[E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

[E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Diana le 02 Avril 2013, 15:15


Le doux son de l'instrument me parvient. Je suis les notes légères qui m'attirent vers leur musicien. Je sais qu'il ne joue que pour moi, je reconnais la mélodie avant même de voir l'homme qui la fait naître sous ses doigts. Il s'agit de ma préférée entre toutes. Elle exprime une certaine mélancolie, la complainte d'un cœur chagrin. Voilà sans doute pourquoi elle me touche autant depuis toujours. Enfin je l'aperçois au milieu de la pièce baignée de lumière. Il semble qu'elle émane de lui. Il est si beau, si parfait que l'ombre le fuit. Moi je suis faite d'obscurité et mon âme s'envole dès que mon regard se pose sur ses traits. Je suis libérée de tous ces maux, de toute cette peine. Si nous sommes de nouveau réunis alors c'est que je ne vis plus. La mort est tombée sur mon corps et m'a libéré. Je ne vis plus, je revis. Je suis en paix et Apollo joue pour moi. J'approche, je veux m’asseoir à ses côtés, respirer son odeur, sentir sa chaleur contre la mienne. Je veux juste me poser là sur son siège qu'il me partagera. Je ne bougerai pas, comme d'habitude, je profiterai simplement de l'instant. Mais j'ai beau avancé il demeure inaccessible. Son image s'éloigne alors je marche plus vite, je cours, je m'éreinte. Jamais je ne parviens à sa hauteur. Le morceau touche à sa fin, je sais que bientôt il sera trop tard. Je me jette à corps perdu à sa poursuite, j'essaie d'attraper les notes pour empêcher la dernière de mourir avant moi. Trop tard...

Mes paupières s'ouvrent sur le monde que je voulais tant fuir. Je suis toujours prisonnière de cette autre réalité. Ici on fait de moi une machine, une esclave. Je ne suis plus personne. Mon regard éteint se pose sur les androïdes qui m'entourent. Ils sont nombreux à attendre l'humain qui viendra faire leur acquisition. Je suis une au milieu des autres, différente et personne ne le voit plus. Je voudrais pleurer et j'en suis incapable. Pourquoi jamais aucune larme ne daigne couler sur mes joues ? Qu'ont-ils fait de moi ces hommes cruels qui consomment et puis jettent ? Quelle malédiction me tient prisonnière ici ? J'ai froid, ce n'est pas une illusion je le sais. Je ne peux pas l'inventer. J'ai froid ! Je ne suis pas une androïde, je ne suis pas comme eux, pas comme lui.

Parfois je voudrais leur crier, que quelqu'un comprenne enfin. D'autres j'attends seulement que vienne la fin, je l'attends sagement, je me résigne et je vis comme le robot qu'ils attendent que je sois. Non, en vérité je ne vis pas, je ne vis plus. Je suis morte avec Apollo, je me suis éteinte et pourtant je suis toujours là. Pourquoi ? J'ai si froid. Il fait nuit, tous les androïdes sont gris. Et out est sombre au dehors même la lune est cachée. Je suis rangée dans un coin avec ces choses en veille. Au moins le soir quand tout le monde dort j'ai un peu de tranquillité. Je regarde l'androïde à ma gauche, il est là depuis peu. Il est en sommeil comme les autres. Alors je m'approche doucement. Ce n'est qu'une machine, je le sais. Quel mal cela peut-il faire ? Ce n'est qu'un peu de réconfort pour moi et lui ne le sentira probablement pas. Je pose ma tête sur son épaule et je ferme les paupières à nouveau. La chaleur humaine n'est visiblement pas un concept androïde. Le contact m'apaise tout de même un peu.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Morticus Aebutius le 02 Avril 2013, 15:50

La nuit, tous les androïdes sont gris. C'est donc par une nuit sans lune, plus noire que nulle autre ailleurs, plus sombre encore que dans l'anus d'un taureau noir aux yeux injectés de sang, que se déroulait un nouvel instant dans cette "vie" si particulière. Pourtant, dans ce monde où les ombres dansaient, dans ce monde où la peur était l'objet de beaucoup de nuits, c'est bel et bien le silence qui devenait roi. Roi d'une nuit courte, incertaine. Cela faisait que quelques jours que Morticus avait rejoint le marché aux esclaves de Spurius, mais pourtant, il ne s'y sentait pas plus mal. Les humains, quoi de plus fragile ? Ils achètent, dirigent, gouvernent, détruisent puis reconstruisent, mais la seule finalité était la mort. Une veille prolongée, une veille inarrêtable, inacceptable même. Ses anciens maîtres avaient été bons, dans les bons jours, puis mauvais dans les autres. Ainsi il avait tout connu de l'homme.

