[E5] Tout démonter, et tout remonter. [Terminé]

[Katla Buskvej]

Bon. J'avais une brouette remplie de corps endommagés d'androïdes, mais certains étaient en assez bon état. J'allais avoir l'opportunité de les désosser, puis de les examiner dans le détail. En fait, les aspects qui m'intéressaient le plus étaient d'abord les processeurs, et ensuite les matériaux utilisés. Les processeurs, car je voulais parvenir à prendre le contrôle de ces androïdes : si je parvenais à créer une forme de virus qui pourrait se transmettre par un réseau sans fil, je pourrais tout simplement prendre le contrôle de Rome, et le jeter de force dans une révolution industrielle aussi brutale qu'efficace.

Ce gaz, que produisaient les scarabées du désert, était mon pétrole. La source d'énergie renouvelable facilement qui permettrait de produire des technologies avancées. Si je parvenais à créer un petit élevage de scarabées, extraire le gaz qu'ils produisent sans les tuer, et le compresser, je serais sauvée. Instantanément, un panel de technologies immense s'ouvrirait à moi...

Mais dans l'immédiat, je devais créer une turbine hydraulique. Basée sur une machine synchrone simple, elle me permettrait déjà de produire de l'électricité en quantités suffisantes pour alimenter des machineries simples... Un compresseur pour le gaz, par exemple. Ou bien pour alléger le poids sur mes batteries à hydrogène pendant la nuit. Produire de la lumière. Tiens, et alimenter des haut-parleurs, c'était plutôt simple à fabriquer, ça, des haut-parleurs. Bon ça ne serait pas de la qualité 5.1 super sono, mais au moins, je pourrais écouter de la musique sans que celle-ci ne sorte de la tablette ou de MES haut-parleurs...

En attendant, j'avais trouvé un coin plutôt calme à l'écart de la décharge. Il n'y avait pas grand monde, j'avais trouvé une sorte de table en bois qui serait parfaite pour déposer et éventrer les carcasses d'androïdes endommagés, puis les analyser. J'installai donc la tablette sur un rocher plat à quelques centimètres de l'établi, celle-ci projetant une image holographique au dessus, me souhaitant la bienvenue et autres. J'eus vite fait de m'y connecter par le sans-fil et de relier mes capteurs optiques à la machine, les deux se mettant en symbiose pour analyser le moindre détail de ce que je verrais.
D'ailleurs, pour fêter ça, je mis de la musique sur la tablette. Une vieille mélodie bizarre, je n'avais aucune idée d'où elle sortait d'ailleurs, mais c'était de la guitare électrique bien aiguë, donc pas pour les oreilles non-habituées, et il y avait une sorte de rythme assez stimulant, même si la mélodie était assez courte. Manifestement faite pour se répéter.

- Со ! Латен wе еенс зиен wат йе те зегген хебт, будды ! lançai-je à voix haute avec un air ravi, alors que je déposais le corps d'un androïde endommagé sur mon petit établi improvisé.

Il me faudrait une précision améliorée pour manipuler les pièces avec soin, je retirai donc de mes bras la couche de métal qui leur donnaient une apparence humaine normale, ne laissant voir que les plaques chromées qui recouvraient les mécanismes complexes qui constituaient mon corps cybernétique, brillant de la couleur bleu turquoise caractéristique des circuits quantiques utilisés par la Citadelle. La première chose que je fis fut d'arracher une des plaques sur le torse de la machine, pour en observer le matériau... S'il s'agissait de quelque chose d'utile, je pourrais sûrement m'en servir pour fabriquer ma petite turbine hydraulique...

[Alpharius Omegar??s]

Adepte Atheos: "C'est elle, l'étrangère que la force expéditionnaire a recueillie dans les contrées extérieures. Elle fait partie de ceux qui ont vu les faux dieux. Apparemment elle dispose d'un niveau de technologie largement supérieur à celui de Rome, et selon certaines rumeurs elle a appartenu à une civilisation fort avancée dans de nombreux domaines. La cellule Galilée a particulièrement veillé à ne pas la perdre de vue depuis, tout ce qu'il a été possible de découvrir sur l'étrangère est présent dans le rapport que vous venez de lire. Votre fils Mortarius a supervisé personnellement la mise en place de cette opération et nous avons plusieurs agents qui patrouillent discrètement les environs pour prévenir toute intervention extérieure non désirable lors de votre... rencontre avec l'étrangère."

Grâce à sa vue particulièrement développée, Alpharius n'eut aucun mal à distinguer avec précision la silhouette féminine qui s'activait au milieu de la décharge, manifestement à la recherche de composants divers ayant appartenu à des androïdes. L'adepte Atheos avait une nouvelle fois accompli sa tâche avec un zèle louable.

Alpharius: "Très bien, je me charge du reste. Soyez vigilant, la situation actuelle à Rome est particulièrement volatile, tout peut dégénérer de manière incontrôlable à tout moment. D'après nos premières informations, le præfectus Aquilius aurait proclamé sa divinité ou autre foutaise du même genre au sein même du Sénat. Bien que je n'ai rien contre lui à titre personnel, j'aurai aimé être là pour le briser en deux et jeter sa dépouille en pâture aux drakes... Hélas, il nous faut encore être patient. L'émancipation de Rome de l'intolérable tutelle des faux dieux est encore loin d'être acquise. Gloire à l'Imperium de l'Homme frère."

