[E5] Da capo (Nymphea) -Terminé-

[Isaac Vibius]

Son entretien avec Varro a finalement soulevé autant de questions qu'apporté de réponses. Après avoir quitté la maison du centurion, la jeune femme se décide à rendre visite au temple de Jupiter. Très fervente et fidèle au dieu des dieux, elle vient régulièrement s'y recueillir et prier. Dans la demeure familiale se trouve évidemment un autel dans le jardin qui lui est dédié. Mais dans ce bâtiment construit tout spécialement pour rendre hommage à Jovis, elle se sent plus proche encore de lui. La romaine salue les prêtres et adeptes qui croisent sa route. Elle s'installe dans une alcôve un peu à l'écart. S'agenouillant avec respect, elle ferme les yeux. Comme toujours ses premiers mots sont pour le remercier des bienfaits qu'il accorde à sa famille ainsi qu'à elle. Elle lui témoigne également sa reconnaissance pour sa protection de la cité. Une fois cela terminé, Isaa évoque dans sa prière silencieuse la mâne de son défunt père. Elle espère que pour l'avoir bien servi sa lare sera accueillie dans la plaine d'asphodèle.

La jeune femme reste un long moment ainsi à genoux. Puis finalement elle se relève après avoir rendu grâce une dernière fois à Jupiter. Tandis qu'elle traverse le temple, elle ne peut s'empêcher d'être peinée à l'idée que Ursus n'aura jamais droit à sa cérémonie funéraire. Bientôt un nouveau masque figurerait au-dessus du laraire pour rappeler sa mémoire. Elle espère que les soldats qui l'accompagnaient et lui ont survécu auront pensé à mettre une obole dans sa bouche. Sans cela Charon ne l'aiderait pas à passer le Styx aux Enfers. Positive de nature, elle préfère imaginer que sa mâne est bien parvenue où elle doit être.

L'esprit à peine plus léger, la romaine regagne son atelier. Quelques androïdes sont affairés aux tâches qu'elle leur a confiées, d'autres sont désactivés attendant de nouveaux ordres. Elle passe inspecter leur ouvrage et satisfaite regagne sa table de travail. Les plans n'ont pas bougé. Comme pour s'y replonger, elle déchiffre la série de nombres et d'annotations en marge. Elle suit les tracés de son index. Finalement après quelques minutes, elle attrape le crayon de bois et se met à dessiner d'autres pièces. Guido vient lui demander si elle a pris le temps de manger. Réalisant qu'elle a en effet sauté un repas, une chose qui lui est plutôt coutumière, elle secoue la tête et se replonge dans son dessin. Quelques minutes plus tard, il l'interrompt à nouveau pour déposer sur un coin du bureau une assiette de viande froide et une miche de pain accompagnées. Il s'assure que sa domina ne manque de rien et retourne à ses occupations. Isaa coupe de petits morceaux de viande et grignote distraitement en continuant à réfléchir.

Le bruit de coups sur le bois de la porte la fait se retourner. Elle se relève et se dirige vers l'entrée. La jeune femme ouvre de grands yeux en reconnaissant l'androïde qui se trouve sur le pas de sa porte. Elle ne l'a pas revu depuis de longs mois. A vrai dire elle ne pensait jamais la revoir après si longtemps. Elle lui sourit d'un air chaleureux.

"Nymphea ! Quelle surprise. Je me suis longuement inquiétée après ta disparition. Où étais-tu passée tout ce temps? Que t'est-il arrivé? Entre voyons.

Isaa semble vraiment ravie de la voir revenir. Elle était après tout une aide très précieuse durant tout le temps qu'elle a passé ici. Il n'est pas si facile de trouver des serviteurs intelligents et qui sachent s'adapter aux attentes de la romaine. Sans compter qu'elle n'a pas oublié le soutient que l'androïde lui a apporté lors d'un moment pénible de son existence auquel elle n'a aucune envie de songer. Oui la voir revenir est une bénédiction.

[NB : Da capo, retour en arrière]

[Nymphea]

Emmitouflé dans ma longue cape noire, je me dissimule dans l'ombre d'une ruelle en regardant la villa de la jeune femme qui fut ma maîtresse des mois auparavant. J'ai fui lâchement, car j'avais révélé sans le vouloir l'état réel de mon plot. Inactif. Comment aurais-je pu retenir le dégoût et la colère qui m'avaient assailli alors, que je vois sous mes yeux une jeune femme brisée par un homme qui a plus pensé avec ce qu'il a dans le pantalon que dans son coeur. En même temps, je me doutais parfaitement de ce qui allait se passer. Mais, je devais me taire pour tenir le rôle de l'androïde soumise au plot actif. Mais... Mettius ! Toujours son nom sera l'écho de Rome. Toujours je l'entendrais même quand il n'est pas là. Toujours je verrais ce visage fier contre lequel je voudrais cracher pour m'avoir enlevé Lia et d'être le responsable de bien des choses que la politique met au silence pour mieux soumettre les romains à un bonheur et une paix qui n'est qu'illusion.

