[E5] Prière Matinale de Varro

[Varro Cerenus]

Tous les matins lorsqu'il était en ville, Varro venait se recueillir dans le sanctuaire de Minerve juste après son réveil. Lorsqu'il était en campagne, il le faisait après son réveil, devant sa couche. Son temple, le lieu sacré où, disait-on, il arrivait parfois qu'elle donne un signe de sa présence. Varro lui, ne souhaitait pas de signe particulier, il en avait déjà eu selon lui, et les derniers étaient particulièrement impressionnants.

Le premier signe que Varro considéra comment tel était son rêve prémonitoire, où il se voyait à la tête d'une armée allant conquérir les terres extérieures. Mais ce n'est pas lui qui a dirigé, et donc, Varro continue de prier comme avant pour que son vrai destin se réalise enfin.

Le second signe, ce fut l'apparition de Minerve durant l'expédition, détruisant de sa toute puissance les hordes de créatures infernales, et offrant sa voix aux simples mortels que nous sommes.

Le troisième signe est quelque chose de permanent : ce pouvoir que Varro possède et qui le protège, qui lui permet d'écraser ses ennemis au nom de sa Déesse.

Varro n'espérait donc pas de signe, juste que sa prière soit entendue, que Minerve continue à le protéger, et qu'un jour elle lui accorde son véritable destin de diriger une expédition lui faisant conquérir le monde extérieur pour Rome.

Prière matinale (de l'aube) de Varro pour la Déesse Minerve, les genoux au sol et la tête baissée, levant bien haut son symbole de ses deux bras au dessus de sa tête :

Oh Minerve, Oh Déesse adorée, entend ma prière et veille sur ton fidèle serviteur.
Que mon bras soit toujours aussi puissant pour écraser tes ennemis,
Que ton pouvoir continue à me traverser pour stopper ceux de tes ennemis,
Que mon rêve se réalise pour conquérir tes ennemis de l'extérieur,
Que mon esprit soit fort pour résister à l'influence de tes ennemis,
Que mon cœur se brise si un jour je venais à te décevoir.
Oh Minerve, Oh Déesse adorée, entend ma prière et veille sur ton fidèle serviteur.

Et après cette prière quotidienne, Varro allait s'entraîner une heure avant de manger pour enfin commencer sa journée de Centurion.

[Minerve]

Privilège de centurion, Varro déjeunait seul dans ses appartements. Il n’avait pas pour habitude de s’écarter de ses hommes mais nombre de dossiers attendaient son retour et la charge de travail administrative ne lui permettait guère de répis. Il avait donc commencer au plus tôt certaines tâches fastidieuses incombant à son rang.

Je l’observais distraitement assise sur le rebord de fenêtres. Des muscles noueux et saillants témoignaient de sa puissance physique. Fier soldat, j’appréciait son attitude et avait entendu sa prière ce matin. Toujours assise, je portais le regard sur la paperasse qu’il devait vérifier. Je détestai ces tâches et ne comprenait pas qu’il ne les délègue pas. Mais mes yeux avaient vu plus grave. J’avais vu les Khor et la menace qu’il représentait. Depuis la destruction des athés, depuis la mort de leur leader, ils n’avaient plus de maîtres et ces mutants se reproduisaient entre eux et se dévoraient entre eux. Malheureusement, il leur fallait de la nourriture fraîche et bientôt ils tomberaient sur Rome. Je ne souhaitais pas que les mérites de la défense de Rome reviennent à mes frères Pluton et Neptune. Je souhaitais sortir grandit de ses combats et j’avais besoin de mes héros.

Alors qu’il se penchait en arrière pour vérifier un paragraphe, je me levais et m’approchais. Un petit coup de pied dans la chaise, le fit tomber à la renverse. Je choisis cette seconde pour couper mon pouvoir d’occultation et je m’appuyai sur son bureau en le regardant allongé à terre.

-- Est-ce moi qui te fait cet effet là Varro ?

Ma position lui cachait à peine mes cuisses. J'avais envie de le gêner, peut-être réussirais-je à le faire rougir. Je portais une fine et très courte toge d'or. Des bracelets de ce métal précieux ornaient mes bras et des cheveux d'or encerclaient mes poignets.

Je lui tendis ma main pour l’aider à se relever. S’il prenait ma main je la lui tiendrais fermement et ne la relâcherais pas tant que notre discussion durerait.

