[E5] Experto crede (Alpharius - Terminé)

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 30 Mars 2013, 12:57

Le colosse se tient silencieux pendant quelques minutes. Isaa se demande s'il trouve sa conversation ennuyeuse, si elle ne l'assomme pas avec ses réflexions sur des sujets qui probablement ne l’intéressent pas. A moins qu'il ne préfère simplement le silence. Dans ce cas il est assez mal tombé, elle est capable de parler des heures tant il est de sujets qui la passionnent. Au pire quand elle lui aura trop tapé sur le système, l'homme pourra toujours la lâcher dans le vide. L'idée la fait sourire intérieurement, bien que la perspective de se retrouver façon crêpe au bas de la forteresse n'ait rien de très réjouissant. Il reprend tout de même la parole pour évoquer le dénommé Aristophanès. Même si cette personne lui est parfaitement inconnue, l'imaginaire de la romaine se le dépeint au fil des mots. Malheureusement, son optimisme invétéré la pousse à enjoliver le tableau et à le rendre probablement bien plus jovial, plus charmant que l'original. Sa curiosité et son intérêt pour son porteur la poussent à l'interroger à nouveau.

- Votre épouse ne vous a-t-elle pas donné d'enfants légitimes ? Il est en tous cas fort louable que vous vous soyez occupés de ce soldat et d'autres. On croise dans notre cité des orphelins souvent livrés à eux-même. Ils se laissent difficilement approcher. Nous avons trop tendance je crois à nous concentrer sur notre personne en oubliant le bien que nous pouvons faire autour de nous.

La scientifique aime se rendre utile. Sa contribution à la vie de Rome, elle l'apporte par ses inventions. Toutes ont pour but de protéger ses habitants, d'améliorer leur quotidien, d'aider les soldats à être mieux parés aux combats. Ce n'est qu'une petite pierre amenée à l'édifice. Elle remue légèrement sur l'épaule du centurion. Sa cuirasse n'offre pas un siège très confortable à vrai dire. La vue qu'il lui propose vaut bien ce petit sacrifice. Elle en a oublié que dans cette posture elle remet sa vie entre les mains d'un autre. Le contact de son gantelet sur sa cuisse, un peu plus ferme que tout à l'heure, la rassure à vrai dire. Le geste certes familier la met du même coup légèrement mal à l'aise. Isaa parcourt du regard la vaste étendue désertique au-delà de la cité.

- Je me demande souvent à quoi ressemble le monde à l'extérieur de ces murs. Je sais que le désert n'a rien d'un jardin au milieu duquel on peut se promener sans craintes. Pourtant parfois je m'imagine visitant de nouvelles contrées, me familiarisant avec d'autres coutumes et modes de vie, apprenant des techniques que nous avons oublié ici ou pas encore découvert.


Et voilà qu'elle recommence à l'ennuyer avec ses remarques personnelles. Un être avec une si grande expérience, qui a vu sans doute plusieurs siècles naître puis mourir, se moque probablement des états d'âmes ou des rêves d'une petite romaine au cœur tout neuf. Elle tourne une nouvelle fois son visage vers le sien, cherchant à accrocher son regard. La toute jeune femme lui sourit et son esprit vagabonde en essayant de percer le mystère du colosse. Un battement d'ailes sur sa gauche attire son attention, elle tourne la tête. Perché sur un des croisillons, un oiseau majestueux pose sur eux ses yeux perçants. La romaine le regarde avec émerveillement. Elle prend son carnet et le crayon dans une seule main afin de libérer l'autre qu'elle pose sans y penser à la naissance de l'omoplate de son porteur, sur sa pièce d'armure en vu d'y assurer son appui. Elle se penche légèrement pour mieux l'observer. Son plumage est bleu, tirant sur le gris et le bout de ses ailes est noir.


- Il me semble qu'il s'agit d'un circus cyaneus ou communément appelé busard Saint-Martin. Je n'en ai vu que dans des livres.

Comme si prononcer son nom avait rompu le charme, l'animal prend son envol de tout son mètre d'envergure. Il plonge vers le sol sans doute en vu d'y trouver son prochain repas. Le suivant des yeux, Isaa incline son buste vers l'avant. Avisant la hauteur et le vide menaçant, elle a le réflexe de vite se redresser et peine à retrouver la stabilité de sa position originelle. Sa main se resserre sur l'armure et les battements de son cœur accélèrent à cause de la montée d'adrénaline.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 30 Mars 2013, 18:05

- Votre épouse ne vous a-t-elle pas donné d'enfants légitimes ? Il est en tous cas fort louable que vous vous soyez occupés de ce soldat et d'autres. On croise dans notre cité des orphelins souvent livrés à eux-même. Ils se laissent difficilement approcher. Nous avons trop tendance je crois à nous concentrer sur notre personne en oubliant le bien que nous pouvons faire autour de nous.

Alpharius: "Mon action n'a rien de particulièrement charitable, elle obéit simplement à un pragmatisme soumis à des impératifs militaires. L'armée romaine a du mal à disposer des effectifs nécessaires à un projet d’expansion territoriale hors des murs de la cité. J'ai donc mis en place ce programme pour tenter de remédier en partie à ce problème en formant des soldats professionnels entièrement dévoués aux légions romaines.

Cette implication de ma part fait que parfois je me suis intéressé plus particulièrement à certains éléments plus prometteurs que d'autres. Ce qui impliquait qu’ils passent officiellement sous ma tutelle. Ceux qui ont survécu portent ma marque dans leurs chairs et je les ai façonnés intégralement pour correspondre au rôle d'officiers de nouvelle génération qui leur est dévolu. A cet égard, ils sont mes seuls fils légitimes. Peut-être qu'un jour, je pourrai compter aussi des femmes dans ma formation mais l'ère actuelle est peut favorable à leur recrutement massif dans l'armée."


Le centurion primipile marqua une courte hésitation avant de répondre enfin à la question que lui avait posée son interlocutrice.

"Je n'ai jamais contracté de mariage, ni entretenu la moindre relation de concubinage afin de dissiper tout malentendu. Je fais hélas partie de cette soldatesque qui n'a que des rapports brefs et peu honorables avec la gente féminine. Je n'ai jamais éprouvé jusqu'à aujourd'hui la vaine tentation de tenter de m'emparer du cœur d'une femme. De toute manière, je dois admettre à mes dépens que je ne suis pas de taille pour mener ce genre de siège qui peut s'avérer fort cruel pour un assaillant qui, à mon exemple, disposerait de si peu d'atouts en sa faveur."