Beaucoup rage dans l'ombre, beaucoup prépare « le » coup qui fera trembler le Sénat. Pour une fois, les envies de Quintus et moi-même se rejoignent. Pourtant, je reste indécise sur la manière de nous y prendre. Violence ou non. La violence engendrera la violence sans nul doute. Si le chef de la rébellion continue sur cette lancée. Rome finira à feu et à sang. Ce n'est pas un pressentiment, mais une certitude. Un jour, cela arrivera et cela mettra des vies innocentes en danger. Tout Rome n'est pas contre nous et cela, Quintus ne veut pas le savoir mettant tout le monde sur un même pied d'égalité. Juge, jury et bourreau, voilà le rôle qu'il s'est donné.

Mais le moment n'est pas à ressasser cette affaire. Non. Le moment est de trouver la force de me présenter aux yeux d'Isaa et de lui faire part de mon voeu. Ce dernier consiste à me remettre en vente pour m'approcher de Midas qui détient ma protégée réinitilialisé. Peut-être comprendra-t-elle cela. Oui, je n'ai aucun doute dessus, mais peut-être que cela lui fera mal que je me présente à elle et que je lui demande cela. Mais, je n'ai pas le choix, j'ai fait une promesse et je me dois de la retenir.

C'est avec hésitation que j'avance dans la rue me rapprochant imperceptiblement de la grande porte d'entrée de la demeure de la jeune humaine. Je tente de trouver les mots et la force de tout lui dire. Elle sait déjà un secret que d'autre ne connaisse pas. Si certain romain mal intentionné savait ce qu'elle sait. Nul doute que le chemin pour moi serait la réinitialisation.

Je frappe. J'attends que l'on m'ouvre, j'espère faire face à un androïde de la maison ainsi j'aurais plus de temps à trouver et à formuler les mots. Espoir vain, car c'est Isaa elle-même qui vient m'ouvrir. Avec courage, je baisse la capuche de ma longue cape et plonge mon regard dans le sien. Chaleureusement, elle m'accueille. Cela n'aurait pu être autrement, elle est naturellement gentille. J'entre sans dire mot et fait un tour dans la pièce où plusieurs croquis étaient accrochés au mur et regarde le travail sur lequel elle planche.

Je ne parle pas. Le silence trône comme un roi oublié et qu'au bout de longues minutes qui parurent une éternité, je balaie par mon premier mot énoncé.

- Vos questions auront des réponses en temps et en heure, mais je voudrais que l'on soit sûre que les murs n'ont point d'oreille.

Je fais un tour de la pièce, inspectant chaque coin et recoin. Je ne voulais aucun androïde dans les parages. Une fois, ma petite inspection faite, je me retourne vers Isaa.

- Toutes deux nous connaissons le secret l'une de l'autre. Je garderais le vôtre et je sais que vous garderez le mien. Voilà des mois que je me cachais par crainte que vous ne révéliez mon secret. Ma méfiance et ma peur ont été de mauvais juges et je vous prie de m'en excuser Isaa. Vous avez été une excellente maîtresse envers moi, j'ai pu reprendre le goût des travaux compliqué où la réflexion et la minutie sont de mise, chose que mon créateur m'a munie lors de ma création.

Une pause. Un silence à nouveau roi puis je reprends.

- Mais... Malheureusement, je dois vous demander quelque chose de la plus haute importance...

Alors, que je voulais continuer. On frappe à la porte.

[Isaac Vibius]

Isaa dévisage l'androïde étrangement. Son attitude est particulière et un peu loin du souvenir qu'elle a gardé d'elle. Se pourrait-il qu'on l'ait réinitialisé? Ce serait un sacré gâchis. Cela expliquerait sa longue disparition mais certainement pas son retour. Elle la suit des yeux, restant près de la porte, tandis qu'elle fait le tour de la pièce. Son comportement intrigue de plus en plus la jeune femme, la patience n'a d'ailleurs jamais été son fort. Autour d'elles, les serviteurs continuent leurs tâches sans sembler se préoccuper de la visiteuse. Seul Guido, fidèle à lui-même, surveille du coin de l'œil. Nymphea ne doit pas le connaître puisqu'il est entré à son service après son départ. Enfin elle se décide à prendre la parole, semblant craindre qu'on les espionne. La romaine se demande pourquoi tant de prudence. Devant n'importe quel autre androïde, elle aurait fait comprendre qu'elle était chez elle et qu'elle n'appréciait pas vraiment qu'on fasse irruption ainsi. Néanmoins la non humaine qui se tient devant elle n'est pas n'importe qui à ses yeux. Soupirant Isaa donne l'ordre à Guido de réunir les quelques serviteurs avec lui dans la pièce voisine qui sert à stocker les matières premières. Elle insiste pour qu'il veille à ce qu'ils se désactivent tous avant de faire de même. Une fois seule avec Nymphea, elle espère que cette dernière se résoudra à lui parler et lui donner les raisons de cette étrange scène.