Adepte Atheos: "Gloire au Crux Terminatus."

Alpharius regarda brièvement son agent encapuchonné s'éloigner d'un pas rapide avant de se diriger pour sa part vers la décharge en contrebas. L'officier romain n'avait qu'un goût des plus modérés pour ce lieu malfamé. En plusieurs siècles, il n'avait mis que rarement les pieds en cet endroit insalubre de Rome. A titre de comparaison, il préférait largement arpenter les souterrains et les cryptes de Rome, pourtant infestés de créatures peu engageantes. Il ne fallut que peu de temps au guerrier suprahumain pour parcourir les quelques centaines de mètres qu'il le séparait de sa cible. De manière étonnante, le surhomme se déplaçait avec une souplesse et une célérité défiant l'entendement pour un individu doté d'un gabarit tel quel le sien et porteur d'une imposante armure lourdement modifiée.

Bien que dépassant allègrement les 200 kg de muscles, d'ossature renforcée, et porteur de lourdes protections, Alpharius savait pertinemment qu'il se dirigeait en grande partie vers l'inconnu et n'avait qu'une connaissance limitée des capacités réelles de l'étrangère. Naturellement prudent, il n'avait jamais cédé à l'arrogance de se croire invincible malgré les nombreux dons dont l'avaient gratifiés ses créateurs. En plus de son armure intégrale, il avait pris soin de s'équiper de son bouclier de duel orné du symbole du "Crux Terminatus", dont il avait fait son héraldique personnelle, mais plus important, au niveau de sa hanche droite se trouvait sa longue épée, véritable relique technologie. Cette dernière était une merveille finement ouvragée dotée en interne d'un mystérieux générateur énergétique, aucun adversaire jusqu'à maintenant n'avait eu à affronter le véritable potentiel de cette arme destructrice et Alpharius espérait sincèrement que sa confrontation avec l'inconnue ne le contraindrait pas à en arriver à une telle extrémité.

Alpharius s'immobilisa finalement à une dizaine de mètres de l'étrangère qui avait entrepris une quelconque tâche exploratrice sur des débris d'androïde disposés sur une sorte d'établi improvisé. Malgré la distance le séparant encore de cette femme, le centurion primipile perçut distinctement une sorte de cacophonie artificielle, se pouvait-il que ce soit une forme de musique? Alpharius mit rapidement de côté cette source de distraction secondaire, maintenant venait la phase la plus aléatoire de son plan. Bien que légèrement déformée par la présence de son casque, la voix de stentor d'Alpharius s'éleva tel le grondement lointain d'un orage menaçant.

Alpharius: "Que venez-vous faire ici étrangère? Qui vous a autorisé à manipuler les restes de ces androïdes? Seuls les adeptes du divin Pluton sont habilités à modifier ou réparer ces automates animés par la puissance bienveillante des dieux. Si vous ne cessez pas sur le champ vos profanations, je me ferai le devoir d'incarner le bras vengeur des dieux."

Prononcer avec conviction ces mots illustrant une abjecte dévotion envers les prétendus dieux n'avait pas été chose facile pour l'officier qui dut faire un effort réel pour ne pas surjouer sa partition. Alpharius était parfaitement conscient de provoquer cette étrangère qui n'avait montré jusqu'à maintenant que peu de respect pour les divinités romaines, il lui restait à espérer que ses agents avaient correctement évalué la personnalité et le potentiel de la nouvelle venue à Rome. Certes, l'approche du grand maître du Crux Terminatus comprenait certains risques, mais il se refusait à compromettre le secret de l'existence de son organisation par une approche plus conventionnelle. Il allait devoir tester et évaluer en personne cette apatride afin de déterminer précisément si elle pouvait présenter un quelconque atout d'importance pour les actions futures de l'antique confrérie qui avait traversé les siècles.

[Katla Buskvej]

Le métal semblait robuste mais léger. Tiens il faudrait que je tente de déduire sa masse volumique, avec ça je pourrait très certainement déterminer ou au moins deviner vaguement de quel matériau il s'agit... Ce serait pratique, en l'absence de spectromètre. Cela dit... J'avais modifié la programmation de mes capteurs optiques pour tenter de les convertir en spectromètres. Certains me diront : "oui mais sans le matériel ça sert à rien". Hah ! Je vais bien les avoir, car ça va marcher !

Hop, je lançai l'analyse de la plaque de métal et le résultat ne tarda pas à tomber... Ce matériau... C'était... du... Feldspath. Hein ? De quoi ? Du caillou ?

Bon... Je dus me rendre à l'évidence, c'était pas au point. L'air un brin dépitée, j'archivai le programme et continuai mes fouilles, je m'intéressais en fait principalement à la batterie : si je la trouvais, j'aurais peut-être une solution temporaire pour alimenter mes divers bricolages en énergie. Mais alors que j'éventrais joyeusement l'androïde détruit, une sorte de type m'interpella. Coupant la musique, je me retournai vers lui avec un air pour le moins perplexe, haussant un sourcil et laissant clairement voir que je me demandais ce qu'il me voulait.

- Incarner le bras vengeur des dieux ? répétai-je avec une mine assez incrédule.

