par Tacitus Alestra le 23 Août 2012, 22:38
Si je me sentais assez libre pour le faire, je me tortillerais volontiers. Sur un pied, puis sur l'autre, et les doigts tordus entre eux. Peut-être même que je rougirais, gêné. C'est que je ne suis pas bien bavard, et il faut choisir ses mots, toujours pour essayer de coller à l'image qu'on se fait des androïdes. Heureusement, j'ai assez appris pour pouvoir simplement rester droit, front légèrement baissé en signe d'humilité, et ne rien dévoiler de mon inconfort.
Ce que j'aime ? Le mot ne semblait pas lui plaire, il est de toute évidence choisi à défaut. Je la comprends, je ne peux lui en tenir rigueur : ceux comme moi ne sont pas censés éprouver d'autre sentiment que la dévotion, la loyauté ... Aimer quelque chose, quelqu'un ? Artifices.
En attendant, tu dois bien répondre ...
Répondre, et ne pas répondre tout à la fois. Exercice délicat, s'il en est. Peut-être que plus tard, je pourrai me permettre de parler plus franchement, et ma réponse serait toute autre. Mais il est inutile de la mettre dans une situation délicate, et mois avec.
"Lorsque je pouvais aider mon créateur, je me sentais valorisé. Il était content, grâce à moi, je lui étais utile."
Elle n'est pas mal à l'aise avec moi, l'idée me rassure, j'ignore pourquoi. Et nous allons cohabiter, au fond, elle veut ... Me connaître. Y a-t-il seulement quelque chose à connaître, en moi ?
"Je me levais avant l'aube, j'allais chercher l'eau et le lait. Je préparais ses habits, j'assistais à son repas, je notais les tâches de la journée. Je l'accompagnais, ou il me confiait des missions. Nous en discutions parfois. C'est une période qui me semblait bien correspondre à mes capacités. Son fils, ensuite, me faisait aider les servants. Je portais les charges lourdes, principalement. Je restais utile. Le fils de son fils n'avait plus de travail pour moi. Parfois, je nettoyais ce que les autres n'avaient pas envie de nettoyer."
Le moins de sentiments possibles dans mes mots. je relate, je compte. Aimer ? Il ne faut pas m'en croire capable. Mais j'ai sagement baissé le regard pour qu'elle ne puisse capter l'étincelle de révolte dans mon regard. Brève, mais qui a embrasé mon regard doré un instant. Le sujet est épineux, délicat. Presque ... sensible.
"Je vous remercie de vous intéresser assez à moi pour vouloir connaître mon passé. Vous n'êtes vraiment pas obligée de le faire. Je pense, si vous me permettez l'audace d'une opinion, que rien de ce qui s'est passé ne doit pouvoir influencer ce qui se dessine. Rien, en tout cas, ne remettra en cause ma loyauté. Elle vous est acquise et je serai tout à fait contenté de pouvoir rester avec vous."