[E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

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Messagepar Tacitus Alestra le 06 Mars 2013, 11:27

La vie dans la cité ne changeait pas. J'avais pourtant la sensation persistante qu'un cataclysme de grande ampleur avait ébranlé les fondations mêmes du monde. Mais aujourd'hui, alors que j'accompagnais ma Domina pour quelques courses, j'étais bien forcé de le reconnaître : ces bouleversements n'avaient guère affectés que moi et celle qui avait en charge mon existence.
Nous n'avions pas vraiment reparlé de la révélation que je lui avais faite, et il me semble qu'elle n'en a d'ailleurs pas informé ses domestiques. Elle ne voulait que ma loyauté qu'elle avait toute entière, ainsi que ma dévotion, qu'elle ne réclamait pas mais qui lui était également acquise. Peut-être était-ce suffisant, et n'y avait-il pas besoin de faire quoi que ce soit de plus pour le moment.


Se bercer d'illusions n'a jamais servi à rien.

J'ignore si c'est cette pensée piquante, ou le brusque arrêt de Cassiopea devant une échoppe, mais me voilà stoppé dans mon élan, brusquement. Par réflexe, mon regard détaille les alentours, à l'affût d'une quelconque anormalité. J'ai baissé ma garde, pendant un instant, j'ai laissé mes pensées divaguer, et je n'ai plus prêté attention aux alentours. n'importe quoi aurait pu arriver. Lui arriver. Confus, je resserre mes doigts sur les paquets qui m'ont déjà été confiés.

"Voulez-vous entrer, Domina ?"

Je n'oublie pas qu'en public, les règles à appliquer sont différentes. Elles la dérangent probablement plus que moi, à vrai dire. Ces formalités sont imprimées dans mes programmes de référence, elles me semblent naturelles, bien plus que les familiarités qu'elle m'autorise chez elle. Et pourtant, je me surprends à devoir accomplir un effort conscient pour retrouver ce mode de diction qui devrait être automatique.
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Re: Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Cassiopea le 07 Mars 2013, 16:34

Le soleil caresse la peau de la musicienne tandis qu'elle s'attarde le long des devantures des marchands ambulants. Ses grands yeux clairs s'attardent sur les différents produits colorés qui feraient presque penser à un tableau contemporain. Tous les sens ici sont sollicités. Il y a par exemple la chanson des vendeurs qui essaient de vous attirer vers leur étal, le tumulte des badauds en grande conversation. L'odeur des fleurs, du fer forgé, du pain encore chaud, des épices qui vous titillent les narines et vous ouvrent l'appétit avec un peu d'avance ou bien vous invite au voyage pour des contrées inconnues. Ici et là les commerçants proposent de goûter les mets délicats qu'ils vantent uniques autant que délicieux et c'est souvent un enchantement pour votre palais.

L'attention de Cassiopea est appelée un peu partout. Elle glisse sur une mélodie qu'elle seule semble entendre, pour elle la musique est partout. Elle varie selon l'humeur, le lieu, l'atmosphère, ceux qui l'entourent... Ici c'est une mélopée enjouée qui sublime le tumulte des voix, des bruits sans les couvrir vraiment. Derrière elle, l'androïde la suit telle une ombre. Ses bras sont chargés des quelques paquets dont elle a fait l'acquisition au cours de cette promenade. Sa présence rassure la jeune femme. Elle qui a longtemps été solitaire apprécie cette souvent silencieuse compagnie, discrète mais bienveillante. Elle regrette simplement que Tacitus, à cause de convenances absurdes, soit obligé de marcher deux pas derrière elle.

Soudain l'attention de la musicienne se porte sur une échoppe de bijoux. Elle a dû ouvrir récemment car ce bâtiment est resté longtemps à l'abandon. Cassiopea tombe en admiration devant les parures colorées à travers la vitrine. Son serviteur la tire de sa contemplation. Elle tourne la tête vers lui.


