[E5] Une solution !

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

Re: [E5] Une solution !

Messagepar Katla Buskvej le 02 Mai 2013, 19:31

Je m'arrêtai d'un coup, de façon encore très mécanique, quand elle répondit. Elle n'avait pas entièrement tort sur plusieurs points. Bon, sur d'autres, complètement, mais il n'était pas possible de raisonner avec une personne dans la passion... Argumenter serait donc peu constructif, d'un point de vue purement intellectuel. Sans compter que de toutes façons, plus les secondes passaient, plus elle parlait. Et plus elle parlait, moins je sentais mon côté "intellectuel" actif...

Je reconnectai le système à mon cerveau, me passant une main sur le visage, et répondant d'une voix à la fois calme et affectée :

- Je suis... Désolée. Vraiment... Le coup de la catin c'était vraiment petit. Et ce n'est vraiment pas mon genre... Et enfin, ce n'est pas qu'il faut être exactement telle que je le désire ou autres conneries, c'est... juste une combinaison d'éléments... Stupides.

Aucun de ces éléments n'était purement intellectualisé, donc en effet, objectivement ils étaient stupides.

Me retournant, je m'appuyai à la porte mais alors que celle-ci grinçait, je me redressai d'un coup. Elle n'était manifestement pas conçue pour supporter un poids comme le mien. Je me décalai donc un peu, m'appuyant cette fois-ci contre le mur en faisant attention, la mine déconfite.

- Le premier, c'est que j'ai remarqué une constante, presque mathématique... L'amour détruit le sens critique, il annihile la personnalité. Vous vous souvenez, de celui qui a détruit la Citadelle ? C'était un ami, au départ. Et il est devenu fou d'une femme, qui aimait bien les hommes "virils", forts. Pour correspondre à ses attentes... Il a totalement changé. Il est devenu brutal, il prônait le fait d'envahir la terre pour reprendre ce qui était à nous, et ça plaisait beaucoup à celle qu'il aimait. Une imbécile indigne et minable. J'ai tenté de convaincre Kohren qu'il perdait l'esprit, qu'il changeait totalement, qu'il ne réfléchissait plus par lui-même... On se connaissait depuis longtemps, et il la connaissait depuis moins d'un an. On ne peut pas parler d'amour avant bien 2, 3 ans au moins, avant, ce n'est que de la passion incontrôlée, des hormones d'adolescent...

Faisant une pause, je me frottai de nouveau le visage avant de reprendre :

- J'avais dit que son bannissement était dû au fait qu'il a tenté d'attaquer, violer et tuer une femme. C'était moi. J'ai tenté de le convaincre qu'il se faisait mener en bateau comme un imbécile, qu'il devait revenir à lui, mais sa passion était telle qu'il s'est attaqué à moi. D'où une sinistre conclusion... Si une personne *croit* être amoureuse, elle laissera tomber tout le monde quitte à tenter de les tuer pour plaire à celui ou celle qu'elle croit aimer. Et je ne tire pas cette conclusion d'un seul cas, j'ai vu ça des dizaines de fois... Les conséquence n'ont jamais été aussi dramatiques, mais je l'ai vu des dizaines de fois... Un type qui pense être amoureux d'une femme qu'il connaît à peine laissera tomber tout le monde, même ceux qu'il connaît depuis plus de 300 années.

Maintenant, le deuxième aspect de l'histoire...

- L'autre... C'est ironiquement la peur. Isaa... Le métal qui me constitue est plus de 1.000 fois plus résistant que le meilleur des aciers dont vous disposez. Moins de 10 minutes avant, j'étais avec deux gamins qui étaient curieux de savoir ce que je faisais. Des gamins... Ils avaient autour de 10 ou 12 ans. Vous voyez la plaque d'acier ? 10 minutes avant, à cet endroit exact il y avait 2 gosses. Et l'épée, qu'il a balancée alors que j'étais en plein milieu des bas-quartiers, endroit habité et plein de monde ? S'il avait par malheur touché un innocent qui se promenait, sa jambe aurait éclaté en morceaux, il se serait vidé de son sang en hurlant ! Seul un TOTAL INCONSCIENT fait ça dans un endroit où vit autant de monde ! Sans compter que je me suis écrasée dans une maison, une chance qu'elle ait été vide ! Et si derrière le mur dans lequel je me suis écrasée il y avait eu une chambre d'enfant ? Une petite famille prenant son repas ? Ils auraient tous été écrasés et mutilés. Je sais que avec des "si" on peut tout inventer, mais AUCUNE de ces hypothèses n'est surréaliste... Ce type est un fou dangereux qui n'a absolument aucune considération pour les autres et ne pense absolument pas au mal qu'il pourrait faire.

