[E5] Experto crede (Alpharius - Terminé)

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

[E5] Experto crede (Alpharius - Terminé)

Messagepar Isaac Vibius le 14 Mars 2013, 02:03

Le soleil est déjà haut dans le ciel et continue sa course, dans deux heures environ il atteindra l'apogée. Il darde ses rayons sur les armures étincelantes. Dans la cour carrée, les hommes avancent d'un pas cadencé. Leurs sandales soulèvent un fin nuage de poussière à chaque pas. Les notes métalliques de leur équipement semblent répondre à chaque mouvement au grave du martèlement de leurs pieds sur le sable. Le centurion posté face à eux crie des ordres et chacun s'exécute dans un ballet minutieux. Deux yeux noisette observent la scène. La jeune femme se tient en retrait, assise sur un petit muret, les pieds nus ballants. Elle porte une longue robe blanche qui lui descend presque jusqu'aux chevilles. Ses spartiates reposent sur le sol en dessous d'elle. Sa chevelure est remontée, tenue en un chignon improvisé dans lequel est planté un crayon de bois. Elle a même sans doute oublié l'avoir glissé là. Quelques boucles se sont échappées et retombent de chaque côté de sa nuque dégagée. Elle tient en équilibre précaire sur ses genoux son précieux carnet. Isaa a dans sa main gauche un crayon similaire au premier et noircit la page de pièces d'armures, de boucliers aux formes diverses.

A la voir ainsi on pourrait croire qu'elle n'est pas très concentrée sur l’entraînement auquel elle assiste. Et pourtant elle observe, détaille, scrute les moindres mouvements des soldats assemblés dans la cour. Les hommes resserrent les rangs, se plaçant en posture défensive. Avec agilité la demoiselle saute au sol et se rapproche légèrement. Elle avance un peu sans quitter des yeux la formation, cherchant les brèches, les faiblesses éventuelles. Elle griffonne quelques annotations et fait un rapide croquis à main levée. Son regard tombe sur un colosse qui se tient comme elle un peu à l'écart. Son allure est sacrément imposante surtout revêtu de son armure. Elle reporte son attention sur l’entraînement. Vient le moment des passes d'armes. Quelques hommes se répartissent en binôme tandis que d'autres poursuivent leurs exercices. La jeune femme observe les soldats à l’œuvre. En étudiant bien les mouvements des combattants, une chose étrange lui saute aux yeux. La plupart de ces hommes n'ont même pas appris les coups rudimentaires. Ils ne doivent pas savoir ce que sont l'estoc, la taille ou l'entaille. Ils frappent d'instinct et parent ou bloquent de la même manière. Enseigner les arts de la lice à autant d'hommes demandaient évidemment du temps que les gradés et maîtres d'armes n'avaient sûrement pas. Chez les Vibius on apprenait à combattre dès son plus jeune âge. Ces connaissances se transmettaient de père en fils. Malheureusement pour Ursus, son huitième et dernier enfant avait encore été une fille. Il avait essayé de faire d'elle une digne héritière. Et même si Isaa avaient retenu la plupart de ses leçons, elle avait d'autres aspirations que de suivre les traces de son père.

Elle jette un œil vers le colosse à nouveau. L'homme est toujours seul et isolé. Cela lui fournit une occasion de l'approcher et de l'interroger. Elle est venue pour cela après tout, pour étudier les entraînements, apprendre au contact des soldats comment améliorer leurs équipements. Protéger Rome passe forcément par la survie des hommes qui veillent sur elle. Laissant derrière elle ses spartiates, la scientifique avance pieds nus. Le contact du sable chaud entre ses orteils est plutôt agréable de toute façon. En souriant de son air jovial habituel, elle se plante devant ce militaire qui la domine de plusieurs têtes. Est-ce suffisant pour l'intimider ? Nullement, ce serait mal connaître ce fort caractère. Elle le salue avec respect mais sans ramper pour autant devant lui.


« Bonjour, je suis Isaa Vibius. Le centurion Cerenus m'a autorisé à assister aux manœuvres. Pour tout vous dire, je travaille à améliorer les armes et armures de nos concitoyens. Vous ne participez pas aux entraînements ?

Un regard lui a suffi pour connaître son grade clairement affiché comme tous les hommes ici. Puis à détailler son armure et sa posture, on devine qu'il s'agit d'un soldat aguerri. D'ailleurs la jeune femme a bien une idée sur son identité. Une personne de cette stature ne passe pas inaperçue. Et quand on est comme elle fille d'un garde prétorien, on a forcément entendu de nombreuses histoires sur ceux qui se sont illustrés par des faits d'armes. Feindre l'ignorance est parfois un bon moyen d'entamer une discussion et d'amener son interlocuteur à se présenter de lui-même.

- J'imagine qu'au premier coup d’œil vous êtes capable d'évaluer les forces et faiblesses de chacun de ces hommes. Selon vous qu'est-ce qui manque le plus aux plus jeunes recrues ? Qu'est ce qui pourrait les aider à survivre assez pour que l'expérience les rende plus forts ?
Dernière édition par Isaac Vibius le 08 Mai 2013, 17:06, édité 1 fois.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 14 Mars 2013, 13:50

En ce jour ordinaire dans l'existence d'un officier de la Legio Civitas, Alpharius avait opté pour déambuler en solitaire au milieu des baraquements et des champs d'exercice des troupes. Il avait été de garde administrative une grande partie de la nuit passée mais la fatigue n'avait que peu d'emprise sur lui, et de toute manière son esprit était bien trop préoccupé pour envisager de privilégier le repos du corps. L'épisode du retour du corps expéditionnaire lui avait sombrement confirmé la faiblesse intrinsèque des forces militaires romaines. Il était un des rares individus, si ce n'est le seul, qui avait cruellement conscience de l'archaïsme des équipements dont disposaient les soldats de Rome. Partir à la conquête du monde... Cette rhétorique naïve de certains excités du culte de Minerve masquait à peine leur ignorance profonde des choses existant au-delà des murs de la cité. La vague rumeur d'un aéronef s'étant écrasé à proximité de l'expédition montrait une nouvelle fois que le détachement avait eu de la chance de ne pas rencontrer de forces hostiles ayant réussi à conserver un certain degré de technologie militaire. Si cela avait été le cas, Rome n'aurait pas eu d'autre choix que d'implorer une nouvelle fois l'intervention des dieux.

Néanmoins, Alpharius avait soutenu le projet de l'expédition à l'extérieur des murs car il était impératif de changer l'état d'esprit général des Romains. Ces derniers ne pouvaient continuer à simplement se calfeutrer dans cette ville tel un troupeau n'ayant jamais quitté son enclos. Par ailleurs, l'expédition avait servi aussi certains des desseins d'Alpharius et des discrets membres de la confrérie. Il avait pu renforcer définitivement ses connections avec les troupes de la Legio Civitas demeurées au sein de la ville. Son statut de vétéran respecté et son rang de centurion primipile au sein de la 1ère cohorte avaient été d'une grande utilité, même si l'action souterraine d'Alpharius avait déjà débuté depuis plusieurs siècles.