« Oui, j'ai envie d'acheter un petit quelque chose pour Giulia. Je suis certaine qu'elle aimera un de ces colliers.

Sans plus attendre, la romaine pénètre à l'intérieur et tient la porte pour que l'androïde puisse entrer à son tour. Elle salue la marchande et vagabonde au milieu des présentoirs. Son regard s'arrête sur un magnifique sautoir de pierres turquoise, sa couleur préférée. Elle le prend délicatement et le contemple à la lumière du jour avant de le poser vers son cou.

- Qu'en pensez-vous ? Celui-ci lui plairait ? Non, je crois que c'est plutôt ma couleur.

Elle continue donc son inspection et porte son intérêt sur une paire de boucles d'oreilles serties de pierres d'améthyste.

- Et ceci ? Est-ce que vous connaissez le langage des pierres Tactitus ?
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Tacitus Alestra le 22 Mars 2013, 12:43

Elle s'égare, papillonne, avec cette grâce toujours qui s'accroche à ses gestes. Elle ne s'en rend pas compte, elle semble ne jamais s'en rendre compte, mais il y a dans sa démarche quelque chose qui la rend lumineuse, elle, toute entière. Bien forcé de détacher mes yeux d'elles au risque de me perdre une fois encore dans mes pensées, j'observe la vendeuse qui suit de loin sa cliente et hoche la tête chaque fois que les doigts approchent d'un bijou. J'avise de mon côte le comptoir où je dépose les quelques sacs dont j'avais la charge afin d'avoir les mains libres. A peine libéré, voilà qu'elle se tourne vers moi.

Tu devrais t'être habitué, depuis le temps !

Et pourtant, me voilà interdit devant son sourire et ce bijou qui s'accorde à son teint et ses yeux. L'automatisme seul et des programmes bien codés me permettent de répondre immédiatement, en hochant la tête. Je ne suis pas censé comprendre la beauté de l'harmonie des couleurs, et la vendeuse a levé un sourcil, déjà, étonnée.

"Les tons de bleu de la pierre et de vos yeux sont similaires, en effet."

Quel poète, Taci !

Mais elle s'en détache déjà, cherche autre chose. Elle doit avoir déjà quantité de bijoux pour elle, tant qu'elle s'occupe à présent de parer ses domestiques. Mais elle m'interroge à nouveau, et je me fige un instant, fouillant dans mes mémoires.

"Langage inconnu, Domina. Dois-je démarrer l'enregistrement ?"

Soudainement intéressé, mes yeux se perdent autour de moi. Il y a ici des améthystes, des ambres, des quartz ... Ma mémoire sait reconnaître toutes les pierres de ce magasin, pourtant, j'ignorais qu'elles avaient un langage.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Cassiopea le 28 Mars 2013, 19:21

La jeune femme sourit à Tacitus, elle oublie régulièrement sa condition puisqu'elle ne le traite pas comme un androïde ou un esclave. Elle agit toujours avec considération et le respecte en tant qu'être pensant, ressentant. Aussi quand il parle d'enregistrement, elle se trouve légèrement interpellée. Son regard se pose sur la marchande qui les surveille du coin de l’œil. Cassiopea déteste toujours cette loi du paraître que chacun s'impose dans la cité. Heureusement un couple de romaines, visiblement âgées, pénètre dans la boutique et commence à discuter avec sa tenancière. Cette distraction offre un peu de tranquillité qu'elle apprécie à sa juste valeur. Elle repose finalement les boucles sur leur présentoir et se rapproche volontairement de celui qui l'accompagne. Elle se place de manière à tourner le dos aux autres personnes et parle à voix basse.

- Ma mère aimait les fleurs et les pierres. Elle leur prêtait des vertus et une symbolique particulière qu'elle m'a enseigné enfant. Par elle j'ai adopté la turquoise. Elle m'a offert une petite pierre montée en pendentif que je portais. La turquoise symbolise le ciel et l'eau. Elle apporte la paix ainsi que la joie à celui qui la porte.

