[E5] Pique-nique au bord de l'eau. [Terminé]

[Katla Buskvej]

Le tibre était un fleuve étonnant. La vie y était encore relativement riche, au niveau des poissons, et j'y avais trouvé pile ce qu'il me fallait.

Je n'avais plus un rond. D'un autre côté, je n'avais pas l'habitude de gérer des économies... Dans la Citadelle tout était gratuit et produit à la demande et au besoin. Nous avions entendu parler du système de monnaie, mais dans les livres d'histoire, par conséquent je m'étais vite retrouvée à sec... D'autant que mon régime alimentaire était à peu près celui d'un ours. C'était un des défauts majeurs des corps de combat : y'a de l'armement, y'a du blindage lourd, et du coup y'a pas la place pour un système digestif avancé. De fait, je mangeais 30% plus qu'un humain normal, alors que je n'avais qu'un cerveau à alimenter et non pas un système de muscles et d'ossements complexe.

La raison était assez simple. En plus du manque d'efficacité du système digestif adapté aux corps de combat, j'avais le cerveau bourré d'implants qui accéléraient son activité de manière conséquente... Or, le cerveau, ça consomme de l'énergie. Donc un cerveau boosté, ça consomme encore plus de nutriments.

Le fait était que du coup, je devais me démerder, mais j'avais de la chance : j'étais assez bien équipée. Ce soir, donc, je voulais du poisson, et le Tibre avait ce qu'il me fallait. Utilisant le filtre IR de mes capteurs optiques, je pus repérer les poissons qui s'y cachaient sans trop de mal. Le reste était un jeu d'enfant : il suffisait de projeter le métal liquide qui me recouvrait vers l'avant, sous la forme d'une pointe, pour empaler la poiscaille et la ramener. J'avais le régime alimentaire d'un ours, et leurs méthodes de chasse !

Il faisait en tout cas nuit et j'avais la dalle. J'avais récupéré un couteau chez Isaa, autant dire que ce n'était pas vraiment le top du top, mais vu que mes plaques extérieures étaient faites d'alliages de métaux et de céramiques, il était possible de m'en servir pour aiguiser les couteaux. Une fois cela fait, je posai les poissons décortiqués sur une pierre plate, mettant des coups extrêmement rapides avec la lame pour découper la chair en tout petits morceaux. En théorie j'aurais dû la mixer, mais heh, ils n'avaient pas inventé le mixer. Ni l'électricité. Bref.

Je mélangeai ensuite tranquillement les morceaux fins de truite arc-en-ciel et de sandre, les deux poissons que j'avais récupérés, y ajoutant un par un les autres ingrédients. Des tomates que j'avais écrasées, un peu de crème, du basilic, du sel, une sorte d'épice qui ressemblait vaguement à du poivre, et deux oeufs, le tout dans un moule en terre cuite. Sans rire quoi, en terre cuite... J'aurais payé cher pour avoir du téflon. Enfin dans un sens je n'aurais pas pu payer vu que je n'avais pas un rond, mais enfin, c'est histoire de dire.

Je conclus en faisant cuire le tout au dessus d'un feu, au bain marie, dans un petit chaudron fermé, pendant une bonne quarantaine de minutes. Le temps de cuisson passé, je laissai le moule (et le mélange) refroidir dans l'eau froide du fleuve, observant le ciel nocturne et bricolant une mayonnaise de fortune (parce qu'ils n'avaient pas de moutarde, j'avais donc encore une fois dû chercher une sorte d'épice qui y ressemblait un peu).

Tout en remuant le mélange, j'observai donc le ciel, localisant un endroit qui m'intéressait plus particulièrement : l'étoile autour de laquelle orbitait Keilona. La planète sur laquelle nous aurions dû nous rendre, si ces tarés de Kohriens n'avaient pas rasé la Citadelle... L'étoile n'était pas visible d'ici, évidemment, mais je regardais dans la direction où elle était censée se trouver.

