[E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

[E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Katla Buskvej le 24 Mai 2013, 18:01

(Précédemment)

Étrangement, je rêvai. Des images, des scénarios étranges mélangeant passé et présent, s'affichaient dans mon esprit épuisé. Comme souvent dans les rêves, ils n'avaient pas énormément de sens. Le cerveau triait les informations, les reformant de façon cohérente, logique, compréhensible. On disait que la nuit porte conseil, voilà pourquoi ce proverbe était tout à fait vrai. C'était pourtant étrange. En 30 minutes de repos, je n'aurais pas dû être en mesure d'atteindre un sommeil suffisamment profond... Cela venait peut-être du fait que j'étais épuisée, et des produits chimiques qui avaient provoqué ce sommeil artificiel et forcé.

Le réveil fut lent. Je fus en fait réveillée par le fait que mes sens étaient revenus : subitement, j'entendais de nouveau, mon sens de l'odorat était revenu, ainsi que ma vue. Comme convenu, après une demi-heure pile, l'ordinateur m'avait rendu le contrôle avant de me réveiller.
Ouvrant les yeux, j'observai les environs... La piscine. En un instant, tout me revint. La rencontre avec Alpharius Omegarès, le repas qui m'avait épargné une longue journée à crever de faim, et nos échanges pour le moins vifs dans l'eau brûlante. Et d'ici un instant, Isaa allait arriver.

J'étais... Partagée. Je pouvais "faire semblant". Sourire, plaisanter, manger, et hahaha hohoho quelle franche rigolade. Je pouvais aussi devenir carrément déprimante, mais dire les choses telles qu'elles étaient. Toute ma vie, j'avais fait le premier choix et voilà où j'en étais... Mais on n'élimine pas si facilement que ça un demi millénaire de mauvaises habitudes sociales. Je me mis à réfléchir à tout cela, pesant attentivement le pour et le contre, tout en retournant dans l'eau qui était encore chaude, et avait encore cette odeur enivrante de fleurs. Je ne savais pas d'où les soldats avaient pu sortir ce genre de choses, mais l'attention était délicieuse. Elle avait de la chance. Lui aussi, note. Quant à moi, hé bien... Je n'appartenais simplement pas à cet univers.

Peut-être devrais-je tenter, alors, de faire ce que j'aurais sûrement dû faire il y avait bien longtemps déjà. J'étais connue pour mon franc-parler, sauf sur un seul point où je ne disais jamais un seul mot. Peut-être était-il temps de corriger cela.
Les risques étaient immenses, et pourtant, je savais consciemment qu'ils étaient ridicules. Mais au fond de moi je ne pouvais m'empêcher de les voir comme quelque chose d'horrible. Ils pouvaient s'en ficher totalement. Ils pouvaient s'en moquer ouvertement. Ils pouvaient me jeter dehors en rigolant bien... Et au fond ils auraient tous les droits de le faire. Je ne voyais pas de raison objective qui les pousserait à faire autre chose, en fait.

A nouveau, face aux risques que j'avais pris par le passé, risques mettant ma vie en jeu de façon directe, ça pouvait sembler ridicule. Mais je préférais encore me retrouver seule face à 5000 Kohriens que dans ma situation actuelle. Bah. De toutes façons, un jour ou l'autre, j'aurais bien été forcée de le faire. Je savais qu'aucun des deux n'accepterait de me reparler un jour, dans tous les cas de figure, mais au moins les choses seraient exposées de la façon la plus claire qu'il soit.

Entendant du bruit dans le couloir, je me redressai légèrement, sortant la tête de l'eau. Vêtue de ce bikini noir et relativement léger qui avait fait tant d'effet au centurion, je braquai mon regard cyan sur l'entrée, commençant à me préparer à ce qu'il se passerait... Le pire, probablement.
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Isaac Vibius le 25 Mai 2013, 14:56

Les androïdes s'activent autour d'elle dans l'atelier. Guido est placé dans son dos à veiller au grain, il jette régulièrement des regards vers le travail de sa domina. Son attitude est indéchiffrable comme toujours. Isaa étouffe un bâillement derrière la paume de sa main. Elle n'a dormi que quelques heures sur cette même table de travail, trop passionnée par ce qu'elle fait pour lâcher son œuvre et s'accorder une nuit de sommeil. Son corps est habitué à ce genre de traitement, c'est une petite dormeuse. Lorsqu'on frappe à la porte, elle ne daigne même pas lever le nez de ses plans. Guido se charge d'accueillir le visiteur et se manifeste auprès de la romaine afin qu'elle vienne recevoir le messager. Intriguée, elle tourne la tête vers l'encadrement de la porte. Un sourire illumine son visage lorsqu'elle reconnaît l'optio de son bien aimé. Elle se lève de sa chaise avec enthousiasme cette fois et vient recevoir la fleur ainsi que l'intitulé qui l'accompagne. La jeune femme remercie l'optio qui ne s'attarde pas d'avantage.

Jouant avec la rose après avoir humé son doux parfum, Isaa médite sur cette invitation. Elle se réjouit évidemment de savoir que Katla sera présente. Cela ne peut que signifier que ces deux êtres précédemment en conflit ont finalement pu trouver un terrain d'entente. Elle se sent soulagée que ce soit le cas. Pourtant une légère appréhension la tenaille étant donné le dernier échange qu'elle a eu avec l'étrangère. Certes la romaine est d'une nature indulgente et compréhensive, elle a même bien réagi face aux attaques acerbes de celle qu'elle respecte tant à bien d'autres égards. Elle mentirait malgré tout en prétendant ne pas avoir été meurtrie par les propos qu'elle a tenu à son encontre et la façon détestable dont celle à qui elle offrait son amitié l'a qualifié. Elle redoute donc légèrement ce qui pourrait bien se passer dans ce contexte explosif. Enfin fidèle à elle-même, elle compte bien se rendre sur place armée de sa bonne humeur et sa bonne volonté.

Après avoir laissé la fleur dans un gobelet en cuivre rempli d'eau et posé sur une étagère, Isaa donne quelques consignes à Guido. Elle quitte ensuite l'atelier et repasse dans la demeure familiale à la grande surprise de sa mère. La fille répond à ses questions avec malice et refuse de rester manger puisqu'on l'attend ailleurs. Elle va se rafraîchir et se changer histoire de ne pas faire trop honte à Alpharius en se rendant chez lui dans sa tenue de la veille, même pas coiffée. Quelques coups de brosse ont raison momentanément de ses boucles rebelles, la voilà parée pour sortir. La romaine passe embrasser sa mère avant de quitter la maison, direction celle du centurion.

Arrivée sur place, elle ne trouve personne pour l'accueillir. Elle pénètre donc à l'intérieur, cherchant son aimé. Un bruit d'eau dans le couloir attire son attention. Un large sourire éclaire le visage de la jeune femme à l'idée de surprendre le colosse dans son bain. Avec empressement elle pousse la porte sans même frapper ou s'annoncer. Il ne lui vient pas à l'idée que ce n'est peut-être pas lui qui profite du bassin. Forcément sa surprise est grande de tomber sur Katla en si petite tenue. Autant dire que cela produit une sorte de choc en elle. Il est surprise plus plaisante que de trouver une femme dévêtue chez l'homme dont on est éprise. Au moins Alpharius n'est pas avec elle.

« Excusez-moi, j'aurais dû frapper. Ce n'est pas vous que je m'attendais à trouver.