Je repris alors, reprenant aussi un peu de consistance.

- Et même sans parler des autres, quand je suis arrivée ici alors que 800 ans de ma vie venaient d'être vaporisés par une explosion massive... Je me sentais plus ou moins en sécurité grâce à ma technologie. Je partais du principe que personne ne pourrait jamais me blesser, n'importe quel acier se briserait sur moi si un soldat m'attaquait. Mais là... Ce type peut me massacrer. Il est apparu, il m'a invectivée, insultée, puis attaquée directement sans chercher à comprendre. Depuis ce moment, je regarde à chaque coin de rue avant de tourner, et je ne dors plus que dans le Tibre malgré l'inconfort pour qu'il ne me retrouve pas !

Je pris alors une grande respiration, ajoutant :

- Mon jugement ne m'a jamais fait défaut... Ce type est un fou furieux dangereux pour tout le monde... Je ne suis pas le genre à avoir peur pour rien, je me suis lancée dans des mêlées, seule contre 200, par le passé. Mais ce type me fait tellement peur... J'ai même passé un accord avec Mettius, alors que je déteste ce type, ce matin. En échange de mon aide, il le fait arrêter, puis exécuter publiquement. J'ignorais que vous étiez ensemble... Et pas de panique, je vais annuler l'accord. De toutes façons vous allez lui dire, ça ne servira donc à rien.

Glissant contre le mur, je tombai alors sur les fesses. Saleté. La surprise me fit craquer, et je laissai alors quelques larmes couler, il était évident que je retenais mes sanglots.

- Et c'est probablement ça le pire... Vous étiez la seule personne qui me faisait me sentir chez moi. Vous étiez intelligente, critique, vive, curieuse, pleine de vie, d'énergie, ... Et maintenant je sais que quoi que je vous dise, ça me retombera dessus. Car il saura tout immédiatement. Il s'en servira contre moi... Je vous ai parlé de l'accord avec Mettius, que je vais annuler comme je disais, mais je sais qu'il sera au courant dans une heure. Le générateur électrique, si je vous le montre, il me le sabotera ou volera le soir même... Vous savez pourquoi j'étais venue ? Une de ces machines qui tourne autour de la Terre est en train de passer au dessus de Rome. Je voulais vous montrer les images. Mais si je le fais, il aura un rapport complet dans la soirée et s'en servira pour tenter de me tuer encore une fois. Je n'ai donc plus personne à qui parler, moi qui étais entourée en permanence d'amis. Une isolation intégrale, et une seule chose, la survie.

Retirant les mains de mon visage, et regardant dans le vague, je finis par parler d'une voix plus basse :

- Et tout ça n'a rien de logique... Ce sont des sentiments idiots. Si je forçais mon corps, la machine, à mettre mon cerveau en sommeil pour prendre le contrôle, je m'en sortirais sûrement mieux tiens. La machine ferait tout de façon claire. Droite. Logique. Optimale. Calculée. Les échecs ne lui feront rien. Elle analysera et améliorera. Les gens ne l'intéresseront pas. Elle n'a pas besoin d'eux. Elle a un objectif, elle calcule, et elle l'atteint... Tellement plus efficace. Parfaitement régulé...

C'était possible, en théorie. En cas de blessure grave, le corps passait en "lockdown" : il endormait le cerveau et passait en mode automatique. Là, il cherchait une solution pour s'auto-réparer et aller dans un endroit sauf. Je pouvais changer les paramètres pour demander au processus de lockdown de m'installer, me procurer du matériel, un élevage de scarabées pour en extraire le gaz, de l'hydrogène... Mais ce système était conçu pour fonctionner sur des courtes durées, une semaine maximum. Au delà les conséquences neurologiques étaient inconnues. Ce plan n'était peut-être pas si génial que ça, avec le recul.
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Re: [E5] Une solution !

