Le Temple de Pluton me dérangeait énormément. Il alliait deux présences gémellaire. Certaines statues vous invitait à entrer et d’autres vous effrayait jusqu’au plus profond de l’âme. L’ambivalence de Pluton se ressentait dans son temple. Il était le dieu qui protégeait Rome du monde extérieur, mais également le dieu qui décidait quelles âmes gagneraient les champs élyséens et lesquelles seraient enfermées en Tartare. Je ne croyais pourtant pas en une vie après la Mort. Étrange pour le grand-prêtre que je suis ? Non pas vraiment, j’avais lu différents écrits, j’avais découvert d’autres religions, d’autres possibilités.
Je me demandais ce que Pluton faisait véritablement de nos âmes. En réalité, personne ne le savait. J’avais beau interrogé des prêtres, les réponses étaient vagues. Une seule réponse revenait néanmoins parmi leur discours. Vendre son âme au diable pouvait nous offrir le monde de notre vivant, mais rien n’équivalaient aux conséquences. Vendre son âme au diable donnait la certitude de connaître une fin pire que le Tartare. Mais qu’advenait-il des autres âmes ?
Une voix m’arrachait à mes contemplations artistiques. Un prêtre demanda la raison de ma présence ici et m’offrit son aide. Je lui expliquai que je portai un message au nom du temple de Venus. Il me reconnut et me salua comme le Grand Prêtre de Venus. Ce titre ne m’appartenait plus, mais je n’en dis rien. Il hésita entre me convier vers Mortis et vers leur ambassadeur, mais ne me fit pas part de ses doutes. Toujours avec l’humilité qui caractérisait le temple de Pluton, il m’invita à le suivre dans les dédales du Temple. Les prêtres avaient creusé de magnifiques galeries dans la roche comme s’ils cherchaient l’entrée du Tartare. J’ignorais combien ils avaient découvert de secret, j’ignorais que ces recherches avaient forgé Alpharius et j’ignorais où je me rendais.
J’ignorais tant de choses et cela me plaisait tant. J’aimais découvrir, découvrir les autres cultes, découvrir les richesses de Sertorius dans ce musée où je passais de plus en plus de temps. J’aimais m’enrichir et priais Venus pour qu’elle m’offre l’éternité pour m’enrichir culturellement. J’arrivais devant une porte en bois majestueuse. Des visages m’invitaient à entrer, mais le noir de la porte effrayait le quidam que j’incarnais en ces murs.
La double-porte s’ouvrit lentement, comme lors d’une procession. L’instant se gorgeait d’une douce théâtralité et je m’attendais à découvrir Mortis sur lequel les plus folles rumeurs courraient.