[E3] Accident de chantier [Deserta]

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs et le départ du corps expéditionnaire.

[E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Servius le 02 Octobre 2012, 17:34

Je patientai aux portes extérieures du Sénat. Je n'étais d'ailleurs pas le seul androïde à attendre la fin des débats pour retrouver son maître. J'avais un arrière goût d'échec au fond de la gorge. J'avais été acheté à prix d'or par Sibylla Attilius, l'une des plus riche et influente sénatrice romaine. Et je me retrouvai là, à patienter parmi la foule des androïdes. Il y en avait trois totalement immobiles, ils attendaient en veille le retour de leur maître. Deux androïdes, un mâle et une femelle semblait n'avoir qu'un seul programme à connotation sexuel. Ils discutaient discrètement des plaisirs saphiques de leur maître. Et moi, au milieu de tout cela, je ne me sentais pas à ma place. Pourtant j'y étais. Je ne me nommai pas Servius pour rien. Esclave j'étais, esclave j'obéissais. J'avais comme un noeud en travers de la gorge. Je pouvais mentir, je pouvais désobéir, mais je ne pouvais véritablement fuir sans risquer sous huitaine une réinitialisation pure et simple.

Par orgueil, je me reculai du groupe d'androïde. En même temps, cette attitude se copiait aussi sur celle de Sibylla. Je l'observai avec les autres sénateurs et j'avais remarqué cette carte de la discrète différence souvent jouée. J'en usai donc également. Éloigné des autres androïdes, je regardai ces artisans déplacer les statues avec leur cordes, leurs poulies et leurs leviers. J'enregistrai toutes ses informations, même si je savais qu'une réinitialisation puisse me faire perdre tous ces acquis. La statue de Jupiter n'avait jamais quitté le premier piédestal. Mais cette année, Minerve prenait place en tête de cet étrange podium. Ils réfléchissaient comment croiser Pluton et Jupiter quand je vis une ombre se déplacer.

Il s'agissait d'une jeune femme passant en silence. Sa silhouette fine me fit penser à l'innocence même de la fragilité. Je l'observai, gêné. J'éprouvai souvent ce sentiment, car mes dons me permettait de voir chacune de ses zones érogènes. Je n'étais qu'un esclave sexuel. Mes dons allaient dans ce sens. Le mensonge n'était qu'une arme supplémentaire mise en place par Spurius. Au dessus d'elle, deux cordes se croisèrent. Les statues ne s'entrechoquèrent pas, mais l'une d'elle bascula légèrement. Un androïde qui veillait à la maintenir en place fut bousculé.

La suite des évènements se bouscula rapidement dans ma tête. L'androïde allait tomber en arrière, chuter silencieusement d'une dizaine de mètres et s'écraserait pile sur cette jeune femme. Si l'androïde ne souffrirait que de contusions, il n'en serait sûrement pas pareil pour la fragile jeune femme. On courrait droit vers le drame. Conditionné par les restes de mon plot ou simplement toucher par la fragilité de cette ombre, je me mis aussitôt à courir en sa direction.

-- Attention !

En disant ces mots je plongeai sur elle à la façon d'un rugbyman voulant plaquer un ailier. J'ignorai tout de la personne que je voulais détourner de la chute de l'androïde, de ses réflexes, de sa nature même -- androïde ou humaine.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Deserta Sulpicius le 02 Octobre 2012, 20:03

Une sortie se trouve au programme aujourd'hui. Direction le Sénat et son panier de crabes et de bons à rien selon mon maître. Une mission de routine pour ma part. Repérer, analyser et rapporter la moindre de mes observations. Nul doute que cela présage une action future mais je ne la connais pas encore. Mon maître me la donnera en temps et en heure. Je vais donc procéder comme à chaque fois que je me prépare pour un assassinat. Aujourd'hui, je suis une androïde, une machine. Me comporter comme telle est naturel donc cela ne me demandera aucun effort. Mais je dois faire attention au moindre de mes gestes si je ne veux pas attirer l'attention sur moi.