Elle avance dans l'échoppe en s'assurant que Tacitus lui emboîte le pas. Du bout de son index, elle désigne une pierre bleu.

- Le saphir est gage de fidélité, on raconte aussi qu'il chasse les infections ainsi que la haine du cœur de son propriétaire.

Elle montre une autre pierre d'un rouge vif, chuchotant toujours.

- Outre l'amour passionnel qu'il symbolise, le rubis attire le bonheur sur son porteur. L'émeraude est la pierre de ma déesse Vénus. Elle favorise l'amour dit-on, elle chasserait aussi le mauvais temps. L'aigue-marine a souvent accompagnée les marins, elle porte chance sur les flots. Elle prodigue le succès. Le grenat représente la loyauté, la constance.

Cassiopea cherche du regard les bijoux ornés de cette dernière pierre. Elle se dirige vers le fond de la boutique avec son androïde pour les trouver.


- Je crois que cela ressemble bien à Giulia qu'en dites-vous ? Ma mère ne portait que des émeraudes mais parfois elle dormait sur une autre pierre pour chasser la maladie, la peine. On pourrait peut-être vous en trouver une ? Est-ce que la symbolique de l'une de ces pierres vous attire ? A moins que vous ne choisissiez que pour la couleur. J'aimerais vous en faire cadeau.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Tacitus Alestra le 01 Avril 2013, 13:57

Une pierre, en cadeau ? L'étonnement doit se lire sur mon visage, aussi mauvais que cela soit pour le paraître que nous devons nous efforcer d'afficher. Prestement, je me détourne des regards qui pourraient se poser sur moi.
Une pierre, pour moi ?
Toutes mes entrées mémorielles sont formelles, on associe les pierres aux femmes, généralement. Rarement aux êtres de sexe masculin, ou alors seuls les puissants en arborent sur des objets symbolisant un grand pouvoir - un sceptre, une couronne, un sceau. Une seconde de plus me permet de relancer une recherche dans la section mémorielle, mais le résultat est identique.


"Je ne pourrais pas la porter, Domina. Je n'ai pas le rang requis."

Et pourtant, elle semble être particulièrement attachée à cette idée. Encore une fois, un conflit s'installe entre la loyauté sans faille que je lui offre, et le carcan rigide des conventions implanté dans mes programmes de conduite.

"Alors je ne la montrerai pas, si c'est possible. Sont-elles efficaces, si on les garde cachées ?"

Me penchant sur un étal, je remarque une parure en grenat. Je superpose l'image de Giulia à celle de ces bijoux avant de hocher la tête.

"Vous avez raison, Domina, c'est tout à fait pour elle. Vous devriez choisir pour moi, peut-être ..."

Pourtant, mes yeux sont attirés par un cordon de cuir et la pierre fixée à son bout. Une nouvelle recherche des entrées mémorielles me permet de dire qu'il s'agit d'une ambre, et je l'effleure du bout des doigts avant de me redresser brusquement, alerté par un bruit de pas dans mon dos. Les deux vieilles romaines viennent à leur tour explorer les étals plus au fond du magasin, et je me dépêche de retrouver une attitude plus conventionnelle.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Cassiopea le 06 Avril 2013, 11:55

La musicienne fronce un peu les sourcils tandis que Tacitus émet quelques réserves. Elle n'est évidemment pas fâchée bien qu'elle propose ce cadeau de bon cœur. Comme toujours les règles absurdes liées à l'apparence et au rang l’insupportent. Elle ne compte pas s'y résigner cette fois. La jeune femme réfléchit néanmoins à la question posée.

- Peut-être, certaines pierres particulières dont les vertus sont liées à la lumière mais j'en doute. L'important est de la porter, de l'avoir sur soi pour qu'elle agisse. J'avoue que j'ignore si elles ont le même effet sur des êtres tels que vous bien que j'ai envie d'y croire. Au moins nous serons fixés.