Alpharius eut la vague impression d'avoir trop parlé, mais il se convainquit rapidement qu'il y avait fort peu de chances que sa charmante passagère accorda un véritable intérêt à la nature des rapports que pouvait entretenir le guerrier envers les femmes Fort heureusement pour lui, le soldat retrouvait progressivement sa pleine sérénité et son esprit se tournait à nouveau vers des considérations plus adéquates avec son statut de militaire de carrière.

- Je me demande souvent à quoi ressemble le monde à l'extérieur de ces murs. Je sais que le désert n'a rien d'un jardin au milieu duquel on peut se promener sans craintes. Pourtant parfois je m'imagine visitant de nouvelles contrées, me familiarisant avec d'autres coutumes et modes de vie, apprenant des techniques que nous avons oublié ici ou pas encore découvert.

Du sang, des contrées sauvages, des ruines, la survie, un héritage perdu, un avenir brisé... Tels étaient les mots qui parcoururent la conscience d'Alpharius lorsqu'il se remémora le souvenir de son grand périple et des patrouilles qu'il avait mené dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour de la cité.

Une nouvelle fois, la jeune femme se tourna vers Alpharius et tenta de verrouiller son regard avec celui du colosse. Après une seconde d'hésitation, celui-ci préféra lâchement fuir l'influence de ces iris perçants en fixant un point imaginaire droit devant lui afin de tenter de conserver la maîtrise de ses émotions. Ce fut avec un secret soulagement qu'il perçut la présence à proximité d'un oiseau de proie qui détourna immédiatement l'attention de la dénommée Isaa.

Hélas, le répit salvateur pour Alpharius fut de courte durée lorsqu'il fit l'erreur de vouloir suivre du regard la course plongeante du rapace et que son champ de vision fut partiellement envahi par un buste féminin dont les courbes délicieuses se laissaient facilement deviner à travers un léger tissu de lin. Aussitôt l'imagination d'Alpharius se mit à produire des images d'une sensualité brûlante. L'ouïe surdéveloppée du guerrier ne manqua pas de se focaliser par la même occasion sur l'accélération des battements de cœur de la jeune femme lorsqu'elle se redressa brusquement en s'agrippant à une pièce d'armure. Alpharius prit la parole d'une voix qui se voulait rassurante, malgré une boule dans la gorge qui ne lui facilita pas la tâche.


Alpharius: "Je crois qu'il est temps de quitter cet observatoire improvisé. De plus, il est possible que vous ayez besoin de vous restaurer. Je n'aimerai pas non plus vous voir défaillir en restant exposé trop longtemps aux rayons ardents du Soleil. Vous ferez plaisir à un vieux soldat solitaire en acceptant de partager son modeste ordinaire, même si parfois l’optio Lucullus peut faire des miracles avec peu."

Tout en attendant la réponse à sa proposition, Alpharius distingua de nouveau au loin le faucon qui venait d'adopter un vol circulaire à basse altitude. Ce qui rappela à l'officier romain la présence d'une magnifique aquila bicéphale en argent sur son imposant plastron. Ce qui à l'instant présent évoquait en lui une dualité dissimulant à la fois un prédateur qui était envahi par le désir impérieux de goûter aux charmes de la dénommée Isaa et un homme qui sentait naître en lui des sentiments d'une intensité rare qui lui broyaient les cœurs de manière implacable.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 30 Mars 2013, 22:09

Pragmatique, oui le terme semble bien convenir au centurion du point de vue d'Isaa, bien qu'elle le connaisse fort peu encore. Finalement cet échange est propice à une autre forme de découverte que celle qu'elle s'était figurée. Suivant le fil des mots, elle devine que les entraînements qu'il donne à ses recrues doivent être encore plus redoutables que ceux de son père. Pourtant ce n'est pas peu dire. Elle se souvient encore du visage horrifié de sa mère lorsqu'en la déshabillant pour la baigner enfant, la femme lisait sur le corps de sa toute jeune cadette les coups qu'elle avait reçu. Ursus ne pardonnait pas le moindre faux pas, pas plus que l'inattention. Lorsque l'on est une fillette de quatre ans, et plus encore lorsque l'on se prénomme Isaac, on a souvent tendance à laisser vagabonder son esprit. Comme celle qu'il espérait... Quel terme venait d'employer le soldat déjà ? Façonner, oui l'idée générale sonne parfaitement dans ce mot. Comme celle qu'il voulait façonner refusait de se plier à ses perfectionnistes exigences, il avait pour habitude de la punir. Il s’énervait encore plus car son élève en grandissant ne bronchait jamais, elle ne pleurait pas non plus. Alors les coups pleuvaient deux fois. Au moins Isaa apprit à esquiver et à parer.

Tout cela en tous cas fait remonter à la surface de douloureux souvenirs. La romaine serre la main sur son carnet, sa mâchoire se crispe légèrement et elle ferme les paupières le temps de balayer les sombres pensées, le reflux du passé. A peine ses yeux se sont-ils rouverts sur le ciel que le sourire revient fleurir ses lèvres carmin. Cet homme n'est pas son père, puis son éducation a aussi fait d'elle en partie ce qu'elle est devenue. Il évoque ensuite sa vie amoureuse, ou plutôt son absence de vie sentimentale selon ses dires. La jeune femme s'étonne de tant d'honnêteté surtout devant une parfaite inconnue. Elle se sent honorée de cette marque de confiance, ou du moins de se voir prêter pour un instant volé le rôle de confidente. Le temps d'une hésitation, elle envisage de lui rendre la pareille, son expérience est bien maigre dans ce domaine et absolument pas probante. Avisant qu'elle s'est déjà sans doute trop appesantie sur ce qui la touche, il lui paraît fort peu judicieux de poursuivre dans le déballage de ses mésaventures ou ses attentes. Par ailleurs le tour du sujet serait rapidement fait, ses sœurs ne rêvaient que de mariages, comme sans doute toutes les jeunes femmes. Isaa pour sa part a toujours su qu'elle était différente. Quand les autres apprenaient la broderie, elle se plongeait dans les formules mathématiques. Ses aînées se passionnaient pour la musique, elle n'avait que des théorèmes à la bouche.


- Les hommes sont fort peu sensibles au charme des équations paramétriques ou diophantiennes.

Comme souvent, Isaa vient de réfléchir à voix haute. Elle réalise que les mots viennent de lui échapper, aussi croit-elle nécessaire de se justifier.

- J'ai prononcé tout haut le fruit de mes pensées. Je me faisais juste la réflexion que je brillerais probablement autant que vous dans le domaine de la séduction. Je suppose que mes sept sœurs se sont disputées les attraits, le charme et le savoir-faire. Elles ont eu l'amabilité de me laisser les sciences et les mathématiques, ce qui me comble déjà.