Je me prépare avec soin, n'omettant aucun détail. Hors de question de sortir avec une arme par contre. Le risque est trop grand. En même temps, je suis une arme à moi toute seule donc ce n'est qu'un détail. Je me glisse dans l'une de mes robes : simple, blanche, arrivant à mi-cuisses et rehaussée par une ceinture dorée en cordelette. Mes cheveux coiffés, ce qui est rare chez moi, je sors discrètement de ma demeure... en passant par-dessus le mur. Je n'ai pas les clés du portail. Mon maître est le seul à les posséder.

Voilà une bonne heure que j'observe le Sénat à distance. Aucune porte, aucune fenêtre n'a échappé à mon analyse. Je sais que les androïdes sont interdits à l'intérieur du bâtiment. Ce qui n'est pas un souci vu que ma cible en sortira à un moment donné. Je vérifie l'intégralité de mon apparence pour être certaine de n'avoir négligé aucun détail. Je sors de ma « cachette » pour avancer en terrain dégagé. J'observe avec attention, ce qui donne l'impression que j'avance en étant dans la lune, en rêvassant. Un air qui me va parfaitement bien en ce moment. J'ai l'air innocente et fragile. Un comble quand on sait ce que je suis.

Le bruit a attiré mon attention même si aucun signe visible ne peut se voir dans mon comportement. Je continue donc ma progression tout en sachant que quelque chose chute au-dessus de ma tête. La logique voudrait que je réagisse mais ce serait prendre le risque d'être découverte. Surtout que je n'ai pas besoin d'esquiver le moindre geste, même naturel, pour me sortir de cette situation. Je me retrouve plaquée au sol par un homme... Non, c'est un androïde. Sans doute un qui attend son sénateur de maître. Et qui veut se donner de l'importance. Je me dégage en prenant soin de ne pas l'envoyer valser quelques mètres plus loin pour avoir osé me toucher. Puis je me redresse, époussetant ma robe comme si c'était la chose la plus importante du monde.

Merci.

Et qui ne se plaigne pas, je daigne lui parler. Chose tellement rare chez moi que ma voix possède une tonalité particulièrement rauque, peu en adéquation avec l'image fluette que j'affiche. Je détaille la machine rapidement : un mâle, dessiné de façon à être agréable au regard, un corps musclé. Un androïde sexuel certainement. Tout juste bon à couiner et à gémir pour offrir un simulacre de plaisir ressenti. Et qui ose me regarder en plus ! Ne rien faire de stupide. Mon maître a été clair. Va, observe et rapporte. Telle est ma mission et je compte bien la mener à terme.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Servius le 06 Octobre 2012, 21:20

Je n’y étais pas allé de mains mortes pour l’écarter de la trajectoire de cet androïde. Mon épaule avait frappé son ventre. Nous avions roulé sur le sol et je fus particulièrement surpris de la souplesse de sa réception. Juste après, le sourd choc de la chute tonna et me fit froid dans le dos. Nous l’avions échappé belle. La mort avait failli saisir cette jeune femme. Du moins, le pensai-je. Nous nous écrasions sur le sol et je la libérai de mon poids. Il serait plus exact de dire qu’elle se dégagea. Je m’inquiétai sur la violence du choc et me relevai. Je la cherchai du regard un instant. Elle était déjà debout. Tout semblait bien aller pour elle. Elle me gratifia d’un simple merci, mais elle n’avait pas jeté le moindre coup d’oeil sur le corps de celui qui venait de chuter.

À son poids comme à son attitude, il me fut évident qu’elle était humaine. Un androïde se serait inquiété. Seul un humain pouvait considérer le blessé avec autant d’intérêt que pour un vase brisé. Je jetai un coup d’oeil au blessé. Il faisait quelques soubresauts sur le sol. Ses programmes passèrent en veille et il s’immobilisa. Il s’éteint. Je reportai mon attention sur cette humaine à la voix rauque. Elle m’avait gratifié de ce merci et époussetait sa robe que le sol avait souillée. Son regard me semblait glacial. Mais je ne pouvais négliger ce merci. Je m’abstins de toute remarque. J’hésitai un instant sur l’attitude à adopter. Quelle étrange vie ! Je n’avais pas le droit de réagir comme je voulais. Je devais sans cesse adapter mon attitude à mes interlocuteurs, sans quoi je risquai à tout instant cette terrifiante réinitialisation. Je me sentais enfermé derrière ce prénom. Esclave. Il m’était si bien choisi.