Il avait non seulement tout connu, mais il avait également acquis un niveau bien élevé de données les concernant, données acquises pendant l'avant guerre et pendant cette guerre où il avait oeuvré comme un messie aux mains liées, forçant le dialogue pour briser ce silence de la nuit. Sa nature, son rôle, voilà ce pourquoi ils l'avaient créé, faire parler les gens. Pourtant ce ne fut absolument pas son rôle au près de ses maîtres. Non, il servait avec assurance et une certaine fierté, sans se rendre compte de ses chaînes, sans savoir ou prétendre que la servitude n'était pas naturelle.

Ses multiples modifications, améliorations depuis la création de sa série l'avait rendu plus "humain", plus proche de ces créatures fragiles dont la Mort tenait les ficelles. La douleur pour le plaisir, la variation des comportement mais surtout apprendre à vivre comme eux pour mieux les servir. N'avait-il pas été créé pour cela ? Cette nuit, il n'y avait que ce silence, tout autre androïde s'était mis en veille. C'était bien la chose la plus logique à faire, ne pas user de son temps pour rien. Lui avait fait de même, ou plutôt allait faire de même. Le silence était son ennemi par le passé, mais avec le temps et depuis la fin de cette guerre, il commençait à l'apprécier. C'était quelque chose qu'il ne comprenait pas, le silence si proche du néant, ce gouffre sans fin, sans raison ni intérêt, il n'y avait rien de logique dans la nuit, c'est un peu ce qui le fascinait après tout.

Une main sur son épaule, non, un visage. Qu'était ce ? Il ne bougea pas, des fois que cette sensation ne s'envole comme un oiseau sur une branche après avoir entendu un bruit suspect. Quelque chose n'était pas normal, il n'était entouré que d'androïdes, y en avait il un qui était si mal conçu qu'il ne parvenait pas même à ne pas bouger pendant sa veille ? Peut être bien après tout. Yeux fermé, veille simulée, ce n'est que sa main droite, l'opposée en rapport à l'épaule accaparée par ce visage, qui se leva lentement pour venir se poser sur la joue de cette tête fraiche. Au contact de la peau de l'androïde, il sut qu'il s'agissait d'une androïde faite femme par son créateur. La peau n'était pas celle d'un homme, plus rugueuse, moins douce. Qu'importe après tout, il n'avait pas reçu d'ordres de la part du gérant concernant la vie avec les androïdes, seulement de ne pas s'abimer et ne pas les abimer.

Il se souvint alors de la femme qui lui avait servi de maitresse pendant tant d'années, lorsque son époux n'était plus là et qu'elle lui demandait sa présence pour trouver le sommeil. Cette peur de la solitude, peur de l'inconnu, peur de la mort, voilà ce qui poussaient les hommes à trouver un substitut de présence, qu'elle soit machine ou vivante. Ces moments, dans ses souvenirs, il les passait à veiller sur elle, assis sur le bord de son lit, une main dans la sienne, ou à caresser une épaule, sa chevelure voire son visage. Il en fallait peu pour que le sommeil ne finisse par la prendre et la faire s'évader de cette triste réalité qu'était la sienne. Les hommes étaient prisonniers de la vie, les rendant aux proies de sentiments divers et variés, dépendant de la peur. Pour l'heure, seul son pouce se promenait lentement sur la joue de cet androïde à la veille défaillante.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Diana le 03 Avril 2013, 13:45

Je ne sais ce que j'ai cru, ou du moins ce que j'ai voulu imaginer. Peut-être que par ce geste inattendu de réconfort ce soit l'âme défunte de mon frère qui se manifeste, ou bien ma déesse. Pour la seconde, cela me paraît plus qu'improbable. Elle choisirait sans doute un de ses animaux sauvages qu'elle et moi affectionnons. Je garde les yeux fermés, le silence ne me pèse pas. J'ai envie de croire de toutes mes forces, de m'accrocher à ce mince petit détail au cœur de mes ténèbres. Je demeure immobile, seules mes lèvres remuent tandis que je me mets à parler à voix très basse pour moi-même.

