[E5] Varro exige une réponse ! [Valentina]

[Varro Cerenus]

Valentina regardait Varro d'un oeil assez craintif, ce qui était compréhensible sans connaître ses véritables intentions. Mais son discours se révéla quand même aller dans le sens de la sénatrice. La réponse de cette dernière rassura autant qu'elle inquiéta le centurion. Elle le rejoignait sur l'évidente manipulation du Prélat, mais elle ne donnait aucun nom sur ses éventuels manipulateurs. Par contre, le fait de savoir que Caïus ne convoitait pas la place du prélat était réellement un soulagement pour notre homme. Un véritable guerrier comme Caïus ruinerait sa vie à vouloir se lancer dans la politique, on avait réellement besoin d'hommes comme lui dans l'armée, et son poste de chef de la cavalerie lui était parfaitement assigné.

D'un autre coté, Varro n'avait pas encore eu vent de cette fameuse vague d'assassinas. La pauvre Valentina avait été une des cibles selon ses dires, il est normal qu'elle soit d'autant plus méfiante. Varro ne supportait pas le principe d'assassina, c'était l'arme des faibles. Il avait déjà exécuté des personnes qui le méritait, mais il les prévenait avant et attendait qu'elle soit en mesure de se battre pour les écraser sans remord.

Enfin, la théorie d'une sorte de complot autours de l'actuel Prélat n'était pas sans fondement, la logique exposée par Valentina était très cohérente selon ce que connaissait Varro de cet homme politique. Mettius était un homme intelligent, un homme à la moralité douteuse certes, mais jamais il n