[E5] Faire les poubelles, plus qu'un loisir : un hobby. [PV]

[Katla Buskvej]

Une décharge, pleine de saloperies dégueu diverses qui se déversaient des égouts et où tout le monde jetait un peu tout ce qui lui passait sous la main. C'était un peu bizarre pour moi, car tous les déchets étaient recyclés ou presque. Les seules choses qu'on ne pouvait pas recycler étaient les cartouches de Mjǫllnir, les énormes canons portés par les deux marcheurs Titan qui protégeaient la ville. Ces cartouches utilisaient des petites quantités de matériau radioactif servant d'amorce pour propulser et transformer l'hydrogène en boule de plasma de près de 10 mètres de diamètre. Ces bidules transformaient des surfaces de 30 mètres carré en lacs de magma en fusion. Ce n'était pas moi qui avait conçu ces armes, c'était Kellerio. Cette espèce de bulldozer à réaction était totalement siphonné, mais quand il s'agissait de tout faire exploser, par contre...

Enfin, en attendant, ici ils ne recyclaient pas leur merdier. Dans un sens c'était une aubaine pour moi car parmi tous ces déchets il y avait des pièces d'androïdes. Un énorme tas rempli de cadavres de ces esclaves mécaniques qui peuplaient la ville, à ma disposition ! Plein de métal et d'alliages complexes, de circuits électroniques, de pièces avancées et autres joyeusetés dont je comptais bien me servir. Mon premier projet était assez simple, enfin simple... Façon de parler. Je voulais faire un drone de surveillance volant. Pour cela il me faudrait donc des circuits optiques, des caméras quoi, ainsi que plusieurs plaques électroniques et du métal pour la carlingue. Si je pouvais aussi trouver des condensateurs et des bobines je pourrais même mettre une petite arme dessus.

Et évidemment une source d'énergie... J'ignorais encore comment marchaient ces espèces de bougres de cyclotrons d'androïdes Romains. Jusque là je n'avais pas vraiment eu l'occasion d'en ouvrir un et vérifier avec quel type de pile ou de source d'énergie ils fonctionnaient. Un réacteur quelconque sûrement, mais de quel type ? Sûrement quelque chose ayant une très longue durée de vie, car il était évident que les Romains n'avaient pas les moyens de recharger des piles à plasma.

Je commençai donc à marcher dans la saleté jusqu'à atteindre le tas de machins mécaniques qui m'intéressaient... Quand subitement, alors que j'avais posé le pied sur un bout de ferraille en équilibre précaire, celui-ci se brisa sous mon poids dans un claquement métallique sec.

- Нах дет ер икке алворлигт, дет... me mis-je à grommeler.

J'avais pris une brouette avec moi. Je comptais bien ramener pas mal de matériel. Une fois celle-ci posée à un endroit convenable, je me mis donc à fouiner dans les restes d'androïdes démembrés pour jeter les morceaux qui m'intéressaient dans la brouette. Qu'avait-il donc bien pu arriver à ces machines ? Un maître nerveux ? Utilisés comme gladiateurs pour le plaisir de la plèbe ? Juste pour "le fun" ? Les cornichons diplômés vivant dans cette ville ne devaient probablement pas avoir grand mal à trouver une "bonne" raison d'être violents... Certes, ce n'étaient que des machines, mais pour moi la raison incitant à la brutalité importait. Pour les démonter et en faire des pièces détachées, ça ne m'aurait pas choquée... Mais pour du spectacle, en revanche... C'était autre chose.

Je finis par soupirer, reprenant ma fouille et jetant les pièces, de 4 à 40 kilos, d'une main, l'air de rien, comme si je faisais mon petit marché.

[Votum]

Cours ... Cours ... Cours plus vite ... Encore !

Je dévalais les rues de Rome à pleine puissance. Courir, c'était comme une nécessité, une obligation, un devoir. Plus vite, encore. Chaque pas devenait plus puissant. Chaque pas s'enfonçait dans la terre. On pourrait suivre ma trace, mais je ne m'inquiétais pas pour cela. Une chose à la fois. Je redoublais d'effort, je mettais tout mon coeur dans cette tâche, car je devais arriver à temps.

