[E5] Un tour à l'atelier. [Isaac] [Terminé]

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

Re: [E5] Un tour à l'atelier. [Isaac]

Messagepar Katla Buskvej le 04 Avril 2013, 20:52

Je haussai les épaules quand elle demanda ce qui avait provoqué la destruction de la Citadelle.

- C'est la peur qui a provoqué cette destruction. Un homme, ayant peur de la mort, a décidé de recourir à la violence en pensant qu'elle repousserait cette issue inévitable que l'on devra tous connaître. Un peuple, ayant peur de cet homme aux pouvoirs qu'ils ne comprenaient pas, a décidé de le vénérer et de suivre ses ordres aveuglément. Une civilisation avancée, ayant peur de se faire attaquer par ce peuple primitif, a créé des armes de plus en plus dangereuses. Et enfin... Un homme, ayant peur de connaître sa fin, a décidé de faire exploser toute la ville plutôt que de faire face à ses adversaires. C'est la constante de cette histoire aussi ridicule que tragique. Tous ceux qui ont contribué à détruire la Citadelle étaient des personnes réfléchissant non pas par rapport à l'expérience et la logique, mais par rapport à leur seule peur.

J'affichai un petit sourire en coin avant de relever la tête et de regarder Isaa.

- Pour prendre ça de façon moins obscure, l'un des nôtres a été exilé de la Citadelle, il aurait dû mourir... Mais il a fait peur à une peuplade primitive qui l'ont vénéré comme un Dieu, et par un procédé atroce visant à leur vider le crâne pour voler leur corps, il a réussi à survivre. Il a fini par réussir à contourner nos défenses, et terrorisé, l'un de nos scientifiques les plus éminents a paniqué et a détruit la ville. Mais la vraie constante ici c'était la peur.

Elle évoqua ensuite le fait que je pouvais sans aucun souci loger chez elle, et conclus en indiquant que sa loyauté était sans faille... J'avais du mal à cacher mon expression aussi inquiète que presque déçue. Je ne voulais pas la décevoir, mais ce n'était pas du tout ainsi que je fonctionnais. La culture de la Citadelle était très différente.

- Oubliez la loyauté, surtout sans failles. Gardez toujours un esprit critique. Sans cela, vous vous ferez écraser. Pas la peine d'être paranoïaque, évidemment... mais prenez toujours les choses avec un grain de sel. Réfléchissez à ce que vous ne voyez pas forcément. Par exemple... Caius est arrivé, disant être l'élu des dieux avant de casser une partie du sénat en morceaux, et dire vouloir renverser les politiciens corrompus. Mettius, lui, a répondu que seuls les tyrans faisaient appel à une telle violence, et a cédé aux exigences de Caius.

Je laissai une brève pause pour analyser l'information, avant de reprendre.

- En observant la scène, le bouseux moyen conclura que Caius est un demi-dieu envoyé par je ne sais quelle entité mystique pour nettoyer Rome de la corruption, et que Mettius a cédé. Mais en étant plus fin que ça... On voit que Caius s'est servi de cette "apparition divine" dans le désert pour prendre le pouvoir, pour lui et personne d'autre. Il ne veut pas le bien de Rome, il veut juste être le chef, en utilisant cette autorité semi-divine comme prétexte. Quant à Mettius... Il est bien plus intelligent que Caius, mais ses intentions sont les mêmes. En accédant à la demande de Caius, il passe pour quelqu'un d'humble, prêt à reculer pour protéger les siens, laissant de côté son honneur pour sauver des vies. En somme, il adopte une figure de père protecteur, figure qui a toujours été populaire chez les hommes.

Je fis finalement un geste de la main, l'air de "balayer" tout ça et passer à autre chose.

- Tout ça pour dire qu'il faut garder un esprit acéré et prudent, pour rester libre et indépendant. Vous remarquerez que cette liberté d'esprit, elle est souvent menacée, convoitée... Les "dieux" veulent être priés et vénérés sans conditions, ôtant ainsi leur esprit critique aux romains. Les politiciens usent de manipulation pour faire croire aux romains qu'ils sont le "vrai" protecteur de la ville, ôtant ainsi leur esprit critique à la population. C'est lorsque l'esprit critique d'un peuple cède, que celui-ci tombe. Tous les dictateurs les plus fous et dangereux de l'histoire ont accédé au pouvoir et détruit la moitié du monde à ce moment-là... Quand l'esprit indépendant des gens est tombé. Gardez votre loyauté pour vos valeurs, pas pour moi ou qui que ce soit d'autre.

Pfff bonjour le discours moralisateur, tiens. Je me faisais un peu penser à Haldof, un des plus gros casse-pieds de la Citadelle. Il fallait vraiment que je trouve un moyen de me faire une soirée avec de la bouffe de l'alcool et du sexe, tiens, ça me détendrait un peu et avec de la chance je serais moins chiante.
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Re: [E5] Un tour à l'atelier. [Isaac]

Messagepar Isaac Vibius le 06 Avril 2013, 10:59

Les dernières révélations la poussent à méditer. Selon son propre jugement, la peur peut parfois être salutaire. Ce qui la rend dangereuse comme bon nombre de choses c'est l'excès. Face à un péril, avoir peur est légitime bien que cela n'en écarte nullement la cause. Elle peut contribuer à réveiller certains instincts ou nous pousser à la prudence. En cela ce sentiment n'est pas mauvais tant que l'on ne se laisse pas aveuglément guider par lui. Il en va de même pour l'orgueil, la colère, l'avarice et même la gourmandise ou d'autres traits de caractère humains. Ce qui apparaît à Isaa comme le plus terrible est qu'une foule mue par la crainte est incontrôlable. En cas d'émeute par exemple, des hommes et des femmes représentent une force considérable et meurtrière.

