[E5] Experto crede (Alpharius - Terminé)

[Isaac Vibius]

L'amour est une chose étrange, impossible d'expliquer comment il naît. La minute d'avant il n'y a rien puis il vous bouleverse, vous submerge et grandit à son rythme souverain. Il balaie vos défenses. Avec lui vient immanquablement le désir, un désir ardent qui vous dévore et vous pousse au-delà de vos propres limites sur un sentier que jamais vous n'auriez imaginé. Voilà probablement ce que découvre et vit Isaa en cette surprenante journée, plus encore alors que son amant la guide vers des plaisirs inavouables. L'excitation en elle est plus violente que l'appréhension, l'envie plus forte que la légère douleur initiale. D'abord c'est le désir impérieux d'Alpharius qui la pousse à céder, mais elle découvre rapidement que la chose lui plait. Les stimulations conjuguées par les mains d'Alpharius sur les zones les plus sensibles de son corps, par son membre la possédant de façon si pressante, décuplent le plaisir. Si bien qu'elle s'abandonne délicieusement sous ses assauts vaincue à nouveau avant de venir le chercher, le quémander mue par l'envie. L'amour et le désir peuvent prendre un visage plus bestial, plus brutal encore que la simple passion.

La jeune femme s'agrippe fermement au rebord comme si elle craignait de sombrer, emportée par le raz-de-marée de leurs deux corps qui chahutent l'eau du bassin de plus en plus violemment. Ses gémissements emplissent la pièce et se réverbèrent contre les murs. Une de ses mains vient rejoindre celle de son amant entre ses cuisses, l'incitant à appuyer un peu plus ses caresses. Le rythme accélère encore, le plaisir monte de concert tel un serpent dansant sur la mélodie de leurs halètements. L'homme se crispe soudain derrière elle alors qu'elle est aux portes de la délivrance. L'excitation était peut-être trop intense, ou bien leurs précédents ébats ont quelque peu amenuisé pour un temps les forces du colosse à moins que tout simplement il n'ait pu maîtriser la délicieuse chaleur provoquée par son membre si étroitement serré. Il laisse exploser sa jouissance en saccades, s'immobilisant dans le dos de son aimée. Elle guide encore sa main jusqu'à ce que l'orgasme ne la gagne presque aussitôt après.

Le couple reste un moment imbriqué à reprendre son souffle avant que sans se lâcher il ne se laisse retomber sur le siège. Isaa se colle tout contre son amour, s'arrangeant pour qu'il enroule ses bras puissants autour d'elle. L'eau lui semble soudain si fraîche, un doux apaisement après la fièvre qui l'a emporté. Elle ferme les yeux et soupire faiblement. Comment tout peut paraitre si divin auprès de cet homme? Après un nouveau moment hors du temps dans un silence presque religieux, la romaine rouvre les paupières pour lui sourire et l'admirer. Elle se redresse et vient murmurer à son oreille avec un air malicieux.

- Je t'aime, mais il faudra arrêter de prétendre que je suis la plus insatiable de nous deux.

Elle mordille tendrement le lobe de son oreille avant de déposer un baiser sur son épaule. Puis la belle se retourne et attrape le savon. Elle le fait mousser entre ses mains avant de venir avec sensualité les passer sur le corps de son aimé. Elle commence par son cou, descend sur une épaule et tout le long d'un bras. La jeune femme s'applique, faisant de chaque geste une caresse. Elle ne se lasse pas d'admirer la musculature d'athlète de cet homme. Parfois elle coule vers lui un regard amoureux, rivant ses prunelles dans les siennes en souriant. Elle reprend ensuite sa toilette minutieuse.

[Alpharius Omegar??s]

- Je t'aime, mais il faudra arrêter de prétendre que je suis la plus insatiable de nous deux.

Alpharius se contenta de sourire avec douceur avant d'afficher ensuite une mine faussement coupable, puis il vint embrasser avec douceur chacune des paupières veloutées de sa jolie nymphe.