Un peu mal à l'aise, elle se tourne et referme légèrement la porte entre l'étrangère et elle pour ne pas exposer sa semi-nudité aux mâles évoluant dans la maison.
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Alpharius Omegar??s le 25 Mai 2013, 16:27

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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Katla Buskvej le 25 Mai 2013, 17:00

Spoiler: Afficher
(Désolée, c'est long :gene: et sûrement aussi nul que d'habitude)


Isaa venait d'entrer. Bien, il ne manquait plus que le centurion...
Alors qu'elle affichait un air surpris et décida de partir, j'aperçus derrière elle Alpharius qui s'approchait. Ils discutaient derrière la porte... J'aurais pu augmenter la sensibilité de mes capteurs pour écouter, mais pour le moment j'avais autre chose en tête. Je préparais la structure de mon... "discours". Un discours difficile à prononcer. Mais il me semblait indispensable de le faire.

- Revenez, prononçai-je d'une voix forte, amplifiant légèrement la portée de celle-ci. Mon ton était autoritaire, mais pas agressif, juste neutre.

J'attendis qu'ils passent la porte, restant dans l'eau et les observant. Une fois le couple dans la pièce, et la porte refermée, je détournai le regard, cachant une bonne partie de mon visage avec mes cheveux mouillés. Le point de non-retour.

- Je voudrais vous raconter une histoire. Ne l'interrompez pas. Vous verrez, elle a un sens et même une morale pour les petits enfants... dis-je alors avec un air pensif. Il était une fois, dans une ville lointaine, une petite fille. Née dans un monde très avancé, ses parent ont pris très soin d'elle. Ils voulaient que leur fille soit curieuse, et elle le devint. Ils voulaient qu'elle soit gentille, et elle le devint. Rapidement, elle fut bien vue par l'ensemble de sa ville, et sa curiosité fit d'elle un génie reconnu. Sa gentillesse fit d'elle un parangon de moralité.

Mais sa gentillesse avait des conséquences. Elle se faisait parfois tromper, parfois trahir, chaque fois de la même façon. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais cela arrivait à chaque fois. Elle devint un peu triste, son cœur rétrécissant un peu sous l'effet de la peine.

Et un jour, sa civilisation entière devint stérile. Plus aucun enfant ne naquit, tout le monde fut condamné à disparaître. Alors tous ces gens qui admiraient son génie demandèrent : que peux-tu faire ? Personne ne l'aimait, mais tout le monde l'appréciait. Alors, vu qu'elle était gentille, elle trouva une solution, des corps artificiels complexes qui leur permirent de survivre. Elle les sauva, tous. Mais il ne suffit pas d'être un héros pour être vraiment aimé... Cela demande d'autres qualités, qu'elle n'avait pas.

Je parlais à la troisième personne... Probablement pour me détacher cette histoire déprimante et éviter de craquer en parlant. Par timidité. Je ne savais pas trop. En tout cas, j'affichai ensuite un air un peu rêveur, regardant en l'air, comme un enfant le ferait en découvrant un ciel nocturne majestueux et étoilé.

- Mais cette tristesse ne l'emporta pas. Elle avait un rêve, ambitieux, demandant justement du génie. Tout le monde l'admirait et admirait ce rêve, même si personne ne l'aimait. Alors, ils l'aidèrent à concrétiser ce rêve, celui de quitter la Terre pour trouver un monde meilleur, un monde où ils auraient des enfants. Peut-être que si elle sauvait toute sa civilisation, quelqu'un l'aimerait un jour sans la trahir ? Et peut-être que cette aventure lui donnerait de nouvelles choses à faire, de grands projets auxquels s'accrocher, lui donnant envie de continuer à vivre ?

Cela dura des centaines d'années, durant lesquelles elle fit confiance à des hommes pour finir trompée, fit confiance à des femmes pour finir trahie. Chaque fois, elle devint un petit peu plus triste, son cœur se flétrissant un peu plus. Pour se protéger, elle refusa de faire confiance à quiconque pendant 3 ans, puis réessaya, pour se faire trahir... Alors elle refusa de faire confiance à quiconque pendant 10 ans, puis réessaya, pour se faire tromper... Alors elle refusa de faire confiance à quiconque pendant 20 ans, puis réessaya, pour finir toujours plus seule et triste. A la fin, il ne lui resta que son projet. La seule chose qui la gardait saine d'esprit, l'empêchait de tomber dans la folie et les ténèbres.

Mais un jour, des guerriers violents et dangereux apparurent, très nombreux, 100 fois plus nombreux. Alors... toutes ces personnes qui admiraient son génie demandèrent : toi qui es un génie, créé des armes pour nous défendre. Mais elle était gentille, elle ne voulait blesser personne, pourquoi irait-elle créer des armes ? Et ces personnes qui l'admiraient insistèrent, lui demandèrent encore de le faire. Ils se demandaient pourquoi elle refusait toujours, et commencèrent à être moins admirateurs avec elle. Elle se demanda alors... Et si je continue à refuser, plus personne ne m'aimera jamais ? Resterai-je seule pour l'éternité ?

La pauvre fille fut encore plus triste, son coeur devenant aussi petit qu'une poire, aussi sec qu'un vêtement légèrement détrempé par une bruine printanière. Elle accepta de faire des armes, même si cela allait contre ses principes, contre sa gentillesse, elle se retrouva donc encore plus seule, et plus triste. Tout le monde la remercia, l'admirait, mais aucun de ceux qui la louaient ne l'aimait, pourtant.


Finalement ces personnes violentes parvinrent à leurs fins. Ils réussirent à détruire la ville. Tous ceux qui l'admiraient sans l'aimer périrent. Tous ceux en qui elle avait eu confiance et qui l'avaient trahie périrent. Tous ceux qu'elle appréciait périrent. Tous ces projets qui l'avaient maintenue consciente et saine d'esprit disparurent. Fuyant, elle s'écrasa dans une ville ancienne, et incompréhensible, aux dieux violents et manipulateurs.

Dans cette ville, beaucoup de personnes voulurent l'attaquer. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne leur avait rien fait. Elle était juste seule, et triste, mais ils lui voulaient du mal. Alors une méchante femme tenta de la tuer en la gelant. Un méchant homme tenta de la tuer en la transperçant de sa lame. Et elle pleura, pleura, son coeur flétri ne faisant plus que la taille d'une petite mirabelle de début d'été.

Elle rencontra néanmoins une personne. Une femme qui lui faisait penser à chez elle. Elle était curieuse, elle était enthousiaste, elle avait la langue bien pendue et l'esprit fin, elle était jolie et amicale. La fille triste vit son coeur être un peu irrigué, par de minuscules gouttelettes... Jusqu'à ce qu'elle découvre que cette femme aimait un homme, un de ceux qui avaient tenté de la tuer.

Elle ne pleura plus. Son coeur s'était desséché, les morceaux s'envolant comme les bouts d'un parchemin déchiré par le vent, après avoir passé des mois entiers dans le désert. Tel un papyrus ayant vu des milliers d'années se dérouler, ce coeur frappé pendant cinq siècles entiers disparut, détruit par l'ardeur du soleil, et le vent qui frappait sans relâche.


Je marquai alors un long temps d'arrêt, d'une vingtaine de secondes, avant de conclure.

- Fin... de l'histoire.

Après une nouvelle pause, je replaçai mon regard sur Alpharius, affichant un air sévère.

- Vous êtes un guerrier d'une puissance indéniable. Vous pourriez battre n'importe qui à armes égales, même moi. Vous ne serez pas tué dans un combat, ni sur un champ de bataille. Vous, ou quelqu'un à qui vous tenez, serez tué parce que vous n'avez pas lu la situation, pas lu entre les lignes.

Votre entraînement physique vous apporte de la fierté, mais vous êtes déjà exceptionnel de ce côté-là. Ce n'est pas ce pourquoi vous devez vous entraîner. Vous devez vous entraîner à savoir lire entre les lignes. Si vous aviez été en mesure de le faire, vous n'auriez JAMAIS amené Isaa à portée d'une femme armée lourdement, rongée par la tristesse, la jalousie, et la peur.


