[E5] Le Ludus Tempus.

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

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Messagepar Taurus Antonius le 08 Avril 2013, 19:03

Quelqu’un l’avait acheté, mais il ne savait pas qui. Et à dire vrai, ici et maintenant, peu lui importait.
Peut-être cette jeune femme qui l’avait longuement regardé et avait discuté avec le marchand ou bien cet homme richement vêtu qui ressemblait à un combattant, peut-être un ancien gladiateur ou un ancien soldat de la garnison…
On l’avait amené aux bains et il y était resté assez longtemps pour avoir le temps de se laver et de réfléchir à sa situation, chose qui n’avait pas généré chez lui des transports d’allégresse.
Gladiateur…
Il était entré dans l’eau fraîche et verte émeraude, seulement vêtu de ses cheveux cuivrés. Il n’avait pu réprimer un léger grognement de contentement quand l’exquis liquide avait caressé chaque centimètre carré de sa peau que le soleil avait du mal à mordre. Il avait marché un moment sur le sol un peu glissant avant de s’immerger tout à fait quelques instants assez longs pour être à bout de souffle et obligé de remonter dans une tempête de gouttes d’eau irisées.
Et puis il avait fait des clapotis du bout des doigts sur la surface de l’eau. C’était un jeu auquel il se livrait souvent en compagnie de sa petite maîtresse que le contact avec l’eau soulageait quelque peu de ses souffrances.
Ces jeux d’enfants, celui-ci comme d’autres, il ne parvenait pas à les retirer de sa tête même si Juvenia était morte depuis de nombreuses années, trop pour qu’il puisse les compter car c’était bien plus que les doigts de ses deux mains. Il s’y réfugiait volontiers quand sa vie lui faisait mal ; ils agissaient sur son corps et son esprit comme autant de douces médecines.
Il s’était pris à se demander combien de temps ces réminiscences du passé allaient pouvoir survivre à la vie qui se présentait à lui.
Cette vie allait elle faire de lui un homme nouveau ?
Una partie de lui voulait savoir tandis que l’autre la refusait avec véhémence.

La fraîcheur du lieu ayant fini par dessiner sur sa peau d’albâtre d’imperceptibles petits monts de chair, il était sorti de l’eau pour se frotter le corps et les cheveux avec un mélange de graisse et de cendres parfumées qui se trouvait dans un bassin à côté d’un vêtement plié en deux. Pour finir Il s’était rincé avec une grosse éponge et de l’eau du bain.
Tous ces gestes il les avait vu faire tant de fois et il les avait tant pratiqués sur Juvenia qu’ils lui étaient naturels. Taurus aimait être propre même s’il aimait que sa peau sentît l’odeur poivrée des chevaux et non celle des onguents de toilette qui le plus souvent le faisaient éternuer...

Maintenant il traversait le ludus en compagnie d’un homme borgne qui s’était présenté à lui comme Cletus Segundus, l’un des doctores du ludus .

Je suis là pour faire de toi un combattant. Je sais ce que tu as fait et je sais que je dois faire attention mais j’en ai brisé des plus forts et des plus malins que toi !!

Il fit dans l’air le geste de quelqu’un qui brise une branche ou un os.

Taurus le regarda incrédule. Il ne devait certainement pas parler de la mort accidentelle de la Domina Antonius ?
Le regard gris posé sur l’homme au visage bazané et ridé un peu par les ans fit sourire ce dernier.

Tu sais que je sais, comme cela, nous partons sur un bon pied.
Ils passèrent devant un groupe d’hommes dont les tenues ne laissaient pas planer le doute et qui finissaient leur repas de bouillie d’orge. Des gladiateurs, ses futurs compagnons d’armes, ceux qui allaient partager son quotidien.
Et hélas, son intimité…

« C’est toi le cul-terreux ? « fit une voix

« Viens donc par ici que je vérifie s’il est aussi terreux que ça ton derrière mon mignon ! » fit une autre , moqueuse, qui rajouta un petit bruit évocateur.

Si Taurus avait relevé les yeux qu’il avait baissés au sol à la première remarque, il aurait aussi pu constater que la voix était dotée d’un gestuel prometteur.
Des éclats de rire fusèrent mais ils se turent instantanément sur un grognement du doctore.

Vous avez fini votre repas ?!!! Alors au travail !

Et comme l’un des gladiateurs reprenait son écuelle, l’homme la lui fit voler d’un coup de pied.

Tu as compris ? ! ,Au travail ! Tu mangeras mieux ce soir ! aboya t-il.

Privés de ce qui restait de leur vulgus, les hommes s’en furent par un couloir. Alors Cletus Segundus se tourna vers Taurus et son œil unique, d’un noir profond, se vissa dans le regard gris de l’androïde.

Et toi , ne vas pas croire que j’ai fait ça pour te sauver la mise ! Qu’ils goûtent de ton cul ou qu’ils te démolissent m’est complètement égal du moment que ça ne vient pas perturber mon sommeil ! Il n’y a pas de place pour les perdants ici, n’oublie jamais ça !

Il lui montra une cellule.

Voilà, c’est là que tu vas vivre à partir de maintenant. Tu n’as pas le droit de sortir du ludus sans autorisation et je ne suis pas prêt de t’en accorder une. Si tu désobéis pour aller voir une traînée ou pour aller te saouler, arranges toi pour que je ne l’apprenne pas sinon tu n’auras plus un centimètre de peau sur le dos pour pouvoir t’allonger . Tu es prévenu ! Taurus …

Il ricanna.

