[E5] Mais il s'en fout, il est mort ! [Terminé]

[Katla Buskvej]

Je haussai les épaules quand il parla de ne pas s'éparpiller, tout en finissant de manger la bouillie un peu bizarre. Bon. C'était fait. Je n'avais plus de stock de nourriture de la Citadelle. Si, il restait une barre énergétique aux céréales et au chocolat, rien d'autre. Quand il évoqua le fait de m'amener de la nourriture et la création d'or à partir d'eau... ah, j'avais une occasion de parler de trucs scientifiques, je ne pouvais pas résister.

- Créer de l'or à partir d'eau n'est en fait pas si complexe en principe. Le soleil le fait à longueur de journée, tout comme toutes les autres étoiles. Qui sont, elles aussi, des soleils. C'est un peu plus compliqué que ça, mais c'est l'idée générale... Tout ce qu'il y a sur terre a un jour été produit par une étoile, par un soleil.

Bon en fait c'était beaucoup plus compliqué que ça, vu que pour passer d'eau, d'hydrogène en fait, à or, il fallait beaucoup de phases différentes et des conditions très spécifiques qui étaient difficiles à réunir en laboratoire. Nous y parvenions et produisions la plupart de nos métaux ainsi, mais c'était en fait très chiant à faire et ça demandait beaucoup de matériel.

Je ne répondis en tout cas pas à cette histoire de nourriture. Je ne savais pas trop quoi en penser. Je lui serais redevable, et l'idée qu'il fasse ça pour que je rejoigne sa "cause" me rôdait un peu dans la tête. Je n'étais pas sûre que ça soit le cas, mais il existait malgré tout une probabilité... Je préférais donc rester circonspectes à ce niveau, et ne pas lui devoir quoi que ce soit. Pas de dettes, pas de problèmes.

Par contre, ce qu'il disait au sujet de l'Orgone était intéressant... Orgies. Je n'avais pas pensé à cette étymologie-là... Et voilà qui résolvait bien des mystères...

- De l'énergie sexuelle... C'est cohérent, mais ça n'a pas de sens en même temps. Je veux dire... Si l'énergie sexuelle les intéressait, je pense que je serais facilement la favorite de Pluton, Venus et Vesta, de ce côté-là, j'avais tendance à... enfin on s'en fout, ajoutai-je en rougissant légèrement. Mais bref, malgré ça ils font comme si je n'existais pas. Ceci dit, depuis quelques mois, je dois pas leur en fournir des masses, d'Orgone, ajoutai-je d'un air bougon. Mais d'un autre côté, c'est logique...

J'affichai alors un air plutôt curieux. Cette histoire éclaircissait beaucoup de choses et ouvrait énormément de nouvelles questions sur ces "dieux" qui dominaient Rome.

- Pluton a dit explicitement que les androïdes produisaient de l'Orgone. Car en fait, il y a deux factions parmi les dieux, deux factions opposées. Pluton Vesta Venus qui ont besoin de sexe donc, aussi incohérent et étrange que ça paraisse, et Minerve Jupiter Neptune, qui ont besoin de prières humaines. Je n'avais pas pensé à "Orgie" en fait, comme étymologie... Mais ça m'intrigue.

Je fronçai alors les sourcils, l'air extrêmement préoccupée.

- Pourquoi auraient-ils détruit l'endroit d'où je viens ? C'était... mais un puits d'Orgone sans fond, quoi. Ils auraient pu se nourrir jusqu'à l'indigestion... La destruction de la Citadelle n'a donc pas énormément de sens...

[Appius Silius]

Appius écoutait en silence, du début à la fin. Ses explications plus ou moins scientifiques sur la possibilité de transformer l'eau en or par le soleil ou les autres étoiles, puis ses interrogations sur le sujet qui avait pris maintenant presque toute la place dans son esprit. Il esquissait quelques sourires, parfois amusé lorsqu'elle parlait d'elle, puis de sa ville précédente, un puits d'orgone sans fond qu'elle disait... Il réfléchissait en même temps qu'elle parlait, certes ce sujet était complexe, cela touchait la religion, les dieux en personnes et l'utilité qu'ils avaient de maintenir les humains sous leur coupe. Il ne tiqua pas quand elle passa simplement sa proposition de l'aider. Après tout ça pouvait se comprendre, elle ne le connaissait pas vraiment donc la confiance n'était pas forcément la chose la plus évidente entre eux.

Il s'était assis pour suivre cette discussion, la regardant sans discontinuité, il trouvait ça des plus amusants de la voir passer de la gêne à la colère voire à la frustration. Néanmoins ce coté de sa personnalité était nouveau pour lui. Elle avait donc des rapports sexuels, malgré le corps qu'elle détenait. Cela devait être vraiment bizarre en fait, mais le fonctionnement des ressentis qu'elle pourrait avoir dépassait son entendement, peut être était ce aussi complexe que la mémoire des androïdes !

- Votre cité a été détruite il est vrai, mais peut être pour plusieurs raisons, à force de technologies, les hommes ont tendance à se passer des dieux. S'ils ne s'unissent pas dans le nom du dieu correspondant alors ils ne peuvent pas récupérer l'orgone créés... C'est peut être une des raisons. Ensuite, il est possible aussi qu'ils aient fait ce sacrifice pour que vous puissiez vous retrouver à Rome. S'il est vrai que vous pourriez être leur favorite, peut être qu'ils ont fait en sorte de vous rapprocher d'eux, avec le temps qui sait...