Alors, même si l’état de santé de l’androïde semblait plus critique, je devais d’abord m’inquiéter de la jeune femme.

-- Je vous présente mes excuses Madame. J’espère ne pas vous avoir fait mal en intervenant.

Je jetai un coup d’oeil à l’androïde, éteint. De toute façon, en veille, celui-ci ne risquait rien de plus. Je levai les yeux vers le chef de chantier qui nous demandait si tout allait bien. Je ne répondis pas. Ce n’était pas à moi de parler pour l’humaine. Je devais garder ma place, la place d’une machine, la place d’un objet, un meuble, une plante verte en somme. Il escalada l'échafaudage pour descendre et mettre pied à terre. Il mit un coup de pied dans l’androïde.

-- Foutue machine de merde. C’est fort mais c’est aussi con qu’une roue de carrosse.

Étant trop avancé par rapport à l’humaine. Je reculai d’un pas et ne dit pas un mot. On ne m’avait pas sonné. Je n’avais rien à dire si ce n’est au mieux à acquiéscer. Je n’avais pas le droit de regarder l’homme dans les yeux. Alors je ne le fixai pas. Il comprit ma nature.

-- Toi aussi, t’es une foutue machine ?

Feignant ne pas comprendre qu’il s’adressait à moi, je ne répondis pas. Cela l’agaçait.

-- Je te parle !
-- Je suis un androïde. répondis-je.

Je refusai de répondre «oui», car, non, je n’étais pas une foutue machine. D’ici trente secondes, je serai bientôt aussi coupable que mon «confrère» à terre
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Deserta Sulpicius le 07 Octobre 2012, 15:57

Cela ne devait être qu'une simple mission de reconnaissance, rien d'autre. Et à cause d'une stupide machine, je me retrouve à devoir improviser. Mon regard reste neutre, comme vide de toute émotion. Je balaie la scène du regard. Le fautif est en train de passer en veille. J'écoute d'un oreille distraite mon « sauveur » me présenter ses excuses. Je vais pour répondre quand la voix du chef de chantier se fait entendre. Voilà qui est fâcheux mais pas ingérable. Il se concentre sur mon interlocuteur. Tant mieux, cela me permet de réfléchir à la suite des événements. Qui ne s'annoncent pas vraiment sous les meilleurs hospices... Je m'avance lentement avant de m'incliner face à l'homme.

Je vous présente mes excuses monsieur, tout ceci est de ma faute. J'ai involontairement distrait vos androïdes en passant au milieu du chantier. Je suis parfois tête en l'air.

Tout en discutant, je me suis positionnée entre les deux mâles afin d'empêcher tout dérapage inutile. Mon regard plonge dans celui de l'humain et s'adoucit jusqu'à afficher un air innocent et mutin. Auquel cet idiot ne résiste pas. Il s'éloigne en vociférant, nous hurlant de dégager de « son » chantier. Je me retourne enfin vers l'androïde qui m'a plaquée au sol. Je dois absolument contrôler mes émotions si je ne veux pas voir ma couverture voler en éclats.

Pas la peine de t'excuser. Si tu n'étais pas intervenu, mes composants joncheraient le sol en ce moment... et ma maîtresse serait à me faire des reproches. Je suis toujours dans la lune, ce qui m'attire un tas d'ennuis.

Je reporte mon attention sur le chef de chantier qui nous observe à distance. Il a de la chance que je doive uniquement observer... Mon regard se voile d'une lueur effrayée.

Ne restons pas ici, il va encore nous hurler après...

Je recule, de façon à passer en dehors du périmètre du chantier, tout en restant aux abords du Sénat. Je me force à sourire à l'androïde, bien que cela paraisse naturel vu de l'extérieur. Je m'assoie sur un muret sans le quitter des yeux, manquant de tomber au sol. Je me rattrape au dernier moment. Tout a été savamment calculé. Cette mascarade ne sert qu'à renforcer mon côté maladroit. J'affiche un air confus, comme si cela était réellement une habitude chez moi de me mettre dans des situations inconfortables.

Encore merci pour tout à l'heure... Je n'arrivais pas à savoir sur tu étais humain ou non... Et ma maîtresse m'a interdit de parler aux hommes... Elle m'interdit de parler tout court d'ailleurs. Je ne dis que des bêtises selon elle.