Taurus…On va bien voir si tu es un taureau ou juste un bœuf.

Cette phrase dite, il le planta là. Taurus entra dans la cellule, regarda autour de lui. Un grabat de paille posé au sol, un pichet de terre et une écuelle.
Au moins il ne serait pas encombré par le mobilier lui à qui il arrivait d'être si maladroit avec tout ce qui se cassait.
Dernière édition par Taurus Antonius le 11 Avril 2013, 15:43, édité 1 fois.
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Re: Le Ludus Tempus.

Messagepar Isaac Vibius le 09 Avril 2013, 20:58

La jeune femme observe la bâtisse imposante qui s'élève devant elle. Bien sûr elle a déjà eu l'occasion d'assister aux combats et aux jeux. Quiconque n'a jamais mis les pieds dans ces tribunes ne peut prétendre être romain. Elle n'a jamais pénétré dans les coulisses par contre. Cette fois elle a une bonne raison de le faire bien que l'idée de se trouver dans un endroit bourré de testostérone ne l'enchante pas outre mesure. Elle y voit comme toujours l'occasion de satisfaire sa curiosité qui finira bien un jour par la perdre. De toute façon Isaa est désormais nourrie d'une force nouvelle, une assurance inébranlable que nul ne saurait lui arracher. Elle ne marche pas, elle vole presque. Elle toujours si souriante l'est encore plus et l'air qu'elle arbore est tout à fait reconnaissable. Vêtue comme à l'accoutumée d'une robe de lin toute simple, elle emporte avec elle un sac en tissu passé en bandoulière. S'arrêtant devant l'entrée du ludus, elle vérifie être au bon endroit puis s'adresse à l'un des gardes, disons plutôt au molosse.

- Bonjour, je voudrais parler à l'un des gladiateurs s'il vous plaît. Il...
- Personne n'passe ici sans payer l'droit d'entrée.
- Vous m'avez mal comprise je crois, je voudrais juste parler à...
- Qu'tu causes ou qu'tu fasses c'qui t'chante c'est le mêm'prix p'tite.

Les lèvres de la romaine se tordent en une moue. Un instant son tempérament impétueux lui dicte de rentrer dans le lard de cet individu aussi aimable que les geôles du tribunal. Finalement elle décide que ce sera une perte de temps. Il y a fort à parier que ces messieurs savent manier la lame bien mieux qu'elle, ils sont deux et n'entendront pas raison. Après un soupir, elle extirpe une bourse en cuir de sa besace et tend la somme exigée. La grosse paluche s'en saisit, lui arrachant presque la pièce.

- T'fais pas ma mignonne, y vont t'en donner pour ton argent.

Avant que la demoiselle ait eu le temps de lui exprimer ce qu'elle pense de ses manières, la lourde porte en fer grince sur ses gonds. L'individu la pousse à l'intérieur d'un long couloir crasseux.

- Un p'tit conseil, ceux là c'pas des tendres. T'ferais mieux de pas trop les asticoter. Pour c'que t'as payé on rembourse pas les bobos. Mais c'sont d'vrais mâles, t'seras pas déçue si t'veux d'la viande et du muscle.
- Je ne sais pas ce que vous vous imaginez, je suis juste ve...
- Ouais ouais, j'connais la rengaine.

Cet homme commence de plus en plus à lui déplaire. Néanmoins son attention est attirée par une poignée de gardes et de gladiateurs qui commentent sa venue par des sobriquets et des sifflements loin d'être poétiques. Isaa se demande depuis combien de temps certains sont là et surtout combien sans toucher une femme. L'idée lui fait froid dans le dos et elle regrette presque aussitôt d'avoir menti à Guido. Sa présence à ses côtés aurait eu quelque chose de rassurant. Et que penserait Alpharius en la sachant ici ? Enfin une Vibius ne se dérobe pas face à son devoir et elle ne se laisse pas non plus aveuglée par la peur. Ils arrivent finalement devant une porte. Le garde fait jouer la clef dans la serrure, nouveau grincement quand il l'ouvre.

- J'crois qu'il a tué personne c'ui-là.

Devant le sourire édenté qu'il lui offre, elle se demande s'il ne dit pas cela volontairement pour l'effrayer. Elle n'a pas le temps de s'en assurer vu qu'il la pousse à nouveau sans ménagement à l'intérieur.

- Vous êtes sûr que c'est l'homme que je voulais voir ?
- On choisit pas. S'y t'fait du mal crie, j'serais pas loin. Puis à l'adresse de celui qui se trouve dans le fond de la cellule : Donne lui en pour son argent à la p 'tite et l'abîme pas trop.

Isaa n'a pas le temps de réagir, la porte se referme brutalement et un nouveau coup de clef la verrouille. Sentant l'angoisse l'étreindre, elle se retourne et se plaque dos à la porte. Son regard se pose sur le « prisonnier ». Ses traits sont assez juvéniles, presque innocents.

- Bonjour et navrée de troubler votre euh... Repos ? Il y a méprise, je ne suis pas du tout venue ici pour... Enfin je ne désire pas que nous... Non pas que vous soyez repoussant loin de là, je ne veux pas vous offusquer. Simplement mon cœur appartient déjà à quelqu'un et je suis fidèle.

Elle soupire, consciente de combien ses explications doivent sembler embrouillées.

- C'est tout de même fort en pommes cette histoire, moi je voulais juste parler à un homme qui selon mes informations se trouve ici. Il est gladiateur comme vous. Sauf qu'on m'a à peine laissé l'occasion d'exprimer ma requête.
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Re: Le Ludus Tempus.

