par Alpharius Omegar??s le 26 Mars 2013, 20:53
- Me voilà donc obligée de vous suivre, j'espère que vous n'aurez juste pas idée de me laisser tomber du haut des remparts à cause d'une des choses que j'ai dite ou qui s'apprête à sortir de mes lèvres.
Alpharius: "Il vous faudra juste veiller à ne pas trop me perturber avec vos lèvres, comme tout homme, je suis extrêmement sensible sur certains points... Pour le reste, je suis entièrement à votre merci. En effet, mon chef est complètement exposé à la menace directe de vos petits poings vengeurs pour reprendre vos mots. A ce titre, vous pouvez me considérer à raison comme un piètre tacticien."
En dehors de ses tentatives d'humour léger, Alpharius devait admettre en son for intérieur qu'il n'avait pas l'habitude de sentir sa joue gauche effleurer de temps à temps une délicate cuisse à peine recouverte d'un fin tissu. Le titan en armure se mit en mouvement avec son aisance habituelle, nullement gêné de servir de moyen de transport improvisé à une charmante passagère. Tout en veillant à conserver un maintien et un équilibre sans défaut, le centurion atteignit rapidement le pied du mur d'enceinte et entreprit l'ascension d'un large escalier menant au chemin de ronde. Au sommet des remparts, Alpharius perçut sur son visage une brise légère tandis que les chauds rayons d'un astre solaire pratiquement à son zénith inondaient la ville et ses environs en donnant l'impression de traquer la moindre zone d'ombre.
De manière presque furtive, Alpharius adressa un regard rapide à la dénommée Isaa qui semblait contempler le paysage extérieur de la cité comme si elle le découvrait sous un jour nouveau. Étrangement, l'officier regretta que la jeune femme n'eut pas laissé sa chevelure brune flotter au vent sans la moindre entrave. Le centurion primipile entreprit aussitôt de concentrer son esprit sur un aspect plus militaire de cette inspection des fortifications. Il réalisa par la même occasion qu'il tenait toujours de manière absurde son casque sous son bras droit, et entreprit aussitôt de fixer celui-ci à un crochet de sa ceinture d'arme. Le militaire reprit sa marche en direction d'une imposante tour découverte de forme carrée. Un bref contrôle des alentours informa Alpharius de la présence lointaine de quelques sentinelles. Il prit la parole plus pour faire bonne mesure que par volonté réelle de débattre de l'art avancé de la poliorcétique.
Alpharius: "Malgré l'aspect rassurant de ces hauts remparts et leur épaisseur impressionnante, je dois admettre que je ne suis pas convaincu qu'ils soient la meilleure réponse en cas de siège mené par un ennemi qui serait fortement pourvu en matériel lourd. Mon choix personnel aurait plutôt porté sur une succession de plusieurs lignes fortifiées bastionnées et cela afin d'éviter tout angle mort susceptible d'être exploité par des assaillants. Ce qui aurait aussi la vertu de faciliter le repli des défenseurs tout en exposant en permanence les assiégeants à nos propres projectiles. De plus, j'aurai tendance à privilégier des murs renforcés inclinées haut de quelques mètres seulement afin d'offrir une meilleure résistance à un bombardement soutenu de projectiles lourds. Bien entendu, la présence d'un tel dispositif s'étalant en profondeur et disposant de fondations profondes réduiraient l'efficacité d'éventuelles galeries creusées sous les murs afin de provoquer leur effondrement. Glacis, fossés, obstacles divers et zones de tir seraient à multiplier tout en étudiant leur disposition avec soin.
A la place des tours classiques, il y aurait plusieurs petites forteresses en étoile réparties sur l'ensemble du périmètre défensif afin de caserner la troupe par cohorte qui aurait chacune un secteur précis à garder. En cas de pénétration profonde de l'ennemi, les défenseurs isolés pourraient se réfugier dans ces points d'appui et les tenir le plus longtemps possible afin de permettre aux unités de réserve de mener une contre-offensive pour reprendre le secteur, ou de laisser au moins au reste de la garnison le temps de se réorganiser après la perte du secteur compromis.
Bien entendu, nul système fortifié est éternellement inexpugnable et sa capacité de résistance variera selon l'efficacité du matériel de siège à la disposition des forces attaquantes et leur capacité logistique à maintenir des approvisionnements suffisants. Par ailleurs, la ville aurait besoin de la construction de grands réservoirs d'eau supplémentaires pour pallier une possible coupure des aqueducs ainsi que la mise en place d'entrepôts de céréales plus solides. Dans une approche extrême d'efficacité, il peut même être envisagé de détruire certains édifices de Rome afin d'améliorer l'architecture d'ensemble et l'organisation des rues avec la perspective de faciliter leur conversion en positions fortifiées si nécessaire. Ce qui aurait pour implication de forcer d'éventuels assiégeants à livrer de coûteux combats de rue avant de parvenir jusqu'à l'ultime position dont nous disposerons, de préférence sous la forme d'une citadelle au centre de Rome. J'admets que ma vision ne favorise guère la protection des habitants qui seraient exposés à la violence directe des combats en cas de chute les lignes de défense extérieures, mais je doute qu'un adversaire assez déterminé pour venir à bout d'un tel dispositif soit enclin à la clémence et à une simple occupation des lieux.
Cependant, mon analyse est purement théorique et demanderait l'organisation de grands travaux effectués par une main-d’œuvre compétente en la matière. En définitive, je doute que le Sénat soit actuellement prêt à financer une telle entreprise d'une telle envergure. Néanmoins, vous avez sûrement une opinion différente de la mienne pour ce qui est de l'amélioration des fortifications de Rome. J'ai un peu trop l'habitude de raisonner sur un plan strictement militaire et de négliger certains paramètres sortant de ce cadre."
Alpharius se tut et laissa ses pensées être envahies par des images de scènes de combat, d'ordres donnés froidement, de replis disciplinés, de terribles corps-à-corps, de longues trainées de sang sur les pavés de Rome, et plus terrible encore de visions de sa propre exaltation à livrer une telle bataille au milieu des incendies et des râles d'agonie. Il fallut un terrible effort à Alpharius pour s'arracher à cette délectation morbide pour ces scènes enivrantes de guerre. Malgré lui, il craignait parfois que cet aspect de sa personnalité fasse intrinsèquement partie de sa psyché profonde et de ce dont il identifiait en lui comme des "défauts mineurs" issus de sa conception au caractère expérimental.
Le colosse prit la décision de monter sur un des merlons lui faisant face. Ce dernier se trouva converti par la force des choses en une sorte de piédestal improbable pour une statue au proportions démesurées. Alpharius avait vérifié au préalable qu'il avait correctement sécurisé la position de la jeune femme. En effet, au-delà du merlon se trouvait simplement le vide qui promettait une chute de plusieurs dizaines de mètres au moindre déséquilibre. Malgré un odorat relativement médiocre au regard de ses autres sens améliorés, Alpharius s'efforça de distinguer le subtil parfum de cette peau féminine dont la propriétaire avait un effet troublant sur lui, alors qu'il se targuait habituellement d'être d'un stoïcisme à toute épreuve. Il devait admettre qu'il appréciait particulièrement cet instant et qu'il craignait étonnamment de commettre une maladresse qui susciterait l'ire de la jeune femme.