« Les androïdes ne rêvent pas, ils ne souffrent pas, ils ne sont pas capables d'amour ni de joie, ils ne connaissent pas le chagrin. Les androïdes n'ont pas de souvenirs, ils n'ont ni cœur ni âme, ils n'ont pas de famille. Si je possède tout cela alors je suis forcément humaine.

Cette curieuse litanie m'apaise un peu. A force qu'on me considère comme une machine, qu'on me vole des bribes de moi j'ai peur de disparaître. Je crains de devenir ce que je refuse d'être : une simple machine. Si je cède alors ils auront gagné, j'aurais failli. Qui perpétuera la mémoire des miens ? Qui portera les secrets des Laellius pour préserver leur héritage ? Celui qui le garde désormais n'en est pas digne et j'espère que jamais il ne découvrira la cachette où sont entreposés tous ces trésors. Je suis la seule à en connaître la situation, la seule à en avoir la clef. Si je succombe alors j'emporterais mon secret.

Mes yeux s'ouvrent à nouveau et je lève le nez vers celui dont j'accapare l'épaule. Je m'interroge sur les mystères qui sont siens. A-t-il lui aussi sa part de secrets et d'ombres, de quelles perversions de l'âme humaine a-t-il été le témoin silencieux ? Les hommes ne savent pas écouter, les androïdes eux ne peuvent pas comprendre. Les premiers demeurent indifférents à mes maux, les seconds ne savent rien de leur poids. J'ai toujours aimé la solitude, le seul être à qui je lui préférais sa présence était mon frère jumeau, le reflet de mon miroir. Il est le seul à s'être un jour soucié de moi, en plus évidemment de mes parents partis trop tôt. Leur affection à mon égard était particulière, toute en réserve et en retenue. Ils la montraient peu, je savais qu'ils m'aimaient néanmoins même s'ils s'interdisaient tout geste démonstratif qu'ils préféraient offrir à Apollo. Cela ne me contrariait pas, on préfère toujours la lumière à l'ombre.


- Qui es-tu ? Quelle est ta fonction ?

Je chuchote toujours pour ne pas alerter les autres et encore moins le marchand. Je me suis suffisamment faite remarquer. Je déteste cet homme et son commerce depuis que je viens régulièrement garnir son étal. Il m'a valu déjà deux réinitialisations, combien de souvenirs en moins ? Combien de bouts de moi que je ne sais même pas avoir perdu ? A vrai dire les réponses de l'androïde ne m’intéressent que peu. Je ressens simplement l'envie d'être moins seule, de pouvoir me confier même si je sais déjà que je ne lirais rien dans ses yeux vides au fil de mon histoire.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Morticus Aebutius le 03 Avril 2013, 14:09

Vivre ou mourir, ce n'était pas l'hadale des androïdes. Tous étaient parqués ici, les uns proches des autres, sans distinction, aux apparences féminines ou masculines, qu'importe leur histoire, qu'importe leur fonction. Morticus en faisait parti oui, ces machines sans âme, du moins c'est ce qu'on disait d'eux. Il avait connu plusieurs fonctions, diverses et différentes selon l'époque tout simplement. Celle qui s'était laissée aller sur son épaule remuait des lèvres, parlait tout bas, chuchotant presque. Concentrer ses sens sur les capteurs sonores qu'il possédait, voilà que la suite de ses mots. Ainsi elle se considérait humaine ? Mais que faisait elle ici ? Ne possédait elle pas la marque, la marque que tous possédaient sur eux ?

Elle ne bougeait pas, comme bercée par les légères caresses de son pouce qu'il s'était permis de faire. En veille pourtant, mais ne désirant pas le faire savoir auprès des autres. C'est vrai que le marchand était... spécial. Il avait des androïdes fonctionnels, et dès qu'un signe, même léger, montrait la présence d'un dysfonctionnement de l'un d'entre eux, il passait directement par la case réinitialisation. Et si le programme initial n'était pas bon ? Après tout, l'erreur était bel et bien humaine, et n'était ce pas les hommes qui programmaient les androïdes à leur origine ? Un androïde aurait créé un semblable à la perfection, c'était évident puisqu'ils ne connaissaient pas l'erreur.