Messagepar Taurus Antonius le 11 Avril 2013, 22:45

Outre la porte de bois maculée de diverses denrées éclatées en fines couches desséchées et qui donnait sur un couloir de briques nues ouvert à chaque bout, la cellule, son nouveau logis, était percé une fenêtre. Une fenêtre agrémentée de barreaux et qui ne devait pas mesurer plus d’une coudée de large sur une une coudée et demie de haut, probablement pour que celui capable de venir à bout des barreaux ne puisse prendre par là la file de l’air.
Il n’y rentrait pas le soleil ou la lumière bien longtemps puisqu’elle faisait face à un mur dont elle n’était séparée que d’une perche. Ce fut néanmoins sous cette ouverture que l’androïde traîna son grabat, souhaitant plus que tout profiter du peu de luminosité qu’elle avait à offrir.

Un plus que frugal repas d’une écuelle de bouillie à peine tiède, d’un morceau de pain et de quelques figues sèches lui fut apporté par un vieux (ou était ce une vieille) qu’il engloutit sans en laisser une miette. Si Papinius le garçon d’écurie de la ferme Antonius était venu dans ce ludus il y avait fort à parier qu’il aurait cessé d’envier le sort des gladiateurs, riches de gloire et couverts de femmes qu’on avait eut la bêtise de lui dépeindre…
Comment pouvait-on être vaillant au combat, réactif, rapide et incisif le ventre vide ?

Il remâchait ce genre de pensées quand la porte de sa cellule s’ouvrit toute grande et qu’une jeune femme fut poussée à l’intérieur, sans ménagement aucun.
Il resta un court instant la bouche ouverte et la mâchoire inférieure tombante à cette soudaine incursion dans son microcosme . Puis ce furent ses yeux gris qui s’ouvrirent tout grand de stupeur, grand comme des écuelles tandis qu’il avalait péniblement un fond de salive.
Par chance il n’avait absolument pas conscience à quel point il avait l’air d’un benêt à ce moment là. Cette fois comme toutes les autres fois d’ailleurs…

Il comprit à ses paroles outrées et à la manière dont elle plaquait son dos contre la porte, cherchant à mettre entre eux deux le plus de distance possible, qu’elle n’avait pas prévu de se retrouver là.

Il savait que s’il avançait d’un pas ou faisait un geste brusque, elle allait se mettre à hurler. Ce fut pourquoi il ne bougea pas de sa place et leva les deux mains lentement en signe d’apaisement.
Par contre, il ne savait pas trop quoi répondre à la volée de mots qu’elle venait de lâcher. En quelques secondes, il avait apprit qu’elle ne le trouvait pas repoussant mais qu’elle ne le désirait pas, ce qui n’était pas forcément illogique, et que son cœur appartenait à quelqu’un.
Son nom et la raison de sa présence dans cette cellule lui auraient probablement été plus utiles que tout cet étalage de faits mais il admettait volontiers que se retrouver seule dans un endroit clos en compagnie d’un homme que l’on ne connaissait pas devait probablement jouer un rôle dans le babillage de la jeune femme.

Ce fut alors que lui revinrent en mémoire les mots du gardien.
« Donne lui en pour son argent à la p’tite et l’abîme pas trop ». De quel argent parlait-il et pourquoi aurait-il pu l’abîmer ? Lucia Fulvius était la seule humaine qu’il eût jamais abîmée et il ne l’avait même pas fait exprès !
Tout le ludus était-il au courant de cette malheureuse histoire ? On lui amenait des femmes pour qu’il les gifle ? Non ?

Ce n’était pas clair dans son esprit le pourquoi de la venue de cette jeune femme. Haussant les sourcils il prit le temps de la regarder. Il n’y connaissait pas grand-chose en femmes, pour ne pas dire rien du tout , mais celle-ci lui semblait jolie. A ce que la luminosité imparfaite de la pièce lui permettait de voir
.Fragile aussi mais peut-être était ce parce que son imposante stature lui avait donné au fil des ans la sensation que, comparées à lui, les femmes étaient des êtres fragiles et vulnérables.
Une belle jument.
Dans son esprit c’était un compliment car il aimait beaucoup les chevaux qui le lui rendaient.

Ses vêtements étaient de bonne facture, sans sophistication qui la fît ressembler à une poule de luxe comme feu sa dernière maîtresse, son visage pour l’heure marqué par un mélange de peur et de frustration semblait particulièrement avenant.
Il renifla l’air de la cellule et trouva que l’odeur de sa peau le rendait un peu plus acceptable.
Bref, même s’il n’y connaissait rien en femmes, il n’entendait absolument pas faire le moindre tort à celle-ci.

« N’ayez pas peur » dit-il de cette voix grave et douce qui avait été mise au point pour rassurer une enfant rendue infiniment fragile par la maladie

« Je vais appeler pour qu’ils viennent vous ouvrir. Je suis là depuis peu et je ne connais pas les autres gladiateurs «

Il baissa la tête puis la releva , posant sur la jeune femme un regard d’une grande douceur.

« Je suis désolé, je ne comprends pas bien pourquoi ils vous ont fait entrer ici ».

Non. Il n'entrevoyait même pas, cet innocent, que ce fut pour ce qui attirait les femmes chez les gladiateurs, symboles suprêmes de la virilité à l'état brut : le sexe !!
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Re: Le Ludus Tempus.