Son sourire trahit un brin de malice lorsqu'elle le lui adresse. Après l'épisode de l'oiseau, alors que son cœur reprend lentement un rythme plus régulier, la romaine reçoit avec plaisir l'invitation du centurion. Le soleil est en effet traître tandis qu'il pointe à son zénith. Pour ce qui est du repas, elle a tant l'habitude d'en sauter avec son rythme de vie désordonné que la faim a renoncé à se manifester auprès d'elle. Isaa reste toujours sourde à ses appels. Néanmoins l'idée de partager quelques mets avec son porteur la séduit. Elle est heureuse de pouvoir mieux le découvrir. Pour une raison plutôt étrange, elle se sent sereine à ses côtés. La gente masculine la met généralement mal à l'aise. Il est intelligent, cultivé, expérimenté, des qualités qu'elle apprécie. Il se montre également critique et honnête, ce qui fait défaut à bon nombre d'hommes qu'elle a croisé.

- J'accepte avec plaisir. D'ailleurs modeste pourrait être mon deuxième prénom, je suis une personne tout à fait simple. Ne vous sentez pas obligé de me traiter avec plus d'égards que je ne le mérite. Je crois qu'il serait préférable que nous passions récupérer mes spartiates sauf si vous escomptez m'offrir mon repas sur mon nouveau perchoir.

Pour imager encore mieux ses propos, la jeune femme remue ses petits pieds nus et ses orteils. Elle se penche un peu en avant en retenant la cascade de cheveux qui du même coup suit son mouvement. Elle reprend d'un ton amusé.

- Il me semble salutaire que vous me laissiez redescendre, je risque de prendre goût à ainsi dominer mon monde et vous finiriez par oublier ma présence, pour peu que je me taise. Je ne suis pas pressée de faire connaissance avec les encadrements de portes.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 01 Avril 2013, 11:54

Alpharius se contenta d’acquiescer silencieusement à la suggestion de la jeune femme, lorsqu'il réalisa brusquement qu'il n'avait pas pris la peine de décliner formellement son identité. Il était possible qu'elle sache qu'il était, moins par les mérites de l'officier que par sa stature exceptionnelle qui avait fait de lui une curiosité et un sujet de rumeurs pour nombre de Romaines. Il choisit donc de s'exprimer cette fois en incluant une légère note d'autodérision à sa voix.

Alpharius: "A titre purement informatif, sachez que l'invitation a été officiellement formulée par un misérable goujat qui répond au nom d'Alpharius Omegarès, centurion primipile au sein de la Ière cohorte de la Legio Civitas. Bien entendu, vous pouvez m'appeler Alpharius si cela vous agrée."

Alpharius effectua le chemin inverse de celui emprunté pour parvenir jusqu'aux murailles, et il atteignit rapidement la cour d'entraînement. Cette dernière était maintenant déserte, ce qui à l’inverse ne devait pas être le cas du grand réfectoire de la Legio. Une fois à proximité du petit muret, Le géant effectua une génuflexion afin de faciliter au mieux la descente de sa passagère. Une fois qu'il put se relever, il réalisa à quel point elle avait été pratiquement aussi légère qu'une plume pour lui. Dès qu'elle fut prête, il l'invita aimablement à le suivre. Alpharius pris soin d'adapter au mieux sa foulée afin de ne pas contraindre la jeune femme à progresser au pas de course.

Il ne fallut que quelques minutes de marche pour atteindre le secteur où était cantonnée la 1ère centurie, dont le commandement était assuré par le centurion primipile. Deux soldats, aux armures de jais frappée d'une aquila dorée et porteurs de sombres casques de type corinthien surmontés d'un imposant cimier comportant une longue crinière de couleur vieil or, patrouillaient la zone. Alpharius frappa son plastron du poing et les gardes lui rendirent immédiatement son salut martial puis poursuivirent en silence leur ronde. Les jambières renforcées des deux militaires comportaient à leur sommet un symbole représentant une tête de mort enchâssée dans une croix stylisée aux lueurs de platine. Le centurion primipile prit la parole sans chercher à dissimuler une certaine fierté à l'égard de ses hommes.


Alpharius: "Certains surnomment ma centurie la "Garde noire" en référence à la couleur dominante de leur équipement. Ce dernier se veut en partie expérimentale et comporte des éléments propres aux hoplites et aux légionnaires. De plus, ces combattants sont rompus à l'art de combattre au sein de formations mixtes comportant des archers et des fantassins avec pilums et glaive ainsi que le traditionnel bouclier romain. Je me plais à croire que je commande une unité d'élite, plusieurs anciens de la 1ère centurie sont aujourd'hui officiers au sein de la Legio Civitas et quelques uns ont réussi à intégrer les prétoriens même si je n'apprécie guère cette formation qui n'a pratiquement jamais quitté les murs de Rome, à de trop rares exceptions près.

J'ai payé une partie de leur équipement de première qualité avec mes finances personnelles. Pour l'instant, ma requête de convertir le reste de la Ière cohorte sur ce modèle n'a guère reçu d'écho favorable au Sénat et à l'état-major. D'après certaines rumeurs, Il est possible que certains officiers supérieurs de l'armée s'inquiètent de mes prises d'initiative. J'aurai peut-être dû mieux veiller à l'avancement de ma carrière. Il est vrai qu'après plusieurs siècles de service, je ne suis que centurion. Certes, je suis le premier de la Legio Civitas et je crois avoir le respect de mes pairs et des hommes, mais cela ne suffit guère pour se faire entendre des politiques et des grosses huiles de l'état-major. Peut-être que le retour du corps expéditionnaire contribuera à faire évoluer les choses, mais j'en doute fortement. Je n'ai guère d'influence auprès du præfectus et du praetor.

Voilà, chaque vétéran possède sa petite source d'orgueil et vous êtes informé de la mienne, même si je conviens qu'il y a matière à en sourire. Mais voici ce brave Lucullus qui transporte un plateau chargé de victuailles comme s'il devait assurer la subsistance d'une décurie au grand complet. Il doit probablement me trouver quelque peu malingre..."


Le fameux Lucullus se contenta de jeter un coup d’œil au sévère aux deux nouveaux venus et s'engouffra dans le bâtiment qui abritait les quartiers d'officier d'Alpharius. L'optio était un des membres les plus anciens de la Legio et se distinguait par un crâne entièrement rasé et un visage aux traits durs arborant pour seule fantaisie une fine moustache noire. L'homme possédait une carrure d'athlète de foire malgré une taille dans la moyenne des Romains. De manière étonnante, il était avant tout réputé dans la Legio pour être un grand amateur de bonne chère et un cuisinier de talent. Lucullus servait d'ordonnance au centurion primipile depuis plusieurs décennies et avait été autrefois le porte-aigle de la Legio.