La jeune femme se cale dans un coin, sans quitter son interlocutrice du regard. Elle finit par reprendre la parole. La scientifique l'écoute sans un mot, croisant les bras devant sa poitrine. L'androïde dont elle a gardé un bon souvenir semble loin de celle qu'elle a devant elle. Ses mots néanmoins l'apaisent un peu. Elle évoque leur passé commun et s'excuse même pour sa disparition. Ses raisons sont étrangères à l'humaine qui est loin de pouvoir imaginer la vie d'une création au plot défaillant. Malgré tout elle n'aurait rien fait pour lui nuire. C'est d'ailleurs pourquoi elle a gardé le silence sur cette histoire de plot. Elle a fait quelques recherches à ce sujet, sans en parler évidemment pour ne pas risquer de trahir sa protégée. Elle lui sourit de son air doux que l'androïde connait bien.

- J'ai été ravie de travailler avec toi également. C'est très plaisant d'avoir quelqu'un de réactif et d'intelligent. Ton départ m'a attristé bien que j'en ai deviné les raisons. Tu n'as rien à craindre de moi. Je te suis reconnaissante pour ton aide autant que ton soutien. Pour cela, je ne ferai rien pour te nuire d'une quelconque manière. L'honneur est une valeur importante chez les Vibius.

Isaa fronce les sourcils en entendant ces mots. Qu'est ce qui pouvait être aussi important et secret pour qu'elle en fasse toute une histoire? On frappe à la porte, retardant la révélation. Elle soupire, sentant la nervosité de sa visiteuse. Ce n'est finalement qu'un coursier qui lui remet un pli. Jetant à peine un regard à l'enveloppe scellée par un sceau reconnaissable, elle lève le nez vers Nymphea.

- Je ne sais pas trop ce qui t'est arrivée depuis ton départ mais tu as une attitude étrange. Je t'assure que tu n'as rien à craindre de moi. Tant que tu seras ici je ne laisserai personne te faire du mal. Je crois que tu devrais me connaître assez pour savoir que je n'ai qu'une parole. Enfin je t'écoute, qu'y a-t-il de si important à me demander?

Elle dépose en passant le pli bien en évidence sur son bureau et se place près de l'androïde. La romaine ne cache pas son impatience, ni sa curiosité. D'une nature franche et directe, elle va toujours droit au but quand elle a quelque chose à dire. Aussi la conduite de sa visiteuse l'intrigue au plus haut point. Pourquoi faire tant de mystères? On aurait dit qu'elle portait avec elle un secret d'état, un complot contre le sénat ou quelque chose du même goût.

[Nymphea]

Le coursier s'en va et le pli déposé sur la table. Issa attendait la réponse que je tentais de formuler dans ma tête afin qu'elle soit le plus clair possible. Mais entre nous, comment expliquer une chose dont la romaine ne se doute même pas ? Jamais, elle n'a imaginé que nous, androïdes puissions être défaillant ou inactif par rapport à notre plot et vivre tout de même. Elle a été élevée dans une optique simple. Tout androïde montrant avoir un plot défaillant ou inactif doit être immédiatement formaté et réinitialisé. On ne peut pas lui en vouloir, tout Rome a été éduqué ainsi, fermé et considérant les androïdes comme des êtres artificiels sans sentiments, ni émotions créent afin de servir l'homme selon son désir. Soit, j'admets que tous les romains et romaines ne sont pas ainsi. Il y a bien des exceptions comme Isaa, Nero mon ancien amour par exemple.

- Isaa, l'honneur est une qualité que j'apprécie fortement tout autant que les qualités que tu possèdes. Sans aucun doute, tu es une jeune femme qui ira loin et qui portera Rome bien haut. Cependant, tu risques d'être surprise par mes révélations étant donnée que ton esprit est fermé et tes yeux aveuglé par certaine réalité.

Je fis une pause me postant devant la jeune femme qui semblait être encore plus impatiente et perdue. Je le conçois d'un rôle soumis, je passe à celui plus mystérieux et conscient de ce qui se passe autour de moi. Je ne suis pas comme la moitié des esclaves à son service qui font leur travail sans se demander à quoi servira l'objet qui crée ne montrant pour le moment aucune curiosité. La curiosité n'est pas androïde, nous n'avons pas été crée pour cela, sauf hormis quelque exception dû au désir du créateur. Le mien a voulu que je sois curieuse, intelligente, minutieuse, parfaite pour seconder un chef d'état. Le rêve auquel, il n'a pu accéder malheureusement.

- Vois-tu Isaa... il y a une chose que tu dois savoir... Ce n'est pas toi qui m'a choisi, mais moi. Je t'ai surveillé pendant un petit moment avant de poser mon choix sur ta personne. Pourquoi me diras-tu. Je te répondrais simplement que ce sont tes qualités qui m'ont attiré et je savais que l'androïde qui te servait avant mon arrivée avait un petit défaut selon toi. Ce défaut n'était autre que d'avoir un plot défaillant. Est-ce vraiment un défaut ? Pourquoi l'avoir tout de suite conduit dans l'enfer de la réinitialisation ?

Une autre pause me retournant vers la fenêtre de son atelier et je regarde la rue qui se trouve sous moi.

- Lorsqu'un plot est défaillant, ce n'est que le premier pas vers la conscience Isaa. Cet androïde s'éveillait à sa véritable nature et il n'aurait rien perdu de ces capacités. Ai-je perdu les miennes malgré mon plot inactif ?

