par Tacitus Alestra le 22 Mars 2013, 12:43
Elle s'égare, papillonne, avec cette grâce toujours qui s'accroche à ses gestes. Elle ne s'en rend pas compte, elle semble ne jamais s'en rendre compte, mais il y a dans sa démarche quelque chose qui la rend lumineuse, elle, toute entière. Bien forcé de détacher mes yeux d'elles au risque de me perdre une fois encore dans mes pensées, j'observe la vendeuse qui suit de loin sa cliente et hoche la tête chaque fois que les doigts approchent d'un bijou. J'avise de mon côte le comptoir où je dépose les quelques sacs dont j'avais la charge afin d'avoir les mains libres. A peine libéré, voilà qu'elle se tourne vers moi.
Tu devrais t'être habitué, depuis le temps !
Et pourtant, me voilà interdit devant son sourire et ce bijou qui s'accorde à son teint et ses yeux. L'automatisme seul et des programmes bien codés me permettent de répondre immédiatement, en hochant la tête. Je ne suis pas censé comprendre la beauté de l'harmonie des couleurs, et la vendeuse a levé un sourcil, déjà, étonnée.
"Les tons de bleu de la pierre et de vos yeux sont similaires, en effet."
Quel poète, Taci !
Mais elle s'en détache déjà, cherche autre chose. Elle doit avoir déjà quantité de bijoux pour elle, tant qu'elle s'occupe à présent de parer ses domestiques. Mais elle m'interroge à nouveau, et je me fige un instant, fouillant dans mes mémoires.
"Langage inconnu, Domina. Dois-je démarrer l'enregistrement ?"
Soudainement intéressé, mes yeux se perdent autour de moi. Il y a ici des améthystes, des ambres, des quartz ... Ma mémoire sait reconnaître toutes les pierres de ce magasin, pourtant, j'ignorais qu'elles avaient un langage.