Messagepar Isaac Vibius le 12 Avril 2013, 12:17

Isaa examine rapidement celui qui lui fait face. Son esprit logique et aiguisé estime qu'il ne semble pas être une menace. Elle écoute le plus souvent sa raison et ne lâche pas la bride à ses émotions. Finalement elle se sent presque plus rassurée dans cette cellule avec cet inconnu que dans le couloir soumise aux regards des hommes qu'elle a croisé. Le seul inconvénient est que ce n'est pas lui qu'elle est venue trouver. Elle lui sourit de cet air si sincère et joyeux qui la caractérise.

- Non, je n'ai pas peur. Je ne peux nier que je suis entrée ici avec une certaine appréhension néanmoins je vois bien que vous ne me voulez pas de mal.

Elle l’observe un peu mieux. Il a dans ses traits et son attitude quelque chose de... désarmant. Si l'innocence pouvait s'incarner probablement qu'elle choisirait cet être là. Alors qu'elle n'est pas du tout venue dans ce but, la romaine souhaite prendre le temps de découvrir qui il est et ce qui l'a amené ici. De ce qu'elle sait, ceux qui deviennent gladiateurs le font par choix quelques fois, par obligation pour payer un crime ou par obéissance lorsqu'ils sont esclaves. Il a éveillé sa curiosité et elle aimerait découvrir son histoire. La question est alors comment l'y amener.

- Ne vous en faites pas, Je ne me suis même pas présentée, je suis Isaa Vibius. Vous dites que vous êtes arrivé ici depuis peu ? Qu'est ce qui a guidé vos pas jusqu'ici ?

Le regard de la romaine fait le tour de la pièce très étroite. Elle semble détendue à présent, plus du tout sur ses gardes. N'ayant pas vraiment été invitée à entrer par l'actuel occupant des lieux, elle s'interdit d'avancer. De toute façon l'endroit est réellement exigu et elle se retrouverait vite à écraser les orteils de ce pauvre homme qui n'avait rien demandé. Se rappelant la raison de sa présence, elle se dit que les chances sont maigres pour que ce gladiateur-ci connaisse celui qu'elle recherche. Les gardes ne sont pas très serviables et tenter sa chance ne coûte rien. Elle ouvre donc sa besace et en sort un carnet à la couverture noire. Elle cherche parmi les portraits et les esquisses le dernier réalisé qui représente un homme visiblement âgé, aux traits durs. Il a une cicatrice au dessus de l’œil. Isaa est plutôt douée pour le dessin, depuis petite. Cela lui sert beaucoup pour ses inventions.

- Je sais que vous n'êtes pas là depuis longtemps, malgré tout je voudrais que vous me disiez si vous avez croisé cet homme. Il s'appelle Benvolio.

Elle tend vers lui le carnet. Le portrait est sur la page de droite. Sur la gauche une autre esquisse représente un busard en plein vol avec en contrebas les fortifications de Rome. Un souvenir qu'elle a voulu graver. Les autres liés à ce jour important de sa vie sont dans un carnet plus personnel qui est précieusement caché dans son atelier.


- On m'a dit qu'il devait se trouver ici et j'aimerais m'entretenir avec lui. Ma famille a une dette envers lui que mon père n'a jamais pu honorer de son vivant. Je suis venue essayer de m'en acquitter.

La jeune femme laisse le temps à son interlocuteur de regarder le portrait, résistant difficilement à l'envie de lui poser les diverses questions qui lui viennent. Elle est consciente que sa présence n'est pas nécessairement désirée. Il y a peu de chances que l'argent qu'elle a versé revienne à celui censé payer de sa personne pour lui faire plaisir. D'ailleurs il est hors de question qu'elle obtienne ce genre de faveur, elle n'est pas là pour cela. Jamais elle ne laisserait un autre homme que celui qu'elle aime poser la main sur elle. Isaa ne souhaite pas non plus que le gladiateur se sente obligé de supporter sa présence à cause de ce qu'a dit l'autre homme en la faisant entrer.


- Si ma présence vous importune, je peux me retirer.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Taurus Antonius le 15 Avril 2013, 22:15

Comme elle se détendit et lui parla, Taurus se détendit également, laissant ses bras pendre le long de son corps, toujours indécis qu’il était de savoir quoi faire de ses mains.
Ainsi donc elle se nommait Isaa Vibius. Ce nom lui était totalement inconnu mais il fallait avouer qu’il avait passé les vingt dernières années de sa vie à pousser une roue à eau ou à défricher les champs pour l’exploitation de son maître. A ce régime pas étonnant qu’il ne connaisse personne…
Il songea à lui dire son nom mais une belle –et probablement noble- dame comme elle n’avait vraisemblablement rien à faire du nom d’un esclave gladiateur. Ce fut ce qu’il pensa et qui l’arrêta .
Pourtant elle le regardait.
Avec intérêt mais pas le genre d’intérêt qu’avait eu pour lui l’épouse de son précédent maître. Juste comme on regardait quelqu’un que l’on voyait pour la première fois et qui vous intriguait.
Il la laissa parler. Elle parlait bien, sans afficher le moindre mépris, presque d’égal à égal. Il se demanda si c’était une façon d’avoir pitié de lui.

Elle tira d’un sac des feuilles à dessin bien rangées et les lui montra. Plutôt elle lui montra un dessin, celui d’un homme au visage balafré. Il ne connaissait pas cet homme mais la qualité du dessin était telle qu’il l’aurait certainement reconnu de suite dans le cas contraire.

Hésitant, il s’approcha et saisit le carnet qu’elle lui tendait, l’air intimidé (et il l’était).
Le dessin, c’était à peu près la seule chose délicate qu’il fut capable de faire de ses grandes mains calleuses. Il n’en n’avait jamais parlé avec personne et surtout, il n’avait jamais rien montré à quiconque de ses travaux.