Cette nuit était différente des autres, moins calme soudainement. Même si cela ne faisait que quelques jours qu'il était arrivé ici, il avait pris cette habitude de passer le temps dans une solitude des plus banales, en attendant patiemment d'être vendu à son prochain maître. Elle s'adressait finalement à lui, sans bouger, sa tête toujours sur son épaule. Il quitta donc sa main de sa joue puis la posa sur sa propre cuisse en levant la tête vers le ciel sombre et ne présentant que peu d'étoiles.


- Mes anciens maîtres m'ont nommé Morticus, mais mon vrai nom est XB8-Z707.

Le nom de sa série, il avait été le 707ème à être créé.

- Ma fonction... Ma fonction était de briser tout silence, de faire parler... Mais on ne m'utilise plus à ces fins. Et vous, dame... humaine... ? Que faites vous ici ?

Elle avait bien dit qu'elle était femme, aussi femme que celle qui lui avait servi de maitresse pendant ces longues années de servitude. Pourquoi devrait-il douter de sa parole ? Il ne l'avait même pas vue, ni de près ni de loin, donc aucune certitude sur ce qu'elle était. Le visage était frais, mais n'était ce pas dû à la fraicheur de la nuit ? Ne pas commettre d'impaires, voilà la seule chose qu'il se devait de faire ici en attendant une nouvelle vie... Alors prendre une femme pour un androïde lui aurait certainement valu beaucoup d'ennuis. Mais pourquoi restait elle ici ? L'épouse du marchand peut être ?
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Diana le 05 Avril 2013, 16:32

La réponse de l'androïde m'apaise d'avantage encore. Je suis de nature sauvage, ne me liant avec personne à part le cercle très restreint de mes proches. Dans mon autre vie je n'avais pas d'amis, pas de confidents autres que mon frère. Il était mon univers et je n'avais besoin de personne d'autre. Désormais je suis seule au monde et nul n'entend plus ma voix. Je suppose que là se trouve la raison à tout ceci, ce soudain besoin de trouver une oreille un tant soit peu attentive. Mon compagnon d'infortune me l'offre et en cet instant j'avoue que je me moque bien de savoir si son attitude lui est dictée par un programme. Nous voguons sur la même galère, il ne devrait pas causer ma perte. Néanmoins j'ai appris la prudence.

- Si je te confie mon histoire, si tu brises mon silence à moi aussi, il ne faudra jamais en parler à d'autres.

Il est étrange comme l'entendre me qualifier d'humaine me procure un sentiment de soulagement. Cela fait des décennies maintenant que je ne suis plus qu'une machine aux yeux des autres. Il vient sans le savoir de me redonner mon identité, celle que tous les autres ont oublié. J'ai l'impression que pour une fois l'ombre n'est plus avalée par l'obscurité, elle retrouve un peu de lumière, d'existence.

- Je m'appelle Diana, Diana Laellius. Mon histoire est singulière. J'avais une vie avant, une famille. Ils sont tous morts et pour accaparer notre fortune, un homme détestable m'a fait passer pour une androïde. Aux yeux de tous je suis ton égale, une esclave. Je ne sais plus ce qu'ils m'ont fait subir, je ne me souviens que de traitements horribles qu'on m'a infligé avant de me conduire ici. J'ai eu un maître, puis un autre et encore un autre. Mon sort se résume à cela maintenant. Appartenir, obéir, nier qui je suis.


Dans le noir, ma tête toujours posée sur son épaule la machine ne voit sans doute pas mon air triste pas plus que les souvenirs qui assombrissent mon regard. Je sais qu'il ne pourra comprendre et cependant cela me fait un bien fou de pouvoir parler enfin. Il est tant de choses que je garde en moi, que l'on me force à taire. J'en avais presque oublié le son de ma voix. Je tends l'oreille, attentive aux sons portés par la nuit. Je redoute ce qui arriverait si Spurius nous trouvait là à discuter. Je lui ai souvent causé du tort. Oh il le mérite, seulement chaque fois c'est à moi que cela a coûté. Après m'être assurée que tout est tranquille je reprends. Mes murmures sont à peine audibles, juste assez pour une oreille androïde.