Une fois devant l'entrée de l'austère édifice, Alpharius laissa son invitée franchir en première le seuil suivi d'un petit vestibule qui donnait directement sur une salle à manger occupée principalement par une table massive encadrée de plusieurs sièges à dossier de haute taille. La demeure d'Alpharius comportaient cinq pièces principales avec des hauts plafonds sur lesquels étaient peints dans un style réaliste des animaux fantastiques et des scènes de batailles inspirées des grands classiques de la mythologie gréco-romaine. Les autres pièces non mentionnées correspondaient à une chambre comportant un immense lit, une bibliothèque avec une table de conférence qui avait rarement servie pour sa fonction première, une salle d'armes et enfin une salle dédiée à l'hygiène du corps avec notamment la présence d'un grand bassin pouvant être chauffé et entouré d’un sol en mosaïques. Les meubles étaient peu nombreux mais de bonne facture pour la plupart bien que d'un style relativement sobre.

L'efficace Lucullus avait déjà réparti sur la table de la salle à manger plusieurs plats contenant une variété d'aliments assez impressionnante pour un simple repas destiné initialement à un seul individu. L'optio garda le silence mais s'inclina respectueusement lorsque la jeune femme pénétra dans la pièce. Peu habitué à recevoir des visiteuses dans son logis d'officier, Alpharius tenta une approche se voulant accueillante.


Alpharius: "Voici l'antre de la bête, rien de bien impressionnant mais je n'ai pas matière à me plaindre en toute honnêteté. Lucullus va m'aider à me débarrasser de cette encombrante armure à la salle d'armes puis il ajoutera un second couvert en votre honneur. Je vous rassure, je n'ai pas pour habitude d'engloutir tous ces mets en une seule fois, cette vieille fripouille d'optio se taille le plus souvent la part du lion et il n'a aucune honte à compléter sa réserve personnelle qui lui permettrait sûrement de ravitailler tout Rome pendant une semaine de siège.

Si vous en avez l'envie, vous pouvez visiter les lieux. Il y a une pièce où vous trouverez le nécessaire pour vous rafraîchir si nécessaire. J'en aurai probablement pour une dizaine de minutes pour troquer ma lourde carapace de métal pour une tenue plus appropriée."
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 02 Avril 2013, 11:48

Profitant de ce qui serait probablement les derniers instants sur son perchoir, la romaine contemple la vue imprenable. La présentation de son porteur lui arrache un sourire et elle ne peut s'empêcher de lui répondre avec une certaine malice.

- Avec votre permission j'adopte Alpharius, centurion primipile est un peu trop pompeux bien que ce titre m'amènerait probablement à mieux surveiller mes manières. Quant à misérable goujat, ce nom est déjà pris par un autre qui l'a mérité cent fois plus que vous. Je crois même l'avoir affublé de pires noms d'oiseaux.

Alors que ses pieds foulent de nouveau le sol, un mélange de sentiments contradictoires l'envahissent. Isaa est consciente d'avoir vécu un moment privilégié et unique. Elle pose un regard en coin sur la spallière qui accueillait son séant l'instant d'avant. La jeune femme paraît si fine à côté de la stature imposante du colosse. Elle pose son carnet sur le muret où elle s'était assise plus tôt. La première sandale est promptement ramassée puis enfilée après avoir frotté son pied pour en chasser la terre. La seconde l'imite et la voilà parée pour le déjeuner qui les attend. Elle presse légèrement le pas pour suivre son hôte jusqu'à ses quartiers. Étant plutôt dynamique, cela ne lui pose pas de soucis et elle ne s'en aperçoit pas d'ailleurs d'autant que l'homme a la délicatesse de ralentir pour elle. En chemin, la civile détaille les militaires qu'elle croise, leurs armures et équipements surtout. Comme s'il lisait dans ses pensées, Alpharius évoque ses hommes et le modèle particulier qu'ils portent. La scientifique reporte alors son attention sur lui en tournant la tête dans sa direction. Elle est impressionnée par son dévouement et son investissement. D'une certaine manière, ils ont ça en commun. Le moindre denier qu'elle possède, elle le dépense en matières premières pour ses travaux.

- Dans la mesure où certains de ces soldats sont un peu vos enfants, je ne vois rien d'anormal à être fier de leurs réussites. J'avoue que j'admire les hommes tels que vous, ceux qui consacrent leurs vies à la protection de notre belle cité. Il est dommage que les politiciens semblent si aveuglés par leur confort et leurs aspirations personnelles qu'ils délaissent les causes les plus importantes. Je sais quel effet cela produit de parler devant une assemblée de sourds pour tenter de les sensibiliser à nos efforts. Vous évoquez la protection, ils n'entendent que le profit. Enfin, mieux vaut laisser ces sombres personnages là où ils demeurent si nous voulons savourer notre repas.

Elle incline légèrement la tête en souriant au centurion avant de le précéder à l'intérieur. D'un mouvement similaire elle salue le fameux Lucullus. Son regard fait rapidement le tour de la pièce. Isaa n'a jamais manqué d'assurance, elle n'est pas pour autant prétentieuse. Sa confiance vient simplement du fait qu'elle est fidèle à elle-même et qu'elle se moque le plus souvent de l'image que les autres se font d'elle. Pourtant, et le fait est assez rare pour être souligné, elle se sent quelque peu intimidée de se trouver chez Alpharius. Est-ce à cause de la curieuse proximité physique qu'ils ont partagé plus tôt ou simplement parce que l'homme lui inspire un profond respect mêlé d'admiration ? C'est troublée en tous cas qu'elle l'écoute parler. Elle se contente de hocher la tête. Une fois qu'il s'est retiré, la jeune femme déambule dans la pièce.

Elle décide finalement de chercher l'endroit où se trouvent les commodités. Après s'être versée un peu d'eau, ses mains la portent à son visage. Elle en passe une également le long de sa nuque. Une fois terminée, Isaa regagne la salle principale sans prêter attention à son reflet dans le miroir. Ses cheveux sont rassemblés sur son épaule droite. Un côté de sa nuque est ainsi libéré tout comme son autre épaule juste couverte de la fine bretelle de sa robe. En attendant son hôte, les plafonds ornés accaparent toute son attention. La jeune femme les détaille avec curiosité, tâchant de deviner quels épisodes mythologiques ils représentent. Bien que la science et les mathématiques soient sa spécialité, la curiosité de la cadette des Vibius la porte vers tout un tas de domaines. L'histoire en fait partie. Après les époques troubles, il reste bien peu d'ouvrages relatant l'antiquité ou les grandes ères de ce monde.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 02 Avril 2013, 18:11

Comme il l'avait estimé, il fallut une dizaine de minutes à Alpharius pour ôter les différents pièces de son armure avec l'aide expérimentée de Lucullus qui ne put s'empêcher d'adresser un bref sourire amusé lourd de sous-entendus à son supérieur lorsque ce dernier lui demanda de lui apporter une bassine d'eau froide. Le centurion primipile ne prit pas la peine d'interroger l'optio sur le fond des ses pensées, il en devinait aisément la nature. Torse nu, Alpharius s'aspergea abondamment le visage et la partie supérieure du corps. Il en avait bien besoin pour évacuer quelque peu les émotions qui l'assaillaient depuis qu'il avait rencontré cette fameuse Isaa. Le moindre geste ou posture de cette dernière suffisait maintenant à lui torturer le corps et l'esprit. Alpharius avait du mal à se reconnaître lui-même, il était pourtant persuadé d'être un modèle en matière de sang-froid et de détachement. Le pire était qu'il venait d'inviter la source de ses tourments intérieurs dans sa propre demeure. Il devait se reprendre à tout prix et éviter de se trahir pitoyablement devant la jeune femme.