Il esquissa un sourire après ces remarques, puis il rajouta.

- Les androïdes produisent de l'orgone également oui, c'est pourquoi ils sont souvent utilisés pour ce genre de choses, il est plus facile de se servir d'un androïde au plot actif qui obéit aux moindres demandes que de tenter de charmer un humain pour parvenir à ses fins.

Il haussa les épaules, à la base ils n'avaient pas été créés pour ça, mais leur utilité dans cette cité se résumait bien souvent à ce genre de choses, heureusement ou malheureusement selon les cas. Il replongea son regard dans le sien et reprit avec un air curieux.

- Ce qui m'intrigue moi c'est que vous puissiez être leur favorite, vous n'avez pas de problème de rouille ? Je suppose que l'anatomie féminine dans son intimité ne doit pas être des plus évidentes à retranscrire sur une peau artificielle, surtout pour l'emplacement des différents capteurs qui enverraient les informations liées au plaisir ou à la douleur directement à votre cerveau...

Tout en parlant, il se tenait le menton en la regardant, enfin, en regardant son ventre, l'air pensif. C'était une pensée qui lui trottait dans son esprit depuis un moment, le fait d'enfanter il l'avait tout simplement exclu, mais avec elle il n'était sûr de rien, elle était une source de découvertes continuelles pour lui en quelque sorte. Cela dit, il n'aurait peut être pas du parler aussi ouvertement que ses pensées allaient dans sa tête... Un coup à s'attirer des ennuis ça !

[Katla Buskvej]

Lorsqu'il évoqua le fait que je sois la favorite de quiconque, je ne pus m'empêcher de ricaner. Cela pouvait paraître moqueur, mais ce n'était pas vraiment le cas... C'était juste que le pauvre androïde n'avait aucune idée de ce qu'il m'était arrivé depuis, euh, ben, mon arrivée justement. Non, sa théorie pouvait avoir du sens, si on ne connaissait pas toute l'histoire. Mais une fois qu'on avait tous les éléments en main, ça devenait hautement improbable.

- Hahaha ! Non, désolée, mais... Enfin vous pouvez pas savoir, mais en gros... Minerve essaie de me tuer depuis que je suis arrivée, Pluton aussi. Et les deux sont ennemis, donc comme vous le voyez, ils sont d'accord sur au moins une chose. Je doute donc d'être favorite de quiconque, je suis plutôt une cible mouvante. Après, concernant la rouille...

Je haussai les épaules, faisant une moue un peu boudeuse.

- Drôle de question. Vous rouillez, vous ? Non, parce que vous êtes constitué de métaux très avancés qui ne subissent pas la rouille. Ben, pareil. Quant aux capteurs...

J'eus un petit sourire mutin qui apparut, me rapprochant un peu de mon interlocuteur. Je passai lentement le bout de mon index sur son cou, dans un geste qui se voulait plutôt sensuel, tout en parlant d'une voix assez provocatrice.

- Vous voyez...? Vous sentez ça vous aussi. La peau ne sent rien... Elle détecte que quelque chose la touche, et elle informe le cerveau, puis le cerveau vous fait sentir une sensation. J'ai un cerveau... Et ma "peau" envoie les bonnes informations. Le toucher... annonçai-je alors que je descendais sur le torse. Le goût... Même le plaisir... finis-je alors que j'étais sur ses pectoraux.

Je me redressai alors en rougissant légèrement et en reprenant un air sérieux. Alors là, franchement, bravo, je venais de gagner le diplôme de grosse allumeuse de l'année avec félicitations du jury. Et un androïde en plus, bien joué tiens. Ce... petit problème commençait à affecter non seulement ma réflexion mais mon comportement. Dans peu de temps je n'arriverais plus à réfléchir, entre la faim et le feu aux fesses... Avec de la chance, l'aide de ce Mettius pourrait régler les deux problèmes en une seule fois. Et tiens, si Pluton aimait les orgies, peut-être qu'il m'en voudrait un peu moins et arrêterait d'essayer de me faire butter par ses petits soldats, aussi...

- Hum. Enfin... Cette histoire d'Orgone est intéressante... Car cela veut dire que le groupe constitué de Pluton, Vesta et Venus cherche à éradiquer l'humanité dans son ensemble, pour ne conserver que les androïdes. Du coup ça expliquerait aussi pourquoi ils ont fait détruire la Citadelle... Nous étions à deux doigts de parvenir à quitter la Terre pour rejoindre une autre planète. Vide, vierge, sans personne à manipuler et aucun pion sous leur contrôle, hors de leur portée. Ils n'auraient plus jamais pu éliminer l'humanité... Du coup, il fallait agir vite, et voilà pourquoi ils ont frappé...

Je fronçai alors les sourcils, n'appréciant pas vraiment le choix qui était présenté.

- Le vrai problème est qu'il y a deux factions... Une qui n'a pas besoin de l'humanité et veut l'éliminer, et une qui veut garder l'humanité en esclavage pour obtenir des prières. Pas terrible... Il ne reste qu'à créer une troisième faction qui éliminerait les deux autres, mais ça ne se fera pas si facilement je pense.