Je me retourne et lui souris.

- Tu es une femme intelligente qui l'a remarqué au moment même où j'ai outrepassé les règles de la diplomatie en parlant de ton aventure. Je te connais mieux que personne après t'avoir observé. Même dans sa mort, tu cherches la fierté de ton père et c'est tout à ton honneur. Avoir la fierté d'un homme qui n'est plu, je sais ce que c'est. Après que mon créateur soit mort, à chacun de mes actes, je recherchais sa fierté, m'imaginait sa réaction, ces réflexions de par les souvenirs que j'avais dans ma mémoire.

Je m'avance vers la jeune femme et caresse d'une manière maternelle sa joue.

- Fier ou non, il était fier de toi. Je te parle par expérience. A sa mort, mon maître s'est montré sous un jour nouveau comme s'il avait eu une révélation. Me confiant des choses que jamais il ne m'aurait dites autrefois. Et cela a dû être pareil pour ton père, même s'il s'est éteint lors de l'expédition.

Ma main quitta alors, sa joue et j'allais prendre place sur l'un des tabourets et regarda la jeune Isaa.

- A mon tour à présent de te dire qui je suis avant de te demander ce service. J'ai été crée il y a de cela 270 ans par un sénateur à présent inconnu. Mais autrefois, il était réputé pour son intelligence, sa perspicacité et sa patience parmi les adeptes de Jupiter et les autres romains. Aussi dur qu'il pouvait être, il s'est montré d'un instinct paternel avec moi. Il m'a crée pour lui servir d'assistante afin d'être sûr que ces secrets ne soient pas révélé par un humain que l'on pouvait acheter aisément pour lui. A sa mort, je fus emmené au marché des esclaves où le vrai cauchemar commença auprès de ce tyran de vendeur qui m'accueillit avec violence puis à nouveau vendu à un couple. Grâce à eux, j'ai connu mon premier amour non artificiel, un jeune homme qui m'a montré bien des choses et appris bien plus que je ne l'aurais imaginé. Je l'ai ardemment aimé...

Mon regard se baissa et j'essuyais rapidement une larme qui me venait puis je repris.

- Notre amour fut grand et le plus beau. C'est avec lui que mon plot devint défaillant, notre histoire perdura quelque mois jusqu'à ce que je sois délaisse pour une androïde plus jeune et plus perfectionné. Je fus assigné dans les plaines agricoles ou bien comme androïde envoyé au devant des monstres pour les tuer. Je n'avais aucun programme de combat en moi et pourtant, cela n'a pas empêché cette décision. Par la suite, chaque soir, je pleurais en silence la perte de mon amour, impossible de revoir Néro... A force de pleurer, un soldat a découvert l'état de mon plot et m'a traîné de force dans les rues pour me faire réinitialisé...mais avant cela, il s'est permis de me violer, me battre me traitant pire qu'un animal jusqu'à ce que je sois sauvée par...par une personne qui m'est cher et à qui je voue ma vie...

Je souris à Isaa.

- Pardonne-moi...mais j'essaie de faire court. Par la suite, elle m'a appris à vivre avec un plot inactif, à me cacher de la société, à faire comme si j'étais toujours soumise au bon vouloir des autres pour ma survie et celle de mes souvenirs. Nous avons fait beaucoup de chose ensemble, grâce à elle, j'ai fait nombre de rencontre. Je l'ai vu se faire vendre au pire homme que Rome connaît dont ta route a croisé la sienne.

Je devins plus sérieuse, aucun sourire sur mon visage. Je remarquais que ma jeune maîtresse avait compris.

- Oui. Mettius en personne. Tu comprends d'où viens ma haine envers lui. Il s'est accaparé de celle que je considère comme ma soeur et la soumet aux pires sévices. Mais je me tais et je sais qu'un jour tout s'arrangera parce qu'elle me le dit. Comme elle, j'ai guidé bien des androïdes dans ce nouveau monde sans plot et j'ai rencontré une jeune androïde qui sait utiliser le verbe d'une façon délicieuse pour la cause androïde. On l'a connu sous le pseudonyme de la plume d'argent.

Je me levais pour aller vers Isaa prenant ses mains dans les miennes.

- Ma demande la concerne... Elle a été réinitialisée et vendu tout d'abord à un lupanar pour servir les clients les plus violents, je n'ai pas pu l'aider parce que l'on m'en empêchait toujours à chaque fois que je me rapprochais d'elle. A présent, elle a été offerte à quelqu'un en guise de cadeau et je veux entrer à son service. J'ai fait une promesse à ma protégée, celle de toujours veiller sur elle et de l'aider qu'importe ce qui arrive. Isaa, chaque androïde que j'ai guidé sont ma famille... Ma protégée...c'est comme si c'était ma fille. Une mère se doit de se sacrifier et de se battre pour son enfant... Tu me comprends ?

Serrant un peu plus ses mains dans les miennes et me mit à genoux.

- Alors, je te le demande à genoux. Libère-moi de ton service pour que je puisse être l'esclave de l'homme qui la détient. C'est l'amie qui te le demande... mais sache que tu auras toujours une grande place dans mon coeur... Qu'importe où tu iras et ce que tu feras, je te protégerais. Je te dois bien cela... Tu sais que je ne t'ai pas tout révélé, mais il y a des choses que je dois passer sous silence pour ta propre sécurité.