Elle lui adresse un sourire radieux, encore plus lorsqu'il s'accorde sur la pierre pour Giulia. Cassiopea se met donc en quête d'un collier. Elle tombe sous le charme d'une chaîne travaillée sur laquelle sont montés élégamment trois grenats taillés en goutte. Ses doigts fins le saisissent. Elle se tourne de nouveau vers l'androïde comme pour avoir son sentiment. Son regard se pose sur les clientes qui approchent et elle soupire intérieurement. Il lui tarde de finir ses emplettes et de retrouver un abri loin des regards et des jugements. Avant il lui reste le présent pour son compagnon à choisir. Elle a vu que son attention se portait sur un présentoir non loin.

*J'aurais dû y songer seule. La pierre a un peu la même couleur que ses yeux si particuliers.*

Elle ajoute donc le lacet noir où repose une ambre dans laquelle est piégée de minuscules feuilles. La romaine se dirige vers le comptoir où attend la marchande ravit de cette nouvelle vente. L'affaire est vite réglée et les cadeaux emballés. Cassiopea les garde à la main en quittant la boutique. La chaleur est toujours au rendez-vous, le tumulte de la foule également.


- Nous ne rentrons pas tout de suite.

Comme pour confirmer ses dires, ses pas les mènent en sens opposé. Les passants ici se font plus rares, on quitte le cœur de la ville et son animation pour des quartiers résidentiels. Parmi ceux-ci se trouve la maison où la musicienne a grandi. Voilà pourquoi elle connaît si bien ces ruelles. Au détour de l'une d'elle, elle remonte un escalier. Un bruit d'eau leur parvient et se fait plus clair à mesure qu'ils avancent. Enfin ils débouchent sur un jardin à la française au cœur duquel se trouve une magnifique fontaine dédiée à Vénus semble-t-il. Elle prend place sur un des bancs en pierre blanche.

- Ce jardin appartient à un très vieil ami de ma famille. J'y venais souvent jouer enfant. La maison de mon père n'est pas très loin. L'homme n'a pas de descendance, presque personne ne profite de cette splendeur.

Elle sourit à Tacitus, tapotant le banc pour l'inviter à y prendre place également. Elle déballe ensuite le cadeau qu'elle lui a pris et le tend vers lui. Les rayons du soleil donnent à la pierre un éclat magnifique.

- Ne vous inquiétez pas, nous ne serons pas dérangés ici. On raconte que l'ambre contient la lumière du monde. On lui a longtemps prêté des vertus de longévité. Certains prétendent qu'elle confère l'immortalité. Elle a des propriétés magnétiques alors j'espère qu'elle ne perturbera pas vos systèmes. Beaucoup de mères la font porter à leurs enfants, on dit qu'elle les protège. On lui prête de très nombreuses vertus, elle apporte dit-on l'équilibre, apaise les tensions.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Tacitus Alestra le 17 Avril 2013, 09:53

Baignée des rayons du soleil, la pierre d'ambre semble briller de son propre feu intérieur. Moins éclatante, pourtant, que la romaine qui la brandit au bout de ses doigts fins. Ici, dans ce jardin isolé, je n'ai pas à feindre l'impassibilité, et je ne me prive pas de sourire avant de récupérer l'objet qu'elle me tend et le nouer autour de mon cou. Un instant, je garde le contact de l'ambre contre ma peau. Pour moi, ça n'était jusqu'alors qu'une résine forgée par le temps, quelque chose sans vraiment de valeur.

"Merci. J'ai été attiré par la couleur, mais je suis content d'apprendre sa signification, j'espère qu'elle m'aidera à vous protéger."

N'en fais pas trop, non plus.

Mes doigts rangent la pierre sous ma tunique, seul reste visible le cordon noir, et mes yeux se détournent enfin pour enregistrer les vues du jardin. Il y a quelques références en harmonies, la disposition, sans aucun doute, évoque un jardin à la française bien que toutes les règles ne soient pas respectées. L'ensemble des critères qui le rendent agréable à l'oeil est cependant respecté, et sans aucun doute il mérite la qualification de beau, basé sur ces observations.