Détournant de nouveau le regard pour le fixer sur l'eau calme, aux odeurs de fleurs, j'arrivai finalement au bout de ma longue histoire.

- La perte de la Citadelle a fait disparaître la dernière chose à laquelle je pouvais accrocher ma santé mentale déclinante. Je suis vieille, Isaa. Très vieille. Et contrairement à vous deux, je n'ai pas de don des dieux, de nanotechnologies avancées, ou autres. Je n'ai plus rien pour me soutenir. Depuis mon arrivée... Je suis de plus en plus instable. Des pensées me traversent l'esprit, en moins d'une seconde, des pensées abominables que je n'aurais jamais eues il y a 6 mois à peine.

Un homme s'approche de moi, il veut me parler... Pendant une microseconde, je me vois en train de lui arracher le visage, persuadée qu'il me veut du mal... Je ne l'ai pas fait, et il ne me voulait rien. Des gardes courent après un voleur avec une flèche dans le mollet, je me jette devant les gardes pour le défendre... Pendant une microseconde, je me vois utiliser ma lance pour tous les transformer en tas de chair fondue, avant d'exécuter l'homme blessé à coups de poing. Je ne l'ai pas fait, j'ai à la place convaincu les gardes de le laisser, et payé pour ce qu'il avait volé afin qu'il puisse s'en sortir. C'est pour cela que vous m'avez trouvée à moitié morte de faim, Alpharius. Je n'avais plus d'argent après avoir sauvé la mise à ce type.

Je ne suis pas un danger, pour le moment, mais je sais qu'au fil où vont les choses, je vais le devenir. Mon esprit s'enfonce un peu plus chaque jour dans un marécage d'où je ne pourrai sortir. Il n'y a pas de cordes auxquelles m'accrocher. Pas d'amour qui me prendra la main pour me tirer en dehors de ce bourbier. Pas de grand projet qui me donnera la force de pousser des deux bras. Dans un ou deux mois, je devrai quitter Rome afin de n'être un danger pour personne. Je vais chercher les miens, tenter de trouver un survivant, aussi improbable que soit leur existence. Vous ne devrez pas tenter de me retrouver. Mon esprit sera probablement déjà mort, je serai donc dangereuse pour n'importe qui.


Ah, j'oubliais un détail.

- Je dois aussi te présenter mes excuses, Isaa. Personne ne m'a touchée depuis... très longtemps. Pas d'étreinte, pas de baiser, pas de caresses enflammées... Rien. Le vide, et le froid. Seulement des coups. J'ai donc quelque peu tenté de dévorer -pas littéralement- Alpharius, quand j'ai vu qu'il était amical. Je lui ai même volé un baiser, et seule sa résistance m'a évité de commettre quelque chose d'impardonnable. Je te présente donc de nouveau mes excuses pour cet acte. Je suis... désolée.

J'observai alors Alpharius, plongeant mon regard dans le sien. C'était parfaitement faux, il m'avait volé un baiser, mais en voyant la tête qu'avait fait Isaa en me voyant dans le bain, je ne pensais pas vraiment que dire la vérité à ce sujet serait une excellente idée. D'ici peu, je ne serais plus là. Lui en revanche, si... Il avait plus à perdre que moi, même si cet incident était on ne peut plus mineur.

Bien, voilà qui était terminé. Ce fut long, mais au moins, c'était fait. Me retournant, je me hissai contre le bord du bassin pour en sortir, une sorte d'"onde" parcourant mon corps. Celle-ci éjecta toute l'eau qui me recouvrait en une seule fois, me séchant d'un coup. Je me dirigeai alors vers mes affaire, sans dire un mot de plus. J'avais parlé... Plus qu'assez. Probablement trop. Au moins, je l'aurais fait une fois dans ma vie.
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Isaac Vibius le 26 Mai 2013, 17:31

Isaa tressaille légèrement en entendant la voix de son aimé qu'elle n'a pas entendu arriver. Au moins sa présence l'arrache aux idées saugrenues qui viennent de lui traverser l'esprit. Comme d'habitude elle est heureuse de le voir et en une seconde elle en oublierait presque le climat pesant lié à cette entrevue à trois. Il la prend dans ses bras pour l'embrasser, la privant de faire quelque réflexion sur ce qu'il vient de lui raconter. Il est certain que la romaine apprécie qu'Alpharius se soit abstenu de porter son armure. Profitant de son contact, elle lui répond doucement à ce sujet.

- Cela te sied parfaitement et tu te doutes que je préfère même si je comprends évidemment l'intérêt d'un tel équipement lourd. J'avoue que cela me donne l'envie de trouver un système moins complexe à retirer et surtout plus rapide. Tu devineras ce qui peut bien me motiver.

Alors qu'il murmure à son oreille, la romaine se presse un peu plus tout contre lui. La voix de Katla lui rappelle sa présence. A la demande de cette dernière, elle pénètre dans la salle de bain suivie du colosse. D'ailleurs elle n'est pas très à l'aise avec l'idée qu'il soit dans la même pièce qu'une femme aussi jolie et si peu vêtue. La jeune femme est assez maline pour imaginer qu'un homme puisse trouver plus de charme à une dame plus expérimentée qu'elle... Bien que sans doute d'autres préféreraient la fraîcheur de ses vingt ans. La question lui traverse alors l'esprit de savoir ce que son aimé trouve le plus attirant. Elle envisage sérieusement que la réponse puisse ne pas lui plaire et son cœur se serre un peu. Néanmoins le discours de l'étrangère commence et bien vite ce qu'elle raconte balaie les idées farfelues nées dans la tête de notre amoureuse.

Il ne faut pas être d'une intelligence rare pour comprendre qu'elle leur raconte sa propre existence. A la manière dont elle expose les faits, on dirait que son récit s'adresse à des enfants. Peut-être une volonté de faire paraître son existence comme une sorte de conte légèrement romancée. Il est bien évident qu'Isaa sans interrompre la femme dans le bassin réagit physiquement à ce qu'elle raconte. Ses sourcils se froncent par moment ou bien elle penche la tête comme réfléchissant. Sa mise en garde à son encontre résonne presque comme une menace. Pourtant la romaine ne voit pas de danger lorsqu'elle regarde Katla. Elle est consciente qu'elle pourrait lui broyer les os à la moindre humeur seulement cela ne l'effraie pas. Peut-être n'est-elle pas assez méfiante ou tout simplement elle préfère ne pas laisser la peur dicter sa conduite. Ce qui doit arriver arrivera et quand sonne le glas on peut difficilement y échapper quelque soit la forme que choisit la grande faucheuse. Vient alors le moment des excuses accompagnées de leur justification. La jeune femme pince les lèvres légèrement contrariée. Cela la renvoie justement à ses craintes et elle ne souhaite pas laisser son esprit vagabonder vers des « et si ». Là encore ce qui doit arriver arrive. Tout ce que l'on peut faire est composer avec ou bien sans. Vu que l'invitée principale de cette journée semble en avoir terminé, Isaa prend la parole.


- Il y a beaucoup à dire je crois après tout ceci. D'abord je suis honorée que tu nous aies tous deux jugés digne de ta confiance au point de t'ouvrir à nous sur ton histoire personnelle. Je ne veux nullement sembler minimiser ce que tu as vécu car l'on sent bien quelle souffrance tu portes en toi. Je pense pourtant que tu as tort de te fermer par peur de ce que les autres pourraient te faire. Albert Camus a écrit : « Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé, il y a du malheur à ne point aimer. » Je partage son avis à ce sujet. Si les autres ne t'ont jamais aimé comme tu sembles le décrire alors ce sont eux les perdants de l'histoire et non toi, car je suis certaine que tu as beaucoup à offrir.