Certes, il était grand, mais bon... Avec un bon coup de pied bien placé je pouvais probablement l'envoyer jusqu'à l'Olympe, s'il voulait à tout prix voir les dieux, donc sa vengeance divine, franchement, ça me laissait de marbre. Utilisant le sans-fil de la tablette, je fis sortir de celle-ci une voix forte et exagérément grave :

- CENTURION euh... MACHINCHOSE ! ICI LE DIEU PLUTON ! Je regardai alors en l'air, prenant un air exagérément impressionné et surpris, un peu comme un mime. PAR MA VOLONTÉ DIVINE, TU VAS FICHER LA PAIX A CETTE ÉLÉGANTE JEUNE FEMME DYNAMIQUE ET RAVISSANTE, PUIS ENSUITE, ... euh je sais pas moi... ah, ALLER TE FAIRE CUIRE UN OEUF AU PLAT. CAR... tiens oui pourquoi... CAR JE SUIS AUSSI LE DIEU DES OEUFS... AU PLAT. C'EST MA VOLONTÉ DIVINE. MAINTENANT JE M'EN VAIS FAIRE... faire hm... DES CHOSES DE DIEUX... COMME... Pff euh... ah, DE L'INCESTE PAR EXEMPLE. Voilà. A plus tard.

Comment ça, c'était pas crédible ? Bah. De toutes façons, c'était drôle. Puis vu le QI moyen de la ville de Rome, j'avais neuf chances sur dix de tomber sur un type qui croirait que c'est vraiment Pluton en personne qui lui a parlé. Cela dit, j'irais bien toucher deux mots à Pluton en personne, car dans le lot, il m'avait l'air d'être certes un manipulateur dégénéré, mais un peu moins bourrin que la moyenne.

- Ha, vous voyez ? ajoutai-je de ma voix normale. Il faut me foutre la paix. Tenez, pour acheter des oeufs.

Je conclus ma phrase en lui lançant une des pièces que j'avais récupérées et qui servaient manifestement à acheter de la nourriture. C'était marrant, le concept de monnaie avait disparu depuis bien avant ma naissance, dans la Citadelle.
Une fois cela fait, je relançai la musique, et repris mon traficotage dans les entrailles de la machine maintenant inactive. La batterie... Où était donc planquée la batterie...

[Alpharius Omegar??s]

- Ha, vous voyez ? Il faut me foutre la paix. Tenez, pour acheter des oeufs.

Alpharius eut un léger rire sardonique à l'écoute des propos de l'étrangère. Cette dernière était loin d'incarner l'image classique de l'ultime rescapée habitée de la sagesse d'une brillante civilisation. Les aléas de l'existence avaient voulu que ce soit un spécimen particulièrement arrogant qui soit parvenu jusqu'à Rome. Au moins, cette inconnue ne semblait guère impressionner par sa rencontre avec les fameux "dieux". Sa tentative de manipulation par un misérable trucage audio montrait clairement qu'elle avait pour habitude de sous-estimer les Romains. Soit, elle le considérait comme un vulgaire imbécile, il était donc temps de lui montrer que la bêtise humaine était capable de commettre bien des dégâts s'il ne lui était pas apporté la réponse adéquate.

Alpharius repéra à proximité de lui une imposante plaque de métal à moitié rouillée, elle devait largement dépasser les cent kilogrammes. Cela suffirait à l'exécution de sa petite démonstration pour solliciter à nouveau l'attention de son interlocutrice récalcitrante. Néanmoins, il n'était pas question de se donner à fond dès les prémices de ce petit jeu dangereux que constituait cette entrevue quelque peu atypique. Le gantelet d'Alpharius se referma sur l'énorme débris métallique qui fut arraché du sol à l'aide d'une seule main. Le guerrier fit quelques pas en direction de cette femme qui lui tournait négligemment le dos, et il reprit la parole d'une voix faussement courroucée.

"Misérable chienne, vous osez insulter un officier de Rome... Il vous faudra plus que votre sorcellerie déviante pour abuser l'esprit d'un dévot de Minerve tel que moi."

Avant même qu'Alpharius ne prononça le dernier mot de sa menace, la lourde plaque, qu'il venait de projeter sans véritable effort, pulvérisa une espèce de brouette contenant quelques morceaux d'androïde puis acheva son vol rotatif en s'écrasant dans un crissement de métal torturé sur un rocher. En l'occurrence, ce dernier servait manifestement de support à une sorte d'interface informatique portable qui devait être à l'origine des sons grotesques polluant l'air ambiant. La pierre se fendilla sous l'impact tandis que l'objet précédemment décrit basculait piteusement derrière le rocher sur lequel il avait été posé. Il était à espérer pour la propriétaire du malheureux appareil que celui-ci ne fut pas excessivement fragile.

Le centurion primipile s'était de nouveau immobilisé, et cette fois-ci à environs cinq mètres de l'étrangère. Alpharius avait réalisé un jolie strike, il ne restait plus qu'à attendre la suite des événements. A travers les oculaires écarlates de son casque, le regard scrutateur de l'officier demeurait focalisé sur cette réfugiée d'un genre nouveau qui avait apparemment des difficultés à interagir avec des "êtres inférieurs". Il nota avec précision la présence de plusieurs caractéristiques sortant manifestement de l'ordinaire pour un humain classique, les rapports de ses agents se voyaient ainsi en partie corroboré. Instinctivement, le métabolisme sophistiqué d'Alpharius s'était accéléré et se tenait prêt à réagir en une fraction de seconde au moindre signe suspect.

