rencontrer la table basse en bois massif, le bruit à l'impact est pour le moins douloureux et lui assommé sur le champ. Et pourtant c'est à ma grande surprise que je reconnais l'homme en question ... Tiberius. Le même Tiberius à qui j'ai donné quelques cours de défense, le même Tiberius qui a été annoncé mort. Le ramassant comme on ramasserait un sac, je l'assois sur une chaise dans la cuisine, remplissant une bassine d'eau froide, épongeant le point de rencontre entre sa tête et la table. Une bosse se forme rapidement sur son front alors qu'il reprend connaissance :
« Ne bougez pas, ne parlez pas. Suivez mon doigt avec vos yeux. »
Montrant mon index je l'emmène de droite à gauche puis de gauche à droite, de haut en bas et de bas en haut.
« Ca va, pas de commotion apparemment, vous avez la tête aussi dure que le dit votre réputation. »
Je m'installe face à lui, enfin sur ses jambes, retirant la capuche de mon visage, l'empêchant par ma position de se relever :
« Ne vous attendez pas à des excuses. Vous entrez en silence comme un assassin dans la maison après qu'on ait tenté d'assassiner ma Maîtresse, vous avez mérité votre sort. Et puis je ne vais pas m'excuser à un mort de l'avoir assommé contre une table. »
Je lui adresse même un sourire quelque peu joueur avant de redevenir plus sérieuse :
« Pourquoi être venu ? »