Messagepar Isaac Vibius le 02 Mai 2013, 21:05

Isaa semble surprise dans un premier temps que ses mots aient réussi à impacter sur elle. Finalement elle se sent presque soulagée parce que cette réaction lui prouve qu'elle avait raison à son sujet. Elle l'écoute avec attention comme elle l'a toujours fait et surtout comme une élève intéressée par le savoir que détient son professeur. Son cœur est toujours meurtri, juste un peu moins. Par fierté et sans doute beaucoup à cause de son père d'ailleurs, elle essuie les dernières traces de larmes furtivement. La romaine est bien consciente que malgré leurs divergences d'opinions l'une comme l'autre ont raison sur certains points, torts sur d'autres. Elle la laisse dire ce qu'elle a sur le cœur, les raisons logiques qui la poussent à être si certaine que les gens changent à ce point par amour. Le plus douloureux évidemment est de l'entendre dire à quel point Alpharius est une menace, voir l'homme qu'elle aime dépeint sous ce jour-là est douloureux. Il est tellement éloigné du centurion qu'elle a rencontré, qui l'a surprise, émue, séduite et rendue si heureuse. Elle ne se le représente évidemment pas comme un dieu ou comme un être parfait incapable de violence ou d'erreurs, un être dénué de vices.

La romaine se prend surtout une nouvelle gifle quand Katla évoque son alliance avec Mettius. Elle ressent d'une certaine manière la même impression de trahison qu'elle un peu plus tôt. Néanmoins elle se laisse guider par sa raison. Elle comprend ce qui a pu pousser sa visiteuse à agir ainsi même si s'unir au prélat lui apparait comme signer un pacte avec Orcus le dieu des Enfers. Quand enfin la centenaire termine de s'exprimer, Isaa avance d'un pas. Le sourire sincère et doux revient fleurir sur ses lèvres.


- Je comprends votre emportement. Il y a tant de choses à dire en réaction à vos propos. J'ai du mal à savoir par où commencer.

Elle soupire longuement.

- Je maîtrisais les statistiques avant même qu'on m'enseigne l'histoire de la cité. Croyez-moi cela remonte à quelques années bien que je sois encore jeune. Vous ne me ferez pas croire que tous les êtres amoureux renoncent à ce qu'ils sont pour celui que leur cœur a choisi. Et si vraiment ils le font alors c'est que je suis encore plus différente des autres que je ne le pensais. On dit que toutes les femmes rêvent de mariage, qu'elles sont forcément douces et coquettes, qu'elles ne savent pas se battre comme un homme. Il existe combien d'exemples qui prouvent ces dires rien qu'à Rome? Est-ce que cela signifie pour autant que toutes les femmes sont exactement faites sur ce modèle? Moi je ne le suis pas.

Elle sourit plus largement en pensant légèrement la tête sur le côté. Son regard est rivé sur le visage de Katla.

- Je ne prétends pas être meilleure que les autres ou plus intelligente que votre ami. Je ne peux pas non plus affirmer que j'ai raison de croire que l'homme dont je suis éprise est incapable des choses terribles dont vous parlez. Il y a pourtant deux choses que je peux affirmer sans mentir et sans baisser les yeux. La première est que je ne changerai pour rien ni personne au monde pas même les dieux qu'ils soient vrais ou des imposteurs. Je ne changerai pas même si l'on me donnait à la place accès à tous les savoirs de ce monde. Bien sûr je vais évoluer comme chacun sur cette terre, de la bonne ou de la mauvaise manière qui peut le dire? Je vais changer car les expériences m'auront forgé, car j'aurais appris, car j'aurais souffert, car j'aurais vaincu ou échoué mais je ne changerai certainement pas pour plaire ou faire plaisir à quiconque.

Isaa passe sa main le long de sa nuque, son regard se perd juste un instant avant de revenir sur son interlocutrice.

- J'ai la meilleure raison du monde à vous opposer pour ce qui est de me voir changer par amour. Ce serait un mensonge. Si un homme prétend ressentir pour moi des sentiments sincères alors il m'acceptera telle que je suis. Bien sûr on peut estomper un défaut, cela ne coûte pas grands choses, mais vouloir changer l'autre ce n'est pas l'aimer. C'est vouloir faire de lui l'exacte copie de son désir, c'est aimer une chimère et donc mentir à l'autre autant qu'à soi-même. Alors non je ne renoncerai pas à qui je suis pour cet homme, pour vous ou pour qui que ce soit d'autre. Je me suis battue toute mon enfance contre mon père pour suivre mon propre chemin et ne pas devenir celle qu'il voulait que je sois. Je ne vais certainement pas renoncer aujourd'hui par peur de perdre un homme qui du même coup prouverait ne pas m'aimer aussi sincèrement que je le fais.