[Varro Cerenus]

S'il y a bien une chose que Varro n'aimait pas à son poste, c'était toute cette paperasse dont il devait se charger lui-même. Tout ce qui pouvait concerner la Lego Civitas ou la Garde Prétorienne passait par lui qui en était le chef militaire. Et après ces deux mois d'absence, il y avait des choses à rattraper, les prochains jours ne seraient pas de tout repos. Les lignes commençaient à danser un peu devant ses yeux, il n'avait pas encore repris l'habitude de passer autant de temps et de mettre autant d'énergie à fourrer son nez dans la multitude de feuilles et de rapports en tout genre. Il se pencha un peu en arrière, cela permettant également de tromper l'ennuis en plein milieu d'un paragraphe assez long, et cela se transforma en une cabriole a priori inexplicable pour le Centurion et dont la conclusion était le mariage parfait entre son propre dos et le sol.

Mais les yeux de Varro perçurent alors de fines chaussures dorés enveloppant deux petits pieds qui se prolongeaient en deux magnifiques jambes, lesquelles remontaient encore plus haut grâce à deux sublimes cuisses recouvertes par un vêtement doré. Une vêtement doré ? Le guerrier n'en avait vu qu'une fois de mémoire... Et cette voix qui fini par atteindre ses oreilles, n'avait-elle pas une consonance divine ? Faisant encore varier l'angle de son regard, Varro aperçu une main tendu vers lui, le poignet qui en découlait laissait apparaître un ornement doré. Non, ce ne pouvait être possible, sa déesse ne s'était jamais présentée à lui directement, elle ne pouvait s'abaisser à venir le voir lui, son simple et dévoué serviteur ?

Le Centurion n'osa pas prendre la main de la déesse, elle venait déjà de constater sa faiblesse en le voyant s'étaler lamentablement de tout son long. Non. Il devait lui montrer qu'il était fort, il devait lui prouver même en ce malheureux moment où il était dos contre terre qu'il restait son meilleur serviteur dans cette ville. Qu'il était son héros. Alors Varro effectua rapidement un tour sur lui-même pour se retrouver le ventre vers le bas et ainsi appuyer ses mains sur le sol pour pouvoir se redresser fièrement face à celle qu'il vénérait plus que tout. Il posa son poing sur son coeur et effectua une sincère révérence avant de répondre :

Déesse Minerve, si j'avais su que vous veniez me voir aujourd'hui, je vous aurais mieux accueilli, veuillez m'excuser.

Il se posta face à sa raison de vivre en ce monde, le torse bien bombé, les épaules reculées, le menton fièrement relevé et les bras croisés devant lui de sorte que sa main droite accroche son poignet gauche, le tout avec l'intégralité des muscles saillant sous sa tunique. Son visage était évidemment aussi rouge qu'une écrevisse pouvait l'être, il avait eu l'immense honneur d'admirer... les cuisses sacrées de sa déesse. Il poursuivit néanmoins, cherchant toujours à rattraper ce qu'il considérait comme une erreur :

C'est un honneur pour moi de vous recevoir, que désirez-vous de moi ?

Et oui : pire qu'un cyborg programmé pour obéir à son maître. Mais jusque là, il avait toujours œuvré dans le seul but de plaire à Minerve, nous n'étions donc pas si loin de la métaphore...

[Minerve]

Je le regardais, je l’admirai en un sens. Il s’était retourné et redressé seul, avec force et honneur. J’aurai préféré tenir sa main, mais j’appréciai cette réaction toute militaire. Il me respectait et vénérait tant qu’il se recula et me salua comme l’un de ses supérieurs. Je marchai autour de lui, relevais la chaise pour la replacer sur ses quatre pieds. J’aimais l’ordre, le respect et la dignité. Et je continuais de le jauger en faisant le tour de sa personne. Quand je passais devant lui, je fixai ses yeux et vérifiais que son regard restait pointé sur l’horizon. À l’inverse, une fois dans son dos, je le détaillai de pied en cape. Fort, grand, puissant, entraîné, j’appréciai la valeur de cet homme. Je ne souris pas pour autant. Il me demandait ce que je désirai de lui et je décidai de me montrer sous un jour plus taquin qu’à l’habitude.

-- Un enfant !

J’observai sa réaction et ris pour le rassurer. Il avait rougi en me regardant tout à l’heure et j’avais aimé provoquer cela chez lui.

-- Je plaisante Varro, je plaisante.

Pourtant, alors que je déclarai plaisanté, je passais bien plus proche de son corps que je ne l’aurai dû. Je pris sa chaise et me plaça devant, comme si j’allais m’y asseoir.

-- J’ai à vous parler d’affaires importantes et de très graves dangers pour la cité, soldat. Allez repos, soldat !