Non le visage de cet homme ne lui disait rien.
Il lui rendit son carnet en esquissant un sourire furtif et embarrassé avant de baisser la tête vers le sol.

"Je n’ai jamais vu cet homme Dame Vibius mais ce n’est pas si grand ici. Je suis arrivé avant-hier, mon précédent maître m’a vendu parce que je ne lui servait plus et j’ai été acheté comme gladiateur. "

Il la regarda discrètement. Il n’était certain de rien mais elle ressemblait plus ou moins à la femme qui avait parlé avec le marchand en le regardant. Plus ou moins, oui. Dire qu’il n’était pas vraiment physionomiste était un pléonasme.

"Je ne sais pas par qui mais j’imagine que c’est par le propriétaire d’un ludus".

Taurus était trop bourru pour dire à cette femme qu’il trouvait ses dessins inspirés, si vivants qu’on eût dit que les êtres représentés allaient sortir de la feuille. Qu’il dessinait lui aussi et qu’elle ne le dérangeait pas du tout.
Que même sa présence rendait momentanément sa semi captivité moins pénible à supporter
Il se contenta de soupirer ne sachant pas quoi faire ou quoi dire pour donner l’illusion d’une contenance et il se savait si balourd en verbe qu’il préférait mesurer pleinement chacun des mots qu’il disait.
D’ailleurs, s’il ne répondait pas à sa dernière question, c’était ce qu’elle allait faire, s’en aller…Enfin si elle le pouvait parce qu’il avait bien entendu le garde refermer la porte derrière. A clé.

"Je …non non ! Vous ne me dérangez pas !"
Bien sur il n’imaginait pas à cet instant que la présence de cette noble femme dans sa cellule allait lui attirer des quolibets en rangs serrés…

"Vous n’avez pas demandé cet homme que vous cherchez au garde "?
L’innocent. Il n’avait pas encore bien compris comment les choses fonctionnaient dans un ludus.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Isaac Vibius le 16 Avril 2013, 15:01

Elle s'attendait à ce que la réponse soit négative aussi n'est-elle pas surprise. Ce n'est pas bien grave, elle s'arrangera dès qu'elle sortira de cette cellule pour obtenir l'information qui l’intéresse. Quand Isaa s'est fixée un but, il est plus que difficile de tenter de l'empêcher d'y parvenir. Elle reprend donc son carnet, le referme et le range dans son sac. La jeune femme adresse un sourire doux à l'esclave comme pour lui exprimer que cela n'a pas d'importance.

- Tant pis, je questionnerai les gardes même si je dois monnayer l'information. Et appelez-moi Isaa, je ne suis pas une dame enfin... disons plutôt que je préfère la simplicité. Vous devez bien avoir un nom également.

Son sourire se fait un brin malicieux, en fait il s'agit d'avantage d'une invitation afin qu'il se présente à son tour. Elle n'est pas désespérément à cheval sur les règles de courtoisie contrairement à sa mère et ses sœurs aînées. Il est tout de même plus agréable de connaître le nom de son interlocuteur. Elle l'écoute lui parler très brièvement de ce qui l'a amené ici. Étrangement cela la renvoie à ses propres erreurs. Dans un passé pas si lointain, elle était la première à ramener les androïdes qui ne convenaient pas à ses recherches et travaux. Tout a changé maintenant qu'elle sait les défaillances de leurs plots et les conséquences que cela a sur eux. Elle ne porte plus le même regard. Du coup la romaine trouve navrant que son précédent propriétaire ce soit ainsi débarrassé de l'androïde. Sa curiosité en tous cas est loin d'être étanchée à son sujet. Puisqu'il ne semble pas pressé de la voir partir, tant pis pour lui. Il subira d'autres questions.


- Et que faisiez-vous chez cet ancien maître ? Comment prenez-vous ce nouveau sort qu'on vous a réservé ?

Ces interrogations peuvent sembler curieuses venant d'un humain pour un androïde. Isaa sait que certains sont capables d'avoir des émotions. Outre le fait que cela représente le moyen de savoir si c'est le cas pour celui-ci, elle s’intéresse réellement à ses réponses.

- Disons que les gardes ne m'ont pas laissé le temps de m'exprimer. J'ai cru comprendre que des femmes payaient pour profiter de la compagnie de certains esclaves, si vous voyez ce que je veux dire. En me voyant arrivé ils ont pensé que j'étais là dans le même but et je n'ai pas pu malgré mes tentatives les détromper. Voilà comment j'ai atterri ici. Enfin j'aurais pu tomber plus mal.


Elle lui adresse un nouveau sourire. Il est inutile suppose-t-elle de revenir sur le fait qu'elle n'a pas l'intention d'employer l'argent versé dans ce but-là. Ce qui la rassure c'est qu'il ne semble pas intéressé par la chose. Au moins elle n'aura pas à repousser ses avances. Il émane de lui cette forme d'innocence qu'elle a du mal à s'expliquer mais qui la touche en tous cas. On pourrait presque croire que quelqu'un a insufflé une âme d'enfant dans un corps d'homme.

- Ils seront bien obligés de m'écouter lorsque je sortirai d'ici. Ils m'ont eu par surprise à mon entrée, là je ne partirais pas sans ce que je suis venue chercher.