Elle reprend un peu son souffle après cette longue tirade avant de reprendre, en souriant toujours avec douceur.

- De la même manière, si je découvre que vous avez raison au sujet de cet homme, que je suis dans l'erreur. S'il est vraiment l'être dangereux et impulsif que vous décrivez, s'il n'a aucun scrupule à tuer un innocent et plus encore sans raison, alors je lui retirerais mon amour car il n'est pas celui que je crois. Je vous l'ai dit je ne peux pas excuser son comportement, je ne cherche pas non plus à le défendre mais je penss qu'il est naturel que je veuille comprendre pourquoi il a agi ainsi, s'il est vraiment aussi différent que ce que j'ai vu de lui. Si une personne que vous aimiez vraiment agissait avec une autre de façon similaire, ne chercheriez-vous pas également à découvrir pourquoi il se comporte d'une manière radicalement opposée à celui que vous connaissez? Ne voudriez-vous pas découvrir lequel de ces deux visages est le vrai ou si simplement les deux lui appartiennent? Les faits ne représentent pas toujours l'exacte vérité. Comme vous m'avez insulté alors que vous êtes différente de cela.

La jeune femme arbore un air désolé en évoquant cet épisode douloureux.

- Et j'ajouterai une dernière chose avant de vous laisser partir car je ne veux pas que vous manquiez cet évènement important par ma faute. Je ne me sens pas obligée de tout lui dire. Il a ses secrets, j'ai les miens. Je peux parfaitement être loyale envers vous sans le trahir et inversement je pense, s'il le mérite évidemment ce que je voudrais croire. Rien ne m'empêche de revoir mon jugement si je constate que j'ai tort, je ne suis pas infaillible et je pense que vous non plus. Surtout sachant que vous vous alliez à Mettius. Mais comme les mots mentent et sont traîtres si souvent, je n'ai pas moyen de vous prouver ma sincérité. Ce sera à vous de décider si vous voulez me faire confiance. Mais je désire réellement que tout cela s'apaise et que nous puissions être amies. Et ce même si vous ne me parlez jamais de votre électricité ou que je n'ai plus l'occasion à nouveau de voir Rome depuis votre machine du ciel. Souvenez-vous que je ne suis pas lui. Maintenant filez, je ne me pardonnerais pas si vous le manquiez.
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Re: [E5] Une solution !

Messagepar Katla Buskvej le 02 Mai 2013, 22:50

Et elle répondit alors. Longuement. Elle aimait bien parler, et dans le détail. Décidément. Nous étions semblables sur tellement de points, sauf un. Et il a fallu que cet unique point de divergence soit critique et mette ma vie en danger... Quel gâchis. Je l'écoutai donc avec attention, tentant de ne pas laisser mon cerveau partir en vrille tout seul à paniquer. Ce fut difficile, car une idée venait de naître... Mais je parvins à la laisser de côté pour le moment. Je l'étudierais plus avant dans un second temps. Mais j'étais stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt.

- Si vous découvrez que j'ai raison, et que cet homme est violent... répétai-je machinalement. Vous avez vu les images devant vos propres yeux et vous ne les croyez pas, ce qui montre que vous êtes déjà fichue. Vous n'en sortirez pas. Quoi que vous voyez, vous trouverez toujours une explication justifiant ses actes, quoi qu'on vous dise vous direz que vous voulez avoir "sa version", alors que les images sont pourtant une preuve écrasante et indiscutable.

Je me relevai alors avec un air attristé. Elle avait déjà le bras pris dans l'engrenage, et vu le tempérament brutal de ce type, elle serait bientôt détruite par ce mécanisme vicieux, celui de celle qui aime les bad boys... Et qui finira inévitablement morte ou défigurée par les coups. Je savais que je ne pourrais rien dire qui la convaincrait, et je devais donc faire quelque chose que je détestais... Laisser tomber.