Elle fait un pas vers elle un peu trop gênée par sa semi nudité pour avancer d'avantage. Son ton est doux comme à son habitude. Elle semble sereine même s'il est clair que les mots de Katla l'ont touché.

- Je ne comprends pas par contre pourquoi tu me ferais subir les conséquences des erreurs des autres alors que je n'en suis pas coupable. Je préfère mourir aujourd'hui en tendant la main à quelqu'un qui ne le méritait pas et me poignarde dans le dos, que vivre trois siècles en me méfiant de chacun et en mordant ceux qui tendent la main vers moi au cas où ce serait pour me blesser. Et concernant mon aimé ici présent, le fait que tu sois paisiblement à profiter des installations de sa demeure démontre bien que contrairement à tes certitudes je ne me trompais pas. Je suis peut-être une catin mais je ne suis pas déloyale et amicale envers toi, je ne t'ai pas trahi. je ne suis pas certaine que tu puisses en dire autant.

Cela semble même une évidence étant donné le comportement de Katla lors de leur dernière visite et les avances qu'elle dit avoir formulé auprès de l'homme dont la romaine est éprise. Isaa prend une inspiration avant de terminer en revenant sur les excuses formulées plus tôt.


- Je n'ai pas à t'excuser, à la rigueur c'est à Alpharius que tu devrais les présenter car c'est lui que tu as embrassé et non moi. Il est assez grand pour se manifester si la chose lui a déplu ou non. Il n'est pas ma propriété et est libre de ses actes comme de ses choix. En retour je suis libre des miens comme de mes réactions si quelque chose dans son comportement venait à me blesser. A chacun de prendre ses responsabilités et d'affronter les répercussions qui les accompagnent. Merci tout de même pour ta franchise, je suppose que ce n'est pas un aveu facile à formuler. Cela étant posé, sache que mon amitié t'est toujours offerte. Je n'ai pas changé d'idée à ce sujet, je suis heureuse que tu sois ici et j'espère que ce repas proposé par mon aimé nous permettra de repartir sur des bases plus sereines.

Elle se tourne ensuite vers le maître des lieux pour lui donner la parole et surtout juger de sa réaction suite à tout ce qui a été dit. Elle se demande comment il a vécu cette histoire de baiser. La question la tourmente un peu. Elle ne peut pas de toute façon l'enfermer dans une sorte de monastère où il ne croiserait aucune autre femme. Aimer ce n'est pas vouloir l'autre en cage. Elle n'a pas de désir concernant les autres hommes. On dit ces messieurs sont plus volages. Comment réagirait-elle si Alpharius était de ce nombre ?
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Alpharius Omegar??s le 26 Mai 2013, 19:37

Dès le début de la longue prise de parole de celle qui avait le statut d’invitée privilégiée en cette demeure, Alpharius eut le vague pressentiment qu'il allait devoir écouter quelque chose d’une nature proprement surréaliste. En général, débuter un monologue avec les termes "petits enfants" et morale" n'augurait rien de bon. Bien qu'impassible en apparence, l'officier eut du mal à ne pas ricaner ouvertement face au choix d'une formulation un peu niaise pour raconter ce qui ressemblait à un mauvais conte improvisé. Au fur et à mesure du déroulement de ce récit improbable, le guerrier se demanda s'il devait prendre tout cela au premier degré ou si c'était une tentative de mauvais goût pour tester les réactions de l'auditoire présent. Katla faisait de sa civilisation un portrait assez pathétique tout en se plaçant comme la pauvre petite surdouée de service exploitée et incomprise. Il était heureux pour elle qu'elle n'eut pas connu une jeunesse similaire à celle du tribun, le résultat n'aurait pas été beau à voir.

Il s'ensuivit une énumération sans fin de petits malheurs, de déceptions et autres trahisons qui partageaient tous une étrange similarité redondante. Pour peu que tout cela ne soit pas un tissu de foutaises, Alpharius finit par considérer que ses créateurs n'avaient décidément que peu à voir avec cette civilisation de bouffons qui apparemment n'avaient survécu que grâce à Katla. Le mélodrame de l'existence de cette dernière se poursuivait, le colosse jeta un coup d’œil discret vers Isaa pour voir de quelle manière celle-ci supportait cette interminable logorrhée. Pour sa part, le soldat se félicitait de sa capacité à conserver une attitude neutre. Il émit juste un léger signe de dénégation de la tête quand il eut droit à l'évocation du "méchant homme" ayant voulu tuer une pauvre enfant perdue en terre étrangère, ou peut-être il n'y avait eu en vérité qu'une donzelle irrévérencieuse et surarmée avec une facilité déconcertante pour tout surdramatiser à son avantage. Et voilà qu'elle lui servait une sorte de prédiction morbide en sous-entendant manifestement qu'il n'était qu'un orgueilleux combattant dénué de faculté d'analyse mettant en danger Isaa. S'il s'était vraiment comporté comme ses créateurs l'auraient probablement préconisé dans un pareil cas, la dénommée Katla serait probablement à l'heure actuelle dans une crypte avec sa tête dans un bocal.

Enfin un peu de lucidité, elle abordait un passage de son récit où elle admettait que son cerveau était méchamment atteint. Le patrimoine génétique et les nanomachines d'Alpharius avaient beau avoir été conçus pour qu'il puisse servir de donneur universel, il doutait qu'il puisse faire grand-chose pour remédier à l'étiolement inexorable de la santé mentale de Katla. Il avait perdu 27 sujets volontaires au cours des siècles pour obtenir seulement cinq spécimens arrivés à maturité. Ce n'était donc en aucun cas une solution pertinente à envisager ou à proposer.

"Amour" et "grand projet"? Alpharius ne pouvait croire que ces termes n'avaient pas été choisis à dessein. Son instinct lui disait qu'il y avait certainement une volonté de manipulation derrière cela. Alpharius n'eut plus vraiment de doute quand il entendit Katla évoquer l'épisode du baiser sous la forme d'un mensonge apprêté avec soin. Si elle avait voulu éviter toute forme d’esclandre ou faire preuve d'une véritable considération pour Isaa, elle aurait opté pour le silence ou la vérité en toute simplicité. Tout cela puait la provocation délibérée et la mise en scène. Les convoquer pour raconter son histoire à dormir debout tout en restant immergé dans l'eau du bassin en petite tenue, c'était à la limite de la mauvaise farce. Alpharius ne manquerait pas de se souvenir de quelle manière avait été payé son effort pour accomplir un rapprochement de bonne foi. Il se retrouvait face à un cyborg qui se disait à moitié détraqué et qui avait pris plaisir à raconter sa petite histoire pour polluer les esprits tout en se plaçant de surcroît en triste victime. Il avait offert sa confiance, et il se retrouvait potentiellement avec un problème encore plus dangereux à gérer. A cela, il devait ajouter les cas de Mettius et de l'androïde, ces derniers pouvaient aussi à tout moment lui jouer un sale tour pour des raisons différentes.

Le regard froid d'Alpharius se focalisa dans celui de Katla, malgré lui il devait avouer qu'il avait progressivement voulu croire dans le jugement équilibré d'Isaa à propos de l'étrangère. Peut-même qu'il s'était bercé quelque peu de l'illusion de trouver quelqu'un qui fut proche de lui par un certain nombre de caractéristiques. Le constat était amer car tout cela prenait de plus en plus la forme d'un mirage. Même dans le cas plus qu'improbable où la démarche de Katla fut animée par un certain degré de sincérité, comment celle-ci pouvait avoir la lâcheté de continuer à fouler ce monde? Pour trouver des survivants? Selon ses propres dires, elle représenterait plus une plaie pour d'éventuels malheureux encore vie qu'autre chose. D'ailleurs, elle disposait de l'extrême commodité de raconter à volonté sa version des faits sans jamais craindre un éventuel contradicteur. Le petit génie d'une civilisation qui survivait comme par hasard sans pouvoir sauver au moins une poignée des ingrats et des profiteurs de sa chère patrie défunte. Aristophanès aurait certainement apprécié de mettre en pièce cet esprit retors et malade afin d'en arracher la stricte vérité pour peu qu'il y en ait une.