Cours ... Cours ... Cours plus vite ... Encore !

C'est ainsi que j'arrivais là où était Katla. Cependant, quand on met de la puissance dans une chose, il faut savoir s'arrêter. Et moi, je ne le savais jamais ... Et c'est ainsi que quand je voulus ralentir je fonçais littéralement dans ce bric à brac et je me retrouvais enfoui sous les décombres. Le bruit résonnait encore dans ma tête.

Fait chier !

Je ne savais pas vraiment si elle essaierait de m'aider. Mais je n'avais pas trop de temps à perdre. Alors je trouvais l'ombre dans ce tas de détritus et je m'y enfonçais. Et c'est ainsi que je réapparu sur le sol, la terre ferme, loin des débris que je venais de créer. J'avais fait réapparaître du coup des choses qui n'était pas visible au premier abord. Je me mis à tousser pour ne pas effrayer la femme devant moi. Et quand elle me regarda, mon coeur se serra. Des images passèrent dans ma tête, mais je me devais de les refouler. Je commençais à ne plus tenir. Je ferais fatalement une connerie. Je me connaissais parfaitement.

Besoin d'un coup de main ?

J'étais pieds nus, ils étaient amochés, et je portais une robe très simple, blanche, sans manche. J'étais sale et je ressemblais à n'importe qui dans ses taudis.

Je peux t'aider.

Ce n'était pas une question. Non. C'était une affirmation.

[Katla Buskvej]

Ohhh ! Un androïde entier ! Il avait été bien abîmé, mais l'ensemble semblait en assez bon état ! Alors ça, trouver un de ces bazars entiers c'était une aubaine, il fallait que je le récupère... Mais soudainement, ma découverte magique fut un brin gâchée par un bruit bizarre : quelqu'un venait de s'écraser dans les détritus, à grande vitesse qui plus est. Et rien ne revint à la surface. Manifestement, au vu des bruits et des vibrations, la personne qui était tombée dans la saleté était en train de nager dedans...

- Hé ben alors, espèce de projectile guidé, qu'est-ce-qu'il vous pr...

Je n'eus pas le temps de terminer ma question que d'un coup, le mystérieux visiteur ressortit, en m'observant, avant de tousser légèrement. C'était, déjà, une mystérieuse visiteuse. Visitrice ? Tiens, comment on dit ça en latin ? Enfin bref, elle me regarda en demandant si j'avais besoin d'un coup de main. Je répondis alors, l'air un peu hésitante :

- Ben, c'est-à-dire que...

Et une nouvelle fois, je ne pus pas vraiment finir de parler, car subitement, ma brune interlocutrice déclara qu'elle pouvait m'aider.

- Ah, ben d'accord alors, répondis-je en me retournant vers la carcasse d'androïde.

Mais moins d'une seconde après, j'eus comme un blocage, haussant un sourcil et affichant une mine pour le moins perplexe.

- ... attends, de quoi ? commençai-je en dirigeant une nouvelle fois mon regard vers elle.

Qu'est-ce-qu'elle me chantait au juste ? Je n'étais même pas sûre qu'ils aient découvert la poterie et elle disait, avec une immense certitude qui plus est, qu'elle pouvait m'aider ? Là, il me faudrait plus de précisions.

- J'veux pas paraître méchante, mais je doute qu'un peuple qui vénère aveuglément une bande de zouaves interplanétaires, tout ça parce qu'ils ont les fesses qui brillent, puisse beaucoup m'aider... A moins que t'aies découvert un moyen miraculeux d'extraire de l'hydrogène avec un bout de caillou et des prières.

Oui. J'avais décidé que les "dieux" étaient des zouaves interplanétaires et que leurs fesses brillaient. En tout cas je me retournai vers le cadavre d'androïde que j'avais trouvé, l'examinant avec le plus grand intérêt.

[Cicero Papirius]

- Heyyy. Mais, arrête de me balancer des choses!