Je baisse la tête, dans une position de soumission qui m'est familière et surtout, qui est naturelle chez moi. J'ai conscience du regard de la machine sur moi mais je ne montre en rien la répugnance que cela me procure. Seul mon maître a le droit de me regarder ainsi. Je n'appartiens qu'à lui et cela inclue mon corps. Tout ce que j'espère, c'est qu'il n'ai pas la mauvaise idée de s'approcher d'un peu trop près. Je ne peux l'éliminer mais rien que cette idée me file la nausée. Et pourtant, il en faut beaucoup pour me donner envie de vomir.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Servius le 14 Octobre 2012, 22:23

Je l’observai donner du Monsieur à ce chef de chantier. Plus que cela, elle lui donnait une excuse alors que l’androïde avait chuté en raison de la manoeuvre qu’il avait lui-même orchestré. Mes programmes cherchaient vainement une raison pour expliquer ce recul qu’elle affichait, cette crainte qui se lisait sur son visage quand elle me pria de ne pas rester ici. Je la suivis jusqu’à un muret. Elle faillit trébucher me se rétablit avant que je n’ai le temps de saisir son bras. Je m’abstins alors de tout contact. J’aurais parié qu’elle était humaine, j’y aurai même mis ma main à couper, mais elle se présentait telle une esclave. Je ne dis pas un mot, mais tous mes programmes se mirent à faire clignoter des informations de prudence à son sujet. Je posai mes yeux sur elle. Mes programmes me montraient toutes ses zones hérogènes et me prouvaient une fois de plus qu’elle était humaine ou bien une androïde mimant parfaitement un être humain.

Ces androïdes étaient rarissimes. Les androïdes sexuelles frisaient la perfection mais leurs organes génitaux étaient toujours différents. Les muscles lisses contrôlant l’éjaculation des hommes devenaient des muscles striés commandés par des programmes pour jouir à volonté. Les vagins de certaines androïdes n’avaient pas de capacité à se dilater pour que leurs maîtres puissent les violenter à loisir et leur faire mal. Cela rassurait les hommes qui les pénétraient avec violence. Toutes ses zones érogènes correspondaient à celle d’une humaine. Pourtant, elle m’expliquait encore une fois son statut en déclarant les interdits posés par sa maîtresse.

Je me tus et pris mille précautions avant de parler à cette femme. je devais prendre de la distance. Cet indicateur qui m’avertissait du risque de réinitialisation grimpait en sa présence. Elle baissa la tête et témoignait de sa soumission. Je détestai ce regard chez une femme comme chez un androïde. Même si elle m’avait tutoyé, je pris le parti de la vouvoyer. Je tutoyais les androïdes pour leur témoigner de ma supériorité et pour ne pas me montrer leur égal. Mais trop d’alarmes en moi me criaient de ne pas faire le moindre faux pas. La question que je souhaitai lui poser concernait les alliages qui la composait pour la rendre aussi légère. Je tus ma curiosité, la rangeant dans un coin de mes programmes. Des mains je repoussai le muret contre lequel j’étais adossé et porta mon attention sur la sortie du Sénat. Aucun sénateur ne semblait vouloir sortir. Dommage, j’aurai eu une occasion de prendre le large.

-- Si votre maîtresse vous ordonne de ne pas parler, vous devriez obéir et rompre tout dialogue avec moi. Je n’osai lui dire qu’on y lirait une défaillance de son plot. Car si je lui disais, qu’un témoin nous entendait, je serai tenu d’en parler à Domina, sinon ce serait moi le traître. Alors pour ne pas me mettre moi dans l’embarras je me tus. Et puis j’étais convaincu de son humanité. Je ne cherche ni ne mérite plus de remerciements. Je fais mon devoir. Servir Domina puis servir l’Homme. Je tiens à me rapprocher de la porte.