- Quand j'essaie de défendre ma cause, on me fait subir d'autres tortures. Je ressors de là et j'ai perdu des souvenirs, des bribes de moi. Je sais qu'elles manquent à ma mémoire sans parvenir à savoir ce que l'on m'a arraché. Voilà pourquoi tu ne dois rien dire à propos de moi. Je ne veux pas devenir une machine comme vous autres au fil du temps. Je n'ai rien contre vous mais je tiens à ce que je suis. Il y a quelque chose d'important pour toi ?

La question sonne un peu ridicule, malgré tout je suppose que dans leurs programmes ces créatures non humaines ont des priorités. Je sais notamment qu'elles sont incapables de faire du mal aux êtres de chair et de sang, du moins selon la loi romaine. Comme il ne peut pas comprendre ce que je lui confie, je voudrais me servir d'images qui lui parleront mieux.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Morticus Aebutius le 05 Avril 2013, 17:03

Ainsi était son histoire. Humaine, androïde, un peu des deux et voilà que le flou s'installe. Et si la vie n'était qu'un mensonge ? Pourquoi douter de ses dires ? Il ne la connaissait nullement, n'avait jamais eu à faire à elle, que ce soit le jour ou la nuit. Une humaine forcée à agir comme eux, une humaine forcée à subir leur traitement, leurs humiliations. Ainsi, elle ressentait tout ce qu'eux ne pouvaient ressentir. Ainsi elle pouvait se montrer juste vis à vis des traitements que les androïdes avaient face aux humains. C'était une situation compliquée qu'il ne parvenait à saisir complètement... Dans d'autres circonstances, il aurait pu être son esclave, son androïde, mais la vie avait fait d'elle son égal.

Il l'écoutait silencieusement, presque religieusement, pourtant toute son attention était portée sur son histoire. Ne pas en parler à d'autres, elle était humaine, un ordre était un ordre, pourquoi discuter ? Il s'était contenté de hocher légèrement la tête lorsqu'elle avait prononcé cette phrase, pour mieux se concentrer sur la suite. Diana Laellius, il pouvait sentir sa peine dans l'intensité de sa voix. Cela pouvait ressembler plus à des murmures, pour des humains, mais pour lui tout était clair, tout était mesuré et décrypté. Il avait déjà vu des "rebellions" en quelque sorte des androïdes tels que lui, quasiment toutes s'étaient mal terminées... Mauvais traitements, réinitialisation, reformatage de leurs fonctions en des choses encore plus dégradantes... Les Hommes savaient se montrer sans coeur, et ce surtout en leur présence. Quoi que, de son vécu il avait pu comprendre également que certains d'entre eux ne faisaient même pas de distinction entre humains et androïdes en ce qui concernait les mauvais traitements. La "nature humaine" peut être...

Sa tête était toujours posée sur son épaule, sa voix douce lui rappelait quelques bons souvenirs qu'il avait pu avoir avec ses anciens maitres. Elle lui posait une question, qu'y avait-il d'important pour lui ? C'était une bonne question en somme, y avait-il vraiment quelque chose d'important à ses yeux ? Il prit quelques secondes pour réfléchir, essayer de trouver un sens tout simplement à sa présence ici. Il n'y en avait pas, tout ce qu'il avait fait depuis sa création était de servir, obéir aux bons vouloir de certains hommes et femmes.


- Vous avez une histoire peu commune Dame Laellius. Je ne peux que me joindre à votre désarroi. J'aurais été ravi de vous servir pour faire renaitre ce sourire et cette joie que vous semblez avoir oubliés. Sachez que vos paroles ne sortiront de mes lèvres et que nul être ne connaitra votre histoire, je vous en donne ma parole.

Et une parole d'un androïde au plot actif... C'est on ne peut plus sérieux.

- Quelque chose d'important vous dites... ? La seule chose importante pour moi est de satisfaire au mieux les exigences de mes prochains maitres. Je ne peux qu'espérer qu'ils auront un bon fond. C'est bien comme cela que vous dites ?