Une fois qu'il eut achevé ses ablutions, Alpharius choisit de revêtir de manière simple un pantalon de cuir noir comportant une ceinture ayant pour fermoir une Aquila stylisée, une chemise de mailles métalliques sans manche et une paire de grandes bottes. Il doutait de l'élégance de l'ensemble, mais il se convainquit après tout qu'il n'avait pas à s'habiller comme s'il se rendait à une quelconque soirée mondaine. Ce fut ainsi qu'il retrouva son invitée qui observait avec attention les fresques présentes au sommet des murs et sur le plafond de la pièce. Avec une discrétion presque prédatrice, Alpharius se positionna dans le dos de son invitée.


Alpharius: "Ce que vous regardez est une représentation d'Hector agonisant après avoir été blessé mortellement par la lance de l'impitoyable Achille. Je vais peut-être vous surprendre, mais j'ai toujours eu une profonde admiration pour le vaincu, ce prince-guerrier troyen qui a eu le courage d'affronter un adversaire réputé invincible afin de défendre la cause qu'il estimait juste. Pour moi, il incarne un héros dans son aspect le plus authentique. J'espère que ma fin sera aussi honorable que la sienne, même si aucune Andromaque ne sera là pour pleurer mon trépas et mon entêtement à combattre une adversité d'origine divine... En effet, le siège de Troie au dénouement tragique ne fut finalement que l'aboutissement logique des caprices et des manipulations des dieux."

Quelque peu méditatif, Alpharius fit une pause avant de reprendre sa courte description des autres fresques ornant le plafond de la salle à manger.

"Le reste des peintures représente la vie de Quintus Sertorius. Invaincu sur le champ de bataille, il fut finalement trahi et assassiné par l'infâme Perpenna Vento qui avait pourtant bénéficié de la protection de Sertorius. Les dernières scènes évoquent l'amour de ce grand général envers une certaine Viriate, cette romance a peut-être contribué à cette issue fatale pour Sertorius. Par ailleurs, certaines sources suggèrent que Sertorius avait tenté de nouer une alliance avec Spartacus, une autre figure tragique de cette époque tumultueuse. Chaque plafond des différentes pièces de ma demeure est ainsi décoré, cela a la vertu d'atténuer l'aspect un peu trop militaire des lieux."

Le centurion primipile s'était rapproché de son auditrice et il ne put s'empêcher de humer discrètement l'odeur fraîche de la chevelure féminine. Son regard s'arrêta sur l'épaule nue et il en caressa par la pensée chaque contour, avide d'embrasser délicatement chaque creux et de goûter sans retenue à cette peau satinée. Un bref instant, l'officier faillit céder à la tentation de se saisir de la jeune femme et lui imposer un baiser désespéré, quitte à en subir les amères conséquences. Quelle était cette malédiction qui ravageait l'esprit du guerrier avec une progression si fulgurante?

La tête baissée, Alpharius se dirigea vers un siège proche afin d'inciter courtoisement la dénommée Isaa à prendre place à la table afin de profiter des différents mets présents. Pour sa part, le centurion primipile savait par avance qu'aucune nourriture ne pourrait apaiser la faim qui le dévorait de l'intérieur. Il prit place lui-même peu après et remplit sans attendre un gobelet d'argent. Alpharius se fit la remarque que Lucullus avait sorti la meilleure vaisselle du centurion avant de vider d'un trait le récipient empli d'eau fraîche. S'apercevant tardivement de l'absence de l'optio, Alpharius se tança silencieusement pour son manque de savoir-vivre et se leva avec un triste sourire d'excuse afin de se proposer pour effectuer le service à table tout en mettant en évidence la présence d'une excellente bouteille de vin tout en réalisant que la présence de cette dernière correspondait encore à une initiative de son ordonnance qui avait fait montre d'un étrange zèle avant de disparaître discrètement.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 02 Avril 2013, 22:24

La jeune femme sursaute en entendant s'élever juste derrière elle la voix puissante de son hôte. Elle était si absorbée dans la contemplation d'une des fresques qu'elle ne perçut pas son retour. Elle lui sourit, détaillant sans s'en rendre compte sa nouvelle tenue. Sa stature impressionnante paraît un peu moins pesante sans l'attirail du guerrier. Au côté d'un tel homme, on ne peut que se sentir en sécurité, se dit-elle, à moins bien sûr que ce ne soit lui qui vous menace. Relevant les yeux vers le plafond, elle se remémore ses quelques connaissances sur la guerre de Troie.

- Hector était selon la légende un guerrier redoutable. Il est certain que je vous imagine d'avantage dans le camp des vainqueurs que celui des vaincus. Achille est plus souvent le héros dont on s'inspire, un modèle d'honneur et de courage. Et pour tout vous avouer, ma sympathie concernant les grandes figures de la Guerre de Troie a toujours été acquise à Cassandre. Par contre je dois reconnaître mon ignorance concernant l'histoire de ce Sertorius. Vous voudrez bien me la raconter plus en détails ?

La curiosité d'Isaa finit toujours par reprendre le dessus. Son intérêt s'éveille facilement pour toutes choses inconnues. Ce n'est pas pour rien qu'à ses yeux l'ignorance est un fléau. Elle évite malgré tout de demander à voir les autres fresques, craignant d'être un peu mal à l'aise dans certaines pièces des quartiers en compagnie d'un homme. D'ailleurs rien que sa proximité la trouble légèrement en cet instant. Elle tâche donc de se focaliser sur les représentations picturales plus que sur le centurion. A son invitation, elle se dirige vers l'un des sièges. Son pouls s'emballe de façon à peine perceptible tandis qu'elle prend place en passant près de lui. Elle réalise qu'en cette occasion elle se retrouve seule avec un homme. Cela ne lui est arrivé que lors de sa très mauvaise expérience avec le prélat, hors cadre professionnel évidemment. Profitant de l'intervalle durant lequel il s'assied à son tour, la romaine prend une grande inspiration. Ce n'est qu'un déjeuner avec un centurion cultivé, rien à voir avec un rendez-vous galant.