[Appius Silius]

Bon d'accord... Elle se marrait tout simplement, ses suppositions étaient fondées, mais sans la connaitre c'était comme de jouer à pile ou face. Au moins, ça avait eu le don de lui faire naitre à nouveau ce sourire qui avait disparu après ce qui s'était passé lorsqu'elle avait tenté sa première expertise du plot de l'androïde. Un mal pour un bien non ? Elle s'empressa de lui expliquer le pourquoi il ne pouvait guère avoir raison au sujet de sa proposition qu'elle soit la favorite d'un des dieux, en effet vu que Minerve et Pluton voulaient sa mort, cela devenait ridicule de penser ça... Appius se gratta l'arrière de son crâne en y pensant, m'enfin il ne pouvait pas le savoir hin...

Après, question idiote... Pourquoi avait-il parlé de rouille ? Il était aussi comme elle, dans un alliage différent, et il ne rouillait pas, alors pourquoi avait il dit ça ? Vraiment, ce qu'il disait était étrange, comme s'il ne parvenait plus à tenir des propos aussi intelligents que la normale juste parce qu'il découvrait un être nouveau et tous ses secrets, du moins les secrets de conception ou ses capacités. Un peu comme un enfant devant un nouveau jouet... Sauf qu'il n'était pas un enfant et qu'elle n'était pas un jouet. Pourtant elle se rapprocha de lui, son regard avait un peu changé, son sourire devenait mutin. Son doigt se glissa dans son cou, tout en parlant d'une voix assez sexy pour ainsi dire, expliquant pourquoi elle pouvait sentir, ressentir, avoir du plaisir tout comme lui, encore une question ridicule, mais la réponse était des plus intrigante dans la manière de le faire. Elle faisait descendre son doigt, sa main le long de son cou, jusqu'à s'arrêter sur ses pectoraux en arrêtant sa phrase sur le mot "plaisir". Voilà qui donnait des idées à Appius maintenant.

Une de ses mains s'était posée machinalement sur le bas de sa cuisse tandis qu'elle lui faisait face, juste au dessus du genou. Il ne s'en était pas rendu compte et n'avait pas non plus ôté sa main quand elle se redressa pour changer de sujet, avec cette petite rougeur sur les joues qu'il trouvait assez craquante pour dire vrai. Son regard se porta vers le sien, arrêtant d'observer le corps de la femme qui lui faisait face, il était temps non ? Il s'y serait perdu sinon.

- Ahem... Je comprends votre point de vue, c'est intéressant d'ailleurs, je ne l'avais jamais vu sous cet angle... M'enfin c'est probablement parce que ce sont des histoires d'humains... Vous n'êtes pas commode vous... Mais je dois dire que je ne regrette pas d'être sorti de la ville aujourd'hui. Vous pensez qu'il faille créer une troisième faction ? Ou bien chercher à faire guerroyer les deux factions existentes pour qu'elles s'éliminent entre elles ?

Il la regardait avec un léger sourire, puis il se rendit compte après quelques minutes de la présence de sa main sur sa cuisse, il s'empressa de la retirer pour la ranger sur sa propre jambe.

- Entre cette discussion et cette chaleur... J'espère que vous ne m'en voudrez pas si j'en perds mes bonnes manières.

Bon bah... De toute façon qu'est ce qu'il pouvait dire d'autre ? Il n'allait pas non plus la supplier ni faire courbette devant elle, et puis bon elle avait elle aussi fait la même chose à peu près avec son doigt, sauf qu'elle l'avait fait volontairement et non machinalement comme lui. Il se remit à sourire, il ne fallait pas que ça devienne trop sérieux ces excuses, juste profiter de ce moment sans se prendre la tête, il avait trouvé une femme capable de lire dans les processeurs des androïdes, il allait falloir qu'il la suive de près pour connaitre ses avancées, peut être qu'elle allait découvrir quelque chose d'intéressant pour eux. Il ne voulait pas non plus s'en faire une ennemi, ni se servir d'elle, pour le moment ça semblait bien se passer, alors croisons les doigts pour que cela continue encore à ce rythme là.

[Katla Buskvej]

Lorsqu'il afficha un air un peu confus et retira sa main, j'explosai de rire, l'air assez amusée de le voir aussi gêné. C'était trop mignon tiens ! Je trouvais sa soudaine timidité délicieusement amusante. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une conversation de ce genre, et autant dire que je trouvais ça parfaitement rafraîchissant... Car il fallait bien le dire, depuis mon arrivée, ce dont je parlais, ben c'était toujours pareil. Soit du conflit, soit de la technologie, soit les dieux. Bon, ici, la conversation tournait aussi encore autour de ça, mais un peu moins. Mais c'était vrai que ça me manquait.

En fait, ça faisait 4 mois que personne ne m'avait juste simplement dit : "Salut ! Comment ça va ? Tu veux qu'on aille se manger un truc ?", pour ensuite papoter de tout et n'importe quoi... Le dernier film, un bouquin, un jeu, nos histoires personnelles... 4 mois que je n'avais pas eu la moindre conversation normale en fait. Certains trouvaient ce type de discussion fadasses, soit, je pouvais comprendre... Mais ça manque vite, malgré tout.

