par Appius Silius le 06 Mai 2013, 20:58
La physique quantique... Jamais entendu parler de ça... Appius était et est un androïde de terrain. Il a toujours servi ses maitres, non seulement pour leur protection, mais aussi pour assurer leurs moindres envies. Comment il fonctionnait, il n'en avait aucune idée, même quand le plot qui le rendait aussi vulnérable et soumis à ses maîtres fut déconnecté de son système, il ne comprit pas plus comment il avait été formé. Il savait pourquoi, par qui, pour qui, mais sûrement pas comment. D'ailleurs, c'était un secret qui était des mieux gardés au sein de Rome, afin que les hommes ne se remettent pas à créer de nouveaux androïdes pour se faire la guerre.
Il avait su prendre sa liberté, il se l'était arraché des griffes de ses propriétaires... Il aurait pu rester pourtant, il aimait cette femme, mais la voir changer et s'adonner au plaisir de la chaire avec d'autres hommes était devenu plus qu'insupportable. Il avait donc choisi lui même un soir de quitter le domus en secret, et depuis ce jour, jamais il ne fut en contact avec ses anciens maitres. Il savait qu'elle s'était remariée, mais elle n'avait jamais rien dit quant à sa fuite. Elle avait changé oui, mais elle lui restait respectueuse malgré qu'il ait fui sa situation. C'était plus fort que lui, depuis que son ancien maître avait connu la mort, il pouvait enfin la laisser voler de ses propres ailes, elle ne risquait plus rien.
Depuis ce jour, il s'était entouré que de peu de personnes, seulement des personnes en qui il avait conscience. Il vivait la plupart du temps avec une femme qui l'avait hébergé dans sa cache, elle aussi vivant dans la rue et ayant été déçue de la vie. Ils avaient beaucoup en commun, c'est ce qui avait fait qu'ils s'étaient liés d'amitié très rapidement. Parallèlement, il entra en partie dans la Rébellion, ce groupuscule d'androïdes qui se rebellaient contre les autorités, contre les traitements que l'on faisait subir à leur semblable. La vie d'un androïde n'était pas de tout repos à Rome, quand ils étaient soumis par leur plot actif, ils profitaient d'eux sans gêne, sans honte, se les prêtant comme s'il ne s'agissait que de simples jouets... Pourtant, dès lors que ce fameux plot marquait des signes d'affaiblissement, l'androïde se retrouvait confronté au choix, il pouvait enfin ouvrir les yeux et prendre sa vie en main. Ils ne saignaient pas, ils n'enfantaient pas, mais il ressentaient la douleur, l'envie, l'amour, et tout autre sentiment qu'un Homme quelconque pouvait ressentir dans sa vie.
Il n'y avait que leur corps qui les différenciait des hommes, et ce code barre que l'on leur gravait sur le corps à leur fabrication. Ce soir là, Appius était las de Rome, las de ces rues bondées de monde, ne se prêtant aucune attention. Il avait pour la première fois depuis qu'il était libre, passé les portes de la ville. Un long chemin longeait le Tibre, et c'est par là qu'il comptait passer un peu de temps avant de devoir revenir à la réalité. Il y avait eu des pertes récemment dans la Rébellion. Certains d'entre eux, des jeunes recrues, s'étaient fait avoir par des gardes de Rome. La sentance était la même, soit ils mourraient en fuyant et étaient jetés dans le Tibre, soit ils se faisaient prisonnier et ils étaient réinitialisés pour qu'ils connaissent à nouveau cet asservissement.
Au loin il aperçut pourtant quelqu'un qui semblait triffouiller quelque chose non loin de l'eau. Il n'y prêta que peu d'attention au premier abord, se contentant de continuer de marcher, mais dès lors qu'il fut suffisamment proche pour distinguer ce qu'elle était et faisait, il stoppa sa marche, bouche bée et les yeux grands ouverts. Cette femme était tout bonnement en train de démonter un androïde. Sa plaque neurale avait été retirée et elle bidouillait ce qui se trouvait à l'intérieur. Il serra les poings et s'approcha cette fois plus fermement, dans sa direction. Elle n'avait pas encore prêté attention à lui, mais il ne cherchait pas non plus à la surprendre. Arrivé à environ dix mètres, il se planta sur un des petits rochers qui longeait le cours d'eau et s'adressa à elle.
- Vous êtes en train de bafouer la mémoire d'un camarade !
La phrase avait été lancée, il attendit qu'elle redresse la tête, la laissant l'apercevoir, avant d'arrêter le temps quelques secondes, se rapprochant d'elle pour ne laisser plus qu'un mètre entre elle et lui, puis il fit reprendre le temps. Ainsi en un battement de paupière, il venait de faire 9 mètres sans qu'elle s'en aperçoive. Il n'était pas armé, du moins il ne portait pas d'arme dans ses mains, seul une dague avait sa place à sa ceinture.
- Qui êtes vous et pourquoi faites vous ça ? Cet homme était une bonne personne, il ne mérite pas d'être traité comme un animal de laboratoire.
C'était une femme, et Appius n'aimait guère la violence, il se contenta de l'interpeler et lui expliquer aussi calmement que ses nerfs lui permettaient, ne la quittant pas du regard. Elle avait pu voir son pouvoir, donc avec un peu de réflexion, elle savait qu'il pourrait apparaitre n'importe où en un clin d'oeil et lui porter un coup fatal dans le besoin. Il faisait parti autrefois des deux assassins de la Rébellion, et il n'avait encore jamais manqué une cible. Il lui laissa une chance, une chance d'arrêter ce qu'elle faisait, ou bien de lui donner une raison qui vaille la peine de bafouer ainsi l'honneur d'un guerrier, d'un camarade. Il la regardait, de bas en haut, de haut en bas, cherchant à savoir s'il l'avait déjà croisée quelque part, une androïde ? Une humaine ? Pour l'instant, tout était flou. La seule chose dont il était sûr, c'est qu'il ne comptait pas la laisser continuer ce qu'elle était en train de faire.