Finalement, les pas d'Alpharius le conduisirent à une aire d'entraînement où des éléments de la cohorte de réserve de la Legio Civitas répétaient de manière mécanique les différents formations classiques. A son arrivée, quelques hommes l'interpellèrent par son surnom d'Invictus avant de se faire rabrouer par l'officier instructeur. Alpharius se contenta de saluer ce dernier en heurtant du poing son plastron puis se figea à une distance respectable des soldats en action, son casque noir sans cimier calé sous son bras droit. Il plongea à nouveau dans ses réflexions tout en maintenant une attitude vigilante de principe.

Quelques minutes plus tard, la vision périphérique du colosse détecta l'approche d'une jeune femme à la chevelure brune. Ce qui interrompit brièvement ses méditations quant à la nécessité de convoquer Phoebus et Mortarius pour pour évoquer le cas de leurs cinq jeunes frères soumis actuellement aux épreuves finales du "Crux terminatus". Instinctivement, Alpharius constata que la jeune femme avait pénétré dans la zone d'interaction sociale probable avec lui. Ce constat s'en trouva confirmé lorsqu'elle prit la parole pour s'adresser au colosse dont l'armure intégrale à la couleur de jais miroitait au soleil.


"Bonjour, je suis Isaa Vibius. Le centurion Cerenus m'a autorisé à assister aux manœuvres. Pour tout vous dire, je travaille à améliorer les armes et armures de nos concitoyens. Vous ne participez pas aux entraînements ?"

La donzelle avait pris la peine de se prévaloir de l'autorisation du Praetor pour justifier sa présence en ces lieux, ce qui n'avait pas spécialement ému le centurion primipile. Le guerrier inclina légèrement la tête en guise de salut avant de laisser son regard scrutateur se focaliser sur la dénommée Isaa. Alpharius la détailla brièvement avant de prendre à son tour la parole d'une voix évoquant un grondement de tonnerre lointain.

Alpharius: "Vibius, je crois que j'ai connu un peu votre père. C'était un soldat exigeant d'après mes souvenirs. Pour ce qui concerne l'entraînement, je n'ai pas la responsabilité de cette unité. Je ne suis qu'un humble centurion de la Ière cohorte."

Une lueur d'amusement passa fugacement dans les yeux d'Alpharius quand il regarda à nouveau son interlocutrice. Celle-ci avait quelque chose de particulièrement charmant dans son attitude et son apparence. L'officier avait entendu parler de cette femme à l'intelligence vive qui s'était impliquée dans plusieurs projets d'ingénierie militaire. Elle avait contribué d'une certaine manière à faire de l'armée romaine une force moins primitive et sous-équipée.

"J'imagine qu'au premier coup d’œil vous êtes capable d'évaluer les forces et faiblesses de chacun de ces hommes. Selon vous qu'est-ce qui manque le plus aux plus jeunes recrues ? Qu'est ce qui pourrait les aider à survivre assez pour que l'expérience les rende plus forts ?"

A l'écoute de ces différentes questions, Alpharius eut un haussement d'épaules presque imperceptible du fait de son imposante armure. Pour lui, la plupart des recrues étaient destinées à mourir d'une manière ou d'une autre si elles partaient en opération à l'extérieur de Rome. Ces jeunes soldats étaient loin d'incarner l'image que se faisait Alpharius d'une puissante armée ayant vocation à accomplir de grandes choses. Malgré son apparence hors-norme et ses aptitudes, Alpharius n'avait aucun complexe de supériorité sur ces hommes dont il respectait le courage et l'engagement, mais il était amèrement conscient de tout le savoir humain qui avait été perdu au cours des siècles passés. Il avait été façonné pour croire dans le potentiel du genre humain, mais au fil des siècles, un certaine forme de pessimisme avait fini par prendre racine en lui.

Alpharius: "Ce qui manque aux jeunes recrues? En dehors de l'expérience du terrain et un entraînement plus poussé, je dirai qu'il leur manque en premier lieu un esprit de corps et la fierté d'appartenir à une institution militaire ayant connu la gloire sur le champ de bataille. La paix et la stagnation ne façonnent pas des soldats mais de simples miliciens aptes à garder uniquement les murs. La guerre est souvent atroce mais c'est l'épreuve de vérité par excellence pour une véritable armée. Rome possède quelques bonnes unités, mais rien qui ne soit en mesure de façonner un empire. Sans les dieux, le voile d'illusion sur notre puissance militaire se serait déjà déchiré depuis longtemps. L'expédition dans les contrées extérieures a révélé la vulnérabilité inquiétante de nos troupes.

Bien sûr, il n'y a rien de pire pour un soldat que d'être confronté à un ennemi qui le surclasserait au niveau de l'équipement et du matériel sans parler de l'aspect logistique souvent négligé. Ce qui est votre domaine de compétences si je ne fais erreur. Il est évident que le courage et l'entraînement pèseraient bien peu dans une telle configuration. Que Minerve nous préserve à jamais du spectre de l'humiliation et de la défaite face à une puissance étrangère..."


Alpharius s'était exprimé sans passion, mais il avait été relativement sincère dans ses propos. Ce qui n'avait pas empêché ses pensées de continuer à vagabonder vers le projet qu'il menait clandestinement à bien pour tenter de résoudre à sa manière une partie des problèmes qu'il venait d'évoquer. Il était conscient qu'il y avait peu de chance que la jeune femme à ses côtés soit entièrement satisfaite par les réponses qu'il avait eu à offrir à ses différentes questions. Conservant son attitude imperturbable, il se contenta d'attendre la suite des événements.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 16 Mars 2013, 20:00

L'homme se garde de se présenter à son tour, la jeune femme ne s'en offusque pas. Si son père lui a appris le maniement des armes les plus classiques, le respect des règles et les fonctionnements d'une armée, sa mère lui a inculqué les principes fondamentaux concernant la politesse et l'étiquette, entre autres choses. Elle les a certes intégré, et remanié bien souvent à sa manière à elle. Isaa pour tout dire a son propre code et c'est celui-là qu'elle s'évertue à suivre. Elle n'est donc pas particulièrement à cheval sur les règles de savoir vivre, du moins pas au point d'être contrariée par leur manquement. Elle sourit lorsqu'il évoque Ursus. Chaque fois qu'elle repense à lui, elle n'a pas l'image d'un père aimant ou attentionné. Il la rudoyait plus souvent qu'à son tour. L'amour est tout de même une chose étrange. Malgré toute sa dureté et à la fin l'indifférence qu'il lui renvoyait, elle garde plus volontiers le souvenir de sa détermination, de sa loyauté et de son fort caractère. Ce sont d'"ailleurs des traits qu'elle a hérité de lui.

- Il l'était tout autant en tant que père et même que mari. Je suppose que beaucoup de soldats aiment retrouver le même ordre et la même rigueur au sein de leur foyer que celui auquel ils sont habitués au sein de leur régiment. A moins que ce soit juste un trait de caractère masculin.