Toujours aussi imperturbable en apparence, Alpharius serra les dents en laissant Isaa réagir la première. Sans surprise, la jeune femme fut un modèle d'équilibre dans ses propos tout en gardant comme à son habitude une attitude généreuse envers Katla. De son côté, le colosse avait caressé l'idée d'offrir à Katla une délivrance définitive de ses "tourments". Il était presque navrant de savoir qu'il aurait été probablement prêt à se battre pour aider cette étrangère à survivre ou même à vivre tout simplement. Elle lui avait servi un baratin où elle envisageait de collaborer avec lui, et il avait accepté d'y croire en balayant à chaque fois ses réticences en ayant en mémoire les propos d'Isaa. Maintenant, il se trouvait face à une créature qui proclamait ouvertement qu'elle n'était pas fiable sur le court terme tout en expliquant en substance qu'il ne faudrait pas trop la tenir pour responsable de ce qui pourrait éventuellement survenir de fâcheux. En cas de mauvaise surprise de la part de Katla, il faudrait donc se contenter d'expliquer cela par un mauvais dosage d'amour et à l'absence d'un projet à la hauteur de ses espérances. Tout cela était à peine croyable après la matinée qu'Alpharius venait de passer avec la cyborg. Ce petit numéro manquait trop de naturel pour ne pas ressembler à quelque chose de préparé avec soin, mais quel était exactement le but tortueux de ces simagrées? Obtenir des pions prêts à se sacrifier pour elle dans l’espoir hypothétique de la sauver sa misère mentale autodestructrice?


Alpharius: "Je n'ai rien à ajouter pour l'instant. Tout cela est extrêmement étrange, mais je crois que Katla sait exactement où elle veut en venir avec toutes ces révélations. Je suppose que cela ne remet pas en cause le déjeuner qui était prévu. Dans moins de dix minutes, il devrait être possible de passer à table si personne n'y voit d'inconvénient."

Alpharius s'était exprimé de manière extrêmement calme et les traits de son visage traduisait une étrange sérénité tandis que son regard demeurait indéchiffrable quand à la véritable nature des émotions qui agitaient l'esprit du tribun. Pour l'instant, il allait demeurer dans l'ombre d'Isaa, se tenant prêt à toute éventualité.
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Katla Buskvej le 26 Mai 2013, 20:19

Je n'en revenais pas. Aucun des deux n'avait saisi où je voulais en venir. Peut-être avais-je eu tort de ne pas être plus directe et claire. Peut-être aurais-je dû faire semblant, comme d'habitude. J'avais choisi d'être parfaitement ouverte, et voilà le résultat. Non seulement ils n'avaient absolument rien compris mais en plus de cela je passais pour une imbécile totale. Ah, ça... On m'y reprendra. Et son amitié m'est toujours offerte... Super... Non, ce que j'avais dit était clair pour moi, mais pas pour tout le monde. Cela dit, ça faisait trois fois déjà que je laissais comprendre subtilement quelque chose d'important à Isaa, et trois fois que l'information lui était passé au dessus de la tête.

- Bien... Je pense que c'est un souci culturel, je n'ai pas réussi à faire comprendre ce que je voulais dire de manière claire et évidente. Navrée de cette perte de temps. Reprenons de la façon la plus directe et la moins poétique possible.

Je repassai ma cape, cachant ainsi ce sein qu'elle ne saurait voir, avant de reprendre l'air vraiment dépitée en regardant Isaa.

- Donc... Je n'avais fait confiance ni à un homme ni à une femme depuis longtemps. Mais en te rencontrant j'ai eu envie d'essayer de nouveau, faire confiance et se lancer en amour. Enfin amour entre guillemets, comme je l'ai dit, ça se construit sur de longues années... Mais vous voyez l'idée. Les événements ont fait que je n'en ai pas eu l'occasion, mais pour faire au plus strictement simple possible, j'aurais voulu être à la place d'Alpharius, chose que j'ai tenté de te faire comprendre déjà à trois reprises mais j'ai dû être trop légère. Ensuite...

Je détestais être aussi directe. J'avais l'impression de me tirer des balles dans les pieds. Je continuai malgré tout en observant le colosse.

- Je disais "le méchant monsieur" blablabla, c'était en effet la vision que j'avais de la situation avant de vous rencontrer de nouveau ce matin. Notre discussion a modifié pas mal de choses, j'ai apprécié cette confiance que vous m'avez portée et j'ai souhaité faire de même. Pour tout avouer j'ai même compris le choix d'Isaa de se rapprocher de vous, et j'avouerais même regretter de ne pas être à sa place aussi. C'est peut-être aussi pour ça que j'ai agi de façon... un peu incontrôlée. Les soucis que je vous ai expliqués affectent mon comportement, mais ça n'a jamais été à un tel point.

Je regardai ensuite les deux à la fois, fronçant les sourcils.

- Maintenant le dernier détail important... Je suis vieille, je suis fatiguée, j'en ai marre. Si j'étais une mamie toute rabougrie, ça ne poserais pas de soucis, mais à la place j'ai de quoi faire sauter Rome deux ou trois fois. Je deviens de plus en plus cinglée à chaque jour qui passe, et cet... imbroglio mélodramatique n'aide en rien. Aucun de vous deux n'y est pour quoi que ce soit, je n'accuse aucun de vous d'en être à l'origine, commencez pas à faire les victimes d'une accusation injuste. C'est juste... une combinaison de facteurs et un empilements de trucs depuis 500 balais. C'est pour ça que comme je le disais, mais vous n'avez pas eu l'air de bien comprendre, je vais donc me BARRER, dis-je alors en insistant sur le dernier mot.

Bon, si là ils ne comprenaient pas, il n'y avait plus rien à faire. Je revins du coup à Isaa.

- Tu dis "je ne comprends pas pourquoi tu me ferais subir les conséquences alors que je ne suis pas coupable". Mais justement, je ne parlais pas de toi spécifiquement. Tu n'es pas coupable, personne ne l'est à part moi. C'est pour ça que je me tire, je n'ai aucune envie de butter un pauvre type qui n'y est pour rien, parce que j'ai craqué nerveusement à cause d'une connerie et qu'il passait par là.

Je fronçai finalement les sourcils, l'air exaspérée.

- La Citadelle, c'était une civilisation de connards. Et moi, je suis la reine des connards. J'ai vécu 5 fois plus longtemps que ce que j'aurais dû, je fais partie du passé, place aux jeunes. Du coup, si vous avez besoin d'un truc, il faudra que ça soit avant 4 semaines, parce que dans 4 semaines j'aurai fait un stock de bouffe et je me serai cassée. Des informations sur la technologie, les alliages, que sais-je. Au moins j'aurais laissé autre chose qu'un souvenir amer et des prises de tête. Avez-vous des questions ? Si oui, allez-y, si non, j'y vais parce que j'ai des préparatifs à faire.

J'étais prête à parier un de mes deux réacteurs à hydrogène que ce que je venais de dire serait interprété de n'importe quelle manière, sauf celle que j'avais en tête. Au point où j'en étais, je n'en avais presque plus rien à faire. Sans rire... Je viens dire que je suis triste, mais que je les aime, que grâce à eux je pourrais peut-être tenir nerveusement, et quelle réponse j'ai ? "On peut être copines" d'un côté, et "Cool, on va bouffer ?" de l'autre.