Une tête apparait de l'autre côté du tas. Cicero regarde l'immense jeune femme. Il est tout rouge de colère, il a failli se manger une grosse pièce lourde. Il y a quelques secondes, ce n'était que des petits morceaux d'androïdes et puis là, un ancien moteur, enfin un bout, qui lui rase la tête. Mais tout à coup, il regarde la jeune femme qui vient d'arriver. Une jeune femme. Peut-être une androïde? Il espère. Mais c'est la grande dame qui l'intéresse. Il n'aime pas les humains, c'est difficile pour parler. Mais la dame ne peut pas être humaine. Elle est trop grande, elle est pas... pas normale. Alors des petites étoiles se mettent à briller dans son regard. Il grimpe sur le tas de ferrailles, il ne quitte pas des yeux la grande dame, et se rapproche comme une mouche est attirée par une source de lumière ou un pot de miel.

- Ooooh, comment tu es joliiiiiie.

Non, non, pas touche. Cicero sait qu'il ne peut pas jouer avec l'androïde, si c'est en est une, bien sûr, mais il n'a jamais vu une humaine comme ça. Il veut tripatouiller, mais Laurane lui a bien fait comprendre que c'est pas bien de s'approprier les gens. Déjà dans ses mains, il a des pièces hétéroclites, il les met dans son dos pour éviter d'être tenter de toucher la dame. Il regarde l'autre dame. Il ne sait pas si c'est une androïde ou pas, alors il baisse les yeux. Il n'aime pas parler aux humains. Il préfère revenir sur la dame. Il lui sourit.

- Tu cherches des choses? Je peux t'aider?

Allez, dis oui, dis oui, dis oui. Il veut bidouiller. Mais si il peut bidouiller la madame, alors ça sera encore plus mieux. Mais il ne peut pas lui demander ça comme ça. Il trépigne même. Et en trépignant, il regarde discrètement l'autre dame. Elle est jolie aussi. Il peut toujours tenter de savoir si c'est une androïde ou pas.

- Tu veux que je t'aide aussi? Je peux te fabriquer des chaussures si tu veux.

Il lui fait un large sourire avant de rougir, de gêne.

[Votum]

La vie est étrange et les rencontres le sont aussi. Je regardais Katla et je finis par éclater de rire quand elle parla des Dieux et de moi. Je riais fort. Elle était amusante. Mais mon regard se braqua sur le nouvel individu. Lui, n'était pas prévu. Mais mon instinct me disait de me méfier de lui. J'avais raison sur une chose, j'avais bien fait d'être ici. Je regardais donc ces deux lascars et je finis par sourire. Katla aurait ce qu'elle souhaitait avec moi et lui, c'était certain. Je fis quelques pas sautillants et quelques bonds pour me stabiliser à côté de Katla en souriant. J'étais face à Cicero et je penchais mon buste pour voir ce qu'il tripatouillait dans son dos.

Pas besoin de chaussures. T'inquiète. T'es qui toi ?

J'étais plus intriguée par l'homme que la femme. Et cela se voyait, mais je m'en moquais. Puis je me tournais vers Katla avec un grand sourire.

Des fesses qui brillent ? J'adore ! Franchement, j'adore ! Mais allez, tu as du voir leurs tronches sur les statues. Avouent quand même que certains en jettent non ?

Je regardais le ciel un court instant et je revins vers elle.

Méfie toi tout de même. Pour l'instant, tu n'es pas trop dans leur radar, mais ils entendent pas mal de choses. Et certains n'hésitent pas à intervenir quand cela ne leur plaît pas. Genre punition divine tu vois. Un signe d'exemple je te crame avec mon super éclair. Et malheureusement, ceux ne sont pas des effets spéciaux ...

Je me déplaçais un peu pour les avoir tous les deux en face de moi. Le mec était space. Il avait un regard étrange, voir concupiscent. Et cela ne me plaisait guère la manière dont il regardait Katla.

Je ne suis pas une scientifique. Mais je peux t'aider. Qu'elle est ta priorité ?

Et finalement, il m'agaçait à triturer ces machins dans son dos. Alors je mis mes mains sur mes hanches et bougonne, je regardais le mec.

T'es qui toi à la fin !