Aux intonation de sa voix, on devine toute sa détermination. Même si la demoiselle est plutôt facile à vivre et douce en apparence, elle peut se montrer redoutable si on la menace ou qu'on essaie de se jouer d'elle. Elle doit certainement cette qualité à son père. Nul autre que lui ne lui a appris à ne pas se laisser écraser indéfiniment les orteils. En voulant faire d'elle un fils, il lui a enseigné la combativité.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Taurus Antonius le 27 Avril 2013, 11:30

Ainsi, non seulement les gladiateurs se couvraient de gloire en combattant dans l’arène, s’attiraient l’intérêt des femmes mais en plus, ils gagnaient de l’argent à les…
Il ne comprenait pas très bien l’intérêt d’un tel marché sachant que les uns comme les autres n’avaient pas besoin d’en arriver là pour obtenir ce qu’ils voulaient.
Les riches patriciennes avaient pour habitude d’exiger et obtenir ce qu’elles exigeaient. Pourquoi payer ce qu’elles pourraient obtenir sans verser une pièce de bronze ? Pour avoir l’impression de s’offrir quelque chose que toutes les autres voulaient ?

Il avait peu l’expérience des femmes. Et la dernière qui lui avait offert de la lutiner, il lui avait rompu le cou.
Il pencha la tête sur le côté pour regarder Dame Vibius. Non, décidément, elle n’avait rien de commun avec feu sa maîtresse.

Elle avait l’air enjouée mais décidée. Juvenia elle aussi était enjouée. Elle était même drôle et sans à-priori. Peut-être serait-elle devenue une jolie femme comme celle qui était arrivée par erreur dans sa cellule…

"Avant d’être vendu, je poussais une roue pour sortir l’eau d’un puits et je travaillais dans les champs."

Mais elle ne cherchait probablement pas à ce qu’il lui racontât sa vie, juste à rendre ce moment d’intimité non souhaité un peu moins désagréable en alimentant une conversation. C’était vrai de dire que si elle comptait sur lui pour ça… !
Il se savait peu intelligent et pas très loquace non plus.

"Avant je gardais la fille de mon maître. Une petite fille de onze ans."

Il réalisa qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’en parler avec quelqu’un. C’était si loin, enfoui. Enfoui mais pas oublié.

Il regarda ailleurs, presque honteux d’aborder ce sujet.


"Elle est morte. Elle était malade, je ne pouvais rien faire. Après je ne servais plus à rien."

Rien faire que la regarder mourir. Personne n’avait rien pu faire. Toutes les prières, toutes les offrandes, tous les pouvoirs n’avaient servi à rien. Lui non plus d'ailleurs n'avait servi à rien...

Il devait la barber avec son passé.

"Excusez moi je n'ai pas été conçu pour avoir de la conversation."

Il serait violence car elle était la personne la plus aimable qu'il rencontrait depuis des éons.

"Alors les gladiateurs se font de l'argent en se...en...en vendant...euh..."

Il la regarda d'un air piteux. Parler de cela c'était encore plus difficile que le reste.

" Et ça ...je veux dire...combien coûte un moment avec un gladiateur, vous le savez ?"

Il se coucherait moins sot ce soir !
Dame Vibius lui avait bien dit qu'elle n'était pas là pour ça, du coup, elle allait peut-être mal prendre sa question...Aie trop tard...
Il lui jeta un pauvre sourire, un de ces sourires attendrissants.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Isaac Vibius le 08 Mai 2013, 17:56

Quitte à rester un peu dans cette pièce, la demoiselle songe que s'installer ne serait pas une mauvaise idée. L'endroit est petit et crasseux, ce n'est pas comme si elle était du genre délicate ou soucieuse de sa tenue. Aussi se laisse-t-elle simplement glisser vers le sol. Elle ramène ses pieds vers elle et entoure ses genoux de ses bras. Elle fixe l'homme avec douceur en l'écoutant parler. Son histoire est plutôt simple et un peu triste. Isaa a une moue chagrine en apprenant la perte de cette enfant. Aucun romain ne devrait mourir avant d'avoir vécu vraiment et atteint en âge avancé. Elle sourit un peu plus quand il évoque son manque de conversation.

- Ne vous en faites pas, on me dit souvent que je parle pour deux. A vous et moi on fait donc une bonne moyenne. Je regrette que la petite sur qui vous veilliez n'aie pas survécu à son mal. Enfin au moins là où elle se trouve elle ne souffre plus.

De cela la jeune femme est convaincue. Les enfants sont innocents par essence, leurs mânes sont forcément acceptées dans l'endroit le plus paisible de l'au-delà. Elle réfléchit à la question de l'androïde. Elle se rend vite compte qu'elle n'a aucune idée de la réponse. L'argent n'a pas particulièrement de valeur aux yeux de la romaine. Il sert à financer ses travaux surtout, c'est quasiment le seul intérêt qu'il possède à ses yeux. Elle a ce défaut qui la pousse à se désintéresser de tout ce qui est matériel. Il est fort probable que sans sa mère elle oublierait encore plus fréquemment de s'alimenter. Celle qui lui a donné la vie veille à ce qu'elle prenne au moins un repas par jour quitte à venir la chercher elle-même dans son atelier. Elle se charge également de lui acheter de nouvelles robes quand vient le moment de renouveler celles-ci.

-Je vous avouerai que je n'ai pas fait attention. J'ai tendu la première pièce qui m'est tombée sous la main. J'ignore combien cela peut se monnayer ici mais si vous voulez mon avis, je trouve révoltant l'idée que l'on puisse vendre ses charmes. Alors vendre ceux des autres...

