Il avait toujours l'air en colère... Je comprenais à peine pourquoi. Il n'avait pas vu cette scène, et les romains avaient tous acclamé cette horreur. Pourquoi n'était-il pas ravi ? Le soldat était-il différent des autres romains ? Peut-être... Je devais rester prudente, malgré tout, car ses réactions me semblaient pour le moins instables. Et venant de moi, c'était beaucoup dire vu que je savais très bien que je n'étais pas un modèle de stabilité psychologique.
Quand il parla alors du fait qu'elle ne méritait pas cela, je haussai alors les épaules avec un air quelque peu dépité. Les gens ont rarement ce qu'ils méritent, sur Terre, et encore moins à Rome malheureusement.
- Elle ne méritait pas cela, non.
Je ne fis néanmoins pas de commentaires sur cette histoire d'enterrement. C'était un rituel religieux au départ, même si nous le pratiquions aussi chez nous. C'était, néanmoins, plus une cérémonie de souvenir qu'une cérémonie religieuse. On ne parlait pas des dieux pendant une heure trente, on parlait essentiellement du défunt.
En tout cas pour le moment, je n'étais pas préoccupée par les rituels funéraires romains mais plutôt par l'impétuosité et la fougue de Nomatus... S'il se jetait dans le tas de cette manière, non seulement il n'arriverait à rien mais il me ferait tuer au passage. Je devais donc à tout prix parvenir à le calmer pour éviter qu'une catastrophe ne se produise, encore une fois à mes frais... J'en avais marre de payer à cause des conneries des autres.
- Honorer sa mémoire ? C'est bien un truc d'homme, ça. Elle voulait DONNER la vie, pas la PRENDRE. Vous vous imaginez que tuer des gens va honorer quoi que ce soit ? Tout ce que vous feriez, c'est exactement l'inverse de ce qu'elle avait voulu faire.
Terminant finalement la pomme que j'avais en main, je posai le trognon sur la table avant de me rapprocher de lui, le fixant de mes yeux cyan.
- Écoutez-moi Nomatus... Je sais que vous n'avez aucune confiance en moi mais je vous supplie de me croire là-dessus. J'ai étudié l'histoire de l'humanité. La vengeance... C'est un serpent qui se mord la queue. Chaque fois qu'une personne se venge, le serpent se dévore lui-même. Des nations entières, puissantes, se sont auto-détruites en suivant le chemin de la vengeance. Ici, le résultat serait le même... Je soupirai, précisant alors : Le père a voulu se venger, alors il a tué Valentina. Vous voulez la venger, alors vous tuez Mettius. Les associés de Mettius voudront se venger et vont vous tuer. Vos soldats vont vouloir vous venger et tueront les associés de Mettius. Les fils ou les pères des associés de Mettius voudront se venger et tueront des membres de l'armée... On n'en sortira jamais. Et quand le VRAI ennemi arrivera, avec son armée composée de millions, il ne restera plus personne pour défendre la ville.
Je fronçai alors les sourcils, ayant un air déterminé.
- Je sais que vous êtes prêt à m'aider, mais avant de pouvoir dire quoi que ce soit, nous devons repousser ces mutants. Une fois cela fait, nous pourrons nous occuper de ce sénat corrompu.