par Alpharius Omegar??s le 11 Mai 2013, 12:46
Le centurion primipile ne fut pas surpris par la confiance de Mettius dans la réalisation future de ses plans. Il était vrai ce dernier avait l'expérience pour lui et n'avait probablement connu que rarement l'échec. Néanmoins, l'officier était conscient que dans la partie qui allait se jouer, chaque erreur pouvait s'avérer éliminatoire pour le joueur malhabile ou tout simplement malchanceux.
-Tout ceci pour vous prévenir. Je sais les langues malicieuses. Je lancerais de fausses rumeurs bien certainement, de fausses paroles pour savoir où sont les traitres et je sous serais grés dès lors de me confier qui vous a informé. Vous connaissez ce genre de système n’est-ce pas ? Prêcher le faux pour savoir le vrai et s’assurer ainsi à qui il ne faut pas faire confiance. Vous serez certainement au centre de quelques-unes. Si vous pensez que je vais vous trahir, rappelez-vous de ses paroles. Ainsi nous jouons carte sur table et nous saurons à quoi nous en tenir.
Alpharius resta de marbre face à ces propos emplis de sous-entendus à ne pas prendre à la légère. Le prélat n'avait apparemment pas l'habitude de susciter des loyautés individuelles autrement que par des techniques de pression et de manipulation. Tout cela manquait cruellement de grandeur pour stimuler un soldat, mais Alpharius était suffisamment rôdé aux activités clandestines pour s'être accommodé à l'exécution de tâches dans des circonstances peu glorieuses.
Le titan en armure se contenta d'écouter attentivement la suite des paroles de son interlocuteur. L'évocation d'une potion ne le convainquit guère, s'il était si aisé de se servir de ce genre d'artifice à son profit, n'importe qui pourrait aussi en faire usage. Le guerrier se doutait que Mettius n'était pas du genre à révéler ses manigances dans leur entière vérité. En l'occurrence, Alpharius nota une contradiction notable dans la démonstration de Mettius pour ce qui concernait l'impossibilité d'influencer le don de la prêtresse de Pluton. Le prélat était certain qu'elle ne pouvait rien contre ses petits secrets malsains, ce qui en soi révélait qu'il disposait de certaines garanties contre ce pouvoir invasif du fait qu’il prévoyait de s'y soumettre lui même. En effet, il avait évoqué l’existence d'un don apparemment efficace pour résoudre le problème. Le centurion primipile éprouvait une certaine répugnance envers ces dons de manière générale, dont l'origine ne lui paraissait que trop évidente.
Quand à l’exécution, je ne pourrais pas calmer la foule. Il vous faudra vous battre. Je ferais livrer le coupable à la divine protection des dieux. Car je les provoque eux aussi dans tout ce jeu.
Alpharius: "Je doute sur le fait que j'aurai à me battre si cela se résume à des exécutions pour satisfaire la colère d'une populace enragée. J'ai des réserves sur l'impact à moyen terme du procédé, mais en effet si le prélat de Rome ordonne quelque chose, seuls les dieux sont en position de le désavouer publiquement. Pour ce qui concerne vos avertissements sur de possibles rumeurs de trahison, je ferai le nécessaire pour effectuer au mieux ma tâche de protection du prélat de Rome et je lui communiquerai toutes les informations essentielles à cet objectif.
Sur un plan plus personnel, je vous prie de ne pas oublier qu'il s'agit d'une collaboration entre individus dont les intérêts convergent sur des points essentiels. Je connais votre réputation et si je ne me trompe pas au sujet de vos qualités, vous êtes quelqu'un qui préfère les avantages tangibles et certains aux chimères hasardeuses de la part d'individus qui seraient capables des propositions les plus pathétiques pour sauvegarder leurs petits intérêts. Dans notre affaire, il ne s'agit pas d'affinités de nature amicale mais de réalisme doublé d'un pragmatisme salutaire. Je ne suis pas là juste pour louer mon épée contre quelques avantages, je ne crois pas que vous ayez fait appel à moi en cette heure tardive pour le seul besoin de disposer de quelques mercenaires de plus pour votre protection. Je peux vous assurer que je ne suis pas uniquement un soldat disposant d'une stature supérieure à la moyenne.
Mes paroles doivent vous satisfaire car je parle sans détour, mais si vous tenez vraiment à ce que j'assure une protection effective des intérêts du prélat de Rome, il sera impératif de me fournir en permanence des informations exhaustives et intégralement authentiques. Tenter de me manœuvrer ou m'obliger à démêler en permanence le vrai du faux ne pourra aboutir qu'à des résultats contre-productifs et extrêmement regrettables pour tous."
Alpharius s'approcha à proximité directe du prélat tout en conservant sa vigilance à l'égard son ancien élève Mercure, même si celui-ci avait veillé à ne pas manifester de manière évidente sa présence au cours de cette entrevue informelle. Le géant se pencha légèrement vers Mettius et entreprit de faire un peu plus que répondre à sa dernière question. Il le fit en employant une sorte de murmure moquant celui qu'on prêtait généralement aux conspirateurs de pacotille.
"Le jour où vous ferez face au jugement des autoproclamés dieux de Rome, il sera intéressant de voir si vous serez dans la position d'un pauvre martyr d'une cause perdue espérant emporter un maximum de ses ennemis dans la tombe avec lui, ou au contraire dans celle d'un solide prétendant à la victoire totale disposant d'atouts formidables et éprouvés. Nous jouons tous une partition, la nôtre ou celle de quelqu'un d'autre, mais les symphonies les plus grandioses qui marquent les mémoires exigent un grand orchestre composé des meilleurs musiciens guidés par un chef clairvoyant. Ce dernier incarne un prisme qui focalise à travers lui l'action de nombreuses individualités de manière cohérente. Il faut être digne de cet honneur et aspirer naturellement à la grandeur, car il ne s'agit plus de simplement survivre ou haïr un quelconque ennemi. Néanmoins, il est vrai que c'est une image métaphorique qui n'est pas aisée à saisir dans la Rome actuelle qui ne favorise guère la culture et l'élan artistique dans son aspect le plus noble.
Je suppose que je ne vous apprends rien excellence, je ne suis après tout qu'un soldat qui a peu de mérites à son actif. Je n’ai plus aucune question à vous soumettre qui soit digne de votre intérêt. Je suppose que tout est dit pour l'instant. Je vais donc me retirer avec votre permission pour effectuer les préparatifs nécessaires en attendant patiemment les nominations officielles et publiques qui me permettront d'agir le plus efficacement possible."
Alpharius se redressa à nouveau de toute sa hauteur et se coiffa de son casque, puis il se prépara à partir dès que le prélat lui donnerait l'autorisation de le faire.