[Katla Buskvej]

La situation devenait encore plus compliquée, avec l'arrivée d'un type... Dont le comportement était incongru, et le mot était particulièrement faible car j'avais l'impression de me retrouver face à une sorte de gamin de 10 ans alors que le type devait avoir quoi, entre 25 et 30 ? Je ne savais pas trop comment réagir face à lui, d'autant que la visiteuse bizarre qui voulait m'aider parlait en même temps pour encore accentuer la confusion. Bon... Prenons les choses une par une. D'abord, sortir l'androïde et le mettre dans ma brouette.

- Bon, allez là, la récréation est finie, allez prendre votre goûter, un bon verre de lait, et embêter votre maman, les grands doivent travailler.

Merde. Les jambes de l'androïde étaient coincées sous quelque chose, c'était évident. Je ne me sentais pas de faire de l'excavation, et décidai donc de tirer. Mauvaise idée. Les deux moteurs de mes bras et épaules déployant un sacré paquet de force, et vu que les jambes de la carcasse mécanique étaient bien bloquées, je me retrouvai subitement avec non plus un androïde entier entre les mains mais juste sa partie supérieure. En tirant, je l'avais arraché en deux.

- Non mais sérieusement !? Satané bazar de fourbi d'truc ! Tiens ! lançai-je en mettant un coup de poing dans la tronche du cadavre mécanique, avant de le laisser tomber plus loin avec un air dépité.

Je tournai alors la tête, apercevant Cicero et Votum, haussant un sourcil, et affichant quasi-instantanément un air bien plus calme. Je n'avais aucun mal à devenir subitement zen, certains parlaient d'humeur imprévisible, mais pour ma part je pensais que rester tout le temps calme finissait par accumuler la pression. Donc, des fois, autant se laisser aller quand il n'y avait pas de conséquences.

- Ah mais vous êtes encore là vous deux ?

Afin de voir à qui j'avais affaire, je modifiai le mode de vue de mes capteurs optiques pour passer sur de l'infra-rouge. Vu leurs émissions de chaleur, l'homme était un humain et la femme une androïde. Soit. Je repassai sur un mode de vue normal, soupirant d'un air quelque peu blasé et répondant aux deux en une seule fois :

- Je cherche à trouver la source d'énergie qui alimente les androïdes. Leurs piles, quoi. 'fin, leur batterie. Vous savez ce que c'est, ou pas ? demandai-je, avant de répondre à ma propre question avec un air blasé. Note, vous avez pas découvert la machine à vapeur, alors des batteries électriques... Je repris alors avec une voix plus claire. Dans les androïdes, il y a des boîtes magiques, si tu les enlèves l'androïde tombe, et si tu les remets, l'androïde marche normalement. A la place de manger, ils ont ces boîtes magiques. Ca vous dit rien ?

Probablement pas... Tant pis.

[Cicero Papirius]

La dame veut voir ce qu'il tripatouille dans son dos, il lui montre, avec plein de bonnes volontés, même s'il remet les mains dans son dos. La grande dame est tellement attirante qu'il sent comme des démangeaisons dans ses mains, il faut les cacher. Il n'a rien dit à l'autre dame, celle qui a la robe blanche, mais il lui a montré ses choses. Laurane a toujours dit qu'il fallait être gentil avec les gens.

Pas besoin de chaussures. T'inquiète. T'es qui toi ?

- Bon, allez là, la récréation est finie, allez prendre votre goûter, un bon verre de lait, et embêter votre maman, les grands doivent travailler.

Cicero ouvre la bouche pour répondre à la dame, mais il la referme aussitôt quand l'autre dame l'envoie chez sa... maman? Il chouine doucement. Elles ont l'air tellement... tellement... La dame dans la robe a l'air méchante. Il en a presque peur. L'autre, avec cette voix, il a peur, mais en même temps, il sait que c'est impossible qu'elle soit humaine, alors il veut rester. Il est intrigué, mais il ne sait pas comment le dire. Il préfère garder le silence. Il cherche les mots. Et puis, la grande dame tire sur l'androïde.

- Nooooon, tu vas d...