Lorsqu'Alpharius se relève pour faire lui-même le service, une sorte d'alarme silencieuse s'allume dans l'esprit de son invitée. Elle espère que ce n'est pas lui qui a chassé son aide afin de rester en tête à tête avec elle. La méfiance de la jeune femme prend le dessus. Elle s'est jurée de ne plus jamais laisser quiconque se jouer d'elle à l'instar de Mettius. Elle se souvient de ce qu'il lui a confié concernant ses rapports brefs et peu honorables, selon ses propres termes, avec les femmes. Cela lui évoque cruellement l'attitude de l'homme qu'elle méprise le plus sur cette terre. Isaa se raisonne, elle ne peut pas accuser tous les mâles d'adopter la même attitude infâme que celui qui l'a blessé. Elle s'efforce donc de chasser ses craintes et d'accorder sa confiance au centurion qui sur tous les autres points lui inspire la plus grande sympathie.

Son regard circonspect se pose sur le verre de vin qu'il vient de lui servir. Sa mère dit toujours qu'on ne peut refuser ce que l'on vous propose de bon cœur. Bien qu'elle n'écoute pas toujours les conseils maternels, la jeune femme aimerait faire bonne impression. Le moment particulier qu'ils ont partagé était unique, indéfinissable. Sa présence ici y trouve sans nulle doute sa justification. Il lui revient en mémoire les propos de son aînée, Vitoria. Le secret selon cette dernière, est de ne pas boire le vin trop vite pour éviter que l'on vous resserve. Cette boisson à la robe rouge a la fâcheuse tendance de faire tourner la tête des filles Vibius. Isaa ne fait pas exception à la règle, aussi se méfie-t-elle plus encore du breuvage traître que de celui qui en fait service.


- Je vous remercie. Je suis honorée de partager votre table. Vous ne déjeunez jamais avec d'autres soldats ?

D'un geste naturel et néanmoins gracieux, elle repousse sa chevelure vers l'arrière. Les mèches bouclées retombent alors en cascade dans son dos et sur ses épaules. Elle pose délicatement ses paumes de chaque côté de son assiette en attendant que le colosse se serve à son tour et reprenne sa place. La scientifique ne se saisit de ses couverts que lorsqu'il la précède. A vrai dire elle porte plus d'intérêt à son voisin de table qu'au contenu de son assiette.

- C'est vous qui avez choisi les sujets des fresques ?

La question possède aux yeux de la romaine un double intérêt. Dans le cas où la réponse serait positive, ces choix lui en apprendront d'avantage sur le personnage. Elle ramène également le sujet dans la conversation. La mythologie l’intéresse vraiment beaucoup, plus encore quand il s'agit d'une histoire qui lui est inconnue.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 03 Avril 2013, 09:47

Alpharius ne s'y connaissait guère en vin, du fait qu'il n'en buvait jamais et qu'il avait entièrement confiance à l'expertise de Lucullus pour tout ce qui avait trait à la sommellerie. Il restait à espérer que le breuvage conviendrait à la Romaine.

- Je vous remercie. Je suis honorée de partager votre table. Vous ne déjeunez jamais avec d'autres soldats ?

Alpharius: "Au contraire, j'en ai souvent l'occasion. Lucullus doit contribuer en grande partie à l'attrait de ma table. Plus sérieusement, je me dois de satisfaire certaines traditions de la Legio. Mes sous-officiers et les autres centurions avec qui j'ai des rapports cordiaux viennent à intervalles réguliers partager un repas avec moi. Mes "fils" viennent aussi de temps en temps. Néanmoins, vous êtes la première représentante de votre sexe à pénétrer ici si c'était le fond de votre question. Je dois avouer que c'est une grande première pour moi. Je peux concevoir l'horreur qui vous traverse l'esprit à l'idée de vous être égarée dans la demeure d'un vieillard qui hante Rome depuis si longtemps.

A ma décharge, il faut avouer que peu de femmes ont pour habitude de venir étudier sur place l'étrange race que sont les soldats et qui tout ce qui est relatif à l'aspect militaire. Pour tout vous dire, je n'étais guère enchanté initialement de vous voir venir à moi. Sur l'instant, mon expérience m'a simplement dicté d'être un minimum coopératif afin d'éviter un esclandre avec un ponte qui aurait laissé une de ses parentes errer au milieu du cantonnement des troupes. La suite, vous la connaissez même si je ne m'explique pas encore mon audace spontanée sur la décision de vous servir d'observatoire mobile improvisé. Peut-être que les dieux ont voulu se jouer du taciturne soldat qui n'a su conserver sa tempérance habituelle face à une interlocutrice dotée aussi bien d'un charme indéniable que d'une connaissance aigüe de tout ce qui concerne l'existence militaire. A cet égard, vous connaissez personnellement d'autres officiers de l'armée en plus du praetor Cerenus?"


De manière presque mécanique, Alpharius proposait le contenu de certains plateaux de viande ou légumes à Isaa avant de se servir lui-même.

- C'est vous qui avez choisi les sujets des fresques ?

Alpharius: "Oui, la plupart des fresques ont entre un et deux siècles. En tant qu'officier vétéran, il est plus aisé de faire quelques entorses mineures au règlement. J'ai fini par me lasser quelque peu de l'aspect austère des lieux et l'idée des fresques a fait progressivement son chemin. Mes lectures et mon étude de nombreuses illustrations issues de divers documents ont contribué aux choix effectués. Il m'a fallu beaucoup de patience mais j'ai pu obtenir les services de quelques artistes talentueux pour concrétiser ce projet de manière satisfaisante.

Pour en revenir à votre intérêt concernant la vie de Sertorius, je vais essayer de vous apporter quelques précisions supplémentaires si ma mémoire ne me trahit pas. Quintus Sertorius a vécu à l'époque de la Rome antique, alors que celle-ci était encore une république et non empire avec un souverain. Issu d'une bonne famille, le jeune Sertorius s'est fait connaître en tant que juriste et orateur. Plus tard, il embrassera la carrière des armes et ira combattre les barbares menaçant la péninsule italienne, et cela avec des fortunes diverses même s'il n'exerçait pas encore de commandements en chef. Réputé pour son courage, il se fera remarquer par le consul Marius, qui est connu pour avoir réformé en profondeur l'armée romaine. Je vais vous épargner les détails de peu d'importance pour vous dire simplement que notre homme va connaître diverses affectations sans jamais démériter. Il est probable qu'il a perdu un œil lors d'un quelconque affrontement.