La scientifique se fend d'un sourire amusé. Il faut dire qu'elle a grandi surtout entourée de filles ou de femmes. Dernière de la lignée, elle a vécu au beau milieu de ses sept sœurs en compagnie bien sûr de sa mère. Ursus était souvent absent et quand il était là, les jacassements incessants de sa marmaille le poussaient souvent à aller trouver refuge dans son bureau. Au final les hommes demeurent une sorte de mystère pour Isaa. Elle travaille parfois avec certains d'entre eux, il ne s'agit que d'une collaboration strictement professionnelle. Elle les étudie de loin en quelques occasions et son expérience avec Mettius n'a rien arrangé à l'histoire. Au final elle s'en fait une idée assez peu flatteuse, ou au moins s'en méfie. Le paradoxe est tout de même qu'elle ne se sent pas beaucoup plus à l'aise au milieu des femmes. Elles ont souvent des sujets de préoccupations tellement loin des siennes que la demoiselle en a elle-même tiré ses conclusions. Elle est différente, elle ne changera pour personne. Ses études la passionnent, elle aime les gens sans rechercher particulièrement leur compagnie.

Revenant à la conversation, elle écoute avec attention la réponse de son interlocuteur. Rapidement il en vient à l'intriguer. D'abord par le choix de ses mots, il apparait rapidement qu'elle a devant elle un homme cultivé, un homme de lettres qui probablement apprécie d'agréables lectures. Ensuite, elle remarque son franc-parler et son esprit critique. Quand son père évoquait ses frères d'armes, il parlait toujours avec emphase en vantant les mérites de la belle légion romaine. Par ailleurs, ses propos sont tout à fait réfléchis et il n'y a rien de plus plaisant aux yeux d'Isaa que d'avoir face à elle quelqu'un qui l'amène à repousser les limites de sa propre pensée.


- Je n'ai nullement votre expérience, ni vos connaissances en la matière. Cependant je vous donne raison sur certains points. Nous sommes restés enfermés ici depuis bien trop longtemps. Je pense que cela a contribué dans l'esprit de beaucoup à nous croire invulnérables ou même seuls au monde. Que se passerait-il si un autre peuple venait pour nous envahir? Nous ne savons rien des menaces extérieures, l'ignorance est un des pires dangers. D'autant plus que la connaissance vient aussi par l'échange.

Son regard se pose un moment sur les hommes en train de croiser le fer. Leur maladresse est flagrante quelques fois, malgré tout ils font preuve de persévérance et de bonne volonté.

- Par contre je ne partage pas tout à fait votre avis sur le courage et l'entrainement opposés à un simple armement supérieur. Vous pouvez confier la meilleure lame à n'importe quel paysan qui n'en a jamais tenu une, je suis certaine que face à un soldat aguerri même désarmé, sa résistance serait rapidement vaincue. Je pense sincèrement que le courage et la détermination peuvent faire la différence. Ce n'est pas pour autant que je ne crois pas à l'importance de l'équipement, sinon je ne chercherais pas sans cesse à l'améliorer. D'autant qu'il faut être lucide, si une force extérieure venait ici avec un armement supérieur au nôtre elle saurait forcément s'en servir.

Isaa pose de nouveau les yeux sur le colosse en lui souriant toujours.

- D'après vous, qu'est-ce qui différencie les perdants des vainqueurs? Peu importe le domaine d'ailleurs, que ce soit dans l'arène, sur un champ de bataille ou dans la vie de tous les jours.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 19 Mars 2013, 13:22

- Il l'était tout autant en tant que père et même que mari. Je suppose que beaucoup de soldats aiment retrouver le même ordre et la même rigueur au sein de leur foyer que celui auquel ils sont habitués au sein de leur régiment. A moins que ce soit juste un trait de caractère masculin.

L'imposant officier ne broncha pas à l'évocation du tempérament supposé des militaires lorsqu'ils étaient de retour dans leurs foyers. Pour ce qui concernait Alpharius, il n''avait pas de foyer en dehors des quartiers d'officier qu'il occupait au sein de la caserne principale de la Legio Civitas. Cela faisait des siècles qu'il n'avait plus connu la sensation de vivre au sein d'une demeure classique. Cette dernière pensée lui évoqua le souvenir lointain de son père adoptif, l'honorable Aetius Labienus. Ce dernier s'était toujours montré sous le jour d'un homme distingué, relativement instruit, et bon tacticien sur le plan militaire mais excellant encore plus dans la fréquentation de la bonne société romaine.

- Je n'ai nullement votre expérience, ni vos connaissances en la matière. Cependant je vous donne raison sur certains points. Nous sommes restés enfermés ici depuis bien trop longtemps. Je pense que cela a contribué dans l'esprit de beaucoup à nous croire invulnérables ou même seuls au monde. Que se passerait-il si un autre peuple venait pour nous envahir? Nous ne savons rien des menaces extérieures, l'ignorance est un des pires dangers. D'autant plus que la connaissance vient aussi par l'échange.

La vraie question était plutôt pourquoi les Romains semblaient stagner sur le plan technologique et qu'aucune avancée significative ne semblait possible depuis des siècles. Alpharius avait ses propres réponses à cette interrogation, mais peu d'individus étaient en mesure d'accepter la réalité de l'aspect profitable d'une telle situation pour certaines entités. Même Rome n'affichait plus la moindre trace apparente d'un passé autrefois dominé par la technologie. Seuls les adeptes du Crus Terminatus avaient su conserver suffisamment d'archives pour avoir une certaine idée de la situation qui avait précédé la période de cataclysmes ayant mené la civilisation humaine à la limite de son annihilation totale.

- Par contre je ne partage pas tout à fait votre avis sur le courage et l'entrainement opposés à un simple armement supérieur. Vous pouvez confier la meilleure lame à n'importe quel paysan qui n'en a jamais tenu une, je suis certaine que face à un soldat aguerri même désarmé, sa résistance serait rapidement vaincue. Je pense sincèrement que le courage et la détermination peuvent faire la différence. Ce n'est pas pour autant que je ne crois pas à l'importance de l'équipement, sinon je ne chercherais pas sans cesse à l'améliorer. D'autant qu'il faut être lucide, si une force extérieure venait ici avec un armement supérieur au nôtre elle saurait forcément s'en servir.

Alpharius eut un léger rictus dubitatif à l'évocation par la jeune femme de l'aspect relatif de la supériorité de la technologie entre les mains d'un simple paysan. Le plus simplet des cul-terreux pourrait pourtant abattre d'un carreau d'arbalète un cavalier romain tout équipé après seulement cinq minutes d'apprentissage du maniement de l'arme en question. De plus, Alpharius avait vu et testé par lui-même certaines reliques du passé au potentiel de destruction suffisant pour permettre à l'enfant suprahumain, qu'il avait été, d'abattre avec une aisance effrayante une dizaine de créatures mutantes qui n'auraient probablement fait qu'une bouchée d'une centaine de soldats romains aguerris.

- D'après vous, qu'est-ce qui différencie les perdants des vainqueurs? Peu importe le domaine d'ailleurs, que ce soit dans l'arène, sur un champ de bataille ou dans la vie de tous les jours.

Encore une question, et celle-ci paraissait à la fois étrangement naïve et pertinente de par la volonté de réflexion qu'elle sous-entendait sur une notion plus subtile qu'il ne semblait à première vue : la victoire. Le centurion primipile pivota lentement pour faire face à son interlocutrice et opta pour exprimer de manière concise son opinion. En effet, il était parfois plus judicieux d'aller directement à l'essentiel que de se livrer à de longs discours pontifiants.

