[E5] Le Centurion et la Voleuse [Neera]

[Varro Cerenus]

~ Un après midi de repos peu après le retour du corps expéditionnaire ~

Merci beaucoup alors, au-revoir et bonne fin de journée à vous !

Passant une main dans ses cheveux, Varro sortait de la Forge de Maximus où son armure finissait de subir les dernières réparation et enjolivures dues à son rang. Maximus était sans contestation possible le meilleur forgeron de toute la ville, la qualité de son travail était plus que convenable aux yeux du Centurion de Minerve. Varro s'engagea dans une petite ruelle pour éviter d'avoir à traverser la foule de badauds qui l'aurait sûrement interrogé sur ses impressions de l'expédition, et il n'en avait aucune envie.

Il ne savait pas pourquoi, mais depuis qu'il était entré dans cette ruelle, il avait l'impression qu'on le fixait du regard, qu'on l'épiait, qu'on le surveillait, qu'on le traquait. Il se retourna pour vérifier que personne ne le suivait, mais il était clair qu'il n'y avait absolument personne dans cette direction. Il jeta un coup d’œil en l'air, mais le résultat fut le même. Bizarre... Tout cela était sûrement dû à la tension de ces derniers jours. Mais tout de même, les sens de Varro ne lui jouait habituellement pas de tels tours, et il était correctement reposé depuis son retour.

Il ruminait donc ses idées, le seul bruit qui accompagnait ses pas était le léger claquement de son épée de Centurion qui battait contre son pantalon somre. Varro n'avait pas changé beaucoup de couleur de vêtement depuis son retour : du noir en bas et du crème en haut, la simplicité même. Tout à coup, il sentit clairement un mouvement sur son coté droit qui remonta très rapidement au dessus de lui. Il leva les yeux pour apercevoir une fraction de seconde une ombre mouvante. De plus, Varro se sentait subitement beaucoup plus léger, c'était une sentiment profond qu'il ne pu expliquer sur la seconde...

[Neera Aella]

[Varro Cerenus]

Alors que Varro sondait le ciel à la recherche de la forme sombre qu'il avait aperçu, il entendit une petite voix devant lui. Une petite voix qui le narguait ouvertement ! Varro savait que quelques voleurs officiaient dans les alentours, il avait entendu des histoires, mais jamais un seul n'avait osé s'en prendre à lui. À la réflexion, si, un jour, on avait tenté de le menacer avec un vulgaire couteau, un homme désespéramment idiot et têtu, persuadé qu'avoir une arme en main était forcément supérieur à une arme encore au fourreau. L’opportun fut promptement traversé par la lame du Centurion en plein ventre avant qu'il n'ai pu finir de prononcer sa menace. Varro rendait une justice expéditive, il n'y avait pas de place dans une ville en guerre pour les malfrats qui tentaient de vous ôter la vie dans le seul but de vous dépouiller de vos bien.

Varro baissa donc les yeux pour observer la personne osant se moquer ainsi ouvertement de lui. Il fut assez surpris de voir une petite silhouette déguisée comme un jour de carnaval. De longs cheveux blancs en dreds, manifestement une perruque au vue de la texture, un masque blanc et noir laissant seulement apparaître des yeux d'un bleu saisissant et peu naturel, sûrement des lentilles, ainsi qu'une bouche moqueuse et fière de son action. Le tout surmontant un corps assez fin mais doté d'une poitrine non négligeable, peut-être fausse pour amadouer les hommes, le tout recouvert de vêtements noirs. Mais Varro n'était pas dupe, il savait que les bons voleurs se devaient d'avoir des proportions fines pour se faufiler où bon leur semblait, et que leur dextérité était particulièrement développée pour agir vite et fuir en cas de besoin. La personne osant se dresser devant lui utilisait même une voix de fillette pour cacher sa véritable identité, pas bête. Mais le confondre avec un simple soldat, ça c'était bête !

Mais un enfant n'aurait jamais osé s'en prendre au puissant Varro, presque tout le monde le connaissait, même si actuellement il ne portait pas son armure de Centurion, il ne doutait pas qu'avec un peu d'observation, on le démasque facilement. Mais il y avait toujours une possibilité pour que cette personne ne l'ai pas reconnue, et si c'était le cas, il pouvait lui laisser une chance de se racheter...