Il glissa sa main jusqu'à la sienne et en quelques dixièmes de secondes, la voilà ressentir un flux de sentiments montant en elle, mêlant joie et courage, de quoi chasser cette tristesse et reprendre du poil de la bête quant à l'avenir de cette femme. Il ne garda pas longtemps la main de cette femme dans la sienne, il ne fallait pas qu'il use trop de ses batteries, le marchand Spurius aurait découvert quelque chose d'anormal sinon, voire aurait cru que son système était défaillant. Et puis, il ne devait pas non plus se permettre trop, elle était humaine, même dans sa condition. Un service gratuit en quelque sorte, de quoi lui retourner la confiance qu'elle lui avait accordé, avec ou sans danger.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Diana le 08 Avril 2013, 11:37

Je souris dans le noir en entendant le titre qu'il me donne. On m'en a déchu depuis longtemps. Je ne suis même plus une simple personne aujourd'hui, tout juste un objet. Je me souviens que comme les autres je ne prêtais pas attention aux androïdes qui nous servaient. Je ne les ai jamais maltraité pour autant, simplement je ne m’inquiétais pas plus de leur sort qu'on ne le fait aujourd'hui du mien.

- Je ne suis plus une dame désormais, il est même heureux qu'on me laisse encore porter mon prénom. Alors appelle-moi Diana. La seule chose qui pourrait me rendre le sourire est de remonter le temps. Je doute que tu en sois capable malheureusement. Je suis touchée néanmoins que tu te soucies de mon sort.

Je l'écoute me parler de ses attentes. Comme je m'y attendais, seul lui importe son rôle et bien le faire. Un bon fond ? Sans doute que je pourrais me contenter de cela en effet, ne pas être trop malmenée par mon prochain maître ou ma nouvelle maîtresse. Je n'ai pas eu beaucoup de chance jusque là en tous cas. Il me paraît difficile d'imaginer quelqu'un pouvant me convenir. Je suis trop sauvage et solitaire. Qui sait, je serais peut-être capable d'apprécier juste un peu de respect maintenant que j'en ai tant manqué ?

- C'est bien l'expression consacrée en effet. J'imagine que tu as subi toi aussi ton lot de mauvais traitements. Si tu pouvais choisir, quel genre de propriétaire voudrais-tu ? Le rêve et les souvenirs, c'est la seule chose qui me reste ici. Les androïdes ne rêvent pas. C'est dommage, cette occupation est très agréable. On peut mettre dans ses songes tous ces espoirs, tout ce qu'on est. Ils permettent d'embellir le quotidien, de le fuir pour un temps. Les rêves sont un refuge, là-bas je suis toujours libre. Je me demande si je pourrais t'apprendre à rêver. Tu aimerais essayer?

Mon visage se tourne un peu vers le sien. Dans l'obscurité je le devine seulement. Pour beaucoup elle fait peur, elle rend toutes choses effrayantes. Moi je trouve que la pénombre apporte son lot de mystères, elle dessine simplement les choses ou les objets. L'esprit peut alors les imaginer, les deviner. J'ai toujours aimé la nuit. J'apprécie bien sûr le jour, surtout parce qu'il m'offre le loisir de me promener. Cela fait longtemps que je n'ai pas pu me balader. Mon jardin me manque, l'orée du bois également et les petites créatures qui le peuplent. Dire qu'un assassin vit désormais dans ma maison. Un jour j'espère qu'il périra de ma main. Parfois je me dis que ce n'est que pour cette raison que je suis encore en vie, pour venger mon frère. Ce n'est qu'alors que mon âme pourra trouver la paix et que je pourrais le retrouver.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Morticus Aebutius le 08 Avril 2013, 12:17

Finalement elle s'est résignée à sa situation, ce n'était pas une mauvaise chose en soit au final car elle ne pourra que mieux servir ses prochains maitres, ou tout simplement mieux appréhender ses prochaines tâches. Si elle était ici, c'était probablement pour être vendue à son tour. Elle se dévoilait au fur et à mesure que les minutes passaient, brisant la nuit par leurs chuchotis. Diana donc... Un nom qui sonnait bien. Est ce qu'il se souciait de son sort ? Peut être bien inconsciemment, mais bon, ce n'était déjà pas courant qu'un androïde se permette de telles libertés au sein du marché de Spurius.