[Isaac Vibius]

Isaa va de surprise en surprise. Elle regarde son androïde avec étonnement, pas vraiment habituée à ce qu'on l'encense de cette manière, bien qu'elle finisse sa tirade par une pique un peu injustifiée. Tout bon scientifique se doit de garder l'esprit ouvert et c'est encore plus vrai lorsque, comme elle, on essaie de créer. Enfin, elle imagine que Nymphea a ses raisons pour penser ainsi et vu l'enthousiasme qu'elle met dans ses mots, l'humaine devine qu'il vaut mieux éviter d'argumenter, du moins pour le moment. Ce qu'elle lui confie ensuite laisse la cadette des Vibius interloquée. Elle prétend que c'est elle qui a choisi de travailler sous ses ordres et non l'inverse. Voilà qui chamboulait toutes les notions élémentaires, néanmoins contrairement à l'avis que l'androïde se faisait sur elle, elle ne ferma pas son esprit. Elle essaya au contraire de s'offrir une nouvelle perspective de la situation en élaborant des hypothèses. Il n'empêche que sous cette nouvelle pique, la jeune femme ne peut se retenir d'intervenir.

- Certes je ne comprends pas encore très bien cette histoire de plot ni la différence que cela fait à tes yeux. Cependant quand je ramène un androïde ce n'est pas nécessairement à cause d'un problème de défaillance, c'est juste que je suis exigeante. Il y a beaucoup de travail à faire ici, j'ai besoin de main d'œuvre compétente, qui sache s'adapter et suivre mes consignes. Tu as bien vu ce que c'était que de travailler ici non? Par ailleurs, excuse-moi mais en effet quand on parle de défaillance, on sous-entend que quelque chose fonctionne mal. Il apparaît donc naturel de vouloir réparer ce qui a pu être endommagé.

Sa remarque suivante interpelle encore plus Isaa. Profitant du silence, elle passe sa main dans ses boucles brunes. Son regard se perd dans la pièce et finalement elle se laisse tomber sur une chaise non loin. Elle songe que ce phénomène ne devrait pas nécessairement la surprendre. Ces créations ont une apparence si humaines, elles vivent au beau milieu d'humains, il fallait bien que tôt ou tard cette évolution se fasse. Elle bredouille un peu penaude.

- Je suis désolée. J'ai réalisé bien sûr que tu es différente. Mais j'ignorais jusque-là par quel mécanisme et je pensais le phénomène assez rare.

Au-delà de la surprise, la scientifique pense surtout à toutes les questions morales que cet état de fait va soulever. Les androïdes servent les humains depuis si longtemps. Que faire de cette découverte? Comment continuer à les traiter comme des machines s'ils sont dotés d'émotions et de pensées propres? Elle écoute à peine Nymphea lui parler de son père et ne revient à la discussion que lorsqu'elle évoque sa propre histoire. La romaine a besoin de comprendre et d'apprendre alors elle ne perd pas une miette de son récit.

Au fil de ses mots, le visage d'Isaa trahit tous les sentiments par lesquels elle passe, étonnement, tristesse, incompréhension, compassion, colère. Elle médite sur cette histoire d'amour avec un humain, sur les mauvais traitements qu'elle a subi. Toutes ces mésaventures lui font froid dans le dos. La fin du récit arrive et voilà son androïde qui se met à genoux devant elle. Elle secoue la tête en guise de réprobation et se lève de sa chaise en s'assurant que Nymphea se remette debout aussi. La jeune femme n'a jamais voulu plier devant quiconque ce n'est pas pour qu'on le fasse pour elle, surtout quelqu'un qu'elle estime. Toutes ces révélations gambergent dans sa tête, il est pourtant une chose dont elle est certaine.

- Voyons, il est inutile de te mettre dans cet état, je ne suis pas une tortionnaire. Tu m'appartiens selon la loi, mais je n'ai aucune envie de t'obliger à rester contre ton gré. Bien sûr cela me chagrine de te voir partir, j'ai malgré tout entendu tes raisons. J'ai juste du mal à comprendre que tu veuilles être esclave d'un inconnu. J'espère qu'il ne te maltraitera pas.

Elle soupire, cherchant dans le regard de l'androïde une étincelle, n'importe quoi qui lui confirme ce qu'elle sait déjà. Elle détache ses mains des siennes délicatement.

- Je suis touchée par ta confiance et je ne la trahirai pas. Je voudrais quand même savoir pourquoi vous ne faites pas savoir que vous éprouvez des émotions comme nous. Est-ce que vous êtes nombreux comme ça? Tu sais exactement d'où vient cette particularité? Je n'ai pas trouvé grands choses à ce sujet, comme si on cherchait à cacher les faits.