- Si les faits, froids, logiques, clairs, jetés devant votre visage, ne sont pas suffisants, rien ne le sera jamais. C'est déjà arrivé avant, et ça arrivera encore, conclus-je avec un air complètement déprimé.

Ramassant mon sac, je soupirai longuement, réfléchissant à ce que j'allais dire. Elle était déjà embrigadée, et le cerveau transformée en gelée à la fraise. Tout ce que je pourrais dire sera inévitablement retourné contre moi et utilisé par ce cinglé.

- Pour répondre à votre question, si une personne que j'aimais vraiment agissait ainsi... Le problème ne se pose pas. Je n'aime plus personne depuis 500 ans. Du moins lorsque c'est arrivé, j'ai mis ça de côté. J'ai failli me faire avoir encore une fois ici, mais au final, grâce à cet incident, c'est la vision froide qui prévaudra, expliquai-je avec un sourire triste. Après, tant que je serai à Rome et qu'il sera en vie je serai en danger... Mais je ne suis pas non plus une guerrière, je ne souhaite pas me battre. C'est pour ça que je me suis retrouvée réduite à passer ce pacte avec le diable, avec Mettius. Je méprise, et hais les politiciens, mais c'était le seul qui pouvait m'aider. Et maintenant, par ma stupidité, je vous ai dit ce que j'avais passé comme accord avec lui. Résultat... Plus personne à Rome ne peut me protéger.

J'attrapai alors -encore, décidément- la tablette pour la rallumer, projetant l'écran et me connectant au satellite. Une image de la Terre s'afficha, immense, bougeant rapidement vu que Genova se déplaçait à une grande vitesse.

- Mais la Terre est grande, au fond. Je pointai du doigt le Tibre, avant de descendre le long de celui-ci et de pointer une toute petite, minuscule, tâche brunâtre. Tenez, ça, c'est Rome. La Terre, c'est grand. Et étonnamment, tellement petit...

J'eus vite fait d'entrer les nouvelles instructions et de les envoyer au satellite : celui-ci changea alors de trajectoire, s'éloignant de Rome pour partir vers l'Arabie Saoudite. Les nouvelles orbites étaient maintenant programmées, et le message d'alerte aussi. On pouvait entendre ma voix, qui disait :

« Катла Бусквей, хер. Опкалд фра координатерне сыв дот фире дот ен прик еллеве дот ен прик ён øст фем дот ен прик ен прик треттен дот ён сыд. Йег ер и ен лилле лейр ог йег ледер ефтер оверлевенде фра цитаделлет. Бесвар венлигст, ангивес дине координатер еллер делтаге мине. Овер. »

Je précisai alors :

- C'est un message aux éventuels survivants. Avec de la chance j'en trouverai un...

Je ne le précisai pas, mais j'avais l'intention d'aller les chercher maintenant. De quitter Rome. Enfin... Dans un sens. C'était plus complexe que ça. Mais au moins, ma solution me mettrait à l'abri de ce guerrier. Désactivant la tablette, je la rangeai donc, avant de soupirer longuement.

- J'espère que nous nous reverrons. Quand il n'y aura plus de danger... D'une façon ou d'une autre. Si vous étiez née dans la Citadelle... Tout aurait été tellement plus simple.

Ça m'apprendra à avoir des sentiments, ces conneries. Enfin au moins, cette histoire me calmerait pendant quelques dizaines d'années. D'ici peu j'aurais repris mon tempérament de gamine curieuse et les choses seraient revenues à la normale, d'autant que j'aurais pu trouver une solution pour ne plus être en danger permanent.
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Re: [E5] Une solution !