Alpharius: "La différence entre les vainqueurs et les perdants? Elle est souvent plus ténue que nous voulons bien le croire. Certes, bien des facteurs peuvent entrer en compte pour déterminer ce qui pourrait être un triomphe ou une défaite écrasante. Néanmoins, si vous faites référence à un aspect plus psychologique de la chose, je ne saurai y répondre avec précision. La seule certitude, qui s'impose à moi quant à l'aspect concret de la victoire, est que le véritable vainqueur se distingue par sa capacité à façonner sans entrave les modalités de son existence tandis que le vaincu n'a pas la voix au chapitre. Le reste n'est que vacuité à mes yeux.

Mais trêve de réflexions trop sérieuses, je vous propose d'aller maintenant inspecter en ma compagnie les remparts. Vous avez suffisamment perturbé ces pauvres cadets, je les ai rarement vu aussi maladroits que lorsqu'un membre de la gente féminine vient les observer. Il est connu que les jolies femmes sont la terreur de tout soldat qui possède un minimum de bon sens."


Alpharius avait changé de sujet de conversation sans le moindre signe avant-coureur, plus par amusement que par réelle volonté de froisser ou déstabiliser son vis-à-vis. Remarquant qu'elle était pieds nus, il se pencha à une vitesse foudroyante pour passer son bras gauche derrière les jambes de la jeune femme et la soulever sans effort pour la percher sur l'espace situé entre son épaulière massive et son cou musculeux. Le geste imprévisible d'Alpharius ne passa pas inaperçu et suscita quelques vivats parmi les soldats présents tandis que d'autres l'encouragèrent en criant le surnom d'Invictus qui était le sien au sein de la Legio Civitas.

Alpharius: "J'espère que vous pardonnerez mon attitude quelque peu cavalière, mais je pensais seulement à vous offrir un meilleur point de vue lorsque nous serons sur les fortifications. Je suis convaincu que vous saurez m'éclairer sur de possibles améliorations afin de renforcer les différents systèmes défensifs dont disposent les murailles de Rome."

Tout en sécurisant l'assise de la dénommée Isaa par le biais son imposant gantelet gauche refermé sur une des cuisses féminines, Alpharius se demandait intérieurement ce qu'il l'avait poussé à prendre une telle initiative quelque peu téméraire envers ladite demoiselle. Sous le couvert de son attitude pleine d'assurance, le colosse en armure, qui frôlait les 2 mètres 20 de haut, attendait avec une légère appréhension la réaction de la jeune femme installée sur son épaule.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 20 Mars 2013, 14:02

Isaa ne cache pas son enthousiasme, ni l'intérêt qu'elle porte à l'avis de son interlocuteur. La question certes étrange qu'elle vient de lui poser a pour but premier de découvrir un peu mieux sa façon de penser. Ce genre d'interrogations n'attend pas nécessairement une bonne réponse, du moins pas une seule. Celle que lui délivre le colosse confirme son idée première, il a encore plus d'expérience qu'elle ne le pensait au premier abord. L'apparence des romains rend le fait de deviner leur âge impossible. Un homme de deux cent ans pouvait sembler n'en avoir qu'une trentaine. Aux yeux de la scientifique l'âge n'est qu'une indication, la valeur à ce que l'on dit n'attend pas le nombre des années. Néanmoins l'expérience va souvent de paire avec la connaissance, surtout pour les esprits les plus vifs.

Tandis qu'elle médite sur ses mots, le centurion la désarçonne quelque peu par sa remarque. Il n'est pourtant pas donné à tout le monde de troubler les raisonnements d'Isaac Vibius. D'abord elle le regarde en écarquillant de grands yeux, comme si elle voulait savoir dans quelle mesure il se moquait d'elle. Puis elle se tourne vers les hommes toujours à leur entrainement, avant de baisser les yeux sur sa tenue qui n'a rien de provocante. Se peut-il que les individus de sexe masculins soient aussi faciles à déconcentrer? Avant qu'elle n'ait eu le temps de pousser sa réflexion plus avant et de rétorquer, le géant se penche vers elle et la soulève comme si elle ne pesait pas plus qu'un sac de graines. La surprise est de taille, au point que la demoiselle en perd son latin. Elle, d'habitude si loquace et si prompte à réagir, est totalement estomaquée.

Rares sont les hommes qui approchent la romaine, sans doute parce qu'elle n'accorde généralement que peu d'importance à sa tenue, encore moins d'ailleurs à leur présence. Elle n'envoie certainement pas de signes pouvant les encourager à l'aborder. Ceux qui s'y sont risqués, et surtout montrés un peu trop entreprenants, l'ont assez rapidement regretté. D'un autre côté, si elle réagissait ici de la même manière en cet instant elle risquerait plus facilement de se fouler le poignet en n'arrachant pas mieux qu'un sourire moqueur à cet individu massif. Les réactions des soldats la font de nouveau tourner la tête vers eux. Si Alpharius ne la tenait pas mieux que cela, il l'aurait vu sauter à terre pour aller leur prendre un de leurs glaives et leur montrer ce dont la digne héritière d'Ursus était capable. Il a sans doute ressenti d'ailleurs son envie d'aller leur toucher deux mots. Elle oublie bien vite ces imbéciles et ce qu'ils doivent s'imaginer quand il reprend la parole. Elle penche la tête vers lui et le dévisage une seconde, le regard embrasé par la colère. Rapidement le sourire revient fleurir sur ses lèvres, un sourire amusé.


- Vous êtes décidément un personnage bien singulier… Enfin je constate à quel point vous surplombez tout le monde de là-haut. On ne doit pas souvent vous chercher querelle, j'aurais dû naître plus grande.

La surprise et le courroux retombés, Isaa réalise que l'initiative du colosse ne revêt sans doute pas à ses yeux un caractère déplacé. Sa remarque concernant sa beauté et sur la réaction à sa présence l'ont induit en erreur, D'ailleurs elle est certaine qu'il la taquinait sur ce point, on vante très rarement un quelconque attrait physique chez elle.

- J'avoue que je n'ai pas pour habitude qu'on s'autorise une telle familiarité avec moi et sachez que je ne vous encourage pas à renouveler ce genre de geste. Je n'aimerais pas me casser quelque chose en vous montrant ma désapprobation. Il est inutile d'avoir vos connaissances martiales pour deviner qu'en combat singulier vous m'écraseriez avec facilité. Cependant je suis certaine que j'arriverais à vous causer au moins une légère ecchymose en usant de toute la force de mes petits poings vengeurs.

Elle sourit un peu plus, amusée à cette idée avant de se redresser et d'admirer la vue. La jeune femme réprime un peu son caractère enfantin qui l'amènerait à se dissiper alors que son interlocuteur attend d'elle le sérieux d'une discussion technique. Elle essaie également de ne pas trop se focaliser sur la main qu'il a posé sur elle, se raisonnant sur le fait qu'entre sa paume et sa peau se trouvent une barrière de métal ainsi que de tissu.

- Me voilà donc obligée de vous suivre, j'espère que vous n'aurez juste pas idée de me laisser tomber du haut des remparts à cause d'une des choses que j'ai dite ou qui s'apprête à sortir de mes lèvres.