[Nymphea]

- Certes je ne comprends pas encore très bien cette histoire de plot ni la différence que cela fait à tes yeux. Cependant quand je ramène un androïde ce n'est pas nécessairement à cause d'un problème de défaillance, c'est juste que je suis exigeante. Il y a beaucoup de travail à faire ici, j'ai besoin de main d'œuvre compétente, qui sache s'adapter et suivre mes consignes. Tu as bien vu ce que c'était que de travailler ici non? Par ailleurs, excuse-moi mais en effet quand on parle de défaillance, on sous-entend que quelque chose fonctionne mal. Il apparaît donc naturel de vouloir réparer ce qui a pu être endommagé.

Je me doutais bien de sa réaction. Comment pouvait-on lui en vouloir de penser ainsi alors, qu'elle a été éduquée ainsi. De plus, c'est une scientifique, toute défaillance est signe d'une réparation pour elle, mais je ne pouvais rester de marbre et ne pas donner mon avis à la jeune femme. Au moins pour tenter de lui faire comprendre ce que signifiait défaillance pour la plupart des romains de la cité. Je repris donc d'une voix douce.

- Isaac... Dans la cité, quand un androïde montre le signe d'une quelconque défaillance, c'est que ce dernier montre des émotions et des réactions qui ne devraient pas exister. Le plot que l'on a en nous bloque tout cela ne faisant ressortir que ce que notre créateur désirait. Je doute que tu puisses comprendre cela, étant donné que tous les romains ont été éduqués avec la certitude qu'un androïde n'a ni sentiment, ni émotion...

- Je suis désolée. J'ai réalisé bien sûr que tu es différente. Mais j'ignorais jusque-là par quel mécanisme et je pensais le phénomène assez rare.

Un sourire se dessine à nouveau sur mes lèvres tandis que je m'approchais de l'humaine, mains derrière le dos. Je gardais le silence me contentant de l'observer puis :

- Le phénomène n'est pas aussi rare que tu le penses Isaac. Nous avons appris à le cacher depuis le temps, par simple précaution. Vois-tu...si l'on venait à découvrir cela, nous serions immédiatement réinitialisés et nous perdrons alors, tous les souvenirs qui nous sont chers. Les androïdes au plot défaillant et inactif sont en alerte constante. Si je n'avais pas été sauvé autrefois, je l'aurais également été. La réinitialisation est le pire cauchemar que peut subir un androïde. Les humains ont dû mal à concevoir que des êtres fait de pièces diverses et de programmes soient capables d'avoir des sentiments et des émotions. Ils pensent que nous voudrons prendre le dessus sur l'espèce humaine alors, que cela est totalement faux. Nous voulons simplement vivre librement au même titre que les humains. Tout comme vous, nous aimons, nous détestons, nous sommes en colère, triste, passionné, curieux... Nous pleurons aussi. Notre coeur est peut-être artificiel, mais il bat tout comme vous. Si l'on pouvait écouter la mélodie de nos coeurs, alors on se rendrait compte qu'ils battent à l'unisson. Une symphonie parfaite.

J'espérais au fond de moi que mon petit discours ait un quelconque effet envers la jeune femme. Je ne voulais pas lui ouvrir totalement les yeux, mais je voulais qu'elle éprouve une certaine curiosité qui la mènerait à une pensée totalement différentes de celles des autres romains affirmant qu'un androïde n'est rien d'autre qu'une simple machine.

Je m'étais montrée humble. J'avais partagé mes sentiments ainsi que mes raisons dans le choix que j'avais pris et je m'étais mis à genoux par la suite attendant la décision d'Isaac. C'est une femme ouverte et douce, je sais qu'elle acceptera, j'aurais pu entrer directement au service de Midas, mais cela n'aurait pas été juste envers Isaac.

- Voyons, il est inutile de te mettre dans cet état, je ne suis pas une tortionnaire. Tu m'appartiens selon la loi, mais je n'ai aucune envie de t'obliger à rester contre ton gré. Bien sûr cela me chagrine de te voir partir, j'ai malgré tout entendu tes raisons. J'ai juste du mal à comprendre que tu veuilles être esclave d'un inconnu. J'espère qu'il ne te maltraitera pas.

Je me relevais et la regarda, lui souriant devant les signes d'inquiétudes qu'elle me montrait. Je me devais de la rassurer, tout du moins essayer.

- Ne t'en fais pas. Selon mes informations, c'est un homme plutôt gentil envers les androïdes, bien sûr il a des envies comme tous les humains, mais rien qui ne ferait du mal à un androïde. Tu pourras être tranquille, si je le peux, je te donnerais de mes nouvelles qu'importe la façon dont je m'y prendrais. Cela sera soit moi ou soit quelqu'un que j'enverrais pour te donner une missive de ma part. Tu ne resteras pas sans nouvelle de moi. Tu as été généreuse et bonne à mon égard, je ne te quitterais pas sans que l'on est l'occasion de se revoir.

- Je suis touchée par ta confiance et je ne la trahirai pas. Je voudrais quand même savoir pourquoi vous ne faites pas savoir que vous éprouvez des émotions comme nous. Est-ce que vous êtes nombreux comme ça? Tu sais exactement d'où vient cette particularité? Je n'ai pas trouvé grands choses à ce sujet, comme si on cherchait à cacher les faits.

Enfin, elle se montre curieuse.