Messagepar Isaac Vibius le 05 Mai 2013, 15:56

Les deux femmes se tiennent à une distance respectable l'une parce qu'elle n'a sans doute plus confiance et l'autre pour ne pas que son invitée ne se sente menacée. Sous la lumière de ces faits nouveaux, leurs différences deviennent soudain frappantes presque autant d'ailleurs que leurs similitudes. L'une a des siècles d’expérience devant elle, elle a grandi au milieu de la technologie, de la raison, elle vivait dans une immense cité ultra développée et sophistiquée loin d'ici, elle avait même failli aller tutoyer les étoiles. L'autre n'avait que quelques années derrière elle, la naïveté des jeunes de son âge avec une certaine maturité malgré tout et un goût immense pour la connaissance. Elle n'a connu que Rome, comme si son univers s'arrêtait aux fortifications qui entourent sa ville. La technologie lui a quasiment été défendu depuis toujours et tout ce qu'elle savait des étoiles était qu'elles brillent tout là-haut. La première était sur le point de quitter cette modeste bâtisse qui faisait office d'atelier, sans doute pour n'y jamais revenir. La seconde faisait grandir son monde ici-même, il était le berceau de ses créations, de sa passion et de ses rêves. Difficile dans ces conditions de toujours se comprendre et s'entendre malgré leurs traits de caractère communs. Pourtant Isaa admet parfaitement la logique des arguments de sa visiteuse. Elle ne peut que recevoir les arguments irréfutables démontrés par l'image et malgré ce que pense Katla elle en tient compte.

- Je ne nie nullement ce que j'ai vu et je le redis je ne suis pas prête à fermer les yeux en découvrant à quel point j'ai pu me tromper. Néanmoins vous devez accorder à mon crédit que le comportement d'une personne en une occasion n'est pas forcément représentatif de ce qu'il est au plus profond. Je le dis probablement aussi parce que je veux le croire, pas au point de me laisser aveugler du moins je l'espère. Et je laisse là ce débat stérile puisque je suis certaine de ne pas pouvoir vous faire ne serait-ce qu'entendre mon point de vue alors que je suis parfaitement consciente du vôtre. Probablement que je ne suis pas impartiale, néanmoins il est certain que je ne le laisserais pas vous menacer sans réagir, vous ou d'autres innocents.

Peut-être que son jugement est erroné, peut-être que la vérité devrait lui crever les yeux. Elle admet parfaitement cette possibilité, elle la regarde même bien en face puisqu'elle lui renvoie ses propres faiblesses. Il n'empêche qu'elle a besoin de parler à Alpharius, elle est certaine qu'il n'osera pas lui mentir. Si elle constate au contraire son erreur alors... Alors elle le perdra ou plutôt renoncera à lui. Elle ne peut pas aimer quelqu'un de violent, qui ne considère pas la vie humaine et menace une personne qu'elle admire beaucoup, pas s'il n'a aucune raison acceptable pour justifier son comportement et peu d'entre elles lui viennent à l'esprit. Il est inutile en tous cas d'alimenter encore la discussion à ce sujet. Katla ne changera pas d'avis la concernant et partira sous peu. Alors la romaine pourra essayer de trouver Alpharius. Il ne sera pas facile d'évoquer ce qu'elle sait sans trahir celle qu'elle respecte ni risquer d'envenimer les choses. Elle agira malgré tout avec intelligence, réfléchira à comment aborder et tourner les choses sans compromettre Katla. Pour Mettius, elle compte bien évoquer la menace sans jamais dire qu'il s'agit en fait d'un contrat qu'elle a demandé. Elle soupire devant l'ampleur de ce désastre imminent.

Heureusement, la femme dans une enveloppe de métal lui offre une sorte de dernier présent, une distraction temporaire pour chasser les idées noires. Elle prend la forme d'une magnifique boule bleu, ou du moins d'une partie de celle-ci visible depuis l'appareil. Isaa ouvre de grands yeux telle une enfant émerveillée. Elle contemple avec ravissement ce spectacle, essayant de reconnaître sa cité qui semble si minuscule ainsi.


- C'est tout bonnement incroyable, stupéfiant ! Je vous envie de connaître et comprendre toutes ces merveilles. Et j'espère sincèrement que vous arriverez à retrouver les vôtres. Je ne sais pas quel sera votre chemin et je suis chagrine de ne pas pouvoir avancer ne serait-ce qu'un temps à vos côtés. Mais j'ai été très heureuse et chanceuse de faire votre connaissance. J'ai compris que l'amour vous semble comme un danger, c'est aussi un cadeau qui vous rend plus riche. Je ne crois pas qu'une vie solitaire me conviendrait et je me demande pourquoi vous vous battez si vous n'avez rien ni personne. Être seul c'est un peu ne pas exister. Vous n'avez personne avec qui partager ce que vous découvrez, ressentez. Cela est profondément triste. Enfin ce n'est que l'avis d'une petite romaine bien loin de toutes vos connaissances et expériences. Merci Katla de m'avoir démontré comme notre monde et grand, merci de m'avoir rappelé tout ce qu'il me reste à apprendre et de m'avoir fait rêver. Je regrette que l'on se sépare et plus encore de ne pas avoir été à la hauteur. Je continuerai à espérer que les choses s'arrangent et surtout à faire en sorte que cela puisse être le cas. Prenez grand soin de vous.
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Re: [E5] Une solution !