Ce n'est nullement une crainte qui serait sienne, plutôt une façon de se détendre un peu. En jetant un œil vers les fortifications, la romaine visualise les esquisses et notes sur lesquelles elle a travaillé pour renforcer les défenses de la cité. Finalement elle voit cette nouvelle visite comme une chance unique de stimuler sa créativité au contact de l'intelligence du centurion.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 26 Mars 2013, 20:53

- Me voilà donc obligée de vous suivre, j'espère que vous n'aurez juste pas idée de me laisser tomber du haut des remparts à cause d'une des choses que j'ai dite ou qui s'apprête à sortir de mes lèvres.

Alpharius: "Il vous faudra juste veiller à ne pas trop me perturber avec vos lèvres, comme tout homme, je suis extrêmement sensible sur certains points... Pour le reste, je suis entièrement à votre merci. En effet, mon chef est complètement exposé à la menace directe de vos petits poings vengeurs pour reprendre vos mots. A ce titre, vous pouvez me considérer à raison comme un piètre tacticien."

En dehors de ses tentatives d'humour léger, Alpharius devait admettre en son for intérieur qu'il n'avait pas l'habitude de sentir sa joue gauche effleurer de temps à temps une délicate cuisse à peine recouverte d'un fin tissu. Le titan en armure se mit en mouvement avec son aisance habituelle, nullement gêné de servir de moyen de transport improvisé à une charmante passagère. Tout en veillant à conserver un maintien et un équilibre sans défaut, le centurion atteignit rapidement le pied du mur d'enceinte et entreprit l'ascension d'un large escalier menant au chemin de ronde. Au sommet des remparts, Alpharius perçut sur son visage une brise légère tandis que les chauds rayons d'un astre solaire pratiquement à son zénith inondaient la ville et ses environs en donnant l'impression de traquer la moindre zone d'ombre.

De manière presque furtive, Alpharius adressa un regard rapide à la dénommée Isaa qui semblait contempler le paysage extérieur de la cité comme si elle le découvrait sous un jour nouveau. Étrangement, l'officier regretta que la jeune femme n'eut pas laissé sa chevelure brune flotter au vent sans la moindre entrave. Le centurion primipile entreprit aussitôt de concentrer son esprit sur un aspect plus militaire de cette inspection des fortifications. Il réalisa par la même occasion qu'il tenait toujours de manière absurde son casque sous son bras droit, et entreprit aussitôt de fixer celui-ci à un crochet de sa ceinture d'arme. Le militaire reprit sa marche en direction d'une imposante tour découverte de forme carrée. Un bref contrôle des alentours informa Alpharius de la présence lointaine de quelques sentinelles. Il prit la parole plus pour faire bonne mesure que par volonté réelle de débattre de l'art avancé de la poliorcétique.


Alpharius: "Malgré l'aspect rassurant de ces hauts remparts et leur épaisseur impressionnante, je dois admettre que je ne suis pas convaincu qu'ils soient la meilleure réponse en cas de siège mené par un ennemi qui serait fortement pourvu en matériel lourd. Mon choix personnel aurait plutôt porté sur une succession de plusieurs lignes fortifiées bastionnées et cela afin d'éviter tout angle mort susceptible d'être exploité par des assaillants. Ce qui aurait aussi la vertu de faciliter le repli des défenseurs tout en exposant en permanence les assiégeants à nos propres projectiles. De plus, j'aurai tendance à privilégier des murs renforcés inclinées haut de quelques mètres seulement afin d'offrir une meilleure résistance à un bombardement soutenu de projectiles lourds. Bien entendu, la présence d'un tel dispositif s'étalant en profondeur et disposant de fondations profondes réduiraient l'efficacité d'éventuelles galeries creusées sous les murs afin de provoquer leur effondrement. Glacis, fossés, obstacles divers et zones de tir seraient à multiplier tout en étudiant leur disposition avec soin.

A la place des tours classiques, il y aurait plusieurs petites forteresses en étoile réparties sur l'ensemble du périmètre défensif afin de caserner la troupe par cohorte qui aurait chacune un secteur précis à garder. En cas de pénétration profonde de l'ennemi, les défenseurs isolés pourraient se réfugier dans ces points d'appui et les tenir le plus longtemps possible afin de permettre aux unités de réserve de mener une contre-offensive pour reprendre le secteur, ou de laisser au moins au reste de la garnison le temps de se réorganiser après la perte du secteur compromis.

Bien entendu, nul système fortifié est éternellement inexpugnable et sa capacité de résistance variera selon l'efficacité du matériel de siège à la disposition des forces attaquantes et leur capacité logistique à maintenir des approvisionnements suffisants. Par ailleurs, la ville aurait besoin de la construction de grands réservoirs d'eau supplémentaires pour pallier une possible coupure des aqueducs ainsi que la mise en place d'entrepôts de céréales plus solides. Dans une approche extrême d'efficacité, il peut même être envisagé de détruire certains édifices de Rome afin d'améliorer l'architecture d'ensemble et l'organisation des rues avec la perspective de faciliter leur conversion en positions fortifiées si nécessaire. Ce qui aurait pour implication de forcer d'éventuels assiégeants à livrer de coûteux combats de rue avant de parvenir jusqu'à l'ultime position dont nous disposerons, de préférence sous la forme d'une citadelle au centre de Rome. J'admets que ma vision ne favorise guère la protection des habitants qui seraient exposés à la violence directe des combats en cas de chute les lignes de défense extérieures, mais je doute qu'un adversaire assez déterminé pour venir à bout d'un tel dispositif soit enclin à la clémence et à une simple occupation des lieux.

Cependant, mon analyse est purement théorique et demanderait l'organisation de grands travaux effectués par une main-d’œuvre compétente en la matière. En définitive, je doute que le Sénat soit actuellement prêt à financer une telle entreprise d'une telle envergure. Néanmoins, vous avez sûrement une opinion différente de la mienne pour ce qui est de l'amélioration des fortifications de Rome. J'ai un peu trop l'habitude de raisonner sur un plan strictement militaire et de négliger certains paramètres sortant de ce cadre."


Alpharius se tut et laissa ses pensées être envahies par des images de scènes de combat, d'ordres donnés froidement, de replis disciplinés, de terribles corps-à-corps, de longues trainées de sang sur les pavés de Rome, et plus terrible encore de visions de sa propre exaltation à livrer une telle bataille au milieu des incendies et des râles d'agonie. Il fallut un terrible effort à Alpharius pour s'arracher à cette délectation morbide pour ces scènes enivrantes de guerre. Malgré lui, il craignait parfois que cet aspect de sa personnalité fasse intrinsèquement partie de sa psyché profonde et de ce dont il identifiait en lui comme des "défauts mineurs" issus de sa conception au caractère expérimental.