[Katla Buskvej]

Bon, manifestement ça le faisait rire. Il n'avait pas cru à mon petit numéro. Mais hé ! Au moins ça l'avait fait rire, c'était le principal. Parce qu'au fond, je devais avouer que ma petite performance était sacrément marrante, surtout la partie sur l'inceste, pas mal la vanne ! Il faudrait que je la ressorte à Pluton, si je le recroisais.

Sauf que subitement, j'entendis un bruit suspect derrière moi, alors qu'il parlait de misérable chienne, d'officier de Rome, et autres... sa maman ne lui avait jamais dit qu'il fallait être poli avec les filles ?

Visiblement non, car alors que je me retournais, je me rendis compte qu'il venait de jeter une plaque de métal d'une bonne centaine de kilos... Vers la tablette. Saloperie !
L'assistance au combat s'activa instantanément. L'ordinateur calcula la trajectoire de la plaque, déterminant l'endroit qu'il heurterait, avant d'ensuite calculer des solutions pour éviter que la tablette ne soit endommagée. Sa première conclusion fut que la brouette serait détruite et ne pouvait pas être sauvée. Tant pis. Il détermina ensuite l'action à entreprendre pour limiter les dégâts.

Ne cherchant pas à réfléchir, je laissai le contrôle à la machine et aux processeurs quantiques. Calcul de trajectoire. Force, jambe droite : 2.377 Newtons. Ajustement : jambe gauche à étendre, pour réception. Marge de manœuvre : 17 mm. Prise d'appui sur le rocher. Pivotage de la jambe gauche, extension de la jambe droite. Point visé : centre de gravité de la plaque. Force : 1200 Newtons. Impact avec le pied droit. Retrait de la jambe gauche du rocher. Retour à l'équilibre.
Temps total : 827 millisecondes.

J'avais donc bondi vers le rocher avant de prendre appui dessus et me retourner pour envoyer un coup de pied dans la plaque, et l'envoyer voltiger. 1200 Newtons... C'était peut-être un peu trop. La plaque était partie à 18 kilomètres par heure s'écraser à une dizaine de mètres. J'ajusterais les valeurs, mais plus tard. Le résultat n'était en tout cas pas parfait. La pierre avait été touchée et fendue et la tablette était tombée... Heureusement, le choc n'avait pas été trop brutal, elle n'était pas endommagée.

Mais sérieusement ? Il venait de me jeter une plaque de 100 kilos dessus ? Isaa m'avait prévenue au sujet des capacités de certains Romains, mais là j'étais sciée... Pour la première fois j'étais contente d'être coincée dans un corps de combat, et non un corps dédié à l'analyse scientifique. Du coup j'avais plusieurs options.

La première, l'abattre. Un coup de projecteur plasma, et armure ou pas, il serait transformé en un beau cratère ardent d'1m50 de diamètre, rempli d'un mélange de métal et de chair fondue. L'avantage : vu qu'il y avait du monde autour, ça montrerait aux romains qu'il ne faut pas me chier dans les bottes et que si l'envie me prenait, je raserais la ville en une bonne matinée. L'inconvénient : je montrerais de quoi je suis véritablement capable et je préférais ne pas en montrer plus que nécessaire... Sans compter qu'un tir me mangerait une semaine d'énergie, et que je n'avais pas le matériel pour recharger mes batteries internes. Rejeté.

La deuxième, le brutaliser un coup. Les romains n'avaient pas de métaux avancés à leur disposition, et de fait, je pouvais assez facilement tordre ou écraser leurs aciers de basse qualité à la main. Du coup, je pouvais tenter d'arracher son armure et lui démonter sa tête. L'avantage : encore une fois, ça montrerait qu'il ne faut pas me gonfler. L'inconvénient : le fait que j'y aille "à la main" donnerait de moi une image instable et dangereuse, sauvage même. Rejeté.

La troisième : l'insulter copieusement. L'avantage : c'est cool. L'inconvénient : il est un peu con, donc il va sûrement retenter de m'attaquer... Cela dit, je peux quand même faire un peu d’esbroufe avec ma lame. Allez, vendu.

- NON MAIS ÇA VA PAS, VOUS ÊTES BARRÉ, ESPÈCE DE BULLDOZER A RÉACTION ! EXTRAIT D'HYDROCARBURE ! GARGARISME ! VANDALE ! MÉGALOMANE ! ENRAGÉ !

Je continuai de grommeler, alors que je me retournai de nouveau vers l'androïde... Lui tournant encore le dos. Mais cette fois-ci, un claquement métallique se fit entendre alors que deux rails magnétiques et un microgénérateur plasma sortirent de mon bras gauche. L'ensemble forma une lame de couleur violette, faisant un bruit de flamme. Histoire de faire la maline, j'attrapai le cadavre d'androïde pour passer la lame au travers, l'objectif étant de retirer toute la partie supérieure pour ne garder que l'abdomen. En raison de sa température extrême, elle passa comme dans du beurre fondu et tout le buste de la machine hors-service tomba au sol, la partie étant entrée en contact avec la lame brillant d'un rouge très vif comme si le métal avait été fondu.

