Bon. J'avais une brouette remplie de corps endommagés d'androïdes, mais certains étaient en assez bon état. J'allais avoir l'opportunité de les désosser, puis de les examiner dans le détail. En fait, les aspects qui m'intéressaient le plus étaient d'abord les processeurs, et ensuite les matériaux utilisés. Les processeurs, car je voulais parvenir à prendre le contrôle de ces androïdes : si je parvenais à créer une forme de virus qui pourrait se transmettre par un réseau sans fil, je pourrais tout simplement prendre le contrôle de Rome, et le jeter de force dans une révolution industrielle aussi brutale qu'efficace.
Ce gaz, que produisaient les scarabées du désert, était mon pétrole. La source d'énergie renouvelable facilement qui permettrait de produire des technologies avancées. Si je parvenais à créer un petit élevage de scarabées, extraire le gaz qu'ils produisent sans les tuer, et le compresser, je serais sauvée. Instantanément, un panel de technologies immense s'ouvrirait à moi...
Mais dans l'immédiat, je devais créer une turbine hydraulique. Basée sur une machine synchrone simple, elle me permettrait déjà de produire de l'électricité en quantités suffisantes pour alimenter des machineries simples... Un compresseur pour le gaz, par exemple. Ou bien pour alléger le poids sur mes batteries à hydrogène pendant la nuit. Produire de la lumière. Tiens, et alimenter des haut-parleurs, c'était plutôt simple à fabriquer, ça, des haut-parleurs. Bon ça ne serait pas de la qualité 5.1 super sono, mais au moins, je pourrais écouter de la musique sans que celle-ci ne sorte de la tablette ou de MES haut-parleurs...
En attendant, j'avais trouvé un coin plutôt calme à l'écart de la décharge. Il n'y avait pas grand monde, j'avais trouvé une sorte de table en bois qui serait parfaite pour déposer et éventrer les carcasses d'androïdes endommagés, puis les analyser. J'installai donc la tablette sur un rocher plat à quelques centimètres de l'établi, celle-ci projetant une image holographique au dessus, me souhaitant la bienvenue et autres. J'eus vite fait de m'y connecter par le sans-fil et de relier mes capteurs optiques à la machine, les deux se mettant en symbiose pour analyser le moindre détail de ce que je verrais.
D'ailleurs, pour fêter ça, je mis
de la musique sur la tablette. Une vieille mélodie bizarre, je n'avais aucune idée d'où elle sortait d'ailleurs, mais c'était de la guitare électrique bien aiguë, donc pas pour les oreilles non-habituées, et il y avait une sorte de rythme assez stimulant, même si la mélodie était assez courte. Manifestement faite pour se répéter.
- Со ! Латен wе еенс зиен wат йе те зегген хебт, будды ! lançai-je à voix haute avec un air ravi, alors que je déposais le corps d'un androïde endommagé sur mon petit établi improvisé.
Il me faudrait une précision améliorée pour manipuler les pièces avec soin, je retirai donc de mes bras la couche de métal qui leur donnaient une apparence humaine normale, ne laissant voir que les plaques chromées qui recouvraient les mécanismes complexes qui constituaient mon corps cybernétique, brillant de la couleur bleu turquoise caractéristique des circuits quantiques utilisés par la Citadelle. La première chose que je fis fut d'arracher une des plaques sur le torse de la machine, pour en observer le matériau... S'il s'agissait de quelque chose d'utile, je pourrais sûrement m'en servir pour fabriquer ma petite turbine hydraulique...