Alpharius: "Tssst, je t'ai déjà confessé l'enfièvrement presque incontrôlable que tu provoques en moi à chacun de tes battements de cils. Malgré ma condition de vétéran aguerri dans les armées de Rome, je suis contraint de demander une suspension d'armes à titre provisoire pour préserver les ultimes forces qu'il me reste. Délicieuse coquine à l’apparence faussement angélique, tu m'as mené au bord de la perte de conscience, j'ai même cru entrevoir un court instant l'incarnation d'un ancien mythe chrétien qui évoquait le paradis des bienheureux et des justes... Quoique dans leur approche de la religion, j'aurai peut-être été classé dans la catégorie peu enviable des pécheurs irrécupérables et condamnés à un long séjour dans le purgatoire ou pire.

Une nouvelle fois, merci mon amour, pour tout, j'aurai presque envie de pleurer de joie après ce que nous venons de partager aujourd'hui. Néanmoins, il faut que je préserve quelques lambeaux de ma prestance virile. La dimension insensible et austère de mon personnage s'est effondrée comme un château de cartes à ton simple contact. Il faut que je t'épouse à tout prix, au moins le droit romain me permettra de sauvegarder un peu de ma position dominante de mâle même si les Anciens bénéficiaient à leur époque d'un régime juridique bien plus avantageux que l'actuel.

Plus sérieusement, je n'aurai jamais cru que faire l'amour pouvait être aussi exaltant. Je suis ému à chaque fois que je te regarde. A chaque fois que tu m'as accueilli en toi, que tu m'as laissé caresser chaque merveilleuse parcelle de ton corps, goûter avec ma bouche chaque délicieuse partie de toi, mes cœurs se gonflaient toujours plus de gratitude et de passion envers toi. Depuis les premiers mots que nous avons échangés, je cherchais constamment et désespérément de nouvelles manières de me transcender à tes yeux. Je redoutais la moindre expression sur ton ravissant visage qui aurait révélé la moindre déception à mon égard. Je regrettais et je regrette encore ne pas mieux exceller dans l’art de l’amour courtois. Mon vocabulaire me semble si tristement limité parfois.

Je devrai me taire, je ressemble à un jeune adolescent trop bavard. Peut-être que tu commences à avoir faim, je me rends compte que la luminosité du Soleil commence à décliner. J'aimerai beaucoup que tu restes avec moi cette nuit. Si tu veux, je peux te promettre de rester sage au moins jusqu'à l'aube. Pour être franc, mon esprit se refuse à imaginer l'instant probablement inévitable où nous serons dans l’obligation de nous séparer. Tu seras sûrement impatiente de reprendre tes travaux, tandis que je moi je vais remettre ma lourde armure pour retourner à ma routine militaire. J'espère que je ne paraîtrai pas trop morose devant mes hommes..."

Alpharius émit un soupir de bien-être tandis qu'il faisait l'objet des tendres ablutions effectuées par Isaa, elle avait un véritable don pour détendre les muscles du colosse et rendre l'instant particulièrement relaxant. Le centurion aurait bien voulu rendre la pareille à la belle brune, mais il préférait ne pas jouer avec le feu en laissant ses grandes mains s'égarer à nouveau sur les courbes féminines. En effet, cela n'aurait pas été sage alors qu'il imaginait déjà Isaa sortir avec grâce du bassin tout en laissant l'éclat de la Lune mettre en valeur sa glorieuse nudité.

Le guerrier jeta un coup d’œil à travers la persienne de fer ouvragé la plus proche et eut confirmation que la nuit était en passe de se rendre totalement maîtresse des lieux. Il reporta son attention sur la jeune femme et la regarda avec une adoration nullement feinte. Avec une réserve respectueuse presque surprenante après ce qu'ils venaient de vivre ensemble, Alpharius vint effleurer avec délicatesse les lèvres d'Isaa avec les siennes, puis il laissa à nouveau son dos reposer confortablement contre la paroi de la piscine.

[Isaac Vibius]

Parfois les gestes expriment bien mieux que les mots ce que l'on peut ressentir. D'autant que comme l'a très justement souligné le colosse, ils semblent bien trop fades désormais pour décrire le tourbillon des sentiments qui emporte la belle. C'est donc du bout de ses doigts fins et savonneux qu'elle déclame son amour à même la peau, avec toute la verve de ses caresses et la douceur qui la caractérise. Ses regards empreints d'adoration sont tout autant éloquents. Elle se délecte de ce moment privilégié et silencieux, juste ponctué par le bruit des gouttes d'eau qui, roulant le long de ses bras, tombent depuis son coude jusqu'à la surface du bassin. Le remous de leurs mouvements respectifs vient harmonieusement bercer leur échange. Isaa se découvre un besoin de tendresse qu'elle ne se connaissait pas. Une fois qu'elle a terminé la toilette de son aimé et la sienne, elle s'empresse de revenir se blottir tout contre lui.

