par Appius Silius le 04 Mai 2013, 23:53
Les gémissements se faisaient de plus en plus nombreux, plus réguliers, plus forts. Ils n'étaient plus que soupirs, grandissant à chaque seconde comme le feu qui s'était installé en eux. Oui ils brûlaient, tout se consumait et pourtant leur corps restait intact, il n'y avait pas de flamme, mais pourtant un feu que même le Consul ne pourrait jamais allumer avec sa petite mèche. (spéciale dédicace) Comment en étaient ils arrivés là ? Quelques minutes auparavant, il était seul ici, à se faire du mourron pour celle qu'il protégeait comme il le pouvait sans interférer dans ses affaires. Celle qu'il avait considéré un peu comme la soeur qu'il n'avait jamais eu, comme l'enfant qu'il ne pourrait jamais avoir, femme inaccessible.
Ses yeux s'étaient ouverts cette nuit, et la lumière avait jailli de l'obscurité. Encore ceux qui se mettaient à briller le plus fort étaient tout simplement ceux qui venaient de l'oubli, du néant, tout simplement du noir abyssal des ténèbres qui entouraient ce monde. A dire vrai, c'était comme s'ils chutaient, comme s'ils tombaient du haut d'un gouffre sans fin, le coeur s'emballant au fur et à mesure de la chute, n'ayant comme possibilité que d'observer, passifs et impuissants le bord s'éloigner d'eux chaque seconde un peu plus. Les deux avaient sans doute perdu la raison, était ce là quelque chose qu'ils faisaient bien de faire ? Y aura t-il des regrets ? Ces questions ne venaient même pas, ils étaient ensemble, elle lui faisait même oublier ce fantôme qui hantait ses jours et ses nuits, cette femme qu'il n'avait de cesse de voir dans ses rêves, à chaque coin de rue, plaçant son visage sur toute femme lui ressemblant.
Oui, cette nuit ils ne faisaient plus qu'un, il n'y avait plus aucune raison personnelle, plus aucun amour dévolu, c'était une nuit à part, comme s'il s'agissait d'une brêche dans l'existence des deux complices. Le corps d'Appius pesait sur celui de Neera, sans l'étouffer ni la gêner ou l'entraver dans ses mouvements, il se contentait simplement de remuer avec douceur et lenteur son bassin contre le sien, voulant sans doute que ce qu'ils ne s'étaient jamais montrés reste ainsi en contact et fassent connaissance avant d'engager cette relation voulue et fusionnelle du moment. Son membre regorgeait de désir et de plaisir, pourtant il n'y avait là que quelques caresses, qu'un jeu qu'il s'évertuait de faire durer, voulant presque la rendre folle, folle d'envie. Elle en venait même à soupirer quelques mots, lui en demandant encore, puis de faire bien plus encore...
Le sourire d'Appius ne le quittait pas, il la contemplait, cherchait à admirer son visage et à graver cette nuit dans sa mémoire dans les moindres détails. Les lueurs opales des quelques rayons de la lune venait lécher une partie de leurs deux corps, les laissant à leur vue s'ils en avaient la curiosité, comme si même les astres avaient donné leur bénédiction sur cette nuit qui s'annonçait des plus marquantes de leur histoire, celle ou l'amitié devint suffisamment forte pour devenir fusionnelle et emplie de désirs. Ceci faisant, il faisait toujours durer, inlassablement ces quelques va et viens, ne faisant pas encore entrer son membre de suite. La réaction de sa belle du soir, car oui ce soir elle était sienne tout comme il était sien, ne se fit pas attendre, attrapant son visage de ses mains pour lui voler un baiser des plus passionnés, presque brutal.
Il ne pouvait lui en vouloir, elle lui faisait clairement comprendre son état, ses griffures, morsures sur son cou se faisaient plus nombreuses et plus fortes, ainsi que les mots qui s'échappaient de ses lèvres étaient tout simplement des plus équivoques... Il ne voulait pas non plus épuiser cette flamme qu'il avait fait naitre en elle, ne pas tout gâcher non en la frustrant plus qu'elle ne pouvait le supporter. Un subtil dosage qu'il lui fallait revoir complètement pour elle et le corps si spécial et différent qu'elle possédait. Tout était décuplé, sensations, plaisir et mal être, alors il ne voulait garder que la meilleure partie afin qu'elle ne se lasse pas ou perde cette envie en la faisant patienter trop longtemps. Lentement, ses va et viens s'arrêtèrent pour ne former plus qu'un simple "viens"...
Il s'était redressé, son membre pointait fièrement à l'entrée de son temple, prêt à investir les lieux dès le premier signe, admirant son visage quelques secondes avant de faire redescendre son bassin très lentement, faisant glisser millimètres après millimètres ce pieu de chaire en ses terres, la faisant sienne, la faisant femme avec la douceur qu'il pouvait lui apporter. Il ne forçait pas, se contentant de laisser son membre glisser progressivement en cet espace étroit, se feignant une place progressivement, jusqu'à ce que leurs deux bassins soient comme soudés l'un à l'autre... Il ne bougeait plus, ses mains seules se contentaient d'aller caresser ses hanches, ses cuisses et le coté de sa poitrine alternativement, de manière désordonnée, alors que leurs deux corps ne faisaient en l'instant plus qu'un... Il vint alors chercher ses lèvres dans un ultime baisers qui signa cette union, plus doux, plus simple, mais qui restait bien plus porteur de sens que tous les enflammés qu'ils s'étaient offerts jusqu'à maintenant...
Après quelques secondes, lui laissant le temps de se faire à sa présence, à ce nouvel état de possession qu'elle ne connaissait pas jusqu'à cette heure, il reprit les mouvements de son bassin, cette fois bien lentement et calmement, se contentant de vérifier qu'elle appréciait l'instant. Il n'était pas encore en quête de sa propre extase, il voulait la faire femme dans les meilleures conditions qui soient et surtout lui offrir le plaisir qu'elle n'avait encore jamais connu... Les mouvements s'enchainaient peu à peu, toujours au même rythme, mais devenant plus facile, glissant au fur et à mesure plus aisément en elle, se permettant plus d'ampleur dans les va et viens sans y placer toutefois une quelconque vigueur qui aurait été de trop.
Il lui souriait, un sourire de fierté mêlé de reconnaissance, un sourire de bonheur et de plaisir, il lui souriait tout simplement, entre deux baisers. Il ne savait pas ce qu'elle pouvait penser à l'instant, ni même si elle apprécierait cette première fois, mais ce qui était sûr c'est qu'il ne voulait rien regretter et lui faire honneur comme elle lui faisait l'honneur de le choisir lui. Ils en avaient fait du chemin depuis qu'ils avaient fait connaissance... De l'enfant fragile mais débrouillard qu'il protégeait en échange de pouvoir loger dans sa cache, elle était devenue la femme attirante qui avait su l'entrainer dans un présent à en faire oublier tout passé, ne se faisant plus aucun secret et partageant absolument tout l'un avec l'autre. Pour peu il aurait pu s'agir d'Amour. Il n'y aurait jamais eu sa Valentina... Ou bien si la première Ombre n'avait pas existé... En fait, ils ne se seraient jamais rencontrés, c'était évident... Finalement, ils devaient bien ces instants à ceux qui avaient fait d'eux ce qu'ils étaient devenus aujourd'hui.