Le petit voleur adressa une deuxième phrase au guerrier, tout en jouant avec une épée dans son dos qui ressemblait à s'y m'éprendre à l'arme de Varro. Comment ça sans son arme ? D'instinct, Varro porta la main à son fourreau... Qui se révéla vide ! Il considéra alors les choses sous un autre angle : il avait un bon voleur en face de lui, il ne l'avait absolument pas sentit et donc, ce ne pouvait forcément pas être une femme, les femmes étant faibles, mais un homme déguisé, peut-être même un ou une cyborg rebelle ! Satanée machine ! Mais cyborg ou pas, Varro savait comment désarmer un individu, et au vu de sa taille frêle, la chose devant lui ne devait pas avoir une grande force, elle devait simplement être bien agile et rapide.

Je crois que tu ne sais pas bien à qui tu as à faire mon petit...

Et Varro déplia ses bras pour attraper ceux de la voleuse, au moment où il pensa les attraper, il vit se défiler les deux membres ciblés, de plus, il était persuadé d'avoir vu un petit rictus se former sur les lèvres apparentes du personnage. Avant que le poing de Varro ne cesse de se refermer comme s'il pouvait encore attraper sa proie, Neera passa derrière lui et il sentit la claque de la lame sur les fesses. Quelle honte était-elle entrain de lui infliger ! Heureusement que personne ne les voyaient dans cette ruelle déserte. Varro se retourna alors, il était plus surpris qu'enragé. Comment pouvait-on agir aussi rapidement ? Même les cyborg de combat n'étaient pas aussi rapide que ce qu'il venait de percevoir. La petite chose continua de le narguer, histoire de faire monter la pression au Centurion. Varro posa les poings sur ses hanches, gonfla ses muscles pour imposer son impressionnante musculature et demanda :

Qui es-tu donc pour te moquer ainsi d'un Centurion ? Es-tu un cyborg défaillant ou bien un simple humain qui crois pouvoir tout se permettre dans ma ville ?

Il espérait que son titre suffirait à commencer à faire douter son assaillant, sinon, il jouerait sérieusement et tenterait plus efficacement de récupérer son arme avant de corriger comme il se devait se voleur. A priori, il ne volait pas le tuer, sinon, il venait d'en avoir l'occasion et n'avait pas saisit sa chance, mais Varro ne lui en laisserait pas une seconde de toute façon. Etait-ce simplement un jeu pour son opposant ? Un jeu risqué alors.

[Neera Aella]

[Varro Cerenus]

La voleuse avait fini de simplement jouer avec lui, elle venait de lui décocher un sacré coup de pied qui l'avait envoyé à la renverse pour s'étaler dos au sol. Elle continuait de le le narguer verbalement, même si elle était passé à l'insulte cette fois. Varro supportait difficilement quo'n se joue ainsi de lui et surtout qu'on lui donne un tel coup de pied. Heureusement qu'il était bien résistant, sinon, le coup aurait pu lui être fatal. Ainsi, la voleuse ne semblait pas vouloir le tuer, mais elle comptait tout de même imposer sa loi, et ça, ça ne plaisait vraiment pas au Soldat de Rome.

Une telle force lui laissait penser deux choses : soit il avait un Cyborg au plop inexistant en face de lui, soit il avait quelqu'un avec un pouvoir. La théorie de l'homme déguisé en fille pour amadouer ses ennemis s’effondrait, il ne pouvait donc s'agir que d'une femme au pouvoir vraiment extraordinaire, soit d'un cyborg. Or dans le second cas, Varro serait vraiment très mal, car son pouvoir était inefficace contre les cyborg. La fille de L'ombre. Varro ne se souvenait pas particulièrement de ce nom, pour lui, c'était bien la première fois qu'il entendait parler d'elle. Tant qu'il était au sol, il déclara :

D'accord, tu m'as dit qui tu étais, je vais me présenter.

Le centurion se releva doucement, il concevait bien que les capacités physiques de cette filles étaient hors du commun, il devait tenter le tout pour le tout. Il était à présent suffisamment énervé pour que son pouvoir soit actif. durant sa douce remontée, Varro étudia un peu la situation : elle avait lancé son épée dans le mur et cette dernière était profondément enfoncée, il lui faudrait forcer pour la retirer, ce ne serait pas immédiat, il devait donc ne pas compter dessus. Il ne pensait pas non plus à tuer cette fille qui le défiait pourtant ouvertement, parce qu'elle-même n'avait pas voulu le tuer, juste "jouer" avec lui, même si le jeu était dangereux. Mais à présent, Varro allait rendre les choses plus sérieuses.