J'étais bien refroidie, là... Si je tenais le connard de psy qui m'avait répété pendant 400 ans de "m'ouvrir aux autres", je le tuerais de mes propres mains en commençant par le torturer... Non, je n'aurais pas la patience. Je lui éclaterais juste le crâne contre un mur. Tiens, voilà. Encore une de ces pensées furtives que je n'aurais jamais eue il y a 6 mois... S'ouvrir aux autres, la meilleure solution pour aggraver la psychopathie latente des cyborgs âgés. Je devrais peut-être écrire un mémoire à ce sujet avant de foutre le camp...

M'éloignant de ces pensées, j'ajoutai quelque chose à l'attention d'Isaa.

- Et hé, ho, pas la peine de faire cette tête-là, hein, je vais pas le manger ton homme. Je lui ai fait le numéro du charme animal, la totale, personne n'y avait résisté pendant des siècles, et lui il n'a même pas daigné lever un sourcil. Du coup pas la peine de faire la jalouse, y'a déjà assez avec moi je pense de ce côté-là.

Si au moins avait de disparaître de Rome je pouvais leur rendre service, autant le faire... J'aurais servi à au moins une chose dans cette histoire débile, faire qu'Isaa ait une confiance totale en lui à ce niveau, et ne se mette pas à paniquer dès qu'elle verra une femme à moins de 10m de lui...
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Isaac Vibius le 27 Mai 2013, 09:59

Après la longue tirade de Katla et s'être montée à nouveau compréhensive et ouverte, la romaine espère que les choses pourront avancer. Elle a même pris sur elle et ravalé le sentiment désagréable qu'elle ressent entre les insultes de Katla il y a trop peu de temps et le fait qu'elle ait confessé avoir tenté un rapprochement charnel avec Alpharius au mépris des sentiments affichés d'Isaa pour lui. Le colosse pour sa part se montre laconique ce qui ne lui ressemble pas. Elle s'étonne qu'il n'aie pas fait une réflexion sentie après tout ce qui vient de se dire. Elle suppose que comme elle il fait des efforts et prend sur lui afin d'apaiser les tensions. Malheureusement l'étrangère ne semble pas dans d'assez bonnes dispositions et revient à la charge. Elle veut vraisemblablement faire passer un message qui en effet a manqué au moins la jeune femme. Il faut dire qu'elle n'a pas l'habitude que quelqu'un s’intéresse à elle de cette façon là. D'autant qu'à l'écouter, elle a d'avantage l'impression que Katla jalouse les sentiments amoureux en général plus qu'elle ne ressent vraiment une attirance pour l'un ou l'autre des concernés.

La suite de ses explications et de son discours tend d'avantage à agacer la pourtant patiente et ouverte Isaa. Elle est consciente que trois siècles d'expériences et un fossé culturel les séparent néanmoins elle est persuadée qu'en lieu et place de cette femme elle agirait tout autrement. Ce comportement lui donne d'avantage envie de la secouer que de continuer à se montrer compréhensive et à tendre la main malgré les nouvelles piques. Et la dernière réplique de l'étrangère n'arrange rien à l'affaire. Autant dire que si elle avait été une parfaite inconnue et que la romaine ne la respectait pas pour son intelligence et ses connaissances, elle lui aurait probablement fait comprendre sa façon de penser sans trop de ménagement. Au lieu de cela, elle prend une profonde inspiration et essaie de garder son calme. Elle choisit ses mots bien qu'elle sache avant même de les prononcer que quoi qu'elle dise cela ne fera que pousser son interlocutrice à poursuivre sur cette voie.


- Je suis probablement stupide à ne pas savoir lire entre tes lignes mais tu avoueras que cela n'avait pas grands choses de clair. Il y a différentes formes d'amour, je ne pensais pas à celle-ci en écoutant ton récit, d'une part. D'autre part je n'ai à aucun moment ressenti l'impression d'être susceptible de te plaire ou de t'intéresser de cette façon là. Ce n'est pas moi que tu as voulu embrasser. Cela n'est pas significatif pourrais-tu me répondre. La question ne se situe pas à ce niveau de toute façon, du moins selon moi. C'est donc à cela que les choses se résument pour toi ? La seule relation possible est celle d'un couple ? Tu préfères refuser une amitié sincère et désintéressée quand on te l'offre car tu t'attendais à d'avantage ? Je te plains vraiment.

Il n'y a pas d'ironie dans les mots de la jeune femme, fidèle à elle-même elle parle avec son cœur.


- Tu peux en effet partir de Rome et errer seule en espérant ne jamais tomber sur d'autres habitants de la citadelle comme toi. Ainsi il sera plus facile de continuer à te lamenter sur ton sort en regrettant n'avoir jamais connu l'amour, ne plus avoir de projet dans lequel t'investir. Cela semble plus facile que de se battre et de résoudre les problèmes que l'on peut connaître. Tu es je crois suffisamment intelligente et avec un savoir si vaste que tu devrais pouvoir trouver une solution à ce qui te fait défaut. Mais je ne devrais pas te dire cela, tu risques de vouloir m'arracher la tête pour t'avoir contredit puisque ton esprit devient dément.

Petite touche d'ironie cette fois dans sa dernière phrase. Elle prend une nouvelle inspiration plus grande que les autres avant de terminer.


- Tu trouves que je me suis montrée jalouse ? Je n'ai pourtant pas cherché à t'arracher les yeux pour avoir approché l'homme que j'aime. Soi dit en passant il est assez grand pour te repousser comme tu l'as souligné s'il le désire, ou décider de succomber. Non, j'éprouve juste un profond sentiment de tristesse que tu préfères voir les choses comme elles t'arrangent plutôt que de les affronter, que tu te résignes plutôt que de vivre, que tu refuses une troisième fois la main que je te tends sous prétexte que c'est trop dangereux ou que tu aurais préféré autre chose venant de moi. Je suis pourtant une des seules comme tu disais à Rome à t'avoir accueilli à bras ouverts, qu'importe. Je ne tenterai pas de te retenir ni de te faire changer d'avis. Je ne suis pas aussi stupide finalement... Et ne t'attends pas à me voir te trouver. Tes connaissances sont précieuses et j'aurais aimé les partager mais pas de cette façon là. Il n'a jamais été question pour moi de ne voir en toi qu'une personne pouvant servir mes intérêts. J'avais cru percevoir une femme intelligente et intéressante que je voulais découvrir. Je me suis trompée semble-t-il, tu n'es pas celle que je pensais. Je suppose que je suis sensée te remercier de partir pour sauver cette cité que j'aime tant ? Alors merci et bonne chance à toi.
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Alpharius Omegar??s le 27 Mai 2013, 20:52

Le Bon, la Brute et le Truand - [Duel final]*


La jalousie et l’amour étaient à donc l’origine de ce qu'il avait initialement considéré comme un baratin abscons ? Katla se plaignait donc qu'ils n’avaient guère compris la réalité profonde de son message "poétique"? C’était quelque peu navrant, mais il fallait reconnaître la dimension rassurante de la chose. Il restait donc à considérer la possibilité qu’elle fût extrêmement malhabile pour exprimer ses sentiments. Néanmoins, cela restait une situation qui impliquait surtout des sacrifices pour Isaa et Alpharius. En effet, même s'ils faisaient tous les efforts humainement possibles, ils n'avaient en retour aucune garantie de la part Katla. Cette dernière pouvait considérer du jour au lendemain qu'il était préférable pour elle de faire son baluchon et partir après avoir commis de surcroît quelque chose d’irréparable à l’encontre de quelqu’un. Le quelqu’un en question pouvait être Isaa, et c'était une éventualité intolérable pour Alpharius, mais il ne pouvait s’empêcher de douter de l’inflexibilité de sa position en se confrontant au regard unique de Katla, bien que la logique froide de son esprit lui disait qu’il avait vu la réalité qui se cachait sous ce visage synthétique. Il était même possible que l'étrangère ne fit que mimer des émotions et évoquer des sentiments dont elle avait oublié depuis longtemps la réelle signification.