Une fois la découpe faite, je continuai mes petites activités : chercher la batterie. Je montrais donc que je n'était pas agressive ; ça jouerait en ma faveur. Je montrais aussi que j'avais des atouts en réserve, sans pour autant trop en montrer. Maintenant restait à savoir comment il réagirait. Probablement mal, je savais que les dévots étaient souvent aussi extrémistes que stupides... Je devais réfléchir à un moyen de l'handicaper sans le tuer.

[Alpharius Omegar??s]

La bougresse se révélait être plutôt rapide et disposait d'un corps doté d'une puissance certaine, peut-être même qu'elle serait capable de surclasser Alpharius en matière de célérité pure si elle se donnait à fond. Toutefois, le colosse doutait qu'elle disposa d'une marge de manœuvre si conséquente que cela. Certains signes perceptibles montraient que la morgue de l'étrangère s'était quelque peu effritée. Il était devenu évident qu'elle devrait révéler d'autres atouts pour être en mesure de rivaliser avec le tueur suprahumain qu'incarnait Alpharius s'il cessait de jouer pour se livrer sans retenue à l'exercice du combat à mort. Divers substances chimiques se répandaient massivement dans l'ensemble du corps lourdement modifié du guerrier pour l'amener au summum de ses capacités létales. Les perceptions du centurion avaient atteint un niveau de clarté exceptionnelle. Chaque détail, chaque mouvement et chaque son lui apparaissaient telles des données défilant sur un écran. Il vit la lame de découpe et elle suscita brièvement en lui le souvenir de temps anciens relatifs à une enfance essentiellement composée de souffrances et d'expériences dans le but de le perfectionner chaque jour un peu plus. Sa mémoire lui indiqua par la même occasion que la cible disposait d'une technologique plasmique, ce qui impliquait qu'elle possédait la capacité de le tuer en théorie. Ce qui n'émut pas particulièrement Alpharius, l'acceptation de la mort et du danger était intrinsèquement liée à sa nature. Le jour venu, il lui faudrait défier et jeter à bas de leurs trônes les faux dieux. S'il n'était pas capable de surpasser cette inconnue tenant plus du cyborg que de l'humain, la seule conclusion valable à un tel échec serait que son existence ne se justifiait plus.

L'officier primipile s'efforça de contenir son désir impérieux de combattre dans la prison de contrôle qu'incarnait sa volonté inflexible. D'un geste discret et maîtrisé, Alpharius fit glisser son épée d'un pouce hors de son fourreau afin de faciliter son extraction d'urgence si nécessaire. Un de ses concepteurs l'avait initié aux rudiments de l'art du Batto qui consistait à dégainer son arme et à tuer dans un même mouvement fluide. Sans en être un expert, Alpharius avait recouru quelques fois à cette technique pour neutraliser en un minimum de temps un adversaire potentiellement dangereux en combat prolongé. Le guerrier avait une confiance absolue en son épée à la lame d'adamantium, il savait néanmoins que l'activation en dernier recours du champ disruptif de l'arme prenait en général quelques secondes avant d'être effective.

Alpharius progressa d'un pas lent mais assuré vers l'étrangère, tous ses sens étaient en alerte pendant que son cerveau se chargeait d'identifier tous les paramètres utiles afin d'optimiser les conditions initiales à une éventuelle confrontation physique. Il interrompit son approche lorsque son ombre menaçante recouvrit totalement sa cible qui osait lui tourner le dos de manière fort insolente. De part sa taille exceptionnelle, Alpharius détermina qu'il avait naturellement une meilleure allonge que cette créature peu coopérative. Un détail qui pourrait s'avérer utile à prendre en compte pour la suite des évènements. L'officier romain fit adopter à sa voix une tonalité exprimant une rage sans limite pour délivrer son ultime avertissement.

Alpharius: "Barbare, vous allez connaître le châtiment que nous réservons aux impies de votre espèce. A genoux immédiatement catin impudente pour implorer le pardon des dieux ou je vous ferai rejoindre définitivement les carcasses jonchant cette décharge."

Le sens de l'observation d'Alpharius lui fit remarquer que l'étrangère disposait d'un châssis plutôt agréable à l’œil malgré certaines particularités relativement inhabituelles même chez les androïdes romains, ce qui en faisait indéniablement une pure XX. D'un mouvement délibérément indolent et pataud, le bras droit d'Alpharius se porta vers l'épaule gauche de la drôlesse comme s'il avait l'intention de la forcer à se retourner vers lui. Entretenir l'illusion de son adversaire de se croire confronter à un simple malabar malhabile faisait partie de l'art élémentaire de la tromperie. Le guerrier veilla néanmoins à ne pas oublier la présence de l'étrange projecteur de plasma même si son expérience lui avait appris qu'une menace trop évidente n'était souvent qu'une diversion pour détourner l'attention du véritable danger. Le poing gauche d'Alpharius s'était refermé sur le pommeau de sa longue épée, mais il se tenait prêt à abandonner toute tentative de dégainer son arme si cela devait le mettre en mauvaise posture face à la réaction de la cible. Si nécessaire, il était prêt à la mettre hors de combat uniquement par l'usage dévastateur de sa force physique combinée à sa science du combat rapproché acquise au cours des siècles précédents.