Trop tard. Cicero offre une tête horrifiée. Elle vient de découper l'androïde qu'elle tenait. Ce n'était plus qu'une enveloppe, sans vie, mais quand même il aurait pu la bidouiller, maintenant, il va passer des jours à la recoller et la réalimenter. Cicero regarde la dame bazarder l'androïde éteint. Il est tout cassé maintenant. Il déconnecte complètement de la conversation et s'approche du tronc de l'androïde, commençant à farfouiller à l'intérieur. Il ne veut pas d'un androïde déjà tout fait pour son cadeau pour Laurane, alors peut-être qu'il peut récupérer une ou deux pièces. Il n'écoute pas la conversation, mais les oreilles de Cicero captent tout de même quelques vocabulaires particulièrement intéressants.

- ... la source d'énergie ... androïdes... boîtes magiques.

- MOIIIIIIIIIIIII! Je saiiiiiiiiiis!

Il lève la main comme à l'école et gesticule, comme pour essayer de se faire bien voir encore plus, alors qu'il a suffisamment crié. L'autre dame, celle en robe semble en colère et lui demande d'un ton franc qui il était. Cicero se calme instantanément. Il a peur, alors il chouine à nouveau. La dame semble tellement en colère. Il décide de l'ignorer parce qu'il veut vraiment parler avec l'autre, la grande dame qui ne doit pas être humaine.

- Tu peux pas trouver la source d'énergie comme ça, en fouillant ici. Il faut... Les androïdes sont...

Ah, il ne sait pas comment expliquer. Laurane lui a pourtant dit de ne pas dire le secret de la vie des androïdes. Ca lui a apporté tellement de mauvaises choses. Mais cette dame-là, il ne peut pas tenir le secret, elle est tellement... jolie? Mais il sait qu'il ne doit pas le dire devant l'autre, ça, il est sûr.

- Les androïdes sont le produit entre une mécanique très poussée et l'invocation d'une vie. Il n'y a pas de pile, c'est un humain qui demande à ce qu'on place dans l'androïde la vie. Les batteries d'un androïde s'autoalimentent, une fois l'androïde créé, il peut bouger tout seul et est autonome

Discours très bizarre dans la bouche d'un homme-enfant. Mais quelque fois, cela lui prend. Ca, c'était une de ses premières leçons avec les petits lutins qui donnent vie aux androïdes. Donc il connait les phrases par coeur. Content d'avoir répondu et fier d'avoir la réponse, il se replonge dans le morceau d'androïde et extrait le plus délicatement du monde, un ou deux fil, un ou deux morceaux de métal, un ou deux bidules intéressant pour son futur cadeau pour Laurane.

[Votum]

Je regardais Katla nous évinçait facilement et je gardais toujours dans mon angle de vue Cicero. Je ne savais pas qui c’était, mais je me méfiais de lui ! Il n’était pas clair, il n’était pas net et cela se voyait. Cependant, Katla était étrange aussi. Oui, une femme qui vient d’ailleurs, c’est étrange, mais c’était surtout ce qu’elle faisait qui n’allait pas. Elle avait fait un effort pour sortir l’androïde et au final, elle s’en débarrassait comme d’une vieille chaussette. Je fronçais les sourcils et je vis l’homme se jetait sur la carcasse. Il semblait pleurer sur son précieux … Etrange scène que tout cela. Je mis une épaule contre un tas d’ordure et je les regardais tous les deux. Sa question, à elle, était amusante, mais sans intérêt. J’allais ouvrir la bouche quand l’homme s’extasia. Alors je le regardais et je l’écoutais. Je me relevais vivement et je fonçais sur lui.

Tu peux répéter ? Qui t’a dit ça ? Comment le sais-tu ? Es tu sûr de toi ?

Je n’étais qu’à quelques pas de lui, mais mon visage n’était guère tendre. Qui était-il bon sang ! Je posais mes yeux sur le sol, pensive.

Cela veut donc dire que les androïdes ont belle et bien une âme ?

Je tournais mon poignet pour dévoiler le fameux tatouage des androïdes. J’allais le toucher avec mon autre main mais mon geste resta suspendue. Je finis par baisser les deux bras et par regarder l’homme en face de moi en penchant la tête sur le côté.

Pourquoi gardes-tu cette découverte pour toi ? Pourquoi ne la diffuses tu pas ?

Cet homme s’était trouvé sur mon chemin, et non, je n'allais plus le laisser tranquille maintenant ! Puis je regardais de nouveau Katla.

