Le jour doucement laisse place à l'astre d'argent. Un nouvel espoir se termine pour qu'un autre débute. Par de-là l'horizon, on voit les ombres de l'inconnu se dessiner. Là où bien des âmes on périt lors de cette expédition. Nombres de pleures ont bercé la cité antique de Rome, mais également des larmes de joies qui sont venus s'écraser sur les pavés brûlant de la belle majestueuse.
Je fais partie des chanceuses. Mon père s'en était allé pour découvrir ce qui se cache derrière le mystère et derrière les monstres qui parfois attaque notre cité si ardemment protégé. Il est étonnant de voir qu'en grandissant notre regard percevait autrement les autres. Cet homme qui autrefois me paraissait insondable de par sa dureté me semblait aujourd'hui qui s'extériorisait bien plus. Lui qui m'a préparé à toutes éventualités faisant de moi une femme d'esprit et de poigne, mais qui en venait très peu aux mains. Maximilius le Puisant. J'entendais encore les cris lorsqu'on l'appelait. Lui fervent serveur de la cité, de Pluton. Dieu que j'estimais tout autant que Venus à qui mon coeur reste fidèle. Mais même si je suis une adepte de la belle Déesse à qui j'offrais chant et promesse. Il m'arrivait de prier Pluton comme je le faisais autrefois avec mon père afin de me rappeler de ce temps lointain où dans un silence qui me fut effrayant nos prières s'élevaient envers ce Dieu que je trouvais aussi insondable que mon père de qui aujourd'hui je suis si proche.
Je n'aurais pu voir un avenir sans lui. Je n'aurais pu me faire si jamais son corps serait resté là-bas avec tous ces soldats qui en ce jour si heureux et triste errent dans les limbes tentant avec désespoir de retrouver le chemin de leur demeure, de leur famille laissant derrière eux père, mère, femme, enfant, frère et soeur. Une famille qui aujourd'hui dans la peine se soudait ou s'entre déchirait à cause de la souffrance.
Apercevoir l'impuissance et le désespoir sur le visage de ces derniers me fut insupportable alors que moi-même, je jouissais de mon bonheur, car mon père était là vivant quelque peu blessé et épuisé, mais bien en vie. Dans ces moments, on ne sait réellement quelle attitude adopter. Être heureuse ou compatir avec les familles des disparus. Je me suis montrée fort égoïste ne pensant qu'à moi à ce moment. Mais ce soir, mon chant ira à ceux qui n'ont pu revenir et dont j'espérais que mon chant les apaisera et que ma lyre les guidera jusqu'à notre belle cité.
Mes doigts défilèrent sur ma
lyre dont les notes doucement s'élevaient dans les jardins suspendus. Note douce presqu'un murmure porté par le vent et qui berçait Rome pour cette nouvelle nuit qui doucement arrivait. Ma voix, clair était comme un message pour eux. Ceux auxquels, je n'avais vaguement pensé lorsque le corps expéditionnaire fut de retour.
Je peux encore sentir l'odeur des fleurs qui tombaient aux pieds des soldats tant de fleurs et pourtant elles ne sont pas assez pour compter ceux qui ont disparu par delà les horizons. Cet horizon même que je regarde et qui m'offre pourtant un spectacle de toute beauté. Le ciel prend une teinte si vive pareille à cette
robe que je porte en cette fin d'après-midi.
Une prière se doit être dite pour tous ceux et celle qui ont perdu la vie pour suivre rêve et envie de voyage...
Des applaudissements me ramenèrent à la réalité. Lourde ou plus légère, je l'ignore pour le moment. Mais la solitude aussi bénéfique puisse-t-elle me semblait bien lourde aujourd'hui.
Félicitation pour cette interprétation. Vous devez être Livia si je ne me trompe pas ? Pourriez-vous m'accorder un moment en votre compagnie ? On m'a fortement vanté vos compétences d’apaisement et j'avoue en avoir fortement besoin.Mon visage se tourne vers la personne qui venait de pénétrer dans le cercle de solitude qui s'était doucement refermé autour de moi. Sans le savoir, cet homme venait de me sauver d'une multitude d'interrogations qui malheureusement resteront sans réponse. Qu'importe le cheminement de nos pensées, on ne pourra trouver une raison évidente à la mort. Elle est là, tout simplement. Nous marchons lentement vers elle, très lentement même. Parfois, nos choix nous font courir vers le royaume de Pluton. Là où le repos nous est dû. Cependant, certaines âmes ne pourront trouver la paix, car leurs corps n'ont pas eu le rituel adéquat pour cela.
Son visage ne m'est guère inconnu. Je l'ai vu, mais où... Voilà que mon esprit prend un tout autre chemin. Celui du passé...