Après quelques minutes, je jetai un oeil à la mixture qui devait faire office de mayonnaise. Ce n'était pas super convaincant. Je grommelai donc un peu, dans mon coin d'ailleurs vu que l'endroit était plutôt désert. Je m'étais installée un peu à l'écart des quartiers habités, dans une zone où à priori personne ne viendrait me casser les pieds. J'avais maintenant une sorte de terrine de poisson au basilic, avec une sorte de mayonnaise. Mouais. Ca ferait bien l'affaire, de toutes façons la cuisine de Rome n'était pas brillante... Cela dit, en utilisant de l'énergie, je pourrais tenter de générer de l'or par processus R, pour créer une nucléosynthèse stellaire artificielle. C'était comme ça que la Citadelle générait une grande partie de son métal. L'ennui était que ça me demanderait une quantité d'énergie considérable... Je ne disposais pas d'un générateur MHD géant et je doutais d'en avoir un avant un moment. A ne garder qu'en dernier recours, donc.

Ce fut donc sur ce constat d'échec que je commençai à mâchouiller, réfléchissant encore à autre chose de préoccupant. Vu ma consommation d'énergie, il me restait environ 9 mois d'énergie, ce qui était peu... Je devais donc trouver une solution rapidement...

Et c'était alors que je mangeais qu'observant mon plat, j'eus l'illumination. Chlamydomonas reinhardtii. Ce nom barbare désignait une algue extrêmement commune dans les eaux douces. Et qu'avait-elle de spécial ? Elle produisait de l'oxygène, si elle était alimentée en souffre. Il ne lui en fallait qu'un tout petit peu et le souffre présent naturellement, en faibles quantités, dans l'eau douce lui suffisait. Sauf que cette petite bestiole, si elle était privée de souffre, ne produisait plus d'oxygène... Et produisait à la place de l'hydrogène pur.
C'était bien moins efficace que l'électrolyse de l'eau de mer, mais c'était déjà un moyen existant, qui ne consommerait rien en plus. Ces saletés se nourrissaient des déchets et les eaux des égouts romains feraient l'affaire... Je pourrais probablement stimuler leur reproduction avec des produits bien choisis et générer à peu près l'équivalent d'une pile à hydrogène par semaine peut-être.

Intéressant... Peut-être étais-je sur le point de trouver une porte de sortie.

[Neera Aella]

[Katla Buskvej]

-Excuse-moi ...

Alors qu'une voix s'élevait, non loin de mon petit feu de camp, je relevai la tête et observai la nouvelle arrivante avec les yeux grand ouverts et la bouche pleine.

- Hmfrc'mhfmrlmaghmfli ?

Non, c'était vraiment pas pratique. Je décidai donc de finir de mâchouiller, avec un air un brin blasé, tout en pointant du doigt ma mâchoire occupée, avant de finalement avaler ma tambouille et réessayer. Le résultat serait sûrement plus civilisé.

- Ben dis donc choupette, comment t'as fini ici ?

J'observai l'arrivante plus en détails, alors que je mettait ma bouffe de côté. Son apparence était intéressante... Son masque aussi, d'ailleurs. Et ses cheveux. Et ses yeux. J'aimais bien les allures qui sortaient de l'ordinaire. Allez savoir pourquoi, j'étais attirée par les allures un peu étranges comme un papillon est attiré par une lampe à UV. C'est instantané, j'y peux rien.

Mais avant de lui demander son numéro de téléphone, il me sembla judicieux de lui proposer de se réchauffer vu qu'elle avait l'air trempée et gelée. Puis accessoirement, il faudrait aussi que j'invente le téléphone, en fait.

- Hmm, nan nan, viens. Mais c'est quand même pas l'heure rêvée pour se baigner...

La laissant venir, alors que je lui tendais la terrine de poisson, je haussai un sourcil avant de demander d'un air mi-perplexe mi-curieux :

- C'est quoi, cette idée d'aller dans l'eau gelée en costume de soirée dansante ? Une sorte de bizutage ? Chez nous en bizutage des fois on forçait les types à dire des conneries pendant leurs discours, ce genre de choses. Par exemple, y'en a un, en parlant d'un procédé de raffinement de l'helium, il devait utiliser un champ lexical lié à la cuisine, héhé, du coup...

Je m'interrompis, fronçant les sourcils, alors que je réalisais que mon interlocutrice ne devait pas piger grand chose à mes histoires, et que même si elle avait compris, elle n'en aurait sûrement pas eu grand chose à foutre.