- Le pourquoi ? Je te l'ai expliqué plus tôt Isaac. Nous ne faisons rien savoir par peur de la réinitialisation ou de la destruction complète. Nombreux, oui. Beaucoup ont au bout d'un moment le plot défaillant ou inactif, mais peu arrive à garder le secret. La peur leur font faire des choses un peu incompréhensible comme le dire à leur maître qui immédiatement se charge de la réinitialisation, mais d'autres humains plus conciliant leurs apprennent à vivre avec ce plot défaillant ou bien totalement inactif. Pour le comment le plot devient ainsi, c'est suite à une émotion plus forte qu'une autre ou bien à force de recevoir les coups, cela donne un disfonctionnement et le résultat est que nous sommes capables de voir les choses à notre manière et non parce que cela est imposé par notre plot.

Je fais une petite pause puis reprend.

- Le plot est un système informatique complexe quasiment impossible à retirer enfin cela dépend pour qui... Certains curieux savent comment s'y prendre. Si l'on cache ce genre d'information ce n'est pas pour rien. Car, il y a parfois des hommes et des femmes qui libèrent les androïdes de leurs plots par amour, par pitié ou que sais-je encore...

Une main vient effleurer son visage tandis que mon pouce passe sur ces lèvres.

- Ta curiosité me plaît Isaac, mais prend garde, il te faut la contrôler. Ce genre de curiosité est mal vu dans la cité. Je n'aimerais pas qu'il t'arrive quelque chose, je m'en voudrais bien trop, tu as encore bien des choses à faire dans ta vie...

[Isaac Vibius]

La jeune femme se tend un peu quand Nymphea emploie son prénom. A part son père et quelques rares personnes, tout le monde a adopté son surnom plus féminin. Isaac la renvoie à la déception d'Ursus et aux regards qu'il posait parfois sur elle. Chacun d'eux la blessait profondément. Avec le temps elle a fait de cette cicatrice une force. Il n'empêche qu'elle n'a jamais aimé son prénom, d'ailleurs même quand elle se présente elle le fait généralement sous celui d'Isaa. Elle n'en veut pas pour autant à l'androïde, même si une fois de plus elle la sous-estime en considérant que son ancienne maîtresse ne peut pas comprendre ce dont elle lui parle. Bien sûr, son interlocutrice a raison sur le fait qu'elle a grandi en considérant que ses semblables étaient dénués de sentiments. Elle a toujours vu en eux des machines qu'elle respectait et dont elle appréciait l'aide. Ces nouvelles informations changent la donne et son approche de ces créations changera forcément.

Elle ne juge pas bon de contredire Nymphea et se contente de l'écouter; La façon dont elle lui décrit leurs sentiments est plutôt poétique. La scientifique essaie de se figurer tout cela. Les romains seraient-ils prêts comme elle à entendre la vérité? Difficile d'en être certaine. L'androïde a sans doute raison, les humains ont souvent peur de la différence et du changement L'évolution est malgré tout une nécessité, rien n'est pire que la stagnation. Elle lui sourit sincèrement avant de reprendre la parole.

- Je vois de quoi tu parles et ce que tu redoutes. Votre crainte est légitime j'imagine. Je ne peux affirmer que la majorité des êtres de chair tels que moi adopteraient votre cause face à une telle révélation. Je veux croire malgré tout que beaucoup changeraient leur regard sur vous et vous traiteraient mieux. Sans doute que dans un avenir proche ou lointain les mentalités changeront, l'avenir est ce que nous en faisons.

La discussion s'oriente ensuite sur la future personne qui en ferait l'acquisition. Forcément Isaa s'inquiète vu ce qu'elle lui a confié des mauvais traitements subis par elle ou d'autres androïdes, Les propos de Nymphea se veulent rassurants. De toute façon le moins que puisse faire la jeune femme est bien de la laisser maîtresse de son destin. Si elle choisit de devenir l'esclave de cet homme pour protéger son amie, qui est-elle pour s'opposer à ce projet? Il semble selon sa visiteuse qu'il ne soit pas mauvais. Pourtant ce qu'elle laisse entendre de ses possibles attentes vis-à-vis de sa future propriété arrache à la romaine une moue dégoûtée. Enfin, comme toujours la cadette des Vibius préfère voir le positif autour d'elle. Elle pourra toujours veiller sur son ancienne androïde de loin.

- Bien, tu as l'air sûre de ton choix alors comme je l'ai dit je le respecterai. J'espère oui que tu me donneras de tes nouvelles et que tu n'hésiteras pas à venir pousser cette porte si tu as besoin d'aide. Plus que tout évidemment je souhaite que tu n'en aies jamais besoin. Est-ce qu'il y a quelque chose d'autre que je peux faire pour toi?

La jeune femme est loyale et généreuse, ceux qui la connaissent vraiment le savent. Quand elle tient à quelqu'un elle est bien capable de soulever des montagnes pour cette personne. Elle enregistre en tous cas les informations que lui donne Nymphea sur ce plot. Comme elle le pensait, l'expérience est un des facteurs. Tout cela éveille vraiment sa curiosité et elle note dans un petit coin de son cerveau qu'il faudra se pencher sur ce sujet prochainement. Elle sourit lorsque sa visiteuse lui conseille de se montrer prudente à ce sujet.