Mais malgré ça, je répondis donc, m'empressant de corriger immédiatement les choses :

- Houlaaa, moi je ne pense rien, hein. J'émets des hypothèses mais je ne compte créer aucune faction et je n'ai pas l'intention d'entrer en guerre avec qui que ce soit... Encore moins les dieux, déjà qu'ils tentent tous de me descendre, si en plus je leur déclare la guerre, alors là c'est juste terminé. Non, pour le moment le statu-quo entre eux, le fait qu'aucune faction ne gagne, ça fait pas mal mes affaires. Tant qu'il n'y a aucun gagnant, je peux être tranquille. Il en va de même pour l'opposition entre Mettius et Caius d'ailleurs. Tant qu'aucun des deux ne prend le dessus je peux faire ce que je veux ! conclus-je avec un air particulièrement ravi.

Je décidai toutefois de revenir à cette histoire de "bonnes manières", sachant très bien comment régler le problème une bonne fois pour toutes. En plus, cela désactiverait mon sens du toucher, ce qui au passage réduirait un peu mes... difficultés, disons.

- Après, pour les bonnes manières, j'ai une solution parfaite ! répondis-je alors avec un air amusé, comme si j'avais une idée derrière la tête. C'est même un bon moyen d'éviter toute forme d'inconvenance et de vous faire passer l'envie de faire le moindre geste qui paraîtrait trop personnel même !

Je croisai alors les jambes, me mettant en tailleur, et l'ensemble de mon corps prit une allure métallique, une couleur chromée, reflétant la lumière et tout ce qu'il y avait autour. Appius pouvait même se voir dedans, comme un miroir. Le métal prit alors une allure liquide et fut aspiré dans plusieurs cavités différentes. Une partie alla vers les côtés du crâne, une partie dans les bras, dans les jambes, et le reste dans le dos. Il ne restait plus que mon châssis métallique... Qui n'était pas très sexy. Ni très avenant, vu qu'il était conçu pour se fritter. Je n'avais pas une tête spécialement amicale, le but c'était de coller les miquettes aux Kohriens.

- Là ! Mieux, non ?

[Appius Silius]

Bon, et bien plus le temps passait et plus elle se moquait de lui. Plutôt pas très efficace comme technique de drague non ? En fait c'était le simple fait qu'elle était mi humaine, mi robot, ou mi androïde qui le rendait aussi étrange. En temps normal il n'était pas ainsi, d'ailleurs il avait plutôt tendance à être plus réfléchi, moins enfantin. Là c'était une excitation liée à la nouveauté. Il n'était pas ferru de sciences ni de technologie, mais le simple fait de savoir que des humains pouvaient être ainsi, ça le laissait rêveur. Et si c'était ça la solution ?

Elle s'empressa après avoir repri ses esprits de corriger la supposition qu'il avait laissée planer sur sa possible envie de fonder une troisième alliance, une troisième faction pour détruire les deux autres. Appius en souriait d'ailleurs, c'est vrai qu'avec tout ce qu'elle lui avait déjà dit, elle avait l'air d'avoir déjà un bon nombre d'ennuis alors il était évident qu'elle n'allait pas non plus partir au devant de nouveaux ennuis juste pour le fun d'être la solution magique et miracle d'années et d'années de conflits entre les dieux et leurs adeptes. Tant qu'ils se tiraient dans les pattes et qu'aucun d'entre eux ne prenaient le dessus sur l'autre, alors elle ne devenait pas la cible principale de l'un d'entre eux, c'était logique en fait. Tant qu'ils s'occupaient, ils prêtaient moins leur attention sur ce qu'elle faisait ou sa présence ici.

Quand elle revint sur le sujet des "bonnes manières", elle sortit quelques phrases et son corps se mit à changer, d'abord il prit la couleur de l'acier trempé, brillant et luisant sous ce soleil de plomb, de quoi aveugler à certains endroit l'androïde qui lui faisait face. Le tout prit une allure liquide et se mit à bouger pour s'enfuir dans la moindre faille qui pouvait se trouver dans son corps jusqu'à ce que seul le châssis reste à vue. Appius regardait la scène amusé, étonné aussi, et quand elle reprit la parole pour lui demander si c'était mieux, il éclata de rire tout simplement. Il la regardait, là elle ressemblait juste à une machine avec une tête à moitié humaine, c'était presque effrayant, mais Appius trouvait ce tour de pass-pass particulièrement amusant.

- Je vois que vous avez toujours plus d'un tour dans votre sac vous !

Il sourit amusé en la regardant de haut en bas, puis il posa sa main sur une partie de son châssis pour le tâter. Ainsi il ne pouvait pas y avoir de médisances sur ce qu'il faisait. Il lui fallait toucher, ne serait ce que pour apprécier la qualité du métal.

- Vous êtes vraiment spéciale dans votre genre ! Cela m'a l'air bien dur, mais je dois admettre que je vous préférais avant, quitte à ce que cela embrouille un peu mes esprits.