[Katla Buskvej]

Bon, il voulait se fritter. Le type s'approchait de moi, bougeant une main vers mon épaule alors que l'autre s'était posée sur le pommeau de son épée. L'ordinateur de combat calcula immédiatement 20 solutions qu'il me présenta ensuite rapidement dans le coin supérieur gauche de ma vision.

Le problème, c'est que cet ordinateur était dans un corps de combat, conçu pour déglinguer du Kohrien par paquets de 12. Il ne connaissait pas vraiment les solutions "fines", et de fait, parmi les 20 solutions proposées, toutes visaient à bousiller la tête de cet opposant douteux de diverses manières élaborées et plus ou moins acrobatiques. L'ennui c'est que je voulais éviter de causer des problèmes, du moins, d'en causer plus que nécessaire. Je pouvais me débarrasser de cet emmerdeur sans porter un seul coup, par le simple jeu politique, mais... Pour ça, il fallait que je me tire d'ici.

Tant pis pour les morceaux d'androïdes, je les étudierais une autre fois. Isaa serait sûrement ravie de m'aider d'ailleurs... Pour le moment, il fallait fuir. Tant pis pour l'honneur et autres imbécilités créées par la testostérone et rien d'autre, la priorité était de foutre le camp, pour plusieurs raisons simples.

D'abord, j'ignorais la force réelle de ce type. Vu la taille de son armure, il devait avoir une musculature renforcée, sûrement un de ces "dons" dont m'avait parlé Isaa... Mon esprit rationnel disait que les chances que quelqu'un puisse tordre des métaux aussi renforcés que ceux constituant mon corps étaient proches de zéro. Mais proche de zéro ce n'est pas zéro, et je ne connaissais pas assez Rome pour avoir des données suffisamment fiables... Au fond, Maximus avait réussi à me porter sans avoir vraiment trop l'air de forcer.

Ensuite, en supposant que je puisse lui péter sa tête, il s'agissait peut-être du fils crétin d'un sénateur ou de quelqu'un d'influent. Nombreuses sont les familles ayant un gros débile dans la lignée, et manque de chance, si la lignée de ce type était un peu prestigieuse, je pouvais m'attirer de gros problèmes politiques, chose que je voulais éviter à tout prix. Caius m'avait causé assez de tort comme ça sans que je n'en rajoute en jouant à "qui a la plus grosse" avec un anthropopithèque.

Il avait posé sa main sur mon épaule, donc... De là, que faire. Je demandai à l'ordinateur des solutions d'extraction, en obtenant une petite dizaine immédiatement. La troisième me plaisait, ce fut donc celle-ci que je décidai d'adopter.

Lancement du programme. Le métal couvrant mon épaule changea de consistance pour devenir semi-liquide et glissant. Coup sur la jambe droite, 22.510 Newtons. Je passai de l'immobilité la plus totale à 30 kilomètres par heure, en direction de la tablette. Bras gauche, extension, j’attrapai la tablette au vol. Jambe gauche, extension et appui. Coup sur la jambe gauche, changement de direction, poussée à 42° sur la droite, 17.300 Newtons. Je perdis légèrement en vitesse alors que ma trajectoire changea vers la sortie la plus proche. Fin du programme, 217 millisecondes.

Maintenant il fallait courir, tant pis pour la batterie. J'ignorais si ce dingue pouvait courir à 80 kilomètres par heure dans sa grosse armure, mais c'était en tout cas la vitesse à laquelle je foutais le camp d'ici, tout en criant des insultes :

- INQUISITEUR ! ANAColuthe ! hurluberlu ! vivisectionniste ! enragé !

(RP terminé pour ma part, à priori ! ^^)

[Alpharius Omegar??s]

HRP: Comme j'ai un certain doute sur le terme "à priori" et que je suis potentiellement quelqu'un d'un peu tenace, je vais quand effectuer une réaction en conformité avec la nature de mon personnage. Ce ne sera pas trop loin néanmoins pour ne pas vous contraindre à supporter excessivement un RP contre votre gré.

Alpharius fut brièvement déstabilisé lorsque l'épaule de l'étrangère perdit sa consistance au contact de son gantelet, mais déjà sa cible se mettait en mouvement à une vitesse impressionnante pour échapper à son emprise. Mu par un réflexe conditionné, le guerrier avait immédiatement entrepris de libérer son épée de son fourreau. Il avait la quasi-certitude que sa proie irait récupérer son matériel informatique avant de s'esquiver et alors même qu'elle avait entrepris d'accélérer après avoir saisi sa précieuse tablette, Alpharius avait effectué une rotation sur lui-même de manière foudroyante pour se tourner vers la fuyarde tout en déportant habilement sa prise sur son arme de la poignée vers le milieu de la lame elle-même.

La seule réflexion, qu'eut Alpharius avant de projeter sa longue épée tel un javelot improvisé, était que le "Crux Terminatus" ne pouvait laisser passer une telle occasion d'accéder à des technologies nouvelles. Le suprahumain n'avait effectué qu'un pas d'élan, mais sa force colossale combinée à la vitesse acquise par la giration qu'il avait effectué sur son propre axe, lui permit d'effectuer un lancer qui fit acquérir au projectile d'interception une vélocité proche des 33 m/s. Ce qui était loin d'approcher du potentiel optimal d'Alpharius avec un engin plus approprié au jet mais qui était loin d'être négligeable au vu des circonstances d'urgence. Le centurion primipile n'avait eut que le temps d'estimer très brièvement le déplacement de la fugitive mais des siècles d'expérience lui avait appris à faire confiance à son corps quand il n'y avait pas de temps pour la réflexion. Ce fut donc à environs 119 km/h que l'épée fila vers le point d'arrêt prévu par Alpharius.