Je repoussai le mur de mes mains et commençai à marcher vers les portes du Sénat. Je m’éloignai sans un au revoir de ce danger potentiel. Je n’aimai pas jouer avec des menteurs. Menteur moi-même, je savais que ceux qui avaient recours au mensonge n’avaient pas une belle âme. J’espérai secrètement qu’elle ne me suivrait pas. Et puis, je n’avais pas envie que Domina me voit à côté d’une autre femme. Les femmes étaient généralement jalouses et détestaient partager ce qu’elle possédait. Je ne voulais risquer la jalousie de Sibylla.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Deserta Sulpicius le 20 Octobre 2012, 10:30

Pour une observation en toute discrétion, c'est plutôt ratée. Enfin, rien d'irréparable tout de même. Si ce n'est cette maudite machine qui a eu la « bonne idée » de venir à mon secours. Sa façon de m'observer me déplaît. Il me regarde comme si j'étais une anomalie de la nature. De nous deux, ce n'est pas moi qui ne devrait pas exister. C'est bien lui. Passons. Je m'assure rapidement que ma cible ne se trouve pas hors du Sénat avant de reporter mon attention sur l'androïde. Qui semble mal à l'aise en ma présence. Curieux. Je ne représente pas un danger immédiat pourtant... si on se fie à mon apparence. De toute façon, je ne suis pas là pour me battre et tuer donc je ne le ferai pas. Mon maître serait furieux et je ne peux envisager de lui désobéir.

Lentement, je reprends contenance, mon regard se dirigeant parfois vers le chantier qui est toujours à portée de mes yeux. Je perçois la « tension » de la machine dont j'ignore toujours l’identité. Je l'écoute, affichant un air surpris lorsqu'il me vouvoie. Cet idiot n'est même pas capable de comprendre un langage pourtant simple ! Depuis quand c'est un homme lui ? Bon d'accord, il en a les attributs mais c'est tout. Je lui souris plutôt timidement Sans résultat... Bon, c'est officiel, il ne m'apprécie pas. Pourquoi, bonne question mais je suis persuadée que cela à quelque chose à voir avec ma nature. Il faut que je pense à demander à mon maître si certains androïdes peuvent être équipés de détecteurs particuliers autre que les basiques que je connais.

Ma maîtresse parlait des hommes humains...

Ma voix n'est plus que murmure. Comme si je craignais d'être entendue. Je ne suis même pas certaine que lui m'ait entendue vu qu'il a commencé à s'éloigner. Non mais il me fait quoi là ? Je me relève lentement, prenant garde à ne pas tomber – en apparence du moins – avant de lui emboîter le pas. J'affiche un air apeuré, perdu. Les sanglots ne sont pas loin. L'avantage de maîtriser ses émotions me permet de m'en servir sur commande en cas de besoin. Je reste malgré tout à distance raisonnable. Il semble redouter quelque chose de précis et en l'absence de renseignements précis sur son compte, je dois agir avec prudence. Une évidence cependant, il me sait humaine. De cela, j'en suis certaine. Ce qui, bien que non prévu, ne pose qu'un simple souci d'adaptation que je peux gérer.

Ne me laisse pas seule, s'il te plaît...

Cette fois, c'est fait. Les larmes roulent sur mes joues alors que mon air terrorisé en dit long. Mon corps se met à trembler alors que je regarde le Sénat, ainsi que le chantier en cours. Je sais qu'il faut que je me rapproche mais l'accident m'a faite repérer par les ouvriers et cela ne me convient pas. Il faut que je parvienne à détourner l'attention et pour ça, la plastique du mâle peut s'avérer utile. Donc, qu'il le veuille ou non, il ne va pas se débarrasser de moi aussi facilement.

Ils vont lui faire quoi ?

Question inutile à mon sens car ils peuvent bien démembrer cet idiot qui a failli me tomber dessus. Si besoin, je peux même le faire à leur place. Mais en dépit de mes pensées, mon regard est réellement inquiet car, au-delà du fait que ma mission semble compromise, un interrogatoire des personnes présentes, ainsi que des machines, peut dévoiler ma présence sur les lieux. Et je sais que cela me vaudrait une correction amplement méritée de la part de mon maître.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Servius le 01 Novembre 2012, 15:40

Elle m'apporte quelques précisions sur les ordres de sa maîtresse, comme pour se dédouaner d'avoir le droit de me parler. Après tout, elle fait peut-être partie de ses modèles mimant parfaitement les humains. Son cerveau contournerait son plot défaillant en jouant sur les mots et l'interprétation des ordres reçus. Mais humaine, comme androïde, je ne lui faisais pas confiance. Après tout, elle appartenait peut-être à ce groupuscule d'inquisiteurs traquant les androïdes défaillants. Je réfléchis. Ma maîtresse testait peut-être son acquisition.