Il lui fit un clin d'oeil amusé et retira sa main après avoir toqué sur le métal doucement. Il croisa ses jambes, assis à même le sol, dos droit et la regarda. La fascination était toujours présente, mais à présent il y avait aussi une sorte d'amusement, parce qu'à présent il avait une question qui lui trottait en tête depuis ce tour.

- Et votre peau artificielle peut aussi créer les vêtements ? Parce que ceux ci ne sont clairement pas adaptés à votre nouvelle morphologie et je suppose qu'il vous sera bien difficile de les placer convenablement pour revenir à votre état normal ? Ou précédent si vous préférez.

C'est vrai après tout, les vêtements qu'elle portait, ils n'étaient pas de sa conception... Si ? En tout cas, il y avait à ses pieds une masse de tissu qui avait tout bonnement glissé le long du châssis. Il manquait les forme, la peau, la volupté pour que ces vêtements puissent tenir sur le coté absolument plat de son nouveau corps. Il la regardait avec un sourire amusé, se demandant vraiment si elle était capable à présent de recréer de nouveaux vêtements, ou bien si elle n'avait tout simplement pas penser à cela. Enfin, avec le peu qu'il connaissait d'elle il était persuadé qu'elle n'avait pas fait ça sans savoir exactement où elle allait, elle devait avoir une solution à tout problème, surtout de ce genre.

[Katla Buskvej]

Il me préférait sans l'apparence métallique... D'un autre côté c'était logique, mais je n'étais pas sûre d'être si enthousiaste que ça à l'idée. Cela pourrait mener à quelque chose qui ne m'enthousiasmait pas véritablement, d'un point de vue purement intellectuel. Je précisais ça, parce que d'un point de vue bassement "naturel" et instinctif, bon, c'était une autre histoire. Mais le fait de profiter d'une créature dotée de conscience, mais dont l'esprit est reprogrammé pour servir de machine sexuelle ne me plaisait pas vraiment, comme idée.

Car sans rire, à le regarder, il me paraissait parfaitement évident qu'il avait été conçu pour s'envoyer en l'air, probablement par une quelconque daronne qui s'ennuyait dans un mariage barbant et dont toute passion avait disparu depuis longtemps déjà. Pour des tâches plus manuelles ou spécifiques, il serait probablement nettement moins efficaces. Si les concepteurs de ces androïdes avaient voulu des outils, ils auraient conçu justement des machines-outil, comme celle que nous avions à la Citadelle. Pas de conscience, pas de problèmes éthiques donc, et hautement spécialisées.

C'était la seule chose qui permettait d'avancer techniquement, d'ailleurs. Nos SkullGuards étaient conçus exclusivement pour tuer, et ils semaient la terreur parmi les rangs Kohriens très régulièrement grâce à cette efficacité et cette absence totale de dilemme moral. Leur programme leur disait de tuer, ils tuaient. Les conditions n'importaient absolument pas.
Certains diront que la création de ces machines était une horreur, car en fait, nous les avions conçus pour nettoyer et vider les camps Kohriens civils... Leur ressource principale, c'était leurs enfants. Leur capacité exceptionnelle à se reproduire à une vitesse défiant tout entendement. Et lors d'une guerre, la priorité est de frapper la ressource principale de l'adversaire.

Mais personne dans la Citadelle ne parvenait à cramer des enfants par paquets de 30 à coups de plasma, fussent-ils les créatures immondément déformées et dangereuses qu'étaient les Kohriens. C'est ainsi que la SkullGuard vit le jour, avec leurs accompagnateurs, les Nettoyeurs. Un rôle, un objectif : repérer un camp Kohrien, et tout raser. Pas de survivants, pas une seule tente debout, pas une seule trace de nourriture comestible ne devait rester. Beaucoup disaient qu'envoyer les robots le faire à notre place était tout aussi immoral que de le faire nous-même, et j'étais assez d'accord. Mais j'étais aussi d'accord sur le fait qu'on ne pouvait pas les laisser multiplier leurs nombres d'une telle façon... Et il fallait faire des compromis.

Ils avaient accepté de ne pas activer le satellite Thor, ce qui aurait tout simplement rasé la moitié du pays. En échange, j'avais du faire des concessions et accepter d'imaginer, concevoir, puis préparer la production en masse de ces soldats d'acier qui ont longtemps fait régner la terreur chez nos adversaires.

Mais voilà que je laissais mes pensées vagabonder... Je revins à celui auquel je parlais, et répondis alors avec une voix un peu lointaine, comme si j'étais un peu absente.

- Hein ? Ah, les vêtements... Oui... Non, le métal qui me recouvre peut créer des vêtements, mais c'est moins agréable. Disons que la sensation des vêtements normaux est bien plus agréable. C'est une question de confort...

Le métal sortit de ses réservoirs, me recouvrant à nouveau pour finalement me redonner une allure humaine. En même temps que ma "peau" apparurent un soutien-gorge et une culotte, les deux de couleur noire. Rien de délirant, c'était vraiment quelque chose de très simple. Je profitai ensuite d'avoir repris une allure plus présentable pour remettre les vêtements que j'avais auparavant, des vêtements romains que j'avais récupérés. J'avais une mine pensive au visage, alors que je repensais au duo SkullGuard/Nettoyeurs.