Messagepar Katla Buskvej le 05 Mai 2013, 18:27

- Disons que... J'ai... Un vrai problème avec ce qui n'est pas basé sur l'expérience et la logique froide. C'est peut-être pour cela que l'amour n'est pas pour moi. Si je connais une personne depuis peu de temps, à peine même -car je pense que vous le connaissez depuis moins d'un mois-, et que j'apprends, preuves à la clé, qu'il a tenté d'assassiner une amie en pleine ville, risquant de tuer des civils, je ne risque pas de croire en lui. J'ai le même problème avec la religion, mais c'est un autre débat...

Je haussai les épaules, signalant que je laissais tomber. De toutes façons, j'avais fait mon deuil depuis un moment. Et j'avais déjà trouvé une solution pour éviter ces problèmes.

- Après, je dis cela sans aucun jugement de valeur, il est normal que nos points de vue divergent. Il y a d'un côté une femme en danger de mort permanent. De l'autre, une femme qui couche avec le meurtrier. Les deux conditions sont très différentes, et il est obligatoire que les raisonnements se basent sur des éléments différents...

Une fois mes affaires rangées, et alors qu'Isaa parlait de l'amour, des merveilles de la technologies et autres, j'affichai un air assez contrit. Une de ses questions m'intriguait, me laissait même assez surprise.

- L'amour me semble comme un danger par expérience. Si ce sentiment était un être conscient, je dirais qu'il ne m'aime pas trop. J'ai toujours été systématiquement trahie par ceux que j'aime, au long de mon existence. Encore une fois ce soir, ajoutai-je d'une voix un peu plus basse. Alors pourquoi je me bats ? Un rêve. Celui de voir l'humanité totalement libre, d'explorer tous les recoins de l'univers, de se déployer partout, de découvrir des terres toutes plus impressionnantes les unes que les autres, des dangers à surmonter, des endroits à coloniser. Car ce qui définit l'humanité, c'est sa volonté d'explorer. C'est ça, l'âme de l'espèce humaine.

Ah, c'était une erreur de me lancer là-dessus, parce que là je pouvais partir pendant 10 heures. Bon, il faudrait que je me calme un peu et que j'y aille, je devais voir Mettius rapidement afin d'être mise en sécurité, loin de tout le monde. C'était dommage, de devoir en arriver là... Mais je n'avais pas d'autre choix. Je m'étais comportée à Rome comme si j'avais été dans la Citadelle, sauf que je n'étais pas dans la Citadelle. Heureusement, j'avais une deuxième chance.

- Vous ne connaissez pas l'histoire donc vous ne pouvez pas le savoir, repris-je... Mais depuis qu'elle existe, quoi qu'il lui arrive, l'humanité s'est redressée et a chaque fois découvert de nouveaux horizons. A l'origine notre environnement était constitué d'un petit pays, il n'y avait pas d'humains autre part que dans une petit étendue de terre. Avant la grande guerre, nous étions partout. Plus de 16 milliards d'humains, présents à chaque recoin de la Terre, même les plus improbables. C'est pour ça, que je me bats. Je crois en ce potentiel d'explorateurs, en ce besoin d'aller à des endroits inconnus. Quant à l'amour, il m'a abandonnée depuis un moment déjà.

Je finis avec un petit sourire triste, ouvrant la porte et sortant de la maison. Je me lançai alors vers la nuit, marchant tout en lançant de la musique en interne. J'aimais bien ce morceau. Il avait un côté "cow boy" qui allait bien avec cette idée d'exploration que j'appréciais tant. Alors que je m'éloignais, je lançai :

- On se recroisera !

On se recroiserait certainement, oui... Pas forcément de sitôt, mais il était fort probable que l'on se recroise. Mais dans l'immédiat, j'avais d'autres priorités en tête, des questions de survie, notamment.
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