Tu poses une mauvaise question. Je répète la mienne. Qu’elle est ta priorité ? Toi, ou la haut.

Je levais ma main vers le ciel, le doigt pointé dessus.

Tu es un danger pour Rome. Mais tu es aussi en danger depuis que tu es ici. Tu as l’impression d’être libre, mais l’étau se resserre doucement. Tu veux disséquer les androïdes, c’est parfait. Sache que d’autres veulent te disséquer toi. Juste retour des choses non ?

Je croisais mes bras sur mon torse, les pieds bien ancré au sol.

Alors, qu’elle est ta priorité ? Car la mienne est fort simple.

Je la regardais longuement, oubliant l’homme enfant. L’homme enfant qui détenait un savoir surprenant. Les hommes enfants étaient nombreux à Rome et finalement c’était eux qui savaient tout. Les Dieux étaient amusants. Mais je les buterais tous au final … Un sourire mauvais s’afficha sur mon visage et je repris la parole.

Te protéger.

[Katla Buskvej]

la situation devenant de plus en plus bizarre. D'abord, la réponse de Cicero me paraissait assez obscure, mais ça m'intéressait cette histoire. Par contre la réaction de la brune m'inquiétait assez, elle semblait s'enthousiasmer de façon un brin excessive face à l'idée que "les androïdes aient une âme". Une âme, encore un concept de péquenauds, ça.

Le fait était que les ordinateurs internes des androïdes Romains étaient très différents des nôtres. Plus exactement, je connaissais trois types d'ordinateurs : les ordinateurs binaires, inutilisés depuis longtemps. Leurs héritiers, les ordinateurs biologiques, qui ont été abandonnés rapidement malgré leurs performances pour des raisons de fiabilité. Enfin, les ordinateurs quantiques qu'on a réussi à faire fonctionner en "exploitant" une sorte de "bug" dans les lois de la physique. Ce dernier type d'ordinateurs calculait à des vitesses phénoménales et jusque là on n'avait pas vu de raison de chercher à faire mieux, on n'arrivait pas à exploiter leur pleine puissance.

Mais les mécanismes des androïdes... Leurs ordinateurs étaient programmés d'une façon à laquelle je ne comprenais RIEN de chez rien. Et manque de chance je n'était pas une experte en mathématiques... Avec de la persistance je parviendrais bien à piger le principe, mais autant dire que la tâche serait ardue. Le fait était que ce type d'ordinateur permettait peut-être de créer une forme de conscience artificielle, là où un ordinateur, même quantique, ne peut pas vraiment.
En attendant, pour moi, l'intelligence des androïdes venait de là et non pas d'un concept mystico-mystique à trois ronds comme "l'âme" ou "la bénédiction des dieux". Mais allez expliquer ça à ces deux ahuris... Il faudrait quand même que je discute avec ce type bizarre, il semblait bien plus malin qu'il n'en avait l'air.

Et la brune se mit à me faire un discours sur le fait de me protéger, et les priorités. Pour être tout à fait honnête, je ne voyais pas trop où elle voulait en venir. Me protéger ? De quoi, trois types montés sur des canassons moisis avec des épées en bronze ?

- "Moi ou là-haut" ? Comment ça là-haut, les types qui se prennent pour des dieux ? J'aurais bien du mal à m'en foutre plus, de leur vie, à ceux-là. Je laisse ces olympiens de carnaval faire leurs affaires, et je m'occupe des miennes.

Certes l'Olympe c'était en Grèce, pas à Rome, mais bon, passons.

- Quant à me protéger, si j'apprécie énormément l'intention, je pense que si un soldat chargeait à cheval, il vaudrait mieux que ça soit moi, devant, plutôt que vous.

Je finis en tout cas pas trouver ce que je voulais : une tête d'androïde en bon état. Parfait ! Levant le bras gauche, une sorte de mécanisme complexe en sortit, ainsi que deux longues barres de couleur noire, dans un claquement métallique sec. Moins d'une seconde plus tard, un sifflement se fit entendre et une sorte de lame se forma entre les deux barres noires, avançant bien au delà sur bien 50 centimètres. Elle ressemblait à une sorte de flamme, mais en forme d'épée, et d'une étrange couleur violette. Alors que je déplaçais mon bras, l'arme laissait une traînée de lumière pourpre.