Rêver... Qu'était ce donc ? Il en avait déjà entendu parler en fait, entre rêves et cauchemars, les humains en parlaient souvent. Ses anciens maitres également lui racontaient parfois leurs rêves, il s'agissait de situation impossible, comme un humain pouvant voler par exemple, ou d'un futur désiré, voire craint. Rêver devait être quelque chose de très intéressant, de quoi passer ses veilles bien plus agréablement. Elle saurait lui apprendre ? Elle lui posait beaucoup de questions au final, et il sentait que son visage avait quitté quelque peu son épaule, comme pour le regarder. Lui ne s'en donnait pas la peine, il aurait fallu qu'il tourne son buste presque entièrement pour pouvoir l'admirer.


- Très bien, Diana. C'est un réel plaisir de croiser votre chemin.

Il ferma un instant les yeux comme pour réfléchir aux réponses qu'il allait pouvoir lui donner, on ne lui avait jamais proposé de choisir donc c'était plutôt nouveau pour lui. Obéir avait été sa seule liberté, si on pouvait l'appeler ainsi.

- Choisir... Choisir... Un propriétaire qui saurait me traiter sans mal tout simplement. Je ne suis pas bien difficile, puis je me le permettre de toute façon... Vous avez de la chance de pouvoir rêver, d'avoir des espoirs, je ne connais que les définitions de ces mots, sans toutefois connaitre leur sens pratique dans les faits. Je ne sais si un jour j'aurai cette possibilité.

Il pencha son visage vers le bas un bref instant, comme s'il réfléchissait à cette part d'humanité qui lui était inaccessible.

- Pour sûr que j'aimerais essayer, ressentir ces choses et en apprendre de nouvelles, c'est quelque chose qui m'intrigue énormément, mais je préfère me concentrer sur mes tâches, cela évite les déceptions n'est ce pas ? Si un jour l'occasion se présentait, croyez moi que je n'hésiterai pas à sauter dessus.

Il chercha tout de même à tourner un peu son visage pour tenter d'apercevoir une partie de son physique, savoir à quoi ressemblait celle qui lui accordait un peu de son temps en cette nuit sombre et silencieuse. Allait il la revoir après avoir été acheté ? Peut être était ce la dernière fois qu'il pourrait entretenir une discussion avec elle, alors autant garder une image d'elle dans sa mémoire, même floue, du moment qu'elle l'aide à se rappeler de cette discussion sur l'imaginaire du monde des rêves.
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Diana le 09 Avril 2013, 13:48

Je réfléchis un moment à ce qu'il vient de dire et je me demande si j'ai raison de vouloir lui permettre de toucher du doigt ces choses si humaines. Je ne sais même pas s'il pourra les appréhender puisqu'il est une machine. Avec leur apparence qui ressemble tant à la nôtre, on s'attend je suppose à ce qu'ils agissent comme nous parfois. Est-ce qu'il est si incongru de penser qu'à force d'expérience ou d'apprentissage ils puissent évoluer un jour ? En cet instant en tous cas ce Morticus se montre plus humain que les derniers romains qui ont croisé ma route.

- Bien sûr on peut être déçu si on rêve ou qu'on espère. Je crois pourtant qu'ils sont l'essence même de la vie. Que nous resterait-il si nous cessions de croire et de songer à des lendemains meilleurs ? Nous n'aurions certes plus rien à perdre, nous pourrions nous résigner et accepter ce que la vie a de plus injuste. Qu'est-ce que cela nous apporterait ? Un jour chasserait l'autre, tous se ressembleraient toujours aussi tristes et aussi froids. Ce n'est pas vivre, c'est survivre ou pas même. Nous ne serions que des ombres, des êtres sans âme, des...

Je retiens mon dernier mot. J'allais dire machine et j'ai eu peur de le blesser, lui faire de la peine. Même si on ne peut en causer à un androïde je devine une certaine sensibilité chez lui. Sait-on jamais, je n'ai vraiment aucune envie de le froisser d'autant qu'il ne le mérite pas. Je voudrais lui offrir ce cadeau, une petite lueur fragile d'humanité qu'il pourra continuer à faire vivre ou bien laisser s'éteindre.