- Oui, non c'est chiant. Enfin qu'est-ce-qu'il s'est passé du coup, si ce n'est pas indiscret ?

[Neera Aella]

[Katla Buskvej]

Ma réaction semblait la faire rire... Au fond ça se comprenait. Ils ne devaient pas se marrer tous les jours, par ici, mon côté très disons... "Détendu" devait les surprendre. J'eus en tous cas un petit sourire amusé, quand elle déclara que les thermes étaient fermés. De l'humour, bien, c'est preuve de bonne santé ! Elle refusa en tout cas la terrine, çe qui me fit hausser les épaules avec un air un brin déçu... Même si je devais avouer que je comprenais. Moi-même je n'étais pas totalement convaincue ! La mayo n'était pas super convaincante et l'imitation de poivre que j'avais utilisée ne faisait pas tellement le même effet...

C'était pourtant censé être un plat plutôt raffiné, mais bon, ce serait pour une autre fois, manifestement. Elle finit en tout cas par cracher qui elle était, clamant qu'elle était une voleuse. Hé ben m'a grande, t'as pas peur toi ! Elle conclut en demandant ma discrétion, je me contentai de hausser les épaules en répondant d'un air nonchalant :

- D'acc, j'dirai rien promis. Mais subitement, je manquai de m'étouffer alors que je mangeais, me mettant à rire. hmpfrkh ! Mon quoiiii ? Nan mais sans rire, ces histoires de maître faut arrêter un peu, c'est pas parce que Caius à raconté des conneries que lesdites conneries sont vraies, hein...

Je grommelai un peu, manifestement cette histoire de moi androïde au service du "demi dieu" ne me plaisait pas du tout. Il ne m'avait pas consultée à ce sujet en plus... Puis sa future femme était une frustrée qui compensait en s'en prenant aux femmes plus belles, sensuelles, délicates et magnifiques qu'elle. Vala. D'abord. Nananère. Pouete. Bisque bisque rage.
Sur cet instant bref mais intense d'immaturité, je repris :

- En fait donc, si j'ai bien compris, je suis face à une sorte de Robin des bois ! Je réalisai alors qu'elle ne connaissait peut-être pas, et précisai : C'est un ancien héros littéraire, d'il y à plus ou moins 1800 ans, qui volait aux riches pour donner aux pauvres.

J'observais la statuette en or massif, avec un air intrigué. Manifestement, elle avait réussi à piquer un beau morceau, c'était assez surprenant. Pas étonnant qu'elle ait la garde aux miches. Mais j'aimais bien sa référence ironique aux dieux qui n'avaient pas besoin d'or. J'affichai un petit air goguenard en ajoutant :

- Quant aux dieux, je les ai vus ces glandouillosses et ils semblent se nourrir de leur propre vanité, et non pas d'or. Là, pour se la jouer ils sont forts, pas de doute tiens ! conclus-je avec un sourire amusé.

[Neera Aella]

[Katla Buskvej]

- Atterri ! HAHA ! Atterri ! Hé bien, je suis justement arrivée comme ça, en atterrissant ! ricanai-je avant de prendre une autre bouchée de terrine de poisson.

Hmm... Elle aurait été mieux avec de la baudroie peut-être. C'est un poisson vraiment moche, mais avec un très bon goût, tiens. Peut-être y'en a-t-il dans les mers du sud ? Il faudrait que je pose la question à un pêcheur, à l'occasion. En tout cas le premier type à avoir tenté de manger cette espèce de poisson horrible devait vraiment avoir faim... Même si, avec le recul, c'était une très bonne idée. Au fond, une des devises culinaires de la Citadelle est : "Si ce n'est pas toxique, ça se mange.".