- Ne t'en fais pas, je ne suis pas du genre à vivre dans la peur ni, à l'inverse, à me croire intouchable. Par contre la vie pour moi ne vaut la peine d'être vécue qu'intensément et en étant fidèle à soi-même. Je suis prête à me battre pour mes convictions. Et si je peux contribuer ne serait-ce qu'un peu à l'évolution de Rome alors je pourrais mourir sereine. L'ignorance est un des pires fléaux à mes yeux.

[Nymphea]

Le temps est passé plus vite que je ne l'aurais pensé. Je ne pouvais malheureusement pas trop m'éterniser dans la demeure d'Isaa, bien que l'envie de la quitter soit loin d'être au rendez-vous. Cependant, j'ai énormément de responsabilité et des plans que je dois suivre à la lettre. Je les ai travaillés avec minutie me laissant ainsi la possibilité d'avoir quelque échappatoire en cas de soucis.

Le moment est donc venu de nous quitter, mais je savais au fond de moi que ce n'était qu'un simple au revoir. L'humaine et moi, nous nous reverrons plus tôt qu'elle ne le pensera. Je lui ai promis de lui donner de mes nouvelles autant que faire se peut. Malheureusement, cela ne sera pas aussi souvent que je pourrais l'espérer, pas tant que je devrais faire mes preuves aux côtés de l'humain Midas.

- Ma belle Isaa, le temps m'est malheureusement compté et Phoebus entame doucement, mais lentement sa décente dans l'azur des cieux. Je me dois de vous quitter afin de commencer ce que j'ai prévu. Je ne peux malheureusement pas vous dire plus ce que vous ne savez déjà.

Un sourire se dessine sur mon visage. Il se voulait rassurant, car au fond de moi, je sais bien que l'empathie et l'inquiétude de mon ancienne maîtresse sont présente et quelque peu palpable dans l'atmosphère. Il n'y a malheureusement aucun remède pour diminuer les craintes, seul le temps et mes nouvelles pourront la rassurer comme je le souhaite.

Cependant, je lui fais part que mes nouvelles seront données que lorsque j'aurais le temps de le faire ainsi que la possibilité. Midas ne doit absolument rien soupçonner autant que les gens de sa maison qui doivent rester dans l'ignorance complet, autant les humains que les androïdes. Je me dois de jouer la carte de la sûreté envers tout le monde. Sinon, je risque beaucoup comme me faire formater et condamné à je ne sais quelle horrible punition à laquelle je n'ose même pas pensée. Les pas que je fais sont extrêmement dangereux, je me dois de les calculer et de me donner l'occasion d'avoir une porte de sortie de secours. Après toutes ces années dans la rébellion, on prend le plie et ce qui nous étaient étonnant auparavant est à présent notre quotidien.

Nous, les androïdes de la rébellion décidons de jouer un rôle qui nous est propre tout en ayant un minimum de soumission afin de mieux entrer dans l'autre camp et savoir ce qui se passe tandis que d'autre préfère se cacher et prévoir des tentatives terroristes à l'encontre des humains. Je ne pense pas que la violence soit une nécessité absolue, tout comme Lia, je prône le pacifisme, mais pas le pacifisme extrême. Je sais être violente envers les êtres qui le sont à mon égard et je respecte ceux qui me montrent respect et tolérance. Je donne autant que l'on m'offre et je frappe autant que l'on me donne des coups. Comportement tout à fait normal n'est-ce pas ?

- Vous avez toujours été le genre de personne a vouloir absolument tout comprendre et apprendre, mais même le plus savant des hommes ne peut pas tout savoir. Il faut laisser un peu de mystère parfois, car sans ignorance les choses ne sont plus aussi fascinante dis-je en souriant.

Je m'approche de la jeune femme dont l'esprit est aussi vif que l'éclair et qui est bien plus intelligente qu'un homme. Elle peut être très fière de tout ce qu'elle a accompli jusqu'à présent. Cependant, elle cherche le respect d'une personne qui n'est plus. J'aurais voulu l'aider si je le pouvais, mais malheureusement je n'ai pas ce pouvoir entre mes mains. Délicatement, je dépose un baiser à la commissure des lèvres de la jeune humaine et lui sourit.

- Prenez soin de vous Isaa et n'oubliez pas de vous reposer...

Ma main vient caresser les cheveux de la dernière des Vibius tout comme je l'avais fait lorsque les larmes de la déception avaient envahi son visage si délicat. Je me souviens encore des heures que j'avais passé à la veiller, à l'aider à manger et à l'écouter parler sans répondre, mais mon coeur lui, lui parlait et mes bras la consolaient.

- Je dois partir, mais sachez qu'en cas de besoin, je serais là. Je ne laisse pas une amie et une femme qui fut une excellente maîtresse dans les ennuis. Je vous dois beaucoup... et encore ce mot est fade face à ce que vous avez fait pour moi. Merci pour tout Isaa.

Je remets ma cape replaçant la capuche sur ma table et me prépare psychologiquement à rejoindre l'endroit le plus redouté par les androïdes : Le marché aux esclaves de Spurius.