Lors des différentes guerres civiles qui ont suivi, Sertorius semble être resté fidèle à Marius qui était à la tête du parti des populares que ce soit lors de la guerre sociale ou la lutte contre les partisans d'un certain Sylla. Les sources auxquelles j'ai eu accès sont relativement fragmentaires mais Sylla a apparemment pris le dessus progressivement ainsi que le contrôle de Rome avec le soutien du parti des Optimates qui se composait essentiellement de l'élite conservatrice avec notamment l'aristocratie sénatoriale. Pour sa part, Sertorius avait en charge l'Hispanie romaine, mais il fut contraint de l'évacuer devant l'avancée des troupes de Sylla. En Afrique du Nord, il a réussi à défaire un des lieutenants de Sylla et à effectuer un retour réussi en Hispanie avec le soutien des populations locales. Se distinguant par son humanisme et ses talents d'administrateur, il a su organiser le territoire ibérique sur le plan politique et lever des troupes qui lui soient fidèles. Par la suite, il a vaincu à de nombreuses reprises des généraux de Sylla. Les territoires sous son contrôle ont servi de refuge à de nombreux Romains proscrits.

En général avisé, il a tenté de consolider son autorité en diffusant le modèle romain à la population et aux élites locales. Modéré envers le peuple et soldat exemplaire, sa popularité a grandi chaque jour un peu plus. A partir de là, sa vie est marqué de différents faits qui pour certains me paraissent appartenir au moins partiellement au domaine de la légende. A titre d'exemple, il est dit que la déesse Diane lui exprimé sa faveur en lui offrant un faon blanc qui le suivait partout en le conseillant. Cependant, les événements principaux semblent authentiques d'après ce que j'ai pu lire. L'épopée de Sertorius en terre hispanique dura un peu moins de dix ans. Durant cette période, Perpenna Vento était venu se réfugier auprès de lui avec ses alliés après la perte de la Sicile. Même le grand Pompée, dépêché de Rome, fut incapable de prendre le dessus sur Sertorius et subit une cruelle défaite. Lucide, Sertorius tenta de se trouver des alliés extérieurs au monde romain mais cela ne suffit pas. La traîtrise et les rancœurs de certains de ses subordonnés ont affaibli sa position même s'il continua à rester invaincu. Finalement, il périt assassiné comme je vous l'ai dit précédemment. Le principal instigateur de ce crime n'en profita guère, Perpenna Vento fut capturé par Pompée et exécuté. Voilà, je pense que vous savez l'essentiel sur le personnage de Sertorius ou du moins ce que j'en connaissais."


Faussement concentré sur le contenu de son assiette, Alpharius avait limité au maximum ses regards en direction de la troublante Isaa et s'était contenté de mener à bien son récit avec un intérêt réel pour le sujet abordé. Accessoirement, il se demandait sans pouvoir y répondre à quand remontait la dernière fois où il avait autant parlé en une seule journée.
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Isaac Vibius le 03 Avril 2013, 18:01

L'invitée couve le maître des lieux du regard. L'étonnement se lit une nouvelle fois sur ses traits tandis qu'elle l'écoute. Il semble avoir une piètre opinion de lui même par certains côtés. On a du mal à se le figurer ainsi rien qu'en le regardant. Un homme de cette stature et ayant sa carrière devrait au contraire respirer l'assurance. Cela lui donne un côté touchant. Sans goûter encore aux mets qui garnissent son assiette, elle penche légèrement la tête sur le côté. Ses yeux cherchent les siens sans parvenir à les trouver. Il semble absorbé par toute autre chose.

- Je ne suis personne pour juger qui vous recevez ou non, d'autant que cela ne me regarde nullement. J'avais juste l'image de grandes tablées de soldats, riant et partageant leurs repas en toute fraternité. Je suppose que ma naïveté et mon optimisme ont trop tendance à dessiner dans mon esprit des tableaux idylliques. Mais quand Ursus parlait de ses frères d'armes, il le faisait toujours avec une grande affection. Je vous assure que ma question n'avait rien d'une tentative détournée pour savoir combien de femmes avaient profité ici de votre compagnie. Croyez moi je la trouve fort agréable.

Isaa sourit avec sincérité. Les flatteries, les ruses, les manipulations sont des concepts complètement étrangers à son mode de fonctionnement. Elle est vraie et nature, dans tout ce qu'elle fait, tout ce qu'elle dit. Voilà pourquoi d'ailleurs elle n'éprouve aucun scrupule à le lui préciser.

- Si déjeuner avec vous m'apparaissait comme une torture, une horreur si vous préférez, je n'aurais eu aucun remord à refuser. Je ne suis pas du genre à me forcer, pour quoi que ce soit. Je crois d'ailleurs que mon père a emporté ce regret là avec lui. Il n'est jamais parvenu à faire de moi celle qu'il désirait, pas plus que mes sœurs, ma mère ou quiconque ayant croisé ma route. Tout ce que je fais m'est dicté par l'envie, la passion. Les seules contraintes que je m'impose à moi-même sont celles de défendre mes projets au sénat dans l'espoir souvent vain qu'ils comprendront ma démarche et m’aideront à la mener à bien en la finançant.

Elle marque une courte pause, le temps de prendre une gorgée de vin.

- Et pour vous répondre, je ne connais aucun officier ni même de simples soldats, sauf de nom ou de réputation. Il y a bien un militaire avec qui j'ai collaboré, Maximus Proteus. Je me suis surtout intéressée à ses qualités de forgeron pour tout vous dire. Mais je respecte également l'homme derrière le soldat ou l'artisan. Je suis allée trouver Varro Cerenus à la mort de mon père seulement portée par mon audace. Je voulais qu'il m'amène quelques réponses au sujet des circonstances qui l'avaient emporté. Il a eu l'amabilité de me les offrir et de s'intéresser à mes recherches. Il a également accepté que je vienne assister aux entraînements et que j'interroge certains de ses hommes. Je suis navrée si mon approche vous a paru si désagréable. Il ne fallait pas vous sentir contraint de pousser le zèle jusqu'à m'inviter ici. Je ne suis personne à Rome, pas de relations ni d'argent à part celui de ma famille, pas d'influence. Je n'ai que mon enthousiasme à offrir et les dons que j'ai reçu à la naissance que j'essaie d'employer au mieux pour servir notre cité, ceux qui y vivent et ceux qui la défendent.

La jeune femme sourit toujours, son ton est doux. On ne perçoit aucune gêne ou tristesse dans ses mots, pas de colère ou d'aigreur non plus, pas de prétention ou de fierté. Elle évoque tout cela comme si la chose était naturelle, en somme elle se contente d'exposer les faits.