Une fois le centurion debout, il se massa l'arrière de la nuque qui avait pris quand même un sacré coup à cause du recul de la tête et de l'atterrissage non moins délicat. Il pu enfin desserrer les lèvres pour mieux parler :

Je suis Varro Cerenus, dit Thor, Praetor de la Garde Prétorienne et de la Legio Civitas, et accessoirement l'un des champions de l'arène, et tu vas comprendre pourquoi maintenant...

Sitôt sa dernière syllabe prononcée, Varro laissa son pouvoir se diriger contre son ennemi. Il n'avait pas besoin de bouger pour le faire, il s'agissait d'un "simple" effort de concentration. Ne sachant pas encore si cela aurait de l'effet, il n'attendit pas pour agir. Son bras gauche se tendit aussi vite qu'il le pu en direction de la gorge de la fille. Il perçut bien dans les yeux apparents sous le masque qu'elle avait compris qu'il l'attaquait, mais bizarrement, elle ne réagit pas comme la fois précédente à l'attaque. La main du centurion se referma sur la gorge de Neera et il la plaqua à son tour au sol en avançant sur elle et en se penchant pour que son poids appuis sur le corps de son adversaire. Une fois sur le dos, Varro se positionna classiquement pour immobiliser sa proie : son bras droit bloquant les épaules et ses jambes enserrant celles de Neera. Il relâcha rapidement la pression sur la gorge pour éviter d'étouffer la Fille de l'Ombre, il ne le souhaitait pas, elle avait des réponses à lui donner. Il préféra utiliser cette main pour emprisonner le poignet droit de Neera, et ainsi être en position de domination.

Alors, que voulais-tu en t'en prenant à moi ? Que cherches-tu ? Tu sais ce que tu risques en t'en prenant à un Centurion ?

Au moins, Varro était fixé sur la nature de la voleuse, c'était belle et bien une humaine.

[Neera Aella]

[Varro Cerenus]

Varro s'attendait un peu à ce que le retournement de situation ne rende pas la demoiselle très coopérative, mais là, sa réaction était carrément... bizarre. Le coté étrange ne venait pas du fait qu'elle ne réponde pas, il fallait s'en douter, ni qu'elle semblait désemparée, la surprise de perdre son pouvoir étant toujours assez marquant, mais de l'expression qui s’emparait d'elle. Les yeux de la voleuse n'exprimaient pas vraiment de haine, un fond de colère se lisait bel et bien, mais ce n'était pas le principal état qui caractérisait le regard de Neera. Varro entendit les faibles mots qui sortaient difficilement de la bouche de la Fille de l'Ombre, il ressentait vaguement les mouvements vraiment affaiblis de celle qui lui était à présent soumise. Ce qui s'exprimait concrètement par ce regard d'une grande beauté, si on en oubliait la situation, c'était la peur de mourir. Varro avait déjà vu plusieurs personnes qui affrontaient la mort, certains en avait peur, d'autres la défiait avec une fiérté inégalable, mais il n'avais pas eu l'occasion de croiser un regard avec autant... d'intensité. Habituellement, une résignation venait moduler ce sentiment pourtant fort, mais là, aucune résignation n'était lisible, et l'expression corporelle de la voleuse rejoignait clairement l'expression du regard.

Était-ce la perte de ses pouvoirs qui provoquait une telle réaction ? Se sentait-elle vraiment mourir à cause de cela ? Varro ne voulait pas tuer cette fille. Le simple fait que ce soit réellement une fille lui était déjà assez irritant, il ne pouvait décemment pas tuer une femme de ses propres mains, même si elle en avait vraiment voulu à sa vie, ce qui n'était même pas le cas. Au moins, il pourrait se protéger d'elle si elle voulait commettre la folie de l'attaquer à nouveau. Varro défit sa prise de soumission et se releva, il n'avait même pas besoin de faire quoi que ce soit tant que son pouvoir bloquait celui de son adversaire a priori.