Je tenais à ce qu’il se détende. Je n’avais pas besoin qu’il soit au garde à vous, les doigts sur la couture pour avoir son attention. Il n’oublierait pas le moindre mot de cette conversation. Je pris place dans son siège, je pris place à son bureau. Je parcourais les dossiers sur son bureau. Quelle paperasse ! Je lui désignai la chaise destinée habituellement à ceux qu’il recevait.

-- Asseyez-vous, soldat !

C’était un ordre, cette fois. Je le mettais au repos, mais je tenais néanmoins mon rang, celui de sa supérieure. Je te conseillerai de bien m’écouter mon cher Varro, car si j’apprécie l’homme que tu es, je n’hésiterai pas à te décapiter dans l’arène si tu me déçois.

-- Vous avez accueilli une athée au sein de Rome, elle se nomme Katla Buskvej.

En prononçant son nom, mon accent danois sonnait parfaitement. Pourtant, le mot athé sonnait comme une insulte. À cause de civilisations comme celles-ci, l’avenir des Elohim était compromis. J’avais donc suivis le déclin de cette citadelle avec une attention particulière et décidai d’en conter l’histoire à Varro.

-- Elle ne croit pas en les dieux de l’Olympe. Elle ne croit en rien. Même si elle vous a été présentée comme une androïde, elle est humaine. Pour simplifier, c’est un cerveau humain dans un corps androïde.

Je synthétisais vraiment, cela manquait de précision, mais je ne pensai pas intéressantes les subtilités de la technologie quantique, de la cybernétique et des connexions neuronales.

-- Comme ils nous ont tourné le dos, leurs corps se sont fânés et ils ont dû les abandonner. L’un d’entre eux a voulu être chef à la place du chef, il échoua dans sa mutinerie et fut banni. Il découvrit alors une race de mutants. Entre animaux et humains, ces créatures prient un dieu chaotique et prolifèrent comme des lapins. Cet homme leur a fourni la technologie, des engins de guerre, des transports plus rapides que vos chevaux. Et c’est ainsi que la citadelle est tombée.

Je résumais, car la stratégie de Khor n’avait aucun mérite. Il avait envoyé la chair à canon se faire exploser, pour dérober un titan et faire exploser la citadelle.

-- La citadelle détruite, leur chef mort dans la bataille, ces monstres sont livrés à eux-mêmes. Mais de leurs prières ératiques, un dieu chaotique s’est réveillé. Et maintenant il les guides vers Rome. Ils arriveront dans quelques mois, un an tout au plus. Neptune protégera la colonie, tu dois renforcer la cité. Il y a des romains qui vont t’aider. Decima et Camila sont brillantes pour la restauration des remparts Maximus, Isaac, Alpharius et cette Katla sont des architectes de génie pour édifier de nouveau rempart. Je soupçonne Katla et Alpharius d’en savoir plus qu’il n’en disent pour améliorer les armes Varro. Et il va falloir mobiliser les gardes de Pluton et tous les soldats. Ils doivent enrôler les esclaves de gré ou de force. La ville doit être saignée à vif pour construire des remparts solides. Sinon, vous êtes tous morts ! Idaho est resté à la colonie et Neptune va lui offrir trois navires pour ramener les premières roches. Les fondations devront être prêtes.

Je posai mes mains sur le bureau et ramassai sa paperasse.

-- Nous n’avions plus le temps pour la paperasse. Tu as du pain sur la planche, Varro.

Je prenais ces dossiers et les mis en tas dans un coin du bureau. Je ne voulais pas perdre Rome.

[Varro Cerenus]

C'est seulement la deuxième fois que Varro voyait de ses propres yeux sa déesse, et la première fois, elle ne s'était pas directement adressée à lui lors de l'expédition. C'était donc bel et bien la première fois qu'il se retrouvait seul à seul avec celle qui dirigeait sa vie depuis tant d'années. La présence d'une déesse était évidemment un événement rare, et il ne pouvait que signifier quelque chose de très important, non seulement pour Varro, mais également pour tout Rome. Il attendait avec impatience ce qu'elle avait à lui déclarer, nul doute que ce devait être capital, mais malgré cela, il restait bien au garde à vous, voulant montrer tout le respect qu'il avait envers elle.

La première réponse de Minerve laissa l'homme sans voix. Un enfant ? Par les dieux ! Varro ne savait pas ce qu'il devait répondre. Devait-il simplement s’exécuter sur le champ en se dévêtant pour assouvir le besoin maternel de la déesse ? Ou devait-il plus simplement attendre qu'elle exécute une quelconque manipulation divine qui ferait que l'affaire serait close ? Ou encore, ultime possibilité, était-elle en train de tester sa foi ? Lui jouait-elle un quelconque tour qu'il devait surmonter pour lui prouver sa ferveur ?