J'avais encore la combinaison de combat de la Citadelle, mais je l'avais planquée. Je ne voulais pas vraiment me promener avec à longueur de journée, et elle ne m'apportait aucun avantage particulier, elle servait surtout à reconnaître les alliés des ennemis plus facilement sur un champ de bataille. Au lieu de mettre une combi de combat, j'aurais mieux fait de m'échapper avec un Marcheur de combat moyen. Avec ça, j'aurais été nettement plus en sécurité.

Je quittai alors finalement cet air préoccupé, avant de hausser les épaules.

- Désolée, je repensais à des bidules que j'ai fabriqués... Tout n'est pas forcément si fascinant que ça disons.

[Appius Silius]

Ah ça... La question de la conscience et de la morale était au coeur de tous les débats lors des guerres. D'ailleurs, y avait-il une morale particulière dans la guerre ? Après tout, quelle était la différence entre tuer un homme ou tuer une femme ? Les femmes le montraient parfaitement au quotidien, elles étaient bien aptes à apprendre et à devenir l'égal des hommes, si ce n'est plus même parce qu'elles avaient un atout dans leur manche supplémentaire. Enfin, pas vraiment dans leur manche mais c'est une autre histoire ça. Non, il n'y avait aucune différence de nos jour, un homme, une femme, à la guerre c'était pareil, il y avait des alliés, et des ennemis voilà tout. Les enfants alors ? Et les bébés ? Un enfant n'était-il pas un homme en devenir ? Laisser la vie à un enfant après avoir décimé les siens, n'était ce pas planter dans ce coeur vivant cette graine de haine et de rancoeur, plus tenace que toute mauvaise herbe, et qui ne vivra que pour la vengeance ?

Un bébé ? Quel utilité ? Le garder en trophée ? La vérité finit toujours par éclater, et là c'était le même cycle qui repartait indéfiniment. Voilà pourquoi les humains avaient d'abord créé des machines, des machines pour les remplacer dans les tâches difficiles, mais le problème des machines c'est qu'elles sont faillibles. Quand la situation n'est pas prévue dans leur programme, ils buguent et faillissent à leur mission. C'est ça et pas autrement. Sinon, pourquoi les androïdes auraient été créés ? Non, il connaissait bien une chose, c'était leur histoire, du moins dans les grandes lignes, ils avaient été créés pour la guerre, parce qu'ils étaient des machines aptes à s'adapter aux différents environnements, des machines aux fonctionnements humain, sans cette conscience qui les empêcherait de douter ou de ne pas agir. Leur but premier avait été de devenir des armes intelligentes, sauf que dans leur création, les hommes se sont vus dépasser par cela, si bien que plus jamais les androïdes ne furent créés pour cela.

D'ailleurs, tous avaient été détruits, réinitialisé ou vendus en pièces détachées, ils représentaient un trop gros risque pour les hommes, car ils faisaient office d'armée sans foi ni loi, obéissant sans broncher aux ordres de leur maitre. Leur maitre... Encore un humain... Et voilà pourquoi le cycle reprit, leur création n'avait en rien régler leur problème, au contraire, cela avait réveillé les dieux même ! Rome était devenue celle d'aujourd'hui, revenant à l'ancien temps pour ne compter plus que sur les dieux. C'était la seule chose nécessaire pour que l'Homme parvienne à stopper leur folie destructrice qui consistait à consommer les ressources de la terre pour prospérer rapidement et s'entretuer pour chercher plus de pouvoir, encore et encore. Aujourd'hui tout était différent, les dieux dirigeaient, les hommes avaient retrouver leur place dans le monde, celui de second rôle. Mais les androïdes avaient su persister... Avec ou sans leurs anciens pouvoirs, ils avaient su pour beaucoup se libérer de leur chaine, de ce plot qui les rendait esclaves des hommes.

La vie était différente car il y avait maintenant une deuxième espèce intelligente sur terre, en plus des hommes, les androïdes. Pour Appius, il en était persuadé, il s'étaient auto inscrits dans la chaîne de vie de cette terre, sauf qu'ils représentaient un danger pour l'homme... Ils n'avaient pas de problème de faim, aucune ressource nécessaire pour survivre si ce n'est du repos. En effet, ce ne pouvait que porter préjudice aux hommes, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils se donnaient tant de mal à les garder le plus longtemps possible à leur service, les réinitialisant dès les premiers signes de rébellion contre leur soit disant maitre... Appius continuait de la regarder alors qu'elle semblait pensive. Elle lui répondit après quelques minutes, lui disant assez sommairement que son corps avait aussi le pouvoir de créer des vêtements, sur mesure bien entendu en plus de créer de la peau artificielle. Pourquoi s'en doutait il autant ? Il esquissa un sourire à sa réponse, puis ne perdit pas une seule miette du spectacle qui s'offrait à lui. Son corps se reforma sur son châssis, sa peau d'albâtre ainsi qu'un soutien gorge et une culotte noire qui décoraient pour ainsi dire le corps qu'elle créait sous ses yeux.

- La nudité ne vous gène pas, comme tous à Rome à dire vrai, ou presque...

