par Caecilius le 05 Mars 2013, 13:40
Deux enfants sages mais horriblement amoureux, voilà ce que nous étions. Douce petite Clio et moi-même nous aimions d'une façon surprenante, nous étions sans cesse sur la même longueur d'ondes, pour un peu nous pourrions compléter les phrases l'un de l'autre. C'était tellement facile d'être avec elle, elle souriait, elle était toujours enjouée et puis c'était un vrai bonheur de tenir sa main dans la mienne. Une main douce aux doigts fins et habiles, et surtout je n'oubliais pas son parfum, un parfum de fleurs qui se répandait sans cesse autour d'elle, toutes ces fleurs qu'elle aimait qui la parfumaient d'une façon sans égale. Depuis ce premier soir un bon mois était passé et de quelle façon ! Le temps était passé à toute allure comme si il ne voulait pas suspendre son vol et il filait à une vitesse vraiment infernale lorsque j'étais avec elle. Pourtant dans tous nos petits bécottages, nos promenades main dans la main, nos sourires complices et nos regards échangés, nous étions sages, très sages. Nous nous montrions peu, aucun besoin de se montrer, de s'exhiber, nous restions discrets dans notre coin, sans besoin de nous faire voir, nous nous aimions tout simplement l'un et l'autre ensemble. Aucune nécessité de le faire savoir à tout Rome, c'était un bonheur tout simple, très simple mais sans pareil dans tout Rome.
Travailler ensemble dans les jardins aidaient beaucoup, il faut dire que Clio débordait d'idées autant que moi et de façon surprenante nous nous accordions presque toujours. Et quand nous étions en désaccord, nous trouvions toujours une façon de concilier nos idées, le plus souvent à renfort de sourires et quand ça ne suffisait pas un baiser ponctuait nos phrases pour empêcher l'autre de répliquer encore et de dire "non". C'est qu'il ne fallait pas sous-estimer la jeune femme, elle savait ce qu'elle voulait et une partie de moi aimait qu'elle me l'impose d'un baiser, ce genre de baiser qui me donne l'impression que je ne pourrai jamais lui dire non. C'était bien, c'était beau ainsi, ça me convenait vraiment bien ainsi, j'étais aux anges, elle me rendait simplement heureux, rien qu'en étant avec moi et sans rien faire d'exceptionnel, juste en étant là avec moi, à lire un livre ou simplement à sourire, à cuisiner ensemble ou juste à nous endormir l'un contre l'autre sous le soleil, allongés dans l'herbe, main dans la main, comme de jeunes amoureux. Rien ne pouvait ternir ce tableau parfait ? Il fallait le croire et il fallait le voir pour le croire aussi. Pourtant aujourd'hui dans mon invitation pour elle, j'étais resté bien mystérieux et discret, mon petit message disant simplement "Retrouve-moi dans notre jardin rien qu'à nous, j’ai besoin de te parler".
C’était très différent de mes messages habituels si doux et chaleureux, ça pouvait presque sembler froid en réalité. Et c’est donc dans ce jardin chez moi que je l’entendais, ce petit coin rien qu’à nous où elle avait été la première à entrer et la seule autorisée à le faire. Il fait beau et chaud, grand soleil sur cette journée, c’est vraiment très agréable, pas une once de vent, il fait peut-être même trop chaud pour faire autre chose que profiter de la journée. Quand à moi je suis terriblement nerveux, debout et parfaitement immobile je semble fixer le soleil de mes yeux ouverts, c’est que moi il ne m’a jamais éblouis ce vil soleil qui éblouit tant de monde. Je reste là, les mains dans mon dos, tournant d’ailleurs le dos à l’accès du jardin. Bientôt Clio arrive, j’entends son pas si léger, il faut dire que j’y étais à l’affut, elle est si légère quand elle se déplace qu’elle pourrait bien me surprendre parfois. Je l’écoute s’approcher sans un bruit et quand finalement elle est juste derrière moi, à deux petits mètres, je me retourne, un air sérieux sur le visage, inhabituellement sérieux, presque grave, même triste.
- Je suis content que tu sois venue, Clio. Je … Ca m’a prit du temps pour décider à t’en parler mais je te dois la vérité, j’ai … rencontré quelqu’un. Ca fait quelque temps de ça et … Tu sais je suis vraiment bien avec elle, on s’entend sur tout, on est vraiment … un très beau couple. Je crois que tu méritais de le savoir avant que elle et moi ne décidions d’officialiser notre relation, je préférais que tu l’apprennes de moi.
Mon air reste grave, tout comme l’était ma voix tandis que je parlais, j’appréhendais évidemment sa réaction, craignant ce qui allait suivre.