Le colosse prit la décision de monter sur un des merlons lui faisant face. Ce dernier se trouva converti par la force des choses en une sorte de piédestal improbable pour une statue au proportions démesurées. Alpharius avait vérifié au préalable qu'il avait correctement sécurisé la position de la jeune femme. En effet, au-delà du merlon se trouvait simplement le vide qui promettait une chute de plusieurs dizaines de mètres au moindre déséquilibre. Malgré un odorat relativement médiocre au regard de ses autres sens améliorés, Alpharius s'efforça de distinguer le subtil parfum de cette peau féminine dont la propriétaire avait un effet troublant sur lui, alors qu'il se targuait habituellement d'être d'un stoïcisme à toute épreuve. Il devait admettre qu'il appréciait particulièrement cet instant et qu'il craignait étonnamment de commettre une maladresse qui susciterait l'ire de la jeune femme.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 28 Mars 2013, 16:49

La remarque de l'homme la déstabilise à nouveau. La scientifique est peu habituée à ce genre de remarques et elle n'est pas très à l'aise avec tout ce qui a trait à la séduction. Fait étonnant elle se mure donc quelques instants dans le silence, choisissant volontairement de ne pas continuer d'alimenter ce sujet. Elle se demande un instant si son interlocuteur ne s'amuse pas de sa gêne en choisissant ce genre d'allusions. A moins de pouvoir pénétrer ses pensées, elle ne le découvrira pas. Tandis qu'il se met en marche, la jeune femme s'étonne de l'aisance avec laquelle il se meut malgré la lourde armure qu'il porte. Le léger cliquetis métallique qui rythme ses pas lui renvoie à nouveau le souvenir d'Ursus. Elle se rappelle comme toute petite elle se précipitait hors de sa chambre pour accueillir son père lorsqu'elle entendait ses pas lourds dans le corridor. Dire que des années plus tard, ce même bruit provoquait chez elle un sentiment d’oppression et de tristesse. Chassant ces pensées mélancoliques, elle se concentre sur la vue incroyable qu'offre le chemin de rondes. Elle est venue ici quelques fois lorsqu'elle travaillait, cela remonte à quelques semaines et le panorama l'enthousiasme toujours autant, plus même à cette hauteur offerte par le centurion.

Il brise finalement le silence, se lançant dans un long monologue sur sa vision d'une place forte. Une fois de plus, la surprise gagne Isaa. Rome est si isolée et centrée sur elle même depuis plusieurs siècles que beaucoup oublient quels dangers pourraient venir de l'extérieur. En outre, le raisonnement du soldat est parfaitement structuré et réfléchi. Sur son perchoir la jeune femme hésite une seconde et ouvre finalement son carnet pour y griffonner un schéma en respectant les divers points cités. Il prend la forme d'une étoile composée de sept grandes et sept petites branches dans laquelle est enclavée une autre plus petite, avec à l'intérieur un heptagone. Elle rajoute des annotations, des chiffres et équations concernant l'inclinaison des murs et leur hauteur, la profondeur des tranchées... Elle calcule également les angles de tirs et de vues en fonction des différents points stratégiques, le tout en continuant d'écouter d'une oreille les idées de son interlocuteur. La feuille se noircit si vite que la romaine doit poursuivre ses commentaires sur la page voisine.

Constatant que l'homme s'est finalement tu, elle relève le nez du carnet et avise le vide à leurs pieds. Trop concentrée sur son nouveau sujet d'études, elle n'a pas perçu sa dernière mise en mouvement. Un peu prise au dépourvu, Isaa lâche son crayon pour se cramponner par instinct et de manière totalement irréfléchie à la première chose qui lui vient sous la main. Réalisant qu'il s'agit de la tête du pauvre centurion, elle se sent toute confuse et replace gentiment sa paume sur sa cuisse à elle. Elle prend une grande inspiration, le vide ne l'a jamais effrayé sauf que là son équilibre et sa survie ne dépendent que de la dextérité ainsi que du bon vouloir de son porteur.


- Pardonnez-moi, j'ai été un peu surprise. J'espère que l'envie de me faire peur ne vous apparaît pas subitement distrayante.


Si Alpharius pouvait lire les pensées en cet instant, il entendrait peut-être la question existentielle suivante : « pourquoi je lui donne des idées moi ? » Finalement pour éviter de laisser place à la crainte, la scientifique se consacre à la raison et la réflexion. L'homme ne l'a probablement pas amené ici dans le seul but de s'écouter parler. Encore que, de ce qu'elle a constaté certains apprécient.

- Pour revenir au sujet de notre présence ici, je partage assez votre analyse des défenses de notre cité. Des murs moins hauts offriront moins d'opportunités aux tirs ennemis. Je propose même de les doubler en comblant l'espace entre les deux par de la terre afin d'amortir les chocs éventuels. Il faudrait que les forteresses dont vous parlez sortent légèrement de la façade afin de ne pas trop exposer nos tireurs ou défenseurs. Par là même nous leur offrons un meilleur angle sur les assaillants. Nous pourrions également disposer autour des remparts des chevaux de frise, des croisillons de fer qui ralentiront ou empêcheront une approche massive. Et pour les replis que vous avez évoqué, je préconise l'utilisation des chausses-trappes. Je les ai quelque peu remanié récemment.

Une idée lui vient pour les réserves d'eau. Isaa songe à la noter sauf que son crayon est désormais inaccessible. Elle fait une petite moue et porte machinalement ses doigts vers sa chevelure à tâtons. Rencontrant l'objet de ses convoitises, ils l'extirpent du chignon improvisé qui du même coup ne tiendra plus très longtemps. Elle s'empresse ensuite d'écrire sa nouvelle idée.

- Vous avez raison en tous cas concernant le sénat, leur demander de débloquer des fonds est plus que compliqué. Revoir toutes les fortifications de la ville engendrera un coût exorbitant, sans parler de la main d’œuvre et du temps nécessaires. Je pense par contre que la protection des civils doit être une priorité. Qui reconstruira la cité et nourrira les troupes s'ils sont décimés ?


Elle soupire légèrement, regardant le panorama qui s'offre à eux. Quelles menaces invisibles se cachent loin à l'horizon ? Est-ce qu'un jour Rome subira un siège, une guerre meurtrière ? Elle espère que ce ne sera pas le cas et malgré son optimisme, la jeune femme pense qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Après la peur des ombres, c'est finalement la beauté des lumières qui la gagnent. Elle sourit en contemplant cette vue imprenable. Son regard se lève vers l'azur où voguent le blanc vaporeux des nuages. Enfant elle pouvait passer des heures le nez en l'air à regarder les histoires que les dieux lui contaient par ce biais.

- Paréidolie... Le mot est lâché et résonne dans toute sa mélodie. C'est un de mes préférés. Vous le savez sans doute, il désigne la faculté qu'a notre cerveau d'associer un stimulus visuel à une image connue. Comme lorsque l'on cherche dans les pierres, les nuages, les feuillages des animaux ou des visages.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 29 Mars 2013, 03:08


- Pardonnez-moi, j'ai été un peu surprise. J'espère que l'envie de me faire peur ne vous apparaît pas subitement distrayante.


"Lui faire peur", Alpharius faillit répondre à la jeune femme que susciter la peur était quelque chose de relativement aisé pour un individu tel que lui, mais il se ravisa aussitôt en estimant que son propos pourrait être mal interprété par sa compagne de circonstance. De plus, il devait admettre qu'il n'avait pu réprimer un frémissement pratiquement imperceptible lorsqu'il avait perçu une petite main délicate se poser sur son cuir chevelu. Il eut la brève impression d'avoir eu droit à la visite fugace d'un petit oiseau de paradis égaré se posant sur un vieux chêne plusieurs fois centenaire oublié de tous au cœur d'une sombre forêt. Légèrement songeur, le surhomme regarda vers le vide en contrebas mais il n'éprouva aucune sensation particulière tout en estimant qu'il serait probablement capable de survivre à une telle chute tout en conservant une capacité opérationnelle correcte malgré la forte probabilité de subir quelques dommages internes.