Mais je sortis de ces réflexions purement alimentaires pour revenir à mon interlocutrice. Ah, les questions classiques... Peut-être que je devrais écrire et imprimer une sorte de F.A.Q., sur des petites cartes, que je distribuerais aux gens. Ou alors faire une sorte de documentaire sur la tablette, que je pourrais projeter aux curieux. Je haussai en tout cas les épaules avant de répondre :

- Je viens d'une ville située à environ 1800 kilomètres au nord d'ici, nommée Citadelle, tout simplement. Elle n'existe plus, maintenant. Tu as peut-être senti une explosion il y a à peu près trois mois, avec une lumière intense : c'est la Citadelle qui a explosé. On avait des technologies très avancées, on était capable de fabriquer des androïdes, de créer des machines volantes, et tout ça, mais on a eu quelques problèmes avec des voisins agressifs.

Je n'avais pas spécialement envie de revenir encore sur l'histoire de Kohr, je me contentai donc de conclure :

- Bref, je me suis échappée avant que tout ne prenne feu, grâce à une de ces machines volantes. Et j'ai fini par, justement, atterrir non-loin du corps expéditionnaire. Et c'est peu de temps après que les "dieux", dis-je en mimant les guillemets, sont apparus. Ils ont frimé pendant 15 minutes, puis cette bande de pyrophores ambulants a foutu le camp.

Ah, et il y avait la question épineuse de Caius...

- Quant à Caius, il a dit "laissez-moi parler" quand on est arrivés au Sénat, pour "me protéger". Et qu'a-t-il fait pour "me protéger" ? Hé bien il a tué des sénateurs, il a ruiné la moitié du sénat, puis il a dit que j'étais de son côté. Merci pour l'aide, grâce à lui la moitié de Rome veut me tuer maintenant ! Je me suis déjà faite attaquer deux fois dans la rue ! Tout ça pour prendre le pouvoir à ce Mettius là... Pff.. Honnêtement, je connais l'histoire de l'humanité et il n'est pas sûr que Caius serait mieux que Mettius... Probablement pire, même..

Je soupirai longuement, l'air très clairement énervée par cette situation.

- Caius et Mettius c'est le même modèle général. Mettius est juste un bon menteur et politicien, quant à Caius, il joue sur son statut de "demi-dieu", soi-disant fils de Neptune. Entre nous, pour moi, l'idéal c'est qu'aucun des deux ne gagne. Pour le moment, je m'assure que ni Mettius ni Caius n'aient de problèmes, et que ni l'un ni l'autre ne prenne trop d'influence. Je m'approchai alors, disant d'un ton plus "confidentiel" : Parce que hé ! Tant qu'ils se tapent dessus entre eux, tu vois... Ils viennent pas me gonfler ! Par contre...

Je repris normalement, soupirant longuement et faisant clairement la tronche.

- Si Mettius gagne, il va vouloir se servir de moi pour ses intérêts et va me foutre la pression dessus au niveau politique. Et si Caius gagne, il va "m'ordonner" de le servir, par la force en utilisant la religion et ses soldats. Du coup, tant qu'ils s'occupent l'un-l'autre ça me convient. Je n'ai pas encore les moyens de me défendre contre eux... soupirai-je. Pour l'instant donc, je suis vulnérable, donc le fait qu'ils se tapent entre eux et m'oublient m'arrange pas mal.

Après quelques secondes, je haussai un sourcil, demandant avec l'air le plus sérieux du monde :

- Sinon c'était quoi déjà la question ?

[Neera Aella]

[Katla Buskvej]

Mon étrange interlocutrice masquée évoqua le fait que personne n'était pire que Mettius. Manifestement, elle avait une certaine hostilité envers lui, vu sa réaction. L'ordinateur de combat calculait machinalement des dizaines d'éléments, notamment le stress des personnes alentours pour estimer la probabilité qu'ils ne deviennent agressifs... Et ici la machine indiquait une forme de stress chez l'étrange Robine des bois. Peut-être faudrait-il que j'évite le sujet...

Je haussai finalement les épaules, pendant qu'elle semblait réfléchir à ma question... qui demandait ce qu'était la question. Vu qu'elle semblait en train d'elle aussi tenter de se remémorer la question d'origine, j'en profitai pour répondre à sa question concernant la Citadelle. Décidément... Ça en faisait des questions, c'était vite confus surtout pour quelqu'un avec une capacité d'attention aussi limitée que la mienne.

- Sinon pour les gens de chez moi, j'ignore s'il y a des survivants. J'ai tenté de les contacter, on verra d'ici 3 semaines s'il y a encore quelqu'un.