Elle frissonne rien qu'à l'idée qu'on puisse lui imposer de faire l'amour avec un homme qu'elle n'a pas choisi.

- J'espère que l'on ne vous obligera pas à subir ce genre de choses. D'autant qu'à mon avis, c'est le propriétaire de ce Ludus qui amasse l'argent. Il en verse peut-être une partie aux gladiateurs, notez. Je ne suis pas au fait de ces pratiques. Je les découvre un peu comme vous.

Elle détaille à nouveau son air si innocent et pur. Cela éveille en elle une sorte d'instant protecteur. Les humains l'ont créé, l'ont utilisé, vendu puis abandonné là. Il allait à présent devoir combattre pour sa survie. Une idée saugrenue commence à naître sous sa frange brune.

- Vous ne m'avez pas répondu, comment vivez-vous ce nouveau revers de fortune ? L'idée de devenir gladiateur ne vous effraie-t-elle pas ?

Attendant sa réponse, Isaa joue avec les pans de sa robe, le quittant des yeux quelques instants. Bien qu'elle soit attentive à son interlocuteur, son esprit toujours très actif vagabonde un peu vers son amour, ses travaux et ce nouvel androïde dont elle fait la connaissance. Finalement elle repose sur lui ses prunelles sombres bien que joyeuses.

- Et comment se passent vos journée ici ? Je sais que vous êtes arrivé il y a deux jours mais vous devez déjà avoir goûté aux habitudes de l'endroit.

Sa curiosité comme toujours reprend le dessus. Elle songe à Guido, il a toujours refusé de lui parler de son passé. Selon lui il ne s'en souvient plus ou alors il se contente d'être vague.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Taurus Antonius le 09 Mai 2013, 00:07

Il avait hoché la tête sur un petit grognement inintelligible lorsqu’elle avait émis l’hypothèse que Juvenia ne souffrît plus là où son funeste destin l’avait amenée. Certes. Il s’était souvent consolé avec cette idée et aussi avec celle qu’elle ne deviendrait jamais comme la seconde épouse de son père car dans son esprit, qu’elle fût parvenue à pervertir cette enfant douce et rieuse était proprement insupportable. Il s’en voulait d’avoir une pensée aussi peu charitable car il aurait bien sur voulu qu’elle survécût à son enfer …
En fait elle était la seule femme qu’il eût jamais aimée. C’était singulier mais la vérité en son plus simple appareil.

Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle lui expliqua un peu , sans être toutefois absolument certaine de ce qu’elle avançait puisqu’elle ne s’intéressait pas à ces tristes manœuvres, que les hommes qui payaient de leurs corps pour contenter une femme ne voyaient jamais la couleur de l’argent.

Un « mais » monta dans sa gorge mais mourut sur le bord de ses lèvres en un léger soupir.
En effet , il espérait bien comme elle le lui souhaitait que jamais ce triste sort d’animal de compagnie ne lui advienne. Il n’était pas bien motivé par les affaires du sexe et son ustensile lui servait plus souvent à pisser qu’à autre chose même si – et il baissa la tête en y pensant – il lui arrivait de se donner manuellement un peu de satisfaction.
En de rares occasions.
Il avait beau avoir été conçu pour être une force de la nature, les heures de travaux des champs ou celles passées à pousser la roue ne lui avaient jamais laissé beaucoup d’heures de repos qui ne fussent accaparées par un sommeil réparateur. Du moins, c’était ce qu’il pensait de ces quelques heures où son corps prenait quelque repos.

Il réalisa qu’en effet il n’avait pas répondu entièrement à sa question et se trouvant tout soudain ridicule d’être debout à la dominer de sa stature de jeune géant alors qu’elle se trouvait assise quasiment à ses pieds, il s’appuya le dos au mur et se laissa glisser jusqu’à être assis sur ses talons.
Il était encore plus grand qu’elle , mais c’était tout de même moins embarrassant.
Du moins pour lui, car Dame Vibius ne semblait pas plus encombrée que cela par ce genre de choses.

Avec ce qu’il venait d’apprendre, l’idée lui vint, mais brièvement, que c’était peut-être sa manière à elle de se rendre désirable pour un homme…
Il la dévisagea longuement puis convint que ce n’était pas le cas.
Il y avait gros à parier que des femmes qui venaient pour se faire posséder par des gladiateurs, à même le sol de leurs cellules ou sur le grabat qui leur servait de lit ne devait pas avoir plus de conversation que son ancienne domina.
Le genre « viens ici, enlève ta tunique ou baise moi ».
Pas du tout les mots qu’employait dame Vibius.


Il se racla un peu la gorge. Elle allait certainement trouver qu’il était un idiot, ce en quoi il était admis qu’elle n’eût pas tout à fait tort…

"Il m’a vendu parce que je ne lui servais plus à rien"
C’était toujours mieux de passer pour un idiot que pour un assassin ! De deux maux il valait mieux opter pour le moindre.
Et puis si elle se renseignait sur lui, par simple curiosité, elle saurait toujours assez tôt pourquoi Antonius l’avait vendu.
Car il ne pouvait pas l’avoir vendu pour une autre raison que le meurtre accidentel de cette épouse à la cuisse légère, à la voix de marchande de poisson et au maquillage outrancier…
Bien sur il ne lui était jamais venu à l’esprit que son maître s’en soit débarrassé car il y avait des doutes sur l’intégrité de son plot puisque lui –même n’en n’avait pas et que jamais personne n’en n’avait fait mention en sa présence.