- Je trouvais toujours étrange que l'on dise que l'amour rend égoïste, je crois que je comprends à présent. Je n'ai aucune envie d'abandonner tes bras, ni ce soir ni demain. J'en viendrais presque à souhaiter, si je n'avais pas tant peur d'être exaucée, que nous soyons seuls au monde. Je nous voudrais libre des contraintes et des obligations, pouvoir n'être que toi et que moi, exactement nous-même, à écouter nos envies et nos besoins l'un de l'autre.

Ainsi lovée au creux des bras d'Alpharius, la romaine sent la fatigue se rappeler à elle. Pourtant tout à son bonheur et à son amour nouveau, elle n'en a que faire. Ils finissent par quitter le bassin pour prendre une collation. Son amant a la délicatesse de l'envelopper dans la serviette pour ne pas qu'elle aie froid. Elle lui adresse en retour un sourire reconnaissant et lumineux. Elle enfile simplement sa robe après l'avoir récupéré dans la chambre. A quoi bon se rhabiller entièrement alors pour se déshabiller encore plus tard. Elle ne se sent pas assez à l'aise pour déambuler nue dans cette bâtisse militaire, surtout si un frère d'armes de son aimé avait l'indélicate idée de s'inviter à l'improviste. Puis il y a de fortes chances que l'homme croisé plus tôt soit toujours là. Pieds nus, elle suit le colosse dans la salle à manger. Il ne l'abandonne que quelques minutes, sans doute pour régler les détails du repas mais elles lui paraissent s'éterniser douloureusement.

Ils dînent en tête à tête. La jeune femme sent la fatigue la malmener de plus en plus. Elle paie à présent les émotions et les ébats de cette journée bien remplie. Pourtant elle la combat comme une lionne, maudissant le jour qui déclin et veut s'achever trop vite. Elle grignote un peu comme à son habitude, finit par délaisser son assiette. Isaa contemple son voisin de table avec ses petits yeux ensommeillés et néanmoins ce si grand sourire qui ne quitte plus ses lèvres. Elle se force à attendre qu'il termine son repas avant de s'inviter sur ses genoux. Son visage s'enfouit au creux du cou d'Alpharius et son souffle chaud caresse sa peau lorsqu'elle soupire de bien être.

- Je souhaite que cette journée ne s'achève jamais. Je sais que nous en vivrons d'autres ensemble, qui compteront également. Celle-ci est particulière, un trésor unique que nous ne connaîtrons plus. Je n'éprouverai plus cette curieuse sensation sans encore pouvoir la nommer. Je ne vivrai plus l'intensité de notre premier baiser ou bien cette sensation si forte de mon cœur cherchant à quitter ma poitrine quand tu m'as dit je t'aime pour la première fois. Je ne tremblerai plus en te sentant tout proche, en craignant que tu me touches autant que je le désire.

Elle lève lentement la tête vers lui. Un sourire tendre éclaire son visage tandis que ses prunelles cherchent à capturer son regard.

- Je devrais plutôt me réjouir et être impatiente de voir un nouveau jour se lever à tes côtés. Pour tout ce qui nous reste à vivre ensemble et surtout pour tout ce que je vais découvrir de toi. »

La romaine se cale un peu mieux dans les bras de son amour. Apaisée par sa respiration et les battements réguliers dans sa poitrine, elle se laisser bercer doucement. Le sommeil l'enveloppe et l'attire à chaque seconde un peu plus vers ses contrées. Elle lutte toujours, rouvrant les paupières lorsqu'elle se sent partir un peu trop loin de l'homme qu'elle aime. La fatigue est plus forte. Elle est déjà presque perdue lorsque le colosse se lève emportant avec lui sa belle endormie. Il la dépose délicatement sur son lit et à peine s'est-il étendu à son tour qu'elle vient instinctivement chercher son contact. Elle baragouine des mots difficilement intelligibles : « t'aim' ». Et dans ses rêves c'est déjà lui qu'elle retrouve.