Autant de questions que se posait le fidèle Varro car, pour lui, on ne pouvait pas faire n'importe quoi devant un Dieu, et tout particulièrement devant celle pour qui on avait dévoué sa vie entière ! Varro ne rougissait pas, trop d'émotions contradictoires se livraient une bataille sans merci à l'intérieur de lui, entre une adoration proche du fanatisme et une volonté de vouloir bien faire, le Centurion se sentait à la fois honoré, impressionné et excité. Mais le rire de la déesse suivit de l'aveu de sa plaisanterie ramenèrent les pieds de Varro sur Terre. Elle fini par s'assoie et invita le soldat à se détendre, Varro se décrispa mais conserva une attitude digne devant Minerve, sa toute puissante et bienveillante Minerve. Un sujet particulièrement important semblait avoir provoqué la venue de la déesse en ce lieu, ce qui rassura Varro d'un certain coté : il se serait posé de sérieuses questions si la déesse était venue ne personne dans le seul but de se moquer un peu de lui.

Pour commencer, Varro obéit à l'ordre de s'asseoir puis écouta le plus attentivement possible les paroles de Minerve. La fameuse Katla rencontrée et ramenée lors de l'expédition était donc une humaine, voilà une information à conserver sous le coude et à ne dévoiler qu'à certaines personnes triées sur le volet. Un cerveau dans un corps de machine, voilà qui devait découler d'une avancée technologique vraiment considérable de l'ancienne civilisation... Ou alors il s'agissait d'une création démoniaque, chose beaucoup plus acceptable pour Varro. Il écouta ensuite la rapide leçon d'histoire ainsi que le constat si rien n'était fait : Rome tombera. Heureusement que Varro était assit, sinon, il aurait du attraper quelque chose pour ne pas s'affaler.

Enfin. Minerve lui offrait enfin l'occasion de sa vie, elle lui montrait enfin la voie pour laquelle il était destiné depuis toutes ses années, sa vision n'était que prémices : s'il ne pouvait aller aux monstres, alors les monstres viendraient à lui. Mais il n'avait pas le temps de rêver à ce moment, sa Déesse lui donna moult informations sur les personnes avec qui travailler, les ordres à donner et les actions à mener. Le Centurion n'avait pas besoin de prendre de note, il connaissait toutes les personnes nommées et voyait déjà mentalement quoi faire pour répondre à chaque directive. Bizarrement, bien qu'elle ai directement critiqué Katla au début, Minerve semblait lui accorder un rôle stratégique important, elle devait en effet avoir des connaissances avancées sur les technologie, et cela se révélerait sûrement capital pour la survie de Rome.

Une fois son discours terminé, Minerve saisis les papiers de Varro sur son bureau et les entassa tous dans un coin. Le message était clair : priorité absolue à la protection de Rome. Varro ne resta pas assit plus longtemps, il se redressa prestement et déclara :

Ma déesse, il en serait fait selon votre volonté pour la défense et la survie de Rome ! Mais il me faut une chose de votre part pour m'éviter de perdre du temps à convaincre le sénat de se mobiliser. Vous devez connaître leur lenteur... Quelque chose qui prouverait que vous m'avez bel et bien demandé de sauver Rome.

Varro attrapa le tabar officiel de guerre suspendu au dessus de son bureau qu'il mis sur lui, il attrapa également l'épée de Centurion qui reposait à coté de son bureau dans son fourreau, il ceintura le tout et se passa une main dans les cheveux avant de poursuivre. Ainsi vêtu, tous devaient savoir que le Centurion se considérait comme en état de guerre, il n'avait pas revêtu cette tenue depuis le départ de l'expédition, elle lui permettrait de ne pas perdre de temps en justification pour aller parler au Prélat et aux divers personnes qu'il devait contacter avant la fin de la journée.

Vous savez que je ne le ferais pas pour moi, je le ferais pour Rome, et surtout pour vous. Si vous n'avez rien à rajouter, je vais de ce pas prévenir le Prélat et les autres de nous mettre tout de suite au travail.

Rapidité et efficacité, Varro était prêt à tout pour satisfaire sa Déesse. De toute façon, s'il la décevait, il se doutait que seule la mort l'attendait, car elle ne l'aurait alors plus protégé.