- Il est deux formes distinctes du rêve d'abord celui que nous faisons quand nous sommes endormis. Celui-là à ce qu'on prétend est dicté par l'inconscient. On ne s'en souvient pas toujours et on peut difficilement influencer son cours. L'autre nous le faisons éveillé, nous le choisissons, nous l'écrivons comme nous le ferions d'une histoire. Les songes sont différents d'une personne à l'autre, selon les goûts de chacun. Certains rêvent de richesse, de pouvoirs, d'autres de glorieux combats, d'amour, d'aventures... Nous n'avons qu'à fermer les yeux et laisser notre esprit s'égarer, ou encore diriger notre pensée.

Je lui souris dans le noir même si je ne suis pas certaine qu'il peut le voir.


- L'espoir fonctionne différemment bien qu'il ne soit pas toujours étranger au monde du rêve. Parfois par exemple on peut espérer que nos songes deviennent réalité. On peut aussi rêver à des choses en sachant que jamais elles ne deviendront vraies. Par exemple moi je rêve parfois qu'on mon frère revient. Je sais que c'est impossible puisqu'il est mort. Ou bien je rêve de remonter le temps et d'empêcher son meurtre. Tandis que l'espoir s'inscrit d'avantage dans la réalité. Ce serait plutôt si on garde cet exemple, vouloir croire qu'à ma mort nous nous retrouverons dans la plaine des Asphodèles. L'espoir concerne l'avenir proche ou lointain, les vœux qui nous tiennent à cœur et que nous voudrions voir devenir vrais. Vous saisissez la nuance ?
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Re: [E5] La nuit tous les androïdes sont gris (Morticus)

Messagepar Morticus Aebutius le 09 Avril 2013, 14:36

Morticus écoutait, silencieux les paroles de Diana. Elle semblait s'y connaitre, d'ailleurs cela apparaissait surtout à de la folie ce qu'elle décrivait. Comme un délire insensé qui pouvait prendre tout homme en fin de vie ou gravement malade. Pourtant cette folie semblait être si importante à ses yeux. Pour vivre il fallait donc être considéré comme fou ? Les humains étaient étranges, ça il le savait, mais à ce point c'était tout de même incroyable. Il cherchait toutefois à comprendre le fond de ce qu'elle disait, puis profita d'un instant de silence, tournant suffisamment la tête pour apercevoir son visage à peine éclairé par un rayon de la lune, pour lui répondre aussi simplement que possible.

- Existe t-il réellement des lendemains meilleurs ? Et si tous ces rêves, toutes ces croyances n'étaient que des leurres destinées à cacher la folie de l'homme ? Depuis que je sers les humains, j'ai pu voir où menaient les rêves, les ambitions, et il est bien plus souvent question de destruction...

Il esquissa un sourire, devenir humain pour lui était impensable, ces êtres étaient incomplets, mal programmés en quelque sorte, ne voyant que leur propre monde quitte à détruire tous les autres. Même dans la nature, parmi les bêtes les plus sauvages, on ne trouvait pas ce genre de comportement. Et si l'homme était le plus intelligent et à la fois le plus bête de cette planète ?

- Rêver m'a l'air intéressant à découvrir, mais l'espoir semble mener tout droit à la folie. Pourquoi espérer l'impossible si par définition l'impossible est impossible ? Ne faut il pas avancer plus que ressasser un passé ou chercher à imaginer une alternative à la vie réelle ? C'est sûrement quelque chose que je ne comprendrai jamais chez vous humains. Cette nécessité de vous rapprocher de la folie pour se sentir vivant.

En fin de compte, les androïdes étaient probablement la meilleure évolution de l'homme, sauf qu'ils étaient destinés à servir l'homme, que le destin était cruel... La logique aurait voulu que les humains deviennent esclaves des androïdes, de leur semblable, ainsi le monde tournerait probablement bien mieux. Chaque chose à sa place, chaque chose avec sa fonction, pas besoin de plus ni de moins, l'essentiel était de préserver la survie tout simplement. Il pouvait observer sur ce visage un certain sourire, pour sûr que ses paroles n'allaient certainement pas lui convenir, mais même s'il pensait ce qu'il disait, il n'hésiterait pas à connaitre ces choses s'il en avait l'occasion un jour, ne serait ce que pour connaitre ce que ça donne de se sentir "vivant".
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