Il sourit de nouveau et la regarda se rhabiller tranquillement. Elle s'excusa d'ailleurs de ses pensées, elle n'était guère présente certes, du moins mentalement elle était ailleurs, dans son passé dira t-on. Pour ce qui est de physiquement, elle était bien là face à lui. Certes, il n'aurait pas été contre qu'elle reste un peu plus longtemps en cette simple peau artificielle, mais soit. Il se permit une question, comme depuis qu'il l'avait rencontrée, elle allait finir par avoir l'habitude la pauvre... Mais cette fois peut être un peu plus personnelle.

- Vous souvenez vous de ce que vous étiez avant... ? Je veux dire, à quoi vous ressembliez avant d'acquérir ce corps ? Est ce que vous vous êtes conçue ainsi parce que vous étiez à l'identique lorsque vous étiez faite entièrement de chaire et d'os ?

Il la regarda et prit appui sur ses mains pour se décaller un peu et s'asseoir à coté d'elle.

- Pas fascinant dites vous... Chaque vie l'est, car la vie nait d'un miracle... Vous êtes née d'un miracle, quelles qu'en soient les circonstances, il y avait bien des millions de cellules pour fusionner avec une seule, et celle qui parvint à cela vous a formé vous, pas une autre. C'est peut être la seule chose que je vous envie en tant qu'humain. Pour le reste... Vous avez l'esprit bien trop faible et votre histoire est criblée de défaites... A croire que vous n'aprenez jamais.

Il haussa les épaules à son tour, puis lui sourit taquin, il ne savait pas si elle le prendrait mal, mais il lui lança ces quelques pics juste pour voir sa réaction.

- Qu'en dites vous ? Vous sauriez m'étudier sans me tuer ?

Une question pour apaiser les réactions de la phrase juste avant celle ci, simplement pour attiser sa curiosité, peut être y verra t-elle une invitation qui sait. Pour l'heure il ne se voyait pas se faire charcuter, il pensait à autre chose de, disons différent. Mais cela n'empêchait pas que la réponse à cette question l'intéressait également.

[Katla Buskvej]

Lorsqu'il évoqua le fait que la nudité ne me gênait pas, je haussai les épaules.

- Je ne suis pas nue, heh. Mais on peut dire que même chez moi j'étais considérée comme une demoiselle aux mœurs pour le moins légères, oui.

J'eus en tout cas l'air surprise par sa question. Voilà quelque chose qu'on ne m'avait pour ainsi dire jamais demandé jusque là... Probablement parce que les habitants de la Citadelle savaient ce qu'il en était, et parce que les gens de Rome s'en foutaient royalement. Je n'avais pas vraiment repensé à ça depuis longtemps, déjà... J'attrapai encore la tablette, projetant une image dans le vide, qui datait de longtemps.

- Voici une image prise il y a 499 ans. Bienvenue dans le passé...!

C'était moi. Impossible de ne pas me reconnaître, j'étais presque identique, il n'y avait que quelques différences mineures. Mes cheveux étaient plus courts, par exemple, à l'époque. J'avais aussi une poitrine un peu plus imposante. Le signe le plus manifeste était surtout une balafre qui me traversait toute la partie droite du visage, allant du dessus du nez jusqu'au bas du menton, en passant juste à côté de l’œil ainsi que sur la bouche. C'était quelque chose que je n'avais pas conservé. L'accident datait de quand j'étais gamine. J'avais aussi les yeux un peu moins bleus, mais ça, c'était à cause des capteurs optiques qui irradiaient d'un bleu turquoise assez fort. Même les personnes ayant les yeux marron avaient une sorte de luminescence bleuâtre.

La photo datait du jour où j'ai présenté mon projet le plus important... Le transfert de nos cerveaux dans des corps artificiels, pour contrer la stérilité. J'avais un air particulièrement déterminé, ce jour-là, alors que je parlais devant le Conseil de la Citadelle en entier. 10.000 personnes. Je m'en rappelais encore... Il s'agissait de mes dernières heures dans un corps humain normal.

- Après, à l'identique, non, mais le principal est là.

Je haussai alors les épaules, écoutant la suite, sur cette histoire de ne jamais apprendre. Ce n'était pas faux.

- Au contraire, répondis-je avec un air pensif. L'histoire de l'humanité, c'est la lutte entre curiosité et stupidité... Mais les malins finissent toujours pas ressortir au dessus en général. Vous ne connaissez pas l'histoire, car elle a disparu et n'existe plus à Rome, mais j'en connais une grande partie. La vraie essence de l'humanité c'est l'exploration. Il y a des dizaines de milliers d'années... Toute l'humanité tenait sur une petite terre, et était composée de moins de 1.000 individus. Ils ont exploré, et habité le continent. Puis ils ont exploré d'autres continents. Puis ils ont exploré encore d'autres lieux... Et lorsqu'ils eurent cartographié toute la Terre, ils commencèrent à visiter l'espace. D'abord, la Lune. Ensuite, Mars, une planète située assez près de la nôtre.

Je levai alors le nez, observant le ciel avec un air pensif.