Alpharius écouta la suite des paroles de son interlocutrice de manière impassible même s'il n'éprouva qu'un enthousiasme modéré à l'idée d'utiliser des chausse-trappes, son expérience et ses études lui avaient appris que ce genre d'installations avaient des chances pratiquement égales de faire des victimes dans les deux camps lors d'une bataille intense où la confusion ne facilitait pas toujours les repérages et les mouvements disciplinés. De plus, il abhorrait l'aspect peu honorable du procédé même s'il en validait l'intérêt dans certaines circonstances.

Un mouvement anodin de sa passagère suscita l'intérêt d'Alpharius lorsqu'il constata qu'elle venait de libérer ses cheveux de toute entrave. La suite des paroles de la délicieuse Isaa fut enregistrée machinalement par le centurion qui ne considéra pas sur l'instant utile de préciser la réalité de son opinion quant au sort des civils en cas de combats de rue. L'officier, tel un oiseau de proie, guettait avec impatience l'effet de la brise sur la chevelure brune dont quelques boucles se mirent à voleter doucement. Finalement, il obtint enfin satisfaction quand un courant d'air un peu plus puissant souleva gracieusement la crinière de jais qui fut parcourue de lueurs mordorées du fait de la présence en arrière-plan de l'astre solaire. Ce ne fut que plusieurs secondes après la fin de ce spectacle fascinant pour le guerrier qu'il réalisa qu'il n'avait guère été discret dans sa contemplation et ses yeux s'arrachèrent par la même occasion à l’observation d'un profil féminin à la finesse admirable.

Cependant, un mot particulier finit par atteindre l'esprit d'Alpharius et y résonner étrangement. Paréidolie? De manière étonnante, c'était la première fois qu'Alpharius entendait ce terme au cours de sa longue existence et il réalisa qu'il n'avait jamais eut conscience d'avoir éprouvé cette catégorie d'illusion visuelle.


Alpharius: "Malgré mon âge vénérable, je dois vous faire l'aveu que je ne connaissais pas ce vocable pour désigner une illusion autosuggérée par l'observation d'un élément quelconque. Malgré mes lacunes en la matière, ce terme me semble dégager une certaine connotation poétique. De manière surprenante, tout cela me fait penser à une de mes connaissances qui a pour habitude de déclamer des vers improvisés lorsqu'il livre combat. J'ai rarement vu tueur plus efficace que lui, malgré l'éternelle mélancolie qui se lit dans son regard. Bien qu'il me considère comme un père pour lui, j'ai la certitude qu'il réprouve intensément la difformité physique dont il fut accablé en voulant marcher dans mes pas.

Veuillez m'excuser, ces paroles sont hors de propos. Pour en revenir à la notion de... paréidolie, je ne crois pas avoir déjà connu une telle expérience. Je dois vous paraître bien terne comme personnage."


Même s'il n'en laissa rien paraître, Alpharius fut troublé d'avoir évoqué ainsi Aristophanès. Ce dernier faisait partie des dix-neuf enfants rigoureusement sélectionnés au cours des siècles pour recevoir le terrible don que représentait le patrimoine génétique d'Alpharius. Aujourd'hui, seulement cinq d'entre eux avaient survécu aux épreuves mortelles et aux différentes implantations expérimentales que leurs avait fait subir Alpharius. Ils étaient les fils génétiques de ce dernier, chacun d'entre eux était devenu un soldat exceptionnel avec des talents spécifiques. Toutefois, aucun d'entre eux n'était en mesure d'égaler l'ensemble des capacités de leur géniteur car ils n'avaient pu bénéficié d'une technologie aussi avancée que celle qui avait été à l'origine de la conception d'Alpharius. Un soupçon de tristesse étreignit le cœur principal d'Alpharius lorsqu'il vit défiler dans son esprit les nombreux visages de tous ceux qui s'étaient sacrifiés pour la cause du "Crux Terminatus". Il était le seul qui fut en mesure d'entretenir un devoir de mémoire en gravant leurs noms sur le tombeau de son père au sein de la Crypte.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 29 Mars 2013, 13:38

Trop absorbée par sa contemplation du ciel, la jeune femme ne sent pas peser sur elle les regards de son porteur. Elle suit des yeux le lent et silencieux voyage d'une forme cotonneuse dans laquelle son esprit visualise une muse drapée s'en allant inspirer au monde mille enchantements. Le fait que le centurion admette ne pas avoir connaissance de ce mot ne la surprend guère. Elle ne l'a jamais entendu elle-même dans une autre bouche que la sienne. Elle l'écoute lui parler de ce soldat qui déclame de la poésie lors des affrontements. Un sourire naît sur ses lèvres à cette évocation jusqu'à ce qu'il ajoute la souffrance présumée de celui-ci. Un instant Isaa croit sentir un peu de tristesse chez son interlocuteur. Le sourire fleurit un peu plus quand il se qualifie de terne et elle secoue la tête.

- Non pourquoi ? Nous sommes tous différents et singuliers. Puis je dois vous sembler de la même manière bien naïve. J'ignore quel regard je poserais sur le monde si j'atteins un jour votre âge vénérable.

Elle tourne son visage vers lui pour lui adresser un sourire sincère. Ses prunelles plongent un instant dans les siennes. Le soleil y fait miroiter des lueurs incroyables. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme et elle se demande un instant quels secrets peuvent bien cacher ceux-ci. S'arrachant à ses pensées, elle croit bon de reprendre la parole pour ne pas laisser planer trop longuement un silence qui pourrait s'avérer gênant.

- Ce sont mes lectures qui me l'ont fait découvrir. J'étais familière du phénomène sans le relier à un nom. Et quand je l'ai découvert il m'a semblé empreint d'une certaine magie, comme une formule secrète, la clef vers l'imaginaire.

Elle retourne finalement à sa contemplation des nuages. Le ciel est si dégagé qu'ils sont peu nombreux. Le soleil trône au beau milieu de l'azur. La caresse de ses rayons sur le visage et les bras nus d'Isaa est très agréable. D'autant que la brise amène un peu de fraîcheur. Elle fait danser les boucles brunes, si bien que régulièrement la romaine doit en chasser une de devant ses yeux.

- Vous ne prenez donc jamais le temps d'apprécier la beauté de ce qui nous entoure ? Les choses les plus simples sont souvent les plus précieuses et ce sont surtout celles auxquelles nous nous habituons si bien que nous finissons par ne plus les remarquer. J'aimerais toujours m'émouvoir devant un lever ou un coucher de soleil, en admirant un ciel étoilé ou une éclipse. Je voudrais être encore sensible au chant de l'eau du fleuve ou de la pluie sur les carreaux même dans trois siècles.

La jeune femme sourit amusée en tournant de nouveau son regard vers le centurion.

- Et cela m'est égal de paraître naïve ou bien ridicule. D'ailleurs j'aime aussi la poésie. Une de mes sœurs adorait nous en lire le soir au coin de l'âtre une fois que mon père s'était retiré. Elle me l'a fait découvrir.