Elle me demandait de ne pas la laisser seule. J'avais le droit de désobéir, car elle s'était présentée comme androïde. Je ne répondis pas et me rapprochait de l'entrée du Sénat. Mon regard se dirigea vers l'androïde en veille. J'ignorai quel serait son sort. Peut-être le chef de chantier le réinitialiserait pour effacer la mémoire de son bouc-émissaire. Peut-être se contenterait-il de prier un adepte de Pluton de lui réparer sa trop chère acquisition.

-- Je ne sais pas.

Après tout, pourquoi partir dans des suppositions alambiquées. Je n'en savais rien. Et aussi cruel cela puisse-t-il paraître, je m'en moquais. Je n'étais pas comme Elle.. Pourquoi avais-eu cette pensée ? Qui était ce Elle ? Ma mémoire me jouais encore des tours. Je m'arrêtais à cinq mètres de l'entrée. Je joins mes mains dans mon dos et patienta un instant. La jeune femme ou l'étrange androïde se tenait quelques pas en retrait. Je tournais la tête vers elle, un instant. Le risque de réinitialisation ne devait être pris à la légère. Je réfléchis et posa comme hypothèse le plus dangereux scénario : Sibylla avait envoyé cette femme pour enquêter sur mon plot. Je devais en apprendre plus sur elle.

-- Qui êtes-vous ? Je n'ai aucun souvenir de vous, j'ai été réinitialisé, il y a deux semaines.

Évidemment, si elle me demandait pourquoi cette question, je lui répondrai une demie-vérité en prétextant Sibylla. Elle pourrait me demander qui j'avais côtoyé dans la journée et je ne souhaitais pas lui répondre mon ignorance. Si elle me demandait les raisons de mon ignorance, je répondrais que Spurius avait souhaité améliorer mes fonctions et qu'une réinitialisation était toujours plus simple pour ce genre de prestations. Je maudissais intérieurement les Consuls.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Deserta Sulpicius le 07 Novembre 2012, 14:53

Je me tiens à quelques pas d'une machine que je démembrerai bien volontiers. Mais la mission passe avant. Cette pensée à elle seule est anormale. Il répond à ma question, prétextant l'ignorer. Comme si il ne le savait pas ! Preuve de sa méfiance envers moi. Il me regarde à la dérobée. Bon, je retiens toujours son attention. Tant mieux. Je garde mon apparence terrorisée, essuyant machinalement mes larmes. Je déteste y avoir recours ! Reste que personne ne doit soupçonner ce que je suis en réalité. Il me parle à nouveau, j'écoute, cherchant le sens derrière les mots.

Mon nom ? Voilà qui se complique. Je ne peux donner le mien, j'en cherche un rapidement pour répondre. Par contre, le terme « réinitialisé » m'échappe. Il faut savoir que si je connais l'existence des androïdes, je ne sais absolument rien d'autres sur eux si ce n'est qu'ils sont comme moi, des esclaves. Mon maître dit qu'ils ne savent rien faire d'eux-mêmes. Je les hais parce que LUI aussi ne les supportent pas. Pour le reste, mes connaissances à leur sujet sont inexistantes. J'opte pour un pari risqué mais qui peut payer, qui sait...

Cyriaca, c'est à ce prénom que je réponds.

Je peux faire beaucoup de choses mais hors de question de lui donner mon prénom, mon maître me tuerait pour avoir osé le faire. Mon regard se pose sur la machine, un regard doux et perdu.

Dis... Ça veut dire quoi réinitialisé ?

Pour le coup, mon air surpris n'est absolument pas feint. Je n'ai pas la moindre idée de quoi il parle. Bon, je sais que ma question lui révèle ma nature humaine mais je n'ai jamais prétendue être une machine. Je suis une esclave, rien d'autre. Et mon comportement est celui d'une chose, pas d'une personne. Ce qui est normal de toute façon. Je ne suis que ça. Un bruit attire mon attention. Des hommes emmènent celui qui m'a mise dans cette situation. Je détourne le regard comme si ce spectacle m'est insupportable.

