par Sylvana le 18 Octobre 2012, 00:45
Je l'avais entendu arriver, et cela faisait un moment. Je sentais les vibrations de son pas sur le sol. La Nature me parle, et chaque pas à sa résonance propre. Il me suivait, et j'ignorais pourquoi. Il était arrivé jusque chez moi. Ils étaient rares, les habitants de Rome qui passaient les remparts pour s'intéresser aux bicoques qui se dressaient dans leur ombre. Je l'avais entendu arriver, et cela faisait un moment. Je sentais les vibrations de son pas sur le sol. La Nature me parle, et chaque pas à sa résonance propre. Il me suivait, et j'ignorais pourquoi. Il était arrivé jusque chez moi. Ils étaient rares, les habitants de Rome qui passaient les remparts pour s'intéresser aux bicoques qui se dressaient dans leur ombre. Ce n’était pas plus mal, je n’aimais pas les visites intempestives. La solitude m’allait bien, très bien, même. Je me retournais à la fin de sa phrase. Il avait réussi à m’interpeller. J’avais appris ma grossesse hier. Et lui était déjà au courant ? Vénus, disait-il. Je lui répondis d’une voix légèrement ironique :
- J’ignorais que Vénus s’intéressait aux païennes vagabondes dans mon genre.
Je me tus et le regardai ans les yeux, les bras croisés sur ma poitrine. C’était qui, ce drôle d’oiseau ? Et qu’est-ce qu’il cachait ? Il venait les bras chargés de nourriture, assez pour me nourrir, pendant quoi, au moins six jours, vu ce dont j’avais besoin… Offrande ? Ou troc ? Mon expérience m’avait démontré que les êtres humains n’offrent jamais rien sans rien. A part peut-être les prêtres, et encore, ça dépends de l’individu. Celui-là, il avait pas l’air d’un prêtre. Mais il avait pas l’air net non plus. Il disait que j’avais besoin de me nourrir et de prendre des forces. Oui, évidemment… mais je pouvais le faire toute seule. Je me suffisais à moi-même, j’étais une grande fille. Et je ne faisais plus la mendicité depuis un moment, maintenant. Je n’avais besoin que du Hibou pour avoir de quoi manger.
Je me fichais de savoir comment il avait su. Les Romains ont quantités de dons, et leurs affinités avec les dieux protecteurs leurs donnaient encore des pouvoirs farfelues supplémentaires… alors ça ne me surprenait pas outre mesure. Il pouvait avoir le don de sentir la vie en devenir, ça ne m’aurait pas étonné de Vénus. Moi ce que je voulais surtout savoir, c’était pourquoi il venait me voir. Personne ne m’avait jamais rendu visite hors les murs. On venait vers moi dans la rue, quand, assise contre un mur, je vendais ce que j’avais à vendre.
-J’ai appris très vite que jamais les Hommes n’offrent quelque chose sans attendre un paiement. La question qui se pose maintenant, Romain, c'est ce que tu veux de moi.
Un cri strident se fit entendre à l’extérieur. Tyl était revenu. Je contournais l’inconnu et sortit en écartant d’un geste vif la fourrure qui masquait l’extérieur. Le Hibou était là, posé sur un poteau qu’il utilisait comme perchoir, le cadavre d’un fennec à ses pieds. Il vint se percher sur mon épaule tandis que je tirais de ma ceinture un grand couteau à large lame. Je m’accroupis devant la bête et, la main sur son cœur déjà immobile :
- Tu es mort pour que je vive. Pour cela, je te remercie. Puisse ton esprit rejoindre ses ancêtres.
Je crois que l’homme est sorti à ma suite. J’espère que le sang de ne le dégoûte pas. Les gestes autrefois exécutés avec maladresse ne me gênent plus. L’animal est étendu sur une planche.
- Si tu n’as l’habitude, tu ferais mieux de te boucher le nez, l’inconnu.
Avec les mouvements de l’habituée, je tranche les pattes avant et la tête, avant de commencer à le dépecer. Si l’individu ne me dérange pas réellement, je ne vais pas interrompre mon travail pour autant. Une peau comme celle-là doit être tannée rapidement, surtout par ce soleil.
- Alors, que cherches-tu ici, là où personne ne vient jamais ?
Alta alatis patent