"Je comprends que vous aimiez cet endroit. Vous avez donc grandi près d'ici ?"

Pourquoi ne pas m'emmener dans ses jardins, à elle ? La question est retenue de justesse, je la verrouille d'un sourire, puis mes yeux se baissent, incapables de dissimuler trop longtemps le fil de mes pensées. Il y a certaines libertés que je me refuse à prendre, en sa compagnie. Une certaine limite que je m'impose, car le danger serait trop grand ensuite que je ressente la frustration de e pouvoir tout partager.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Cassiopea le 22 Avril 2013, 18:43

Cassiopea sourit à son androïde. Il est toujours plein d'attentions charmantes et de gentils mots pour elle. Peu de gens jusqu'ici se sont montrés ainsi intéressés par son bien être ou son devenir. Elle préfère croire en tous cas que ce n'est pas le programme de Tacitus qui le prédispose ainsi à veiller sur elle. Elle sait qu'il le ferait peu importe qui serait sa domina, néanmoins elle aime penser que leur relation est légèrement différente, plus sincère. Après tout il s'est montré honnête avec elle sur ses pensées et ses défaillances même en sachant le sort qu'elle aurait pu lui réserver en l'apprenant. Il n'est probablement pas aussi libre de penser, de parler et d'agir que le serait un humain pourtant la musicienne fait de son mieux pour lui offrir le plus de confort et de libertés possibles.

- Je suis certaine que vous ferez de votre mieux pour vous acquitter de cette tâche. J'apprécie beaucoup votre présence même si je suppose qu'il est inutile de le dire. Vous l'avez sans doute constaté par vous-même.

Son regard clair balaie le jardin qui les entoure. Ces images font ressurgir nombre de souvenirs, des joyeux et des plus sombres. C'est étrange comme cette époque lui semble lointaine et en même temps si proche, comme si c'était hier et il y a un siècle à la fois. D'une certaine manière elle est toujours cette petite fille renfermée qui venait trouver refuge ici.

- Oui, nous sommes vraiment tout proches.

Elle se retourne et désigne derrière eux une villa un peu plus loin. Les deux demeures se tournent le dos et sont séparées par leurs jardins respectifs. Celui-ci tient plus du parc tant il est grand et majestueux. Le jardin des Alestra est plus modeste.

- La première fois que je suis venue ici, le propriétaire des lieux donnait une grande fête. Je me souviens de la foule de grandes personnes, les femmes parées de leurs plus belles robes, les hommes dans leurs élégants atours. Il y avait d'autres enfants qui couraient et jouaient. Moi j'étais timide alors je me suis cachée derrière ce grand arbre là-bas. La musique m'a bercée et je suis restée à l'écouter adossée au tronc. Je fermais les yeux alors elle ne jouait que pour moi. La musique m'a tenu compagnie bien souvent, elle m'a aidé à m'évader, à oublier, à guérir et surtout elle m'a sauvé. Aujourd'hui je l'entends partout autour de moi dans le chant des oiseaux, dans le clapotis de l'eau, dans la caresse du vent ou le rire d'un enfant. Il y a une mélodie pour chaque chose et pour chaque moment.
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Tacitus Alestra le 05 Mai 2013, 17:01