Le Centurion aurait voulu parler, mais il ne savait plus vraiment quoi dire, tout n'aurait été qu'ineptie en ce moment crucial. Il tenta tout de même quelque chose :

Que se passe-t-il ? Tu ne vas pas mourir alors que je ne t'ai rien fait ? À part bloquer ton pouvoir...

Varro n'avait jamais vu quelqu'un réagir comme ça à la perte de ses pouvoir, c'était certes toujours déstabilisant, mais jamais cela n'avait eu un tel effet. Ceci dit, Varro ne baissa pas sa garde et resta attentif aux mouvements de la voleuse pour éviter de se reprendre un nouvel assaut, et pour en être sûr, il maintenait son pouvoir actif.

[Neera Aella]

[Varro Cerenus]

Le manège de la Fille de l'Ombre surpris assez le Centurion de Minerve. Elle se releva avec une difficulté vraiment importante et alla se coller contre le mur pour... Pour ne rien faire du tout. Et la petite dague qu'elle pointait hasardeusement dans sa direction n'aurait même pas réussi à effrayer un enfant. Elle semblait vraiment effrayée et rageuse contre Varro alors que ce dernier n'avait fait que ce défendre. Pendant un court instant, il se demanda même s'il ne s'agissait pas de comédie pour qu'il relâche sa vigilance et peut-être même son pouvoir. Mais Varro n'était pas du genre à se laisser amadouer. Il n'avait jamais tué de femme, même dans l’arène, refusant la seule fois où on avait fait l’affront de lui proposer, et incendiant au passage celui qui avait fait cette proposition.

Mais là, c'était différent, il aurait parfaitement eu le droit, et de toute façon il l'aurait pris si sa moralité n'avait pas été la même, d'exécuter sur le champ cette voleuse des bas-fonds. Seulement Varro ne tuait pas de femme, fusse la grande ennemie de Rome lui posant son couteau sous la gorge. Ce serait un déshonneur pour lui de s'abaisser à abattre une femme, même lors d"un combat singulier. Et de toute façon, aucune femme ne lui avait jamais tenu tête sur un champ de bataille.

Nerra prononça difficilement quelques mots, et ces derniers furent une injonction à l'encontre de l'homme causant sa faiblesse. Elle lui demandait de les lui rendre, mais lui rendre quoi ? Ses pouvoirs bien trop puissants ? Alors là, elle pouvait rêver, Varro serait loin lorsqu'elle aurait de nouveau ses facultés hors du commun. Varro la toisa un peu du regard, essayant d'estimer s'il pouvait relâcher son propre pouvoir ou pas. Il ne pourrait de toute façon pas la contenir éternellement. Il devait d'abord récupérer son épée, après, il faudrait voir.

Et pourquoi te rendrais-je tes pouvoirs ? Pour que tu me plantes ta dague par vengeance ? Je ne prendrais pas ce risque.

Varro commença à contourner la voleuse pour atteindre son épée, il parla pendant ce temps et conserva son attention sur Neera pour éviter de se prendre un coup vicieux.

Ne t'avises plus jamais de t'en prendre à moi ou à l'un de mes hommes, sinon, je te ferais pourchasser, et là crois-moi, quelqu'un ne sera pas aussi gentil que moi...

Varro atteignit enfin son épée, il la saisit en tendant le bras et commença à forcer pour la retirer. Elle était vraiment bien enfoncée. Heureusement que la lame était particulièrement lisse et solide, et surtout pas trop longue.

Mais à quoi t'attendais-tu en affrontant un Centurion ?

Varro posa un pied sur le mur et tira d'un coup sec en y mettant toute sa force. Son épée réussi finalement à sortir du trou qu'elle avait creusée.

Tu croyais vraiment pouvoir te moquer de moi et me menacer, pire : m'insulter impunément ?

Varro conserva son épée en main et refit face à la Fille de l'Ombre. Il ne pourrait pas rester très longtemps en sa compagnie pour son propre bien, il allait devoir écourter dès que possible leur rencontre. Mais s'il pouvait en savoir un peu plus avant sur elle, ce serait mieux.

Je vais partir, et lorsque je serais assez loin, mon pouvoir se stoppera tout seul. Mais avant, dis-moi un peu ce que tu cherchais avec moi ? Maintenant que les rôles sont inversés. Et ne me menace plus, sinon, je sévirais. Je ne te tuerais pas, mais je peux t’assommer.

[Neera Aella]