Je la laissai ensuite finir de réfléchir, tout en réalisant qu'en fait, j'avais au contraire une très importante capacité d'attention... C'était étrange que mon esprit vagabonde aussi facilement... J'avais quand même parfois passé plus de 10 heures de suite sur un seul et même projet, totalement théorique, fait de pages entières de chiffres et de calculs abscons et déprimants, alors pourquoi étais-je incapable de me rappeler d'une bête question ?

La réponse me vint assez vite alors que je réalisais ce que je fixais depuis une bonne vingtaine de secondes : son fessier. Voilà pourquoi mes pauvres neurones ne coopéraient pas ! Il faudrait que je trouve une occasion de m'envoyer en l'air, tiens. On parlait dans les livres d'histoire et dans les films de la "décadence romaine", il devait y avoir des orgies partout ici, du coup, nan ? Mais après une brève réflexion, je réalisai que c'était probablement parce que les films en question étaient des pornos, et donc pas nécessairement une représentation précise de la réalité. Cette réalisation fut un moment très triste de mon existence. Mais le choc passa assez vite, vu que Neera répétait la question qui m'avait posé tant de problèmes existentiels :

- Heiiin ? répondis-je avec un air surpris, comme si je n'écoutais pas. Ah, oui, d'où je viens, je l'ai dit, comment je suis arrivée là je l'ai dit, et ce que je fais avec Caius... Je sais pas trop.

Elle avait aussi demandé si je protégeais Mettius... Dans un sens, oui, et dans un sens, non, ça dépendrait pas mal de ce qu'il ferait ou de la situation dans laquelle il se retrouverait.

- Enfin, j'étais avec lui car il était meneur de l'expédition et qu'il avait promis de m'aider. Depuis qu'il m'a prise pour une imbécile, je suis seule, je vis dans le coin en général. Après, concernant Mettius... Je haussai les épaules négligemment. Qu'il se fasse tuer me pourrirait la vie, donc oui, si je vois que quelqu'un tente de le tuer je vais le protéger. Mais mon but, c'est surtout que ni Caius ni Mettius ne "gagne". La mort de Caius me causerait autant d'emmerdements que la mort de Mettius. Et si Mettius perd toute crédibilité politique, c'est le même résultat. Et si Caius perd toute crédibilité politique, c'est le même résultat. Mon but c'est vraiment qu'ils restent aussi puissants l'un que l'autre, et vivants tous les deux, pendant... je dirais au moins un an, conclus-je avec un petit sourire.

Terminant la terrine, que je mâchouillais avec un air très content, j'ajoutai :

- Hmpf'après cha, y mhftont bien ch'qu'y veulent. Avalant la bouchée, je repris : J'aurai les moyens de me débrouiller contre les deux. Mais comme je disais... Je pense que Caius est plus dangereux, parce qu'il est persuadé de tout coeur et de toute son âme qu'il a raison. Mettius est une pourriture manifestement, mais il me semble être de ces types qui sont mauvais parce qu'ils veulent le pouvoir. Il sait qu'il veut le pouvoir, et il sait qu'il est mauvais, et il l'assume... Mais du coup il est prêt à faire des compromis pour garder ce pouvoir. Caius, lui, est persuadé d'être un demi-dieu, messager du destin, et il serait sûrement prêt à brûler Rome et tuer femmes et enfants pour défendre sa religion. La planète a été détruite par des gens comme lui, le désert dehors montre bien les dégâts qui peuvent être faits par ce genre de mentalité.

A la fin de ma tirade, j'examinai le plat dans lequel se trouvait du poisson il y a peu, affichant un air de chaton triste, comme si le faire pourrait magiquement reremplir la gamelle. Mais vu qu'elle restait désespérément vide, je la reposai et soupirai longuement. J'avais encore la dalle. Ce système digestif de combat risquait fort d'être une vraie source de problèmes.

- Ah, oui, je venais de me dire que je devais éviter de parler de Mettius, il y a 1 minute, pour éviter de vous foutre en rogne. J'avais oublié, ajoutai-je finalement. Ces soucis d'attention risquaient de très rapidement me poser de sérieux problèmes...

[Neera Aella]