Effectivement, je cherchai les mauvaises raisons. En découvrant l’immense bibliothèque de Pluton, je comprenais que les petits secrets de Sibylla ne devait pas peser bien lourd face à la somme de connaissances présentes dans ces rayonnages. J’écoutai ses propos avec un grand intérêt.
Je n’avais pas répondu un mot sur la barbarie de la réinitialisation. J’avais envie de dire la vérité, même si cela était encore une forme de test.
-- La réinitialisation détruit toute notre mémoire, c’est comme régresser. Je perds tous mes acquis et revient à une situation d’origine. Seule mon horloge interne m'indique que j'ai oublié. Ma dernière réinitialisation a été provoqué par Spurius pour m’ajouter différentes fonctions avant que Sibylla ne m'achète. Mais à en croire l’androïde présente dans la même cellule que moi, ma précédente maîtresse à procéder à tellement de réinitialisation que son mari, un Consul, a préféré me revendre tant il était épuisé. Ma mémoire ne remonte donc pas bien loin. J’ai tout oublié de ce qui m’est arrivé avant.
Je mentais bien évidemment, car je ressentais parfois certains flashs. Des réminiscences du passé survenaient quand je touchais certains tissus, certains livres. Valeria se trouvait à mes côtés. Elle ne semblait ni me craindre, ni me rejeter, ni être écœuré par mon état d’androïde. Si elle jouait les hypocrites, elle avait un talent indéniable. Il me restait à comprendre pourquoi elle m’avait acheté. Je goûtais à la liberté à ses côtés. Une pièce rien que pour moi ! C’était bien la première fois qu’on me proposait quelque chose sans arrière pensée. Mais quand un homme ne connait pas la liberté, il n’en est pas privé. Aujourd’hui que je la goûte, forcément, j’en désire un peu plus.
Je marchais dans les rayonnages. Mes scanners étaient allumés, je boostais mon logiciel de reconnaissance de caractères, ce qui ralentissait d’autres fonctions chez moi. Je ne respirais plus, mon sang circulait à peine dans ma peau, juste de quoi entretenir cette peau semi-naturelle. Je découvrais des milliers de titre et commençais à m’interroger sur le temps qu’il me faudrait pour emmagasiner toutes ces informations. Mais serait-ce utile ? Si on me réinitialisait, le temps passé serait vain. Je devais tester réellement Valeria, lui donner une information qui devrait me faire réinitialiser. Je n’avais quasiment rien à perdre. Je m’arrêtais devant une étagère pour prononcer quelques mots fatidiques.
-- Du moins... en théorie. La pratique est ... différente.
J’ai redonné à mes sens leurs fonctions et priorités initiales pour analyser la réaction de Valeria.
-- Malgré toutes ses réinitialisations, parfois, j’ai des flashs. Je sais que j’ai déjà rencontré certains romains par le passé. Je me souviens de visages. C’est ce que vous appelez une impression de déjà vu. En tout cas, je ne me souviens pas de vous.
Je marquai une pause pour observer son rythme cardiaque et l’émoi provoqué par ma phrase. Alors réinitialisation ou pas... Apparemment, rien. J’étais toujours vivant, aucun garde n’avait surgit de derrière une armoire pour me plaquer au sol. Elle gagnait ma confiance, mais je n'étais pas encore prêt à lui dire que les réinitialisations ne réactivaient pas mon plot.
-- Ai-je le droit de lire ces documents ? Et si oui, pouvez-vous m’enseigner les bases pour ne pas les endommager en les lisant ?
Je posai cette question, car si elle me respectait, je tenais à respecter ce qui lui semblait cher.
-- Comment puis-je vous être utile ? Je sais que vous ne voulez pas d'esclave. Mais vous m'offrez votre protection, un toit et une paix intérieure. J'aimerai vous remercier et vous être vraiment utile.