- INQUISITEUR ! ANAColuthe ! hurluberlu ! vivisectionniste ! enragé !

Les ridicules invectives de l'étrangère récalcitrante moururent dans sa gorge quand la lame d'adamantium percuta légèrement sa jambe droite malgré une remarquable tentative d'esquive à l'ultime instant. L'impact et l'énergie cinétique du choc ne fut pas aussi parfait qu'aurait pu espérer Alpharius mais il était suffisant pour perturber gravement la course du bolide sophistiqué qui avait tenté de fausser compagnie au centurion primipile en croyant ridiculiser si facilement ce dernier. Avec la vitesse particulièrement élevé de déplacement, qui était celle de l'étrangère, le résultat ne fit pas attendre et la fugitive poursuivit sa course devenue en partie incontrôlée en allant s'écraser sur un imposant mur de pierre fort peu accueillant.

Bien que ne pouvant rivaliser directement avec la pointe de vitesse dont avait fait montre la fuyarde, Alpharius s'était immédiatement précipité vers le lieu de l'impact à grandes foulées agiles [seulement un peu plus de 40 km/h de moyenne]. Malgré sa vue perçante, Alpharius ne distingua de prime abord qu'un nuage de poussière épais et des monceaux de gravats dispersés. Ce fut à cet instant qu'il eut la confirmation que son arme était absente des lieux, elle était potentiellement toujours plantée dans la jambe de l'étrangère. Le colosse n'avait aucune certitude réelle quant à ce qui ce allait trouver au milieu de la fumée qui commençait à peine à se dissiper. Faisant confiance à son ouïe supérieure, il avança plus lentement bouclier de combat en avant, mais il ne prit pas la peine de se saisir de sa lame d'appoint du fait de sa plus que probable inefficacité contre un corps artificiel aussi sophistiqué. Il distingua finalement un trou dans un plancher d'une habitation en ruine et comprit immédiatement de quelle manière sa proie avait réussi à s'éclipser provisoirement malgré les dommages qu'elle avait subis. Quelque soit la position de sa cible à l'instant présent, il était totalement exclu pour le guerrier de la laisser demeurer en possession de l'épée-relique et il se laissa tomber à son tour dans la brèche obscure du plancher.

[Katla Buskvej]

(Ah, juste un détail, après avoir vu quelques trucs avec Jupiter)

Bon, je pensais l'avoir suffisamment insulté, je pouvais maintenant foutre le camp à vitesse maximale. Putain, j'allais encore manger des semaines de batterie pour rien... Bon, peut-être pas des semaines, mais en tout cas ce serait une perte totalement inutile à cause de ce type. Je savais que les dévots pouvaient être dangereusement dingues, mais à ce point, quand même, c'est franch...

Le détecteur de mouvement m'alerta : un projectile. Hein ? Quoi ?
Vitesse estimée : 114 Km/h. Mais... Quoi ??
Je tentai de modifier ma course, mais peine perdue, cette saleté allait plus vite que moi, se plantant dans mon mollet. La lame était entrée de bien quatre centimètres, et la loi de l'emmerdement maximal étant ce qu'elle est, elle avait coupé le conduit d'énergie qui alimentait le booster de ma jambe droite. Génial. Parfait.

Les corps de combat de la Citadelle étaient modulaires. Ils comprenaient de nombreux emplacements vides, ne servant qu'à accueillir des modules divers, pour convenir au "style" de leur utilisateur. Dans les jambes j'avais mis des boosters pour augmenter ma vitesse de pointe de 25% environ, dans le bras droit j'avais la lame et le thumper, et dans le bras gauche j'avais le projecteur lourd. Dans l'abdomen j'avais mis une deuxième batterie, et augmenté la taille de ma base de données.

Mais du coup, avec le conduit d'énergie menant au booster droit coupé... Oh, l'ordinateur put réagir quasi-instantanément pour ajuster ma vitesse et mes mouvements, mais pendant une demi-seconde, j'avais une jambe qui allait plus vite et poussait plus fort que l'autre. Autant dire qu'à une vitesse pareille, je me retrouvai à changer de trajectoire, me mangeant un mur en pleine tronche.
Disons les choses : la technologie de la Citadelle c'est trop bien. Sans rire. Métaux de la mort qui tue, super canons, blablablabla. Mais un bon traumatisme crânien restait un bon traumatisme crânien.

J'étais donc subitement dans un nuage épais de poussière, qui allait glorieusement encrasser mes filtres pulmonaires, et j'étais plutôt confuse à cause du choc. L'ordinateur n'ayant pas ce problème, il activa la vision infra-rouge de manière automatique, ce qui ajouta encore plus à ma confusion. Gauche, droite... Je ne savais pas trop où aller, je rampai donc un peu au hasard, avant de m'écrouler sous le sol. La chute avait fragilisé le terrain vu que je pesais bien mes 250 kilos, et je me retrouvai donc dans les égouts. Pas la peine de faire une analyse détaillée du terrain : ça pue, c'est dégueulasse, bref, ce sont des égouts Romains.