Comme pour illustrer son propos, elle ferme les yeux et fouille dans sa mémoire pour y faire resurgir quelques strophes d'un poème. Elle se met alors à déclamer, faisant vivre les mots en leur prêtant un peu de sa douceur.


- Levez les yeux ! C’est moi qui passe sur vos têtes,
Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ;
L’aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes,
Je plonge et nage en plein azur.

Comme un mirage errant, je flotte et je voyage.
Coloré par l’aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.

Le soleil me rencontre au bout de sa carrière
Couché sur l’horizon dont j’enflamme le bord ;
Dans mes flancs transparents le roi de la lumière
Lance en fuyant ses flèches d’or.


Le poème continue mais elle choisit de s'arrêter là pour ne pas ennuyer le centurion. Elle repense alors à ce qu'il a dit au sujet de son ami soldat. Elle se demande quelle triste anecdote se dissimule derrière les mots énigmatiques qu'il a employé. La curiosité est un défaut que possède Isaa, la discrétion une qualité. D'ailleurs elle se trouve souvent coincée au beau milieu de ces deux-là.

- Les vers mettent souvent en scène la souffrance ou le malheur même si ceux que je viens de citer n'en sont pas un bon exemple. Ils sont de Louise Ackermann et ce n'est qu'un court extrait. Je crois que la mélancolie accompagne souvent la poésie. Victor Hugo, un poète et écrivain français, disait que la mélancolie était le bonheur d'être triste. J'ignore s'il avait raison bien qu'il semble que certains se complaisent dans ce sentiment. Et après une hésitation, elle finit par demander : Votre ami, qu'est-il devenu ?

A peine la question s'est-elle échappée de ses lèvres que déjà elle la regrette. Elle pressent qu'elle n'aurait pas dû demander. Les soldats n'ont pas toujours une fin heureuse, à l'image d'Ursus. Elle n'a pas envie de faire naître chez le centurion une certaine forme de tristesse à l'évocation d'un souvenir douloureux. D'un autre côté, sous ses airs massifs et sa cuirasse qui semble impénétrable, cela le rendrait plus humain. Elle observe son visage et ses yeux, redoutant autant qu'attendant ce qu'elle pourrait y déchiffrer, y deviner, tout ce que les mots ne diront pas. Elle espère simplement qu'ils ne terniront pas ce moment précieux qu'ils partagent et ne l'écourteront pas.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 29 Mars 2013, 19:45

- Non pourquoi ? Nous sommes tous différents et singuliers. Puis je dois vous sembler de la même manière bien naïve. J'ignore quel regard je poserais sur le monde si j'atteins un jour votre âge vénérable.

Alpharius allait lui répondre qu'un certain fatalisme et pessimisme avaient fini par l'atteindre quelque peu au fil des siècles, mais son intention fut instantanément balayée lorsque son regard croisa celui de la jeune femme. Plus qu'il ne le vit réellement, il devina la sincérité et l'aspect radieux de son sourire tandis qu'il se perdait dans la profondeur des yeux féminins. L'officier eut la sensation que sa gorge s'asséchait cruellement tandis que ses cœurs se contractaient presque douloureusement. Un bref instant, il eut l'impression d'être sondé jusqu'aux recoins les plus secrets de son être. Il n'éprouvait plus que la sensation d'être hypnotisé par une sublime créature issue des mythes anciens.

- Ce sont mes lectures qui me l'ont fait découvrir. J'étais familière du phénomène sans le relier à un nom. Et quand je l'ai découvert il m'a semblé empreint d'une certaine magie, comme une formule secrète, la clef vers l'imaginaire.

Alpharius était à ce moment plus proche de l'état de naufragé se noyant dans les profondeurs insondables d'un océan obscur que de celui de public attentif.

- Vous ne prenez donc jamais le temps d'apprécier la beauté de ce qui nous entoure ?

A cette question, Alpharius eut du mal à ne pas émettre un misérable ricanement de commisération envers lui-même, alors qu'il devait ressembler à un pauvre hère qui venait brusquement d'être touché par la grâce divine en contemplant un ange glorieux venant à lui. Une nouvelle fois, Isaa Vibius se tourna vers l'officier qui eut pour unique pensée qu'il était perdu si elle continuait innocemment à le tourmenter ainsi. Incarnait-elle une arme cruelle que les fausses divinités de Rome employaient contre lui après avoir découvert la véritable nature des machinations d'Alpharius?

L'imposant guerrier réalisa qu'il perdait définitivement pied lorsque la jeune femme se mit à réciter de mémoire un extrait de poème d'une voix harmonieuse et extrêmement équilibrée. L'esprit d'Alpharius se laissa dériver au rythme de chaque strophe, tandis que les derniers lambeaux de la réflexion rationnelle du centurion primipile lui ordonnaient vainement de s'arracher à l'influence de cette enchanteresse d'un genre nouveau.


- Votre ami, qu'est-il devenu ?

Alpharius: "Il se nomme Aristophanès. Il est centurion au sein de la IIIème cohorte de la Legio Civitas, cela fait une cinquantaine d'années qu'il sert au sein de la même légion que moi. Il est pour ainsi dire un de mes cinq... fils. En effet, j'ai pris en charge l'éducation d'un certain nombre d'enfants dans un cadre militaire et certains d'entre eux me furent exclusivement confiés lorsque leurs familles ne pouvaient plus les prendre en charge pour une raison ou une autre. Pour qui concerne Aristophanès, les dieux ont apparemment voulu compenser sa disgrâce physique en lui accordant certaines capacités psychiques... J'espère que ce ne sera pas une malédiction de plus pour lui."

Alpharius eut l'âme déchiré de devoir mentir pas omission à la jeune femme et de lui dissimuler la réalité de l'impitoyable sélection du Crux Terminatus ainsi que les véritables objectifs qui présidaient à l'éducation presque inhumaine qui était celle des élus. Aristophanès était aussi connu sous le surnom du bossu poète, mais il devait uniquement son infirmité à l'action effroyable du patrimoine génétique d'Alpharius qui pouvait aussi bien sublimer un guerrier que ravager son corps de manière atroce.

Même si ses convictions quant au rôle du Crux Terminatus restaient inébranlables, l'officier réalisa que l'éventualité d'être considéré comme une aberration abjecte ou un autocrate cruel par Isaa lui était devenue une vision intolérable. Hier encore, il ne la connaissait que vaguement de réputation, mais à l'instant présent il était convaincu d'être prêt à mourir pour elle si un quelconque péril devait brusquement la menacer. Alors que la confusion s'insinuait de plus en plus dans les pensées d'Alpharius, sa senestre couverte d'acier resserra légèrement son étreinte sur la cuisse féminine. Le centurion primipile se rendit immédiatement compte de la chose et il s'empressa de vérifier sur l'adorable visage de sa passagère la présence du moindre rictus de douleur sanctionnant la maladresse du guerrier. Mais rapidement, le regard d'Alpharius s'arrêta sur le fin ourlet des lèvres de la jeune femme et son imagination le conduisit à fantasmer malgré lui sur la texture et la saveur de cette ravissante bouche mais qui lui était assurément inaccessible.
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