- Pour ma part si vous me trouvez à votre table en cet instant ce n'est plus par pure curiosité professionnelle. Je ne suis pas en train de vous étudier, je ne sers aucun intérêt si ce n'est celui que je vous porte. J'apprécie simplement de vous découvrir un peu. Il est très plaisant de discuter avec vous.

Combien de fois lui a-t-on répété que sa sincérité et sa franchise la perdraient un jour ? Qu'importe, telle est la seule façon d'être qu'Isaa connaisse et le seule qu'elle veuille adopter. Puis quel mal y-a-t-il à reconnaître que l'on trouve une personne stimulante, intéressante ? D'ailleurs elle boit littéralement ses paroles tandis qu'il raconte la vie de Sertorius. Elle n'a toujours pas touché à son assiette et finit quand même par grignoter un peu les mets offerts. Son regard couve toujours le colosse. L'ambiance est paisible, décontractée au point qu'elle en oublie ses craintes d'un peu plus tôt. Elle sourit avec douceur en prêtant attention à la fin du récit.


- Merci de me l'avoir fait partager. Il semble que mes connaissances dans ce domaine soient bien moins étendues que les vôtres. Laquelle de toutes vos fresques a votre préférence ? Est-ce à cause de sa réussite ou bien du sujet qu'elle aborde ?
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Re: [E5] Experto crede (Alpharius)

Messagepar Alpharius Omegar??s le 05 Avril 2013, 00:11

Toujours et encore ce sourire qui reflétait une douceur infinie qui ne cessait de perturber la quiétude d'Alpharius qui n'était plus qu'une façade apparente menacée de ruine totale. A chaque fois qu'il relevait brièvement la tête, il avait l'impression d'être ébloui par une source de lumière trop pure, lui qui était plus habitué à agir dans la pénombre et dans les coulisses de Rome.

- Tout ce que je fais m'est dicté par l'envie, la passion...

L'audition du centurion primipile se fit immédiatement sélective et il chercha sans tarder à interpréter le potentiel réel de ces mots, devait-il adopter lui-même une attitude guidée par l'envie et la passion pour reprendre les termes de son interlocutrice? Des pensées contradictoires se bousculaient de plus en plus dans l'esprit de l'officier qui se trouvait confronté à une situation totalement inédite malgré plus de quatre siècles d'existence.

- Il est très plaisant de discuter avec vous.

"Jeune inconsciente, dirais-tu la même chose si tu avais connaissance de la fièvre ardente qui me consume l'esprit à chaque fois que j'entends ta voix ou que j'ose te regarder. Quel est ce sortilège qui me rend si faible? Est-ce la manifestation d’un de ces dons maudits que possèdent certains des adorateurs de ces dieux exécrables? Impossible, mon esprit et mon corps sort des forteresses invulnérables à toute influence extérieure..." Alpharius était ainsi submergé de réflexions inquiètes dont il n'aurait jamais cru être victime un jour.

- Merci de me l'avoir fait partager. Il semble que mes connaissances dans ce domaine soient bien moins étendues que les vôtres. Laquelle de toutes vos fresques a votre préférence ? Est-ce à cause de sa réussite ou bien du sujet qu'elle aborde ?

Il fallut quelques secondes à Alpharius pour considérer les deux questions en un seul ensemble avant d’y apporter une réponse qui se voulait précise. En parallèle, l'officier dut effectuer un réel effort de concentration pour museler certaines idées qui continuaient de tarauder sa conscience.

Prokofiev - Dance of the Knights

Alpharius: "Je dirai que ma préférence varie selon les circonstances et les périodes de mon existence. Actuellement, je dirai que la fresque qui suscite en moi le plus d'admiration est celle de Tancrède de Rechignac, j'ai découvert ce personnage à travers la lecture d'un cycle chevaleresque d'origine française qui prend place lors d'une époque connue comme étant le Moyen-Age. Le personnage principal était un certain Ogier d'Argouges si je ne fais erreur, mais je suis resté particulièrement fasciné par sa cousine Tancrède. Elle est décrite comme étant d'une beauté inégalable et dotée d'un esprit indomptable, elle défiait et manipulait les hommes sans aucune retenue même si elle a en a souffert à plusieurs reprises. Elle était aussi une cavalière émérite et était capable de manier l'épée avec une habileté digne de celle de nombreux guerriers expérimentés. Hélas, je ne me souviens plus avec exactitude de chaque détail de cette œuvre monumentale qui a pour auteur Pierre Naudin je crois. Cette épopée se poursuit à travers plusieurs personnages qui connaissent les pires souffrances physiques et morales durant une période où le sang et l'acier étaient les maîtres-mots. J'ai apprécié particulièrement que les puissants de l'époque soient dépeints sans la moindre complaisance tout en ne niant pas les mérites de certains d'entre eux.

Pour en revenir à la fresque en question, elle représente cette femme au nom masculin dans sa dualité sublime. D'un côté du plafond, il est possible de la voir en armure de plates avec en arrière-plan la silhouette de son cousin qu'elle a respecté et aimé à sa manière, ce dernier était un chevalier de grand mérite qui connu une vie parsemée de tragédies jusqu'à sa mort de la main d'un fils bâtard porté par la haine. Sur l'autre partie du plafond, Tancrède porte une magnifique robe de couleur nacrée et elle resplendit de tous ses atours qui mettent en valeur une longue chevelure blonde, à ses côtés se tient une princesse anglaise à la beauté plus tortueuse qui la tient par le bras de manière possessive et presque désespérée car nul n'est vraiment maître de Tancrède. En retrait sur la peinture, il y a un chevalier au sourire mélancolique, qui répond au nom de Tristan de Casterlreng, qui observe les deux femmes. Peut-être qu'un jour, je ferai ajouter une représentation de Gui de Clairbois qui fait partie de ce cycle qui est parsemé de figures tragiques et cruelles.

Certains de mes souvenirs relatifs à ces romans se sont effacés au cours du temps, mais j'éprouve toujours une émotion particulière en me souvenant de ces livres anciens qui ont contribué à façonner mon code de conduite personnelle."


Étonnamment, Alpharius a la gorge serrée après avoir brièvement évoqué ces lointaines lectures. Il éprouvait presque un sentiment confus de vulnérabilité en cet instant présent. Il renonça finalement à donner l’illusion de s'intéresser au contenu de son assiette et il accepta de confronter son regard sans détour à celui d’Isaa Vibius. Il était incapable de dire s'il se précipitait ou non vers sa propre damnation, mais il plongea sans remords dans l'abysse des iris de la jeune femme tout en abandonnant pleinement à celle-ci la liberté d'interpréter ce qu'elle serait mesure de lire dans les yeux de l'homme.
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