En définitif, il était pratiquement impossible de saisir avec certitude le fond de la pensée de Katla, son attitude semblait en permanence complètement déphasée avec ce qu'elle voulait exprimer. Comme s'il fallait toujours rechercher la réalité qui se cachait derrière chaque mot en espérant que ce fut l'interprétation voulue par le cyborg. Une explication plus prosaïque pouvait impliquer qu'elle était restée définitivement une petite fille et qu'il ne fallait donc pas attendre de sa part une maturité que laissait pourtant suggérer son âge avancé et sa maîtrise pour la technologie. Alpharius ne voyait définitivement pas une vieille créature sur le déclin, mais plutôt quelqu'un effectuant sa crise d'adolescence sur le tard en considérant avoir déjà vécu trop longtemps dans un monde qui n'était pas aussi "cool" qu’espéré.

Ce fut finalement l'intervention d'Isaa qui convainquit Alpharius qu'il devait accepter le risque de prendre la parole et qu'il ne pouvait se contenter de garder un silence empreint d'un faux détachement. Il devait s'affranchir de sa déception et clarifier ses réflexions s'il le pouvait. Il s'approcha lentement de Katla et s’immobilisa à moins d'un mètre d'elle. Après une ultime hésitation, il débuta à son tour un long monologue d'une voix ferme mais quelque peu voilée par la tristesse qu’il éprouvait.


Alpharius : "Je suppose que tout se joue maintenant. Il sera donc inutile d'avoir des regrets ensuite pour tout ce qui serait resté sous silence. J'ai tenté de me libérer de toute émotion négative avant de m'exprimer. Je ne suis pas un maître de la rhétorique et je prie par avance chacune d’entre vous de m'excuser pour le piètre discours que je vais effectuer. De même, j'espère qu'Isaa me pardonnera de prendre parfois la liberté de l'impliquer dans mes propos, et cela au risque de faire erreur sur la réalité de sa pensée. Je m'adresse en premier lieu à Katla, mais je suis pleinement conscient que vous serez deux à faire l'effort de m'écouter."

Le tribun fit une courte pause avant de concentrer entièrement son attention sur la femme qui lui faisait maintenant face.

"Peut-être qu'inconsciemment, vous êtes soulagée de rester incomprise. Cela vous libère d'attaches encombrantes et du devoir de respecter des engagements sur le long terme. Il semble qu'une part plus secrète de vous ait fait le choix regrettable de se focaliser en priorité sur l'éternelle déception que constituent vos rapports aux autres. Vous vous complaisez dans votre situation hors norme, vous êtes intimement persuadée d'être poursuivie par une sorte de malédiction alors que vous l'entretenez de manière quasi-obsessionnelle. Je suis presque convaincu que le mal qui vous ronge l'esprit est avant tout la conséquence de vos choix existentiels. Vous considérer comme un martyr qui porte dignement sa croix est une justification commode pour poursuivre encore et toujours dans la même voie et répéter sans cesse les mêmes échecs, comme le montre votre histoire. Nous pourrions vous offrir le meilleur de nous-mêmes et vous aimer plus que jamais vos semblables n'en ont été capables, que cela ne nous mettrait pas à l'abri d'un abandon de votre part, que vous justifierez d'une manière ou d'une autre. Vous prétendez avoir peur de faire du mal à quelqu'un, vous n'avez qu'à renoncer volontairement à votre armement et restreindre vos capacités offensives. Ainsi, vous ne serez pas plus ou moins dangereuse que n'importe quel Romain, et nombreux sont ceux qui possèdent des dons extrêmement redoutables.

Par ailleurs, vous continuez à considérer Isaa comme une gentille enfant sous l'emprise de la jalousie et autres faiblesses de caractère, alors qu'elle vous a largement démontré qu'elle était capable d'accepter les choses avec tout le recul et la gravité nécessaires. Il est même possible qu'elle aurait beaucoup à vous apprendre sur de nombreux points. Pour ma part, je dirai simplement que j'ai connu la souffrance et la déception au cours de mon existence autant que vous si ce n'est plus. Vous connaissez en grande partie la vérité de mon passé et vous avez eu un aperçu de mon potentiel de destruction. Chaque jour, je m'impose une discipline et je m'efforce de regarder chaque Romain comme mon égal en tant qu'humain alors qu'il serait si facile de considérer la majorité d'entre eux comme du bétail aveugle qui ne comprend que la loi du plus fort. Chacun d'entre nous lutte contre ses démons, et il n'y a aucune honte à rechercher le réconfort et le soutien des membres de son espèce pour y faire face. Mais pour cela, il faut le vouloir sincèrement et sans chercher à se voiler la face sous divers prétextes. Vous vous êtes peut-être trop habituée à errer sans but véritable et à multiplier les fréquentations éphémères qui vous confortent dans votre vision amère des choses.

Je vous ai déjà offert mon soutien indéfectible accompagnée une alliance d'une loyauté absolue et je vous ai exprimé mon affection naissante à titre personnel. Je vous ai... embrassé car je voulais vous transmettre quelque chose de rassurant sur le plan émotionnel, il n'y avait rien de sexuel dans cet élan précis. Indéniablement, nous avons flirté, peut-être de manière risquée, mais en aucun cas je n'aurai fait quelque chose qui aurait trahi intentionnellement la confiance d'Isaa. J’éviterai donc de me réfugier lâchement derrière notre promesse de respecter l'entière liberté de l'autre. S'il y a matière à considérer que j'ai commis une faute, alors je l'assume pleinement et je suis prêt à en payer le prix si nécessaire. A son égard, je suis lié par un serment de vérité que je ne souhaite pas bafouer.

Pour en revenir à vous, Katla, je vous ai même proposé, en cas de nécessité absolue, ce que je possède de plus précieux sur le plan technologique si cela pouvait vous aider à survivre. J'ai cru que nous pourrions accomplir quelque chose de grand en associant nos causes pour en créer une nouvelle qui surpasserait en tout point ce que nous aurions pu accomplir chacun de notre côté. J'ai probablement surestimé vos motivations au final. En vérité, il est impossible d'alimenter un feu quand il ne reste en réalité que des cendres froides. Néanmoins, je ne crois pas non plus au fatalisme que vous avez exprimé quant à la trop longue durée de votre existence. Je crois avoir décelé en vous une terrible crainte du néant et de la mort. En effet, vous n’avez principalement exploré que la partie la moins reluisante de l'existence si j'ai bien compris votre histoire. Il reste donc au fond de vous l'infime mais vivace espoir de connaître autre chose, même si paradoxalement vous constituez le premier obstacle qu’il vous faudra vaincre pour saisir ce type d’opportunité.

J'ai vu la dualité de votre apparence physique, mais ce n'est pas cela qui importe. Il est surtout temps pour vous de choisir ce que vous voulez être : une femme avec ses problèmes mais entourée de personnes qui tiennent à vous sincèrement ou une aberration technologique qui se satisfait de manière doloriste de sa solitude autodestructrice qui la place au dessus du commun des humains. Il est temps de faire un choix définitif, la fuite en avant ne vous apportera rien de plus. Dès maintenant, vous pouvez tenter de me frapper à mort, partir sans vous retourner, rejeter en bloc mes paroles ou celles d'Isaa ou encore adopter n'importe quelle autre attitude excentrique... Mais vous ne pouvez plus vous mentir, il faut faire un choix et celui-ci scellera le reste de votre existence, que celle-ci s'achève sous peu ou dans des millénaires...