La musique qui semble guider en permanence ma Domina est inaudible. Son pas, pourtant, souvent, trahit le rythme. Un filet de voix, si ténu que des oreilles humaines ne sauraient l'entendre, donnent la mélodie. Un mouvement gracieux de bras souligne un accord qui n'existe que dans son esprit. Il est vrai qu'elle a une manière de se mouvoir qui ne ressemble en rien au pas des autres romains. Une manière d'interrompre sa marche pour écouter un oiseau qui chante, sourire aux lèvres, que personne d'autre n'a. Une habitude de réclamer le silence des paroles pour capter le bruissement du ruisseau. Cassiopea Alestra est la musique incarnée, sa grâce et sa beauté, sa splendeur, sa grandeur, une mélodie magnifique et pure.
Je suis son androïde, et lorsqu'elle m'accorde sa confiance et me parle comme si j'étais plus qu'une machine, il y a un élan en moi que je ne saurais expliquer. Je ne peux que baisser les yeux, impressionné de me découvrir à travers son estime. Et lorsqu'elle se laisse aller à des confidences, je ne peux qu'écouter, oubliant même parfois d'enregistrer ses paroles comme je devrais le faire de façon automatique.


Tu devrais faire plus attention que ça !

Mon esprit s'est un instant mis en veille, et je reprends la main avec une peine évidente sur les sons analysés qui déferlent dans ce qui me sert de cerveau.

"A vous entendre, vous vivez hors de ce monde. Et je vous avoue qu'à vous voir, c'est l'impression que j'ai souvent."

J'ai envie d'ajouter que je croirais volontiers qu'elle n'est pas de ce monde, mais j'imagine que Vénus ne saurait tolérer un tel affront. Je me contente alors de sourire.

"Vous avez été bénie, d'ainsi pouvoir retranscrire pour les autres la musique que vous entendez partout. Probablement est-ce la raison qui rend votre chant si agréable, d'ailleurs. Les jours passent, je me sens toujours honoré d'être en charge de votre bien-être. Encore plus dans ces moments-là ... Si j'avais le choix, je n'aurais plus jamais d'autre maître."
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Re: [E5] Au hasard des étals ~ Cassiopea

Messagepar Cassiopea le 11 Mai 2013, 11:04

Le soleil décline doucement, ses rayons caressent encore le jardin et les deux êtres qui y ont trouvé refuge le temps d'une pause. La jeune femme médite sur les paroles de son androïde. Elle le contemple un instant, silencieuse. Elle se sent bien en sa compagnie, sereine, protégée. Il lui semble ne pas avoir à être ce personnage public que les autres attendent. Cassiopea peut être elle-même, tout simplement. Elle voit cela comme une bénédiction. Comme si elle était désireuse de le remercier ou de lui témoigner sa gratitude pour ce don, elle tend la main vers la sienne et la pose timidement dessus en un geste affectueux.

-Votre présence à mes côtés m'apporte beaucoup. Je suis heureuse que vous soyez entré dans ma vie. Vous savez, je ne vous vois pas comme un simple serviteur ou une machine. Vous êtes d'avantage à mes yeux. Vous faites partie de mon monde au même titre que Giulia ou la musique.


La paume de sa main reste posée sur celle de Tacitus un instant. Elle lui sourit avec douceur.

-Il n'est pas toujours facile de vivre dans son propre monde, cela vous coupe des autres. Il m'arrive de sentir sur moi le poids de la solitude. Heureusement mon instrument me la fait vite oublier. Puis je vous ai tous les deux.

Le fixant de ses yeux clairs, la harpiste reste un instant silencieuse à nouveau. Les prunelles aux nuances si particulières de l'androïde l’hypnotisent. Elle n'a même plus conscience que leurs mains sont toujours liées.

-Je me demande souvent comment vous percevez les choses, comment vous les... ressentez. J'imagine que votre vision est d'avantage fondée sur l'analyse de l'environnement et des individus. Malgré tout je devine une forme d'humanité en vous, je ne vous trouve pas froid et impersonnel. Il me semble que vous vivez et que vous avez une sorte de personnalité propre, de pensées qui ne sont qu'à vous. Parfois j'aimerais percer vos mystères et deviner ce qui se passe dans votre tête si bien faite.

Se rendant compte de ce qu'elle vient d'avouer, elle s'empourpre légèrement. Elle retire également sa main de sur la sienne. Il est vrai qu'elle le trouve séduisant, elle n'avait pourtant pas l'intention de le reconnaître.
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