"J’aurai pu tomber plus mal" fit-il avec une grimace significative. " Je suis là comme gladiateur et non pour leur être livré, à eux ou aux bêtes sauvages de l’extérieur. J’ai une chance de vivre un peu plus longtemps qu’un androïde promis à la destruction. Je sais me battre, j’ai été créé pour protéger la petite de n’importe qui…ou de n’importe quoi."

Il n’en n’était évidement absolument pas conscient mais Taurus était une redoutable machine de combat avec un visage d’adolescent gracieux .
Et un cerveau qui l’était tout autant : c’était dire.
A la différence près qu’il n’avait jamais eu le loisir de se comporter comme un adolescent, ce qui lui laissait une longueur d’avance sur ceux qui auraient pu penser que c’était le cas.


Il avait tout dit en regardant le sol car il avait du mal à soutenir son regard pétillant, si agréablement vivant. Selon lui, oui, c’était une jolie femme, comme il l’avait déjà pensé.

Et ... ?

Il prit une bouffée d’air et croisa ses mains sur ses longues cuisses musclées que la courte tunique ne cachait pas vraiment dans la position où il se trouvait pour l’heure.

Et quand vous ne venez pas ici, vous faîtes quoi ?

Elle le mettait mal à l’aise d’un côté mais de l’autre, elle l’encourageait à parler et il ne trouvait pas désagréable de conserver avec elle. Juste que les mots ne lui venaient pas bien. En trente trois ans, il n’avait jamais demandé à quiconque ce qu’il faisait dans la vie.
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Re: [E5] Le Ludus Tempus.

Messagepar Isaac Vibius le 14 Mai 2013, 10:53

L'idée fait son petit bonhomme de chemin sous les jolies boucles brunes. Le gros défaut d'Isaa qui est aussi sans doute parmi ses plus grandes qualités est sa détermination. Quand elle a décidé quelque chose ou qu'elle le veut, rien ne semble assez fort pour se placer sur sa route. Elle n'est pas insensible au sort de cet androïde, loin de là. Tout naturellement elle a donc entrepris de le placer sous sa coupe. Pour cela il lui faudra remonter jusqu'à son propriétaire et en faire l'acquisition. Le seul problème est qu'elle n'a pas très envie d'agir contre la volonté du premier concerné. Elle ne veut pas non plus lui donner de faux espoirs au cas où son entreprise serait vaine. Et comme la romaine n'a pas l'habitude de tourner autour du pot, elle n'y va pas par quatre chemins.

-Je trouve bien triste que vous soyez condamné à croupir ici, oublié de tous. En outre, je ne pense pas que vous apprécierez beaucoup la prochaine fois qu'une dame franchira cette porte pour obtenir de vous ce qu'elle désire.

Elle le fixe de ses grands yeux, un sourire doux sur les lèvres.

-Alors je me suis dit que je pourrais faire votre acquisition, seulement si vous le désirez. Je vous garderais aussi libre que possible de vos actions. Si vous voulez demeurer un gladiateur vous en aurez la possibilité. Mais étant sous ma protection, nul ne pourra abuser de vous ou vous contraindre à quoi que ce soit. Et puis je pourrais m'arranger pour vous sortir de là une journée par semaine, voir deux. Je vous apprendrais des choses qui vous intéressent ou nous pourrions simplement nous balader, sortir de ce cachot pour des endroits plus agréables. Qu'en dites-vous ?

La jeune femme le laisse réagir à sa proposition, la mûrir. Elle ne lui impose pas quelque chose, elle offre juste une opportunité de rendre l'existence du gladiateur plus agréable. La maltraitance androïde n'est pas du tout dans sa nature. Au contraire, depuis qu'elle a découvert leurs émotions elle est devenue sensible à leur cause. Et puis Taurus a quelque chose de particulier qu'elle a envie de préserver, une sorte d'innocence.


-Je ne veux rien vous imposer, si votre sort vous convient libre à vous de refuser.

Elle sourit un peu plus et réfléchit à ce qu'il vient de lui apprendre. Elle a du mal à savoir s'il se sent bien dans le rôle qu'on lui a attribué. Peut-être qu'il ne le sait pas lui-même. Devenir gladiateur est une vocation pour certains, une punition pour d'autres.

-Enfin pour répondre à votre question d'un peu plus tôt, je suis une sorte d'inventeur, ingénieur... Je crée, je réinvente, j'imagine afin d'améliorer le quotidien des habitants de cette cité. En ce moment je travaille sur les protections de Rome ainsi que sur l'énergie éolienne.

Afin d'illustrer ses propos, elle sort un autre carnet à la couverture rouge cette fois. Elle l'ouvre à la page montrant les schémas d'éoliennes et décrivant l'énergie produite. Les dessins sont compréhensibles, les annotations un peu moins sans doute. Elle le tend à l'androïde en se penchant en avant.

-Voilà, et si vous tournez les pages vous verrez les dessins pour les nouvelles fortifications. Je ne suis pas seule à travailler sur ce second projet cependant. Avec le premier j'espère considérablement améliorer le système d'irrigations des cultures mais aussi certains travaux qui demandent une grande force. Il y a énormément de potentiel et de possibilités. Par contre revoir les défenses de la cité est un ouvrage d'envergure. Il va falloir énormément de fonds, de matériaux, de main d’œuvre. Obtenir l'aval du sénat ne sera pas simple. Enfin je ne suis pas certaine que cela vous intéresse. Il ne faut pas hésiter à m'interrompre je parle trop quand quelque chose me passionne. Il paraît que c'est un de mes gros défauts.


Isaa sourit à son interlocuteur avec malice.
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