Flash back :C'est avec nervosité que je croise mes doigts priant la bonne Vénus et l'honorable Pluton pour qu'il me permette de voir parmi les soldats le visage de mon bien-aimé père. J'ai tant redouté ce départ et le déroulement de l'expédition, mais l'esprit aventurier d'un homme ne peut être éteint. Moult fois, père m'a parlé de son entreprise de partir au côté de Caius pour voir ce que l'horizon cache.
Mon père aussi rêveur que je ne le suis. Nous semble semblable en tout point. Nous sommes entêté, fier, croyant, aimant et courageux. La vie ne nous a pas offert que de bons moments. Pertes et déceptions fut les cadeaux empoisonnés que nous avons trouvé sur le chemin long et mystérieux de la vie. Mais sans le savoir nous avions puisé l'un et l'autre dans les forces respectives de l'autre. Moi, dans le courage de mon père et lui dans mon sourire. Je me souviens encore de ces nuits blanches à parler et rattrapé ce temps que les coups de ma détestable génitrice nous a volé. Éloignant un père de sa fille. L'un car, il ne voulait pas se montrer odieux avec l'innocence d'une enfant et l'autre qui a pris cet homme comme un être détaché et qui jamais n'a éprouvé de l'affection pour elle. Tant de fois, il m'a répété qu'il m'a toujours aimé, mais qu'il n'a pu me l'exprimer tant la douleur fut vivace et sa fierté bafouée. Je le compris et aujourd'hui, il était l'homme le plus important de ma vie.
Les âmes de Rome sont nerveuses. Les coeurs cris, mais les voix restent silencieuse. La chaleur est rude, mais le peuple patiente. Riche ou pauvre, tous se trouvent sur le même pied d'égalité. Tous craignent que les visages qui leur sont si familier ne soient pas vus dans le défilé qui lentement s'approcher des portes.
Ces mêmes portes immenses faites dans un bois dur et finement travailler s'ouvre tout en grinçant. Message hurlant des personnes qui ne seront malheureusement pas présente. Les gens hurlent de joies jetant des fleurs parfumées au sol pour accueillir les valeureux guerriers et les femmes courageuses qui les ont accompagnés. Joie, mais aussi tristesse se mélange, se marie et forme un tout qui ne peut être séparé dans ce genre de moment.
C'est là que je le vois. Aussi souriant et victorieux que le jour de son départ. Là, sur son magnifique cheval d'un blanc immaculé. Mon père me voit et me fait signe. Des larmes naissent et se font un petit bonhomme de chemin pour s'écraser au sol. Me libérant ainsi de toute l'inquiétude que j'ai pu ressentir durant son absence. Le vide s'envolait pour laisser place à ce bonheur que j'ai tant prié retrouver. Marchant à travers la foule, je le retrouve et tombe dans ces bras, l'accueillant comme il se doit. Lui normalement se retenant de ces embrassades en publiques se laissa aller dans une étreinte profonde et douce.
C'est alors, qu'un centurion passe. Fier et impassible. Il me fait penser à un guerrier qui est en perpétuel combat. Esprit ou physique, toujours il se bat avec fierté et persévérance. Une telle présence est imposée par ce seul être...
Fin du flash backUn léger sourire étira mes lèvres sous le compliment du centurion et au souvenir où j'ai vu son visage pour la première fois.
- Merci pour tous ces compliments. Je serais bien évidemment heureuse de vous offrir un moment d'apaisement centurion. Je suppose que les tumultes de l'expédition font encore bouillir votre sang de guerrier...Un sourire suivi d'un silence et je me rassois sur ce banc qui déjà m'avait accueilli. Grâce est la définition que l'on peut penser lorsque l'on me voit. Chose que j'ai dû apprendre avec assiduité lors de mon éducation d'enfant à femme, mais aussi d'artiste.
- Mon père est tout aussi nerveux que vous. Le piment de l'expédition lui manque... Peut-être le connaissez-vous... C'est un centurion du temple de Pluton, reconnu par ces pairs du nom de Maximilius le Puissant...Un autre sourire, cette fois gênée remplace son aîné.
- Mais prenez place, je vous prie... Ne restez pas debout. Il m'est plus facile d'apaiser une personne quand elle est confortablement installée.Une voix que Santorius, le plus éminent des artistes et duquel je fus l'élève me confia que chanté ou parlé. Ma voix restait en tout point apaisant et chaleureux. Rien que l'entendre et la sérénité le gagnait. C'est grâce à lui que je dois cette popularité grandissante et le surnom mélodieux de Sirena.
- Varro Cerenus dit Thor, c'est bien cela. Mon père m'a vanté vos talents en combat. Le surnom de Thor vous va bien... Le Dieu du Tonnerre d'origine germanique de l'ancien monde. Comment m'a-t-il dit déjà... Ah oui.. Ce guerrier porte bien son nom.Nul doute que Maximilius avait de l'admiration pour Varro et il en fallait pour que mon père s'intéresse au talent d'un guerrier.
- Veuillez m'excuser... je vous ennuie peut-être... Avez-vous une préférence pour la musique ?