Me relevant, je jetai un oeil à mon mollet endommagé, tout en retirant l'épée. Cette arme était étrange. Ce métal ne ressemblait pas au fer grossier ou aux aciers médiocres utilisés par la plupart des soldats romains... Mais je l'étudierais plus tard. Pas le temps de lambiner ; il y avait des bestioles à l'aspect plutôt douteux qui ne m'inspiraient absolument aucune confiance. Des Drakes, m'avait-on dit. Ravissant... Ils sont bien entretenus, les canaux de la ville, tiens. Ça doit être sympa si ça sort de tes toilettes, un de ces machins-là.
En tout cas, manifestement je ne les intéressais pas, vu que je n'étais pas comestible car faite de métal... Mais rester dans le coin ne me branchait pas plus que ça. Je pris donc la fuite aussi rapidement que possible, m'enfonçant dans les profondeurs des souterrains de Rome...

Et plus je m'enfonçais, moins l'endroit m'inspirait. Je veux dire... Merde quoi, la Citadelle aussi avait des égouts, mais tout était bien métallisé, toute la saleté circulait dans des conduits spéciaux, puis tout était intégralement filtré et recyclé, pour la majeure partie, quoi ! On jetait pas tout dans un canal qui coule vaguement en laissant tout en l'état. Puis ces bestioles là, qui rôdent ? Sans rire, ça n'inquiète personne ? Sans compter l...

- ВЕРДОММЕ БАЗААР ДОНДЕР БРЕСТ ! lançai-je, alors que le sol se dérobait sous mes pieds.

C'était logique, au fond. Les égouts de la Rome actuelle étaient construits sur les égouts de la Rome moderne, construits sur les égouts de la Rome des années 2000, construits sur les égouts de la Rome antique. Il y avait quatre couches d'infrastructures, au total, toutes plus délabrées les unes que les autres, donc avec mes 250 kilos il était plutôt logique qu'à un moment ou un autre je finisse par tomber sur un sol fragilisé.

Je réussis toutefois à m'agripper à un rebord tout en ronchonnant. En me rattrapant j'avais lâché l'épée qui était de l'autre côté du trou, qui faisait bien trois mètres de longueur... Et si l'envie me prenait de sauter je ferais s'écrouler tout le reste. Tant pis. Je n'avais pas le temps de m'attarder ici, l'autre fou furieux devait être en train de me courir après...
Sans chercher plus loin, je laissai tomber cet étrange butin, continuant ma course dans les canaux humides de la cité romaine...

[Alpharius Omegar??s]

Alpharius se réceptionna sans dommage sur le sol indistinct des égouts, il resta entièrement immobile pendant une poignée de secondes, laissant sa vision s'adaptait à l'obscurité ambiante tandis qu'il recherchait vers où diriger sa traque. Rapidement, il identifia des sons lointains comme étant possiblement ceux de sa cible en fuite. Aussitôt, l'immense guerrier progressa au pas de course, il était conscient d'être relativement vulnérable face à l'étrangère en étant désarmé, mais les souterrains de Rome constituaient un terrain à son avantage qu'il savait exploiter efficacement.

Parfaitement nyctalope, Alpharius n'avait aucune difficulté à se mouvoir avec efficacité et précision dans un tel environnement. Aidé de ses sens surhumains et de son instinct de prédateur, il arrivait pour l'instant à orienter sa poursuite dans la bonne direction. Néanmoins, si l'avance que possédait sa proie ne diminuait pas rapidement, il était probable que la chasse menée par le centurion deviendrait vaine et que l'objet de sa traque aurait le temps de s'extraire des égouts. En vérité, Alpharius était plus focalisé sur la récupération de son arme que par le sort immédiat de la fugitive qui ne disposait de toute manière d'aucun refuge à Rome que le Crux Terminatus ne saurait trouver.

Ce fut le bruit caractéristique d'un effondrement souterrain qui avertit Alpharius que son expérience des lieux n'était pas partagée par tous. Un court instant plus tard, l'officier romain était sur place mais il ne vit aucun signe de la présence de l'étrangère, mais cela lui importa peu sur l'instant car il distingua sur un des rebords du trou son épée. Le guerrier s'empressa de récupérer son bien après s'être assuré que ce n'était pas un piège grossier. Le surhomme considéra pensivement l'ouverture béante dans le sol puis opta pour l'abandon de la poursuite.

La traque continuerait par le biais des agents et des informateurs du "Crux Terminatus", obtenir cette technologie pourrait s'avérer être un avantage décisif pour la cause de l'organisation secrète. il restait le problème de la personnalité de la détentrice de ce savoir, l'hypothèse de coopérer d'égal à égal avec elle pour un objectif commun ne semblait guère être envisageable à première vue. Le modèle de pensée de l'étrangère semblait trop fantasque et il était évident qu'elle avait déjà suscité l'intérêt d'un certain nombre de personnages à Rome aux intérêts divergents. En dernier recours, le "Crux Terminatus" étudierait donc la possibilité d'utiliser des méthodes particulièrement invasives ou létales pour obtenir le résultat voulu...