Pour finir, je vous demande juste de croire à la profonde sincérité de ma démarche à votre égard. Je le dis sans colère ou amertume, et je ne le fais pas en ayant l'absolue certitude que chacun de mes mots soit une vérité qui ne puisse souffrir la moindre contestation valable... Néanmoins, ce qui compte en définitif est la conviction qui habite chacune de mes paroles. Elle est simple. Elle repose sur le fait que c'est à vous de prendre votre décision en toute conscience, et ce n'est pas à nous de faire un choix pour vous qu'il serait trop facile d'interpréter ou de remettre en cause à votre guise. Nous avons parcouru une grande partie de la route qui nous menait à vous, c'est à vous de faire le reste. Vous êtes maintenant à la croisée des chemins."


Alpharius avait conservé une expression calme tout le long de son intervention orale, mais à aucun moment ses yeux n'avaient cherché à dissimuler ce qu'il ressentait. Il avait opté pour laisser Katla lire en lui sans la moindre entrave si elle le pouvait. En aucun cas il ne se déroberait à sa réaction. Il avait donné libre cours aux mots qui s'étaient échappés spontanément de ses lèvres, et cela sans chercher à faire une démonstration imparable ou à manipuler quiconque. Il percevait la présence en retrait d'Isaa, mais il conservait pour l'instant son regard rivé à celui de Katla.



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*Un peu d'humour et hommage à ce chef-d’œuvre de Sergio Leone (ce qui compensera quelque peu la médiocrité de ce post, pardon...^^)
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Re: [E5] Réunion inflammable [Isaac / Alpharius]

Messagepar Katla Buskvej le 27 Mai 2013, 22:16

Décidément... Que de longs discours. Mais dans un sens, c'était moi qui avais cherché la merde avec mon espèce d'histoire ridicule. Mais ce discours-ci était intéressant... Très intéressant même. Il n'y allait pas de main morte, mais il n'était pas non plus mauvais ou agressif. En fait... Plus je l'écoutais, tout en réfléchissant à ce qu'il disait, et plus je réalisais pas mal de choses. Enfin... Non. Je savais déjà tout ça mais une sorte de barrière consciente m'empêchait d'en tenir compte ou de le réaliser. Je savais tout ça, mais je l'ignorais volontairement. La question était pourquoi ? J'étais quelqu'un d'on ne peut plus rationnel, mais là, ça n'avait pas de sens... C'était peut-être pour ça, quelque part, que je me mettais dans cette situation que décrivait le colosse.

M'asseyant sur le petit banc de bois où étaient mes affaires quelques instants plus tôt (ce qui provoqua un léger grincement plaintif du mobilier), j'eus alors un petit rire, mais pas amusé comme à l'accoutumée. C'était plutôt le rire dépité et gêné de quelqu'un qui se rend subitement compte de sa propre stupidité. Je relevai alors les yeux vers Alpharius, l'observant fixement.

- Chaque fois que vous vous exprimez, vous devenez plus surprenant encore. Je vous imaginais d'abord comme un dévot stupide et brutal... Puis comme un guerrier peu finaud... Vous vous révélez être un homme sensible, avec une étonnante compréhension des sentiments humains.

Je tournai la tête, fixant mon regard vers le mur, l'air un peu dans le vague, alors que je continuais.

- Peut-être que je me réfugie comme vous le dites... Mais pas seulement dans l'échec. Plutôt... dans la certitude. Il n'y a qu'une seule chose qui ait provoqué l'admiration des autres envers moi, c'est ma capacité à raisonner de façon... analytique. On me présente un problème ? Je le couche sur le papier, sous forme de chiffres, plats, simples, logiques, et même ce que je ne comprends pas, je sais qu'il existe une solution parfaitement compréhensible, claire, lucide. Dès qu'il s'agit de sentiments humains, là en revanche... Je suis... défectueuse. J'ai tenté de les examiner sous forme de nombres, calculer des probabilités, des réactions et scénarios possibles, mais ça ne fonctionne jamais. Je ne peux ni les prévoir, ni les aplatir de manière logique. Et ça me terrifie car j'ai toujours fini rejetée. Peut-être à cause de ma peur de l'être, ironiquement.

M'appuyant le dos contre le mur, je soupirai longuement avant d'observer Isaa.

- Je ne trouve pas que tu te sois montrée jalouse. Mais dans ta situation, j'aurais totalement paniqué. J'aurais été prise d'une angoisse... presque absurde. Objectivement il ne s'est rien passé de significatif, mais subjectivement je n'aurais eu qu'une envie : disparaître, enfermée dans une petite boîte enterrée dans le désert. C'est là que vous avez raison, repris-je en regardant à nouveau Alpharius. D'un point de vue émotionnel elle est probablement plus fiable et mûre que je ne le serai jamais. Vous parlez d'errer et multiplier les fréquentations éphémères qui me confortent dans ma vision amère des choses... C'est fort possible. Aussi illogique que ça puisse être... Et vous savez ce que je peux haïr ce qui n'est pas logique.

Je me penchai en avant, repassant mon regard vers le mur qui m'était opposé. Au point où j'en étais...

- Illogique... Bordélique, même. Je parlais de sentiments, envers vous, envers toi Isaa, mais pour être honnête je n'ai aucune idée de leur nature. Sûrement une amitié, sur-amplifiée par la destruction de tous mes repères et le fait que vous soyez les premières personnes depuis longtemps auxquelles je peux faire confiance. On a tous nos talons d'Achille, c'est le mien... Au point de vue émotionnel, je suis le pire des bordels existants. Mais je ne m'imagine pourtant pas une seconde vous faire du mal, malgré ce que j'ai dit... Je préférais partir... plutôt que de vous infliger, hé bien, ce qu'il se passe en ce moment-même. Ce qui confirme votre analyse, Alpharius.

Voilà pourquoi je détestais les sentiments. Ils n'avaient aucun sens logique. Peut-être devrais-je laisser le contrôle à la machine...

- C'est même pitoyable. Avec l'arme dissimulée dans mon bras droit, je peux faire sauter le sénat en un seul coup. Je peux résister à n'importe quelle arme romaine, faire du 100 contre un à l'aise, éclater des scorpions géants au corps-à-corps, et pourtant me voilà, pleurant comme une gamine. Seul mon corps, est protégé derrière une armure métallique... Une déception ambulante. Pour aller plus loin dans le non-sens... Afin que les liens ne soient pas coupés, je les ai détruits moi-même, car je craignais d'être rejetée et trahie... Alors que c'est moi qui t'ai trahie, Isaa, en sautant sur Alpharius comme un animal grotesque.

Faire un choix...
repris-je après quelques secondes de réflexion. Il paraît simple, évident même. Un choix entre la solitude éternelle, auto-infligée, et prendre le risque de ne plus être seule, mais aussi d'être rejetée. C'est absolument minable, mais je suis paniquée à l'idée de faire le deuxième choix. Je suis... désolée, dis-je finalement. Vous deviez vous attendre à autre chose, j'imagine, venant de quelqu'un qui a 526 ans et 3000 ans d'avance technologique... Et pourtant. Je ne suis rien d'autre qu'une gamine, émotionnellement parlant. J'eus alors un sourire triste, parlant d'une vois basse. Et quelle est la plus grande peur d'un gamin...

Finalement, c'était bien ça. Avec tous mes grands airs, je n'étais rien d'autre qu'une petite fille apeurée... Je ne m'étais jamais sentie aussi lamentable.

- Être abandonné, conclus-je finalement.
Katla Buskvej
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