- Je comprends mieux en effet. Je crains malheureusement que l'on ne puisse pas faire grands choses contre ce genre de manifestation. Il n'est pas aisé de raisonner les émotions d'une personne alors de toute une population...

La jeune femme a un sourire énigmatique en entendant Katla lui faire la leçon sur la loyauté et ses inconvénients. Elle entend évidemment ses mises en garde, elle les comprend même. Cela ne l'offusque nullement. On pourrait d'ailleurs dire qu'elle est coutumière du fait. Elle sait que derrière ce discours se cachent de bonnes intentions. Après l'avoir laissé terminer, elle ne se retient pas de la contredire.

- Je vous trouve quelque peu prompte à tirer vos conclusions. La loyauté ne signifie pas à mes yeux suivre bêtement la personne à qui je l'accorde comme le ferait un mouton de panurge. Je n'abandonne pas mon libre arbitre au profit du vôtre. La loyauté démontre simplement une forme de lien. Si vous préférez, je reconnais en vous l'offrant que vous êtes importante pour moi et que vous pouvez compter sur mon aide, mon soutien. Comme je le soulignais, si par votre comportement vous démontrez ne pas en être digne, que vos actes visent volontairement à nuire à Rome ou à des êtres qui me sont chers je ne vous laisserais pas agir aveuglément.

Elle sourit un peu plus largement.

- Je vais donc user de tout mon sens critique et de mon libre arbitre pour vous accorder ma loyauté car justement elle est une valeur à mes yeux et que je pense que vous la méritez. Je suis loyale à Rome, j'aime cette cité et je pourrais donner ma vie pour la défendre. Néanmoins si demain Rome décrète que l'on doit tuer tous les premiers nés pour honorer les dieux je ne le ferais pas. Si elle vous condamne à mort juste parce que vous êtes étrangère et que vous pourriez représenter une menace alors je m'opposerais et ferais tout ce qui m'est possible pour vous défendre. La loyauté n'est pas inconditionnelle et éternelle, tout comme la confiance elle se perd, elle se mérite. Peut-être que ma vision vous semble simpliste et naïve, probablement d'ailleurs que vous avez raison de le penser. Mais moi je crois en elle, je crois qu'on ne doit pas douter de tout et de tous, qu'on ne doit pas vivre sans cesse dans la peur de ce qui pourrait arriver. Cela ne signifie pas cesser de réfléchir, d'analyser ou d'être attentive à ce qui nous entoure. Il s'agit de préserver des valeurs, de vouloir lutter pour elles et pour ce qui compte à nos yeux.

Isaa n'essaie pas de faire changer d'avis son invitée. Elle espère juste lui démontrer que l'esprit critique et la loyauté ne sont pas incompatibles, du moins pas selon sa façon à elle de les voir. Comme toutes les valeurs, chacun en fait son interprétation personnelle. Le mot amitié par exemple n'aura pas le même sens dans chaque bouche. Il est évident que face à une femme plusieurs fois centenaire, une toute jeune demoiselle de vingt ans n'a pas le même esprit critique ni le même vécu. La question n'est pas de savoir laquelle des deux a tort ou raison, plutôt de voir ce que chacune a à offrir à l'autre. Car après tout, on apprend à tout âge, qui sait ce que la romaine pourrait apporter en retour à Katla...
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Re: [E5] Un tour à l'atelier. [Isaac]

Messagepar Katla Buskvej le 06 Avril 2013, 20:48

- Simpliste et naïve ? demandai-je en écho à Isaa. Non, du tout, c'est un raisonnement mesuré et réfléchi. Je ne cherchais pas à détruire toute notion de loyauté ou de confiance, notez bien, je cherchais juste à tempérer un peu cette notion qui est... parfois extrême voire auto-destructrice, à Rome. Mais manifestement vous n'aviez pas besoin de moi pour ça, conclus-je avec un sourire plutôt satisfait.

Elle avait du potentiel. Elle réfléchissait manifestement avant de se lancer, ne s'offusquait pas pour un rien, ne tentait pas d'imposer son avis mais plutôt à le partager et le faire comprendre... Si elle avait été née à 1800 kilomètres d'ici elle aurait probablement été une figure majeure de la Citadelle. Enfin en supposant que des naissances aient été possibles, évidemment... Car autant dire que c'était devenu pour nous une notion assez vague.

- J'aime votre façon d'exposer les choses. Nous fonctionnions beaucoup ainsi. Lorsque des avis divergeaient, les deux protagonistes échangeaient leurs avis en appuyant leurs points forts et faibles, et en général les deux en sortaient enrichis, même s'ils n'étaient pas forcément convaincus au point de totalement changer leur façon de faire.

Et j'eus subitement une illumination. La conversation n'avait rien à voir, mais je venais de penser au satellite Genova. C'était un des satellites que nous avions envoyés en exploration pour couvrir la Terre et en prendre des images... Il passait au dessus de la région de Rome 16 fois par jour... Ma portée d'émission pour communiquer était d'environ 200 kilomètres, mais Genova était équipé de matériel avancé, je pouvais donc me connecter à lui lors de ses passages... Et changer ses paramètres. Je pouvais lui ordonner de modifier les autres satellites pour qu'ils recouvrent la planète avec un message indiquant que j'étais survivante et que je cherchais les autres. Je venais de trouver la possibilité de contacter d'éventuels survivants.

- Oh mince... Je repasserai plus tard ! lançai-je, alors que je quittais la pièce d'un pas rapide, l'air perdue dans mes pensées.
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