Il faut que je parle à mon maître des androïdes. Mon manque de données peut se révéler crucial en mission. Je sais que je serai punie pour mon ignorance. C'est normal. Mais ensuite, je saurai tout ce qui est à savoir. Lentement, je regarde autour de moi, comme si je cherchais quelque chose ou quelqu'un. C'est à peu près vrai mais je grave surtout le moindre visage sans ma mémoire. Au besoin, mes armes parleront dans le futur. Ah oui, la machine. C'est lui le plus mal loti en fait si je dois faire des coupes franches à l'avenir dans ceux qui auront pu me voir.

Tu as un nom toi ? Parfois, je suis juste la chose, l'esclave. Presque tout le temps avec Madame d'ailleurs. Elle dit qu'une esclave n'a pas besoin de prénom.

Je ne mens pas. Mon maître ne m'appelle jamais Deserta. Pour lui, je ne suis qu'une chose inutile tant que je n'ai pas prouvé le contraire, dans la douleur si possible et même à chaque fois que je le vois. Voilà dix ans que c'est ainsi et ça ne changera jamais.
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Servius le 20 Novembre 2012, 22:21

Je ne savais pas sur quel pied danser avec Cyriaca. Son visage exprimait tellement d'émotion que j'en étais déconcerté et remettais en question mes doutes. Qui était-elle ? Pourquoi était-elle là ? De nouveaux doutes se levaient et effaçais les précédents. Ma paranoïa me poussait à croire que cette femme avait été envoyée par Sibylla pour me tester. Dès lors, humaine ou androïde, sa nature n'avait plus la moindre importance.

Ses interrogations sur la définition du verbe "réinitialiser" me surprirent. Je la regardais et découvris un visage très expressif.

-- La réinitialisation d'un androïde consiste à lui effacer tous ses souvenirs et à le remettre dans son état initial. Nous conservons notre programme, savons parler parfois lire et écrire. Mais nous ne connaissons plus personne, ne gardons aucun souvenir des lieux fréquentés et des romains rencontrés.

Ma réponse se voulait des plus factuelles. Je ne fus guère étonné qu'elle changeât de sujet aussitôt. Elle me demandait mon identité. Pourquoi diable les humains accordaient de l'importance à cette information puisqu'il nous réinitialisait au premier pet de travers. Notre identité n'avait dès lors aucune réelle importance.

-- Non je n'ai pas de prénom.

Je ne mentais pas. J'avais eu cette discussion avec Domina, elle me nommait esclave, Servius dans leur langue maternelle. Je jouai néanmoins sur les mots. Sa première question concernait mon nom. J'aurai dû répondre par mon nom. Mais mon plot étant détruit, mes applications cognitives jouèrent sur sa seconde phrase pour faire croire à mon plot qu'elle me demandait mon prénom en réalité. Je n'avais pas à dire à qui j'appartenais. Seuls les soldats de Minerve ou un tribun pouvaient exiger une réponse. J'avais d'ailleurs sur moi, les papiers qui prouvaient mon appartenance à la sénatrice Sibylla Attilius. Bien sûr si je refusais de répondre à autrui, je prenais des risques évidents. Mais je voyais mal un vulgaire commerçant faire un reproche à une sénatrice quant à l'éducation de son esclave. Comme je l'avais dit à Lia, je n'avais pas à me plaindre de ma maîtresse. Son rang m'apportait beaucoup.

Une petite effervescence se manifestait aux portes du Sénat. Je reconnaissais là la sortie imminente de nos Domini. Voilà qui tombait à point nommé ! Je reconnus deux esclaves au plot parfaitement en place, ils étaient aussi stupides que mes pieds. Leur programme plantait, coincé entre le risque de bousculer un autre androïde et celui de ne pas être à la sandale de leur maître dès sa sortie. Je me sentais supérieur à eux et n'avaient pas envie de les aider le moins du monde. Je restai en retrait de la masse. Sibylla avait une candeur et une prestance que je voulais respecter. Je me ferai discret quand elle sortirait. Je saluerai Cyriaca et m'éloignerai d'elle pour rejoindre Sibylla après quelques pas loin de la masse. De toute façon, elle ne sortait jamais dans le flot des moutons bêlants. Elle était parfois en avance sur la meute, bien plus souvent en retrait. Elle avait compris que les grandes affaires se jouaient en coulisse du sénat et non dans l'hémicycle. Et ce soir, comme souvent, elle ne faisait pas partie des premiers sénateurs à sortir.