[Minerve]

Comment les romains pouvaient-ils ainsi douter d'un homme envoyé par leur déesse ? L'incrédulité humaine me dépassait. Elle avait failli causé notre perte, à nous les Elohim, mais aussi à eux, les humains. Sans nous, les âmes ne pouvaient venir donner la flamme de la vie aux foetus. Sans leurs prières, nous ne pouvions vivre, nous fânions et mourrions lentement dépossédé de nos pouvoirs. Cette histoire me fit repenser à Vesta. J'avais découvert avec horreurs que les Nephilim pouvaient tirer de l'Orgone des androïdes. Si l'humanité périssait, les Elohim mourraient, mais les androïdes offriraient le salut aux Nephilim. J'étais inquiète, mais chaque guerre avait son temps. Pour le moment, nous n'avions d'autres choix que de nous observer et nous méfier les uns des autres. Il restait très peu de l'humanité sur cette planète et la préservation de Rome m'était indispensable.

-- Un symbole comme quoi tu parles en mon nom...

Je regardais le buste de Minerve sur la colonne. Et mes mains se posèrent sur le pendentif avec lequel on me représentait souvent. Je détachais le collier autour de mon cou et pris le pendentif dans mes mains. Aussi étrange que cela paraisse, il appartenait à mon pire ennemi, Asmodée. Ce Nephilim forgeait les voleuses d'âmes des Nephilim, quand je forgeais celle des Elohim. Il me l'avait remis peu avant notre épique combat. Il s'agissait en fait d'un système d'horlogerie exceptionnel. Il était fait avec des matériaux rares dont seul Asmodée avait le secret de la forge. Retiré de mon cou, le pendentif dansait suspendu sous mes doigts. D'une main, je le touchais et manipulait un roulette du gousset. Un savant mécanisme bascula et je pus régler ce compte à rebours. En me concentrant je parvenais à voir l'avancée du peuple Khor. Je rouvris les yeux et je réglais le pendentif.

-- Ce pendentif contient un mécanisme. Quand le mercure sera intégralement descendu dans ce calice, alors les Khors seront aux portes de Rome.

Effectivement, il leur restait un peu moins d'une année. Je le lui remis autour du bras. En faisant deux fois le tour de son biceps avec le collier, il ceint à la perfection son biceps et le médaillon se présenterait alors à toute personne quand il frapperait son poing sur sa poitrine comme le voulait la tradition romaine.

-- Si un homme doute tout de même de tes propos, conseille lui de ne plus se présenter au temple de Minerve, s'il ne souhaite subir mon courroux.

Je le remerciais et attendus son salut pour disparaître et regagner l'Olympe.

[Varro Cerenus]

Varro reçu avec une grande humilité ce cadeau de sa Déesse, même si elle venait clairement de lui annoncer que dès à présent, il était officiellement la voix de Minerve à Rome. Le Centurion donnerait jusqu'à son dernier souffle pour que cette ultime mission qui lui était confiée soit menée avec succès. Il existait une façon de survivre à une horde de démon, Varro saurait emprunter la bonne voix et faire taire ceux qui oseront contre-dire les divines directives. Il regarda un petit instant l'objet faire défiler le temps à une vitesse qui semblait très lente par rapport à une année complète. Le compte à rebours n'était pas seulement cet objet, il s'agissait de Varro. Il était la marque du temps et de Minerve. S'il n'était pas prêt au moment indiqué par ce mécanisme, sa vie n'aurait d'autre but que de servir d'exutoire à la Déesse Minerve. La réussite ou la mort, quoi de mieux pour Varro ?
Il en sera fait selon votre divine volonté ma Déesse !

Et Varro effectua un salut des plus respectueux. Il était prêt, il était toujours prêt à servir Minerve comme il se devait. Dès aujourd'hui, la paperasse n'existait plus pour lui, il irait voir le prélat, Isaac puis investirait la caserne pour donner ses ordres. Aujourd'hui commençait la lutte pour la survie de Rome, aujourd'hui commençait la destinée secrète dont Varro avait toujours rêvé. Aujourd'hui, l'occasion était offerte aux hommes de montrer qu'ils méritaient leurs Dieux ! Aujourd'hui, Rome se levait de toute sa hauteur pour défier ceux qui oseraient tenter de l'affronter.

Si tôt la Déesse partie, Varro sortit de son bureau et couru jusqu'au sénat. Il devait voir le Prélat sur le champ et tout lui révéler, lui pourrait plus facilement parler au sénat pour que ces mous du derrière bougent enfin leur sus-nommé à quelque chose d'utile et même vital. Aucun soldat ne devrait se mettre sur sa route sous peine de subir la colère du Centurion, une chose qu'il fallait réellement éviter.

Que la préparation de Rome commence !