Agrippant le crâne d'androïde, je commençai alors à le découper du bout de la lame, avec délicatesse. Je n'avais pas l'air de faire le moindre effort : le métal fondait instantanément lorsqu'il entrait en contact avec le plasma, comme un katana de maître passerait dans du beurre fondu. Une fois le sommet de la tête découpé, je le retirai pour révéler l'intérieur avec intérêt. La lame disparut et les mécanismes rentrèrent de nouveau à l'intérieur de mon bras gauche alors que je commençait à fouiner.

- Bon... Processeur, processeur... Où tu te planques...

[Cicero Papirius]

La dame en robe blanche fonce sur lui. Il couine instinctivement. Elle est trop méchante. Il crie même et puis s'enfuit pour se cacher derrière l'autre grande dame. Elle, elle à l'air moins méchante. La dame qui s'agite parle à elle-même. Enfin, pour Cicero, elle parle à elle-même en regardant par terre. Il penche la tête pour la voir, mais il reste derrière la grande dame.

- Bah oui, ils ont une âme. A partir du moment où tu peux penser par toi-même, t'en as une, d'âme.

Son regard se pose sur son bras. C'est là qu'il voit le tatouage sur son bras. Il fait un grand sourire, sa crainte passée, oubliée même. Elle pose une question. Elle en pose même deux. Cicero rougit. Pas par colère, pas par timidité, mais bien par gêne. C'est à son tour de regarder par terre. Il hausse les épaules. Il ne répond pas, parce qu'il ne sait pas répondre. Il ne peut pas dire à tout le monde. S'il dit qu'il peut construire des androïdes, alors tout le monde va vouloir qu'il en fasse et puis y'a des gens qui sont méchants. C'est Laurane et puis Valeria et puis tout le monde dans le Temple de Pluton qui lui ont dit qu'il ne fallait pas le dire. On pourrait profiter de lui. Ca, il le comprend, mais il aime tellement les androïdes que c'est difficile à le garder pour soit. Maintenant qu'il est tout juste derrière la grande dame, il la regarde minutieusement. Il la détaille sans aucune gêne. Il est content d'être aussi près, mais maintenant qu'il est là, il a envie de regarder comment elle fonctionne. C'est très tentant. Il sent des fourmis dans le bout de ses doigts. Alors il remet les mains dans le dos et s'approche encore plus. La grande dame lève le bras et une... lame sort.

- Ahah. C'est génial, ça. Tu le ranges comment?

Il va pour lui soulever le bras afin de comprendre l'agencement, mais déjà elle découpe la tête de l'androïde inanimé.

- Bwaaaaaaaaaark. Comment tu fais ça? Oooooh.

Il oublie complètement sa peur et les distances de sécurité. Il s'approche tellement qu'il a le visage à quelques centimètres de sa lame violette. Mais il ne cherche pas à toucher, il a les mains dans le dos. Quand elle cherche ce qu'elle appelle "processeur", il ne résite pas et avec un grand sourire, il pointe les bidules complexes dans le cerveau découpé.

- Ah, c'était un ancien androïde, peut-être de la deuxième génération, juste après la guerre quoi. Regarde, là y'a un tout petit espace, maintenant y'en a p'us d'espace, Parce que maintenant, les Consuls réinitialisent directement dans les codes. C'est quoi un processeur? Si tu cherches la batterie, c'est pas là que tu vas trouver. Il est mort cet androïde, il n'a plus de vie. Si tu veux voir la vie d'un androïde, faut que tu ouvres l'androïde, là.

Il désigne bien sûr la femme à la robe blanche. Mais il n'y a aucune malignité dans son regard, sa voix ou ses gestes, il n'agit que comme un enfant, naïf et inconscient des autres. Il revient sur la femme en la regardant avec envie, comme un gamin regarde un pot de miel.

- Elle est où, toi, ta batterie? Tu fonctionnes comment? Pourquoi tu regardes dans la tête de l'androïde? Tu viens d'où? T'es arrivée comment là? Tu peux me montrer comment ça fonctionne ton couteau violet?