Les choses avaient beaucoup changé depuis ma dernière rencontre avec Mettius... J'avais envoyé le satellite sur une nouvelle orbite pour qu'il transmette un message de détresse, j'avais eu une conversation inattendue avec Isaa, et appris que les androïdes avaient une notion de liberté. Chacun de ces événements modifiait radicalement les plans que j'avais échafaudés...
Au départ, je comptais rendre service à Mettius contre des matériaux, et contre l'exécution d'Alpharius. De cette manière, j'aurais été en sécurité vu qu'il était extrêmement agressif et voulait me tuer. Sauf qu'Isaa avait révélé des nouvelles inquiétantes : elle se faisait manipuler par celui qui avait tenté de me tuer, et elle refusait d'en démordre. Son "amoureux" a sûrement une excellente explication pour m'avoir mutilée et avoir essayé de me tuer. L'"amour" (en fait la passion car elle le connaissait à peine) réduit l'intelligence de 75%... Donc j'étais passée à un autre plan.
Contrôler les androïdes. En les analysant, j'avais découvert des éléments très intéressants et même si j'étais encore très loin de cet objectif, je comptais créer une forme de virus pour en prendre le contrôle, et m'en servir d'armée. Manque de chance, les androïdes ont bel et bien une notion de liberté, le "plot" ne fait que les empêcher de faire ce qu'ils veulent. En somme, ce ne sont pas des robots, comme ceux de chez moi, mais de véritables esclaves de métal. Je ne pouvais donc, éthiquement parlant, pas les pirater pour m'en servir.
Restait donc une dernière solution, mais je devais vendre mon cul à Mettius. J'attendais donc le fameux "Mercure", dont le politicien m'avait dit que je ne le verrais sûrement pas au premier abord. Ben tiens. J'avais activé le filtre infra-rouge, je voyais tout ce qui passait. Si son "Mercure" avait un pouvoir d'invisibilité, je le verrais donc forcément. Je n'aimais pas les surprises...
Les conditions étaient idéales, en plus, pour le filtre IR. Il faisait nuit, il pleuvait, et il faisait frais. J'étais pour ma part couverte par la capuche blanche que j'avais récupérée lors de mon atterrissage chaotique dans le désert, cherchant à ce que personne ne me reconnaisse. J'étais donc là, dissimulée sous ma cape, dans la pluie et le vent, sur le pont de Venus, en attendant un type invisible.
Je n'eus pas à attendre longtemps, car il apparut d'un coup. Je ne l'avais pas vu malgré les filtres IR... Enfin, si... Je l'avais vu mais je n'arrivais pas à l'expliquer. En fait, je l'avais vu dès mon arrivée, il était déjà là, mais paradoxalement, je ne le voyais pas. Je ne comprenais pas comment il avait fait... Mais clairement ce n'était pas de l'invisibilité. Une sorte de pouvoir mental ? Sûrement, car l'ordinateur avait détecté sa présence mais mon cerveau l'avait ignorée... Aucune idée, mais pour le moment ça ne m'intéressait pas. Je me contentai de le suivre, jusqu'à ce "lieu tranquille" dont avait parlé le politicien.
Mettius était bien là. Laissant tomber la cape au sol, je laissai voir mon visage qui était très différent de la veille. J'avais l'air préoccupée, grave, rien à voir avec mon côté badin du jour précédent. Sans perdre de temps, j'exposai mon offre, sans dire ni bonjour ni merde. Le temps était une ressource dont je ne disposais pas.
- Bien. J'ai été trahie, et les choses ont changé. Voici mon offre. Je vous aide dans votre campagne, et plus si nécessaire, au niveau technologique. La technologie est complexe, il me faudra un peu de temps et beaucoup de matériel pour me lancer, mais il y a divers moyens, simples et moins simples, de vous rendre très populaire auprès de la plèbe et des sénateurs. Notez que chacun réagit différemment aux méthodes politiques que je connais, je ne peux donc vous donner de garantie, d'autant que votre système politique est centré autour des dieux ce qui rend les choses plus complexes.
Maintenant, ce que je voulais.
- En échange, il me faut un endroit sécurisé. Fermé de tous. Chez vous ou autre part. Dedans, il devra y avoir un stock de nourriture et d'eau pour une semaine complète. Cette salle sera gardée par mon androïde, Alyxys, qui sera armée. Avec une arme de la Citadelle. Un coup suffit à transformer un mur en flaque de lave. Elle tirera à vue sur quiconque tentera d'entrer, sans sommations. J'ai reprogrammé son plot, elle le fera et n'obéira qu'à moi. Bon, là je bluffais, je n'arrivais pas encore à altérer les plots, mais mieux valait laisser penser que je le pouvais. A l'issue de cette semaine, peut-être un peu moins, je ressortirai et nous pourrons alors commencer nos affaires. L'avantage, c'est qu'une fois sortie, plus personne ne tentera de me tuer, et notre association ne paraîtra pas anormale, car je serai votre nièce.
Levant la main l'air de dire "c'est pas mon problème", j'ajoutai :
- Ou cousine, ou débrouillez-vous. Un membre de votre famille qui revient d'affaires et que vous n'aviez pas vu depuis un moment. Inutile de demander des détails, je ne peux en donner pour le moment... Occupez-vous juste de créer cette identité. Mais je peux vous signaler que vous serez le seul à connaître une capacités que j'ai maintenues secrètes jusqu'ici, afin de m'en servir de "joker".
Terminant ma tirade, je relevai la tête vers le prélat. Enfin... Il était quoi déjà ? Ou... Non, consul ? Prévôt ? J'avais oublié quel titre pompeux il avait. Peu importe.
- Qu'en dites-vous ? demandai-je finalement en le fixant, de mon regard légèrement luminescent.