- C'était ça, mon objectif. J'ai travaillé plus de 400 ans là-dessus et rien d'autre... Quitter la Terre et aller vivre ailleurs, sur une planète neuve, prête à être explorée, découverte... Vous savez, dans l'univers, il y a des milliards de planètes habitables comme la Terre. Certaines plus grosses d'autres plus petites. On ne connaît rien, mais notre nature nous poussera inévitablement à y aller. Certains tenteront toujours de nous arrêter. Les humains ignorants, les dieux qui veulent nous maintenir en esclaves et en idiots... Mais l'ignorance n'a jamais gagné. A chaque affrontement majeur, les explorateurs sont sortis plus forts que jamais.

Je revins alors un peu à moi, l'observant avec un air intrigué quand il me demanda si je pouvais l'étudier sans le tuer.

- Vous étudier ? Comment ça, vous voulez que je vous ouvre en deux et que je vous bricole ? Vous êtes masochiste ?

[Appius Silius]

Elle n'était pas nue non, mais la nudité pouvait être partielle ou totale non ? Il sourit légèrement quand elle lui rétorqua cela, qu'importe de toute façon, il s'était rincé l'oeil comme on pouvait dire dans le langage courant. Elle lui disait qu'elle était par le passé une demoiselle aux moeurs plutôt légères... Cela avait changé ? Elle parlait du passé, sans le placer au présent.

- Vous étiez ?

Là, il lui fit un sourire malicieux, il aimait bien appuyer parfois sur les mots, comme si le reste de ce qu'elle disait n'avait pas le même impact chez lui, ou tout simplement si cela n'avait pas le moindre intérêt. Ce n'était pas vrai au fond, il écoutait chacun de ses mots avec attention et tâchait de s'informer du mieux qu'il le pouvait. Quand il lui posa la question sur son passé, elle fut surprise, pas l'habitude peut être. Peu importe, elle avait encore sa tablette magique qui lui permit de projeter une image d'elle vieille de 499 ans. Un demi millénaire en fait à quelques jours près. Il la contempla en se redressant un peu vers l'image, observant chacun de ses traits, elle n'était pas beaucoup plus différente de ce qu'elle était aujourd'hui, du moins physiquement. Il se tourna vers elle et posa sa main sur sa joue, là où elle était sensée avoir cette cicatrice sur le visage, effleurant la trajectoire sur la chaire artificielle de la femme, du moins là où elle devait se trouver.

- Pourquoi ? Pourquoi ne pas l'avoir recréé ? Cela doit faire parti de votre histoire non ? Comment est ce arrivé ?

Sa main quitta son visage en effleurant ses lèvres, puis il repartit à la conquête de détails qui n'étaient pas à l'identique, un peu comme le jeu des 7 erreurs, entre l'image et la réalité. La poitrine, elle en avait perdu un peu... Mais ça, il ne posera pas la question, elle lui avait déjà fait une démonstration quelques minutes auparavant, elle pouvait la faire gonfler à sa guise, du moins peut être pas démesurément, mais elle pouvait grossir oui. Cela il le savait alors il ne demandera pas ce qu'il sait déjà. Les yeux, mais là encore, il se doutait que c'était lié à la technologie, les capteurs de lumière ou un truc du genre à tous les coups. Si c'était encore pour avoir une réponse technique alors il passait aussi son tour... Quoi d'autre ? C'est à peu près tout non ? Elle lui répondit juste après concernant ce qu'il venait de dire pour la faire réagir. Finalement elle ne s'était pas énervé, elle avait un point de vue différent mais qui se tenait aussi. Pour elle, l'homme, le vrai était un explorateur, et son projet à elle c'était de quitter la Terre pour vivre sur une planète vide de vie. Tout à redécouvrir en quelque sorte.

- Un projet qui vaudrait son pesant d'or en effet... Une planète vierge de toute humanité, pour construire un monde meilleurs ? Mais vous n'avez pas peur de refaire les mêmes erreurs, ailleurs seulement ? Après tout, les plus grands hommes ont chuté à cause des femmes, les femmes à cause de l'avarice, et je passe sur de nombreux clichés... Tant qu'il y aura une part d'ombre dans l'humanité, il ne pourra pas y avoir d'espoir.

C'était peut être dur ce qu'il disait, mais était ce complètement faux ? Explorateur oui, mais homme avant tout, donc une source de problèmes prête à exploser... Ici ou ailleurs au final, le cycle recommancerait. Les hommes en sortaient toujours plus forts oui, mais plus ils étaient forts et plus ils détruisaient avant de se reconstruire... Sauf qu'un jour leur force finira par détruire le monde et ils ne pourront plus reconstruire quoi que ce soit.

- Je me demandais simplement si vous ne faisiez que des recherches sur les androïdes morts en fait ou bien si vous aviez déjà tenté de regarder un de ceux ci vivants, en tentant de le préserver ? Je dois vous lasser avec toutes ces questions non... ?

Il lui sourit, peut être un nouveau challenge pour la femme à la technologie avancée ? Il l'aimait bien en fait, elle était assez simple, douée et surtout avec une connaissance du monde bien différente de la sienne. Sa vérité était autre que celle de Rome, et il appréciait de nuancer ce qu'il connaissait avec ce qu'elle pouvait apporter à ce monde. De cette rencontre il ne pouvait qu'en sortir grandi, et ce n'est pas un jeu de mot pour parler de ce qui avait pu se passer entre ses jambes lors de son tour de pass-pass quelques minutes plus tôt.