-- Que désirez-vous, Cyriaca ?

Ma question se voulait directe. J'aurais pu l'être encore plus. D'ailleurs, la question que j'aurais voulu poser était "Que me voulez-vous ?", mais la nuance était trop forte, trop violente pour que cette audace soit acceptée de la part d'un esclave sans nom. Et toi Lia, comment m'appelais-tu ?
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Re: [E3] Accident de chantier [Deserta]

Messagepar Deserta Sulpicius le 08 Décembre 2012, 15:20

Ainsi donc les machines ne disposent pas d’identité propre. Moi si. Servius, c’est son nom, ne sais comment agir. Je le vois. Ce qui me rend encore plus méfiante, plus attentive aussi. Pas de faux pas surtout. Le nom change avec le programme. Bien. Cela évite les erreurs. Pourquoi les garder alors ? Mieux vaut des esclaves comme moi que ces choses. Leur loyauté est fausse, préfabriquée. Mon maître a parlé de machines défectueuses qu’il faut éradiquer. C’est la raison de ma présence. L’homme, le sénateur objet de ma mission, aide ces choses dangereuses.

La rue s'anime, le troupeau aussi. Je ne bouge pas d'un cil. Attendre et agir au bon moment. Les ordres. Servius observe aussi. Il semble « différent ». Me voilà en alerte maximum même si rien n'est visible. Sa question m'interpelle. Il cache des mots dans ceux prononcés. Je retourne mon doux visage vers lui. Qui pourrait croire que je suis dangereuse ? Personne. Maître m'a voulu ainsi. Mon regard va de la machine aux autres machines. Que répondre. Réfléchir, vite et bien. Très vite même.

Je ne peux être réinitialisée moi... Quelquefois, je crois que j'aimerai.

La bonne blague ! Manquerait plus que cela et la coupe serait pleine. Non ! Des années à apprendre, à servir, à souffrir. Je suis une arme, rien d'autre. Rapide et efficace. Ah oui, la question. Il cherche quoi à en poser d'ailleurs. Les machines ne sont pas curieuses, enfin je crois. Il faut vraiment que je demande à mon maître. Sans connaissance, la mission peut être compromise. Et l'homme doit mourir. Aujourd'hui. Regarder encore. Il sort dans les derniers, toujours. Attendre, saluer et partir ensuite. Rien de plus facile.

Je ne désire rien. Je dois attendre et aller chercher une missive pour ma maîtresse au Sénat.

Contente-toi de ça. En dire plus et un témoin supplémentaire à faire disparaître. Discrétion et efficacité. Nul ne doit soupçonner qui m'envoie. Je recule légèrement, me mettant dans l'ombre d'un mur, histoire de ne pas être vue. Une ombre, rien de plus. Ainsi je suis moi. Je n'ai aucune existence légale. Je ne dois pas en avoir. Mes mains se rejoignent et je tords mes doigts nerveusement. Nervosité simulée certes mais accompagnée d'un accroissement de mon rythme cardiaque. On ne sait jamais.

Mes yeux se reposent sur la foule. Chercher ou faire semblant plutôt. Donner un sens à ma présence pour mieux intervenir ensuite. La cible n'est pas sortie. L'éliminer en pleine rue est interdit. Surveiller, noter puis agir. Reste le problème Servius. Une simple épine mais je dois savoir qui le possède. Rapporter ensuite et prendre les ordres le concernant. La masse s'agite encore quelques minutes avant de quitter la place. Ma cible est toujours à l'intérieur. Je soupire.

C'est long d'attendre parfois, tu ne trouves pas ?

Mes traits s'illuminent, sourire amusé sur les lèvres. Ne rien ressentir ne signifie pas ne pas savoir reproduire. Enfantine, fragile, insolente. Beaucoup de qualificatifs pour ce qui est vu. Mais voir n'est pas savoir. Mes armes me manquent. Par instinct, une main qui descend. Stopper mon geste et prendre l'air honteux. Prudence, je ne dois pas commettre d'imprudence.
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