Je me laissai raccompagner par Alpharius à l'entrée. Une fois à l'extérieur, j'observai les lieux avant de me tourner vers le colosse et le regarder fixement quelques instants avec une certaine inquiétude.
Je ne savais pas quoi penser ou quoi tirer de cette rencontre. Je regrettais qu'elle ait eu lieu. J'aurais préféré continuer de crever la dalle dans la rue, en fait... Les portes étaient fermées, cette fois-ci pour de bon. Peut-être définitivement. Je voulais savoir ce qu'ils pensaient de tout ça, car cette dernière conversation, la partie "repas"... Tout le monde jouait un rôle et "faisait semblant".
C'était donc de là que venait mon inquiétude. J'avais cette impression terrible qui me rongeait, qu'au fond cette dernière scène n'ait été qu'un simulacre grossier visant à ne "pas m'énerver" plus... Que la seule chose qu'ils attendaient était que je me tire. C'était d'ailleurs pour ça que j'avais profité de cet appel pour foutre le camp. J'aurais pu rester encore, mais je ne me serais pas sentie à l'aise en le faisant, j'aurais encore eu cette sensation dérangeante que je n'étais pas à ma place.
Je finis en tout cas par lâcher le regard du centurion avant de m'éloigner, sous le regard méfiant des soldats qui étaient dans les environs, avant de finalement sortir de l'enceinte.
Ma curiosité était forte. Je ne supportais pas de ne pas savoir, et je savais que je me préparais à faire quelque chose d'extrêmement indiscret... Mais je voulais être fixée et il me semblait évident que je ne le serais pas en leur posant la question directement. Tournant la tête, je mis en route le filtre RX et augmentai la sensibilité sonore autant que possible. Je voyais leurs formes (squelettiques à cause des rayons X) en train de s'embrasser, et j'étais envahie de bruits divers. Il me fallut quelques secondes pour "faire le ménage" dans tout ça, et je finis par entendre... Pas grand chose, en fait. Une partie de leur conversation passait par les divers interstices présents dans le bâtiment, mais j'étais loin, vraiment loin.
Ce que je parvins à voir me laissa toutefois mal à l'aise. Si je n'arrivais pas à entendre quoi que ce soit vu que j'étais trop loin et qu'il y avait trop de pollution sonore, je les voyais bien en train de s'enlacer. Clairement, j'étais un point à côté d'un segment, il n'y avait et aurait jamais de rapport amical ou quoi que ce soit entre nous. Je m'étais ouverte, certes à ma façon, mais je l'avais fait et c'était une erreur... Je sentais néanmoins beaucoup moins d'hostilité de la part d'Alpharius, et pas nécessairement pour des motifs purement physiques. Il m'avait semblé avoir une empathie étonnante, bien plus grande que celle d'Isaa, d'ailleurs.
En fait, si j'avais dû faire un bilan de cette rencontre, j'aurais dit qu'il y avait en fait deux résultats différents. Le premier avait été la découverte de cet insolite centurion aux nombreux secrets et à l'histoire complexe... Lors de notre première rencontre, il ne m'avait laissé voir que de la violence et j'avais effectivement paniqué, mais cette fois-ci, il m'avait montré une face qui me plaisait. Je sentais que malgré les apparences et notre première rencontre chaotique, il était quelqu'un de bon et déterminé. Il s'agissait des deux traits qui me plaisaient le plus chez les gens en général : la volonté, et la gentillesse. Après, peut-être me trompais-je évidemment... Peut-être qu'il m'avait menti, ou quoi que ce soit, mais je n'en avais pas eu la sensation.
L'autre résultat était ce fiasco émotionnel que j'avais provoqué en disant ce que je ressentais, de manière... Assez confuse, je devais bien l'admettre avec le recul. Il me semblait évident que de ce côté-là, je venais de les faire quelque peu fuir. Encore une fois... Peut-être me trompais-je, ça n'aurait pas été la première fois, mais c'était en tout cas le ressenti que j'avais. De toutes façons... Je ne pouvais me fier qu'à ma propre vision des choses, vu qu'ils n'avaient pas vraiment été loquaces à ce sujet. Vu que je ne pouvais pas les écouter à cette distance, ça resterait un mystère, visiblement. Mais j'avais l'impression d'avoir plus perdu que je n'avais gagné, au total. Maintenant, c'était bien joli de réfléchir à tout ça, mais il fallait bien déterminer ce que je devais faire, à présent.
En premier lieu, cesser définitivement de leur pourrir la vie. Ma seule existence était une gêne, que je pouvais leur épargner. J'irais à ce rendez-vous qui m'avait été donné par mon mystérieux interlocuteur, seule. Peut-être serait-ce un piège... Dans un sens je m'en moquais, car je ne pouvais pas être perdante. Soit je retrouvais quelqu'un de chez moi et c'était positif, soit je me faisais tuer et c'était tout aussi positif, au fond. J'en avais assez de Rome. J'avais l'impression d'être... Une gamine seule dans une immense ville tentaculaire, une gamine qui ne sait pas parler et qui ne comprend pas ce qu'on lui dit.
C'est pour cette raison que je devais impérativement trouver des alliés, mais je ne savais pas vraiment où les chercher. L'androïde brune, celle qui m'avait dit de surveiller le temple de Pluton, m'avait dit de chercher l'aide des grands prêtres de Pluton et Venus, qu'ils pourraient m'apporter leur aide. Je n'étais, autant le dire clairement, pas DU TOUT persuadée de leur bon-vouloir à ce niveau... Pour la majorité de la population, j'étais "l'androïde hérétique" et autres surnoms peu flatteurs, alors pourquoi des prêtres accepteraient-ils de m'apporter leur aide ?
Mais dans tous les cas, je n'avais pas énormément le choix. Je savais pertinemment que si je restais seule dans cette ville sans pitié, je finirais détruite. Soupirant longuement, je me dirigeai donc vers le temple de Pluton afin de le surveiller. Selon la bizarre androïde, je devais y aller "quand il y aurait du bordel". Restait à attendre que le chaos s'invite dans le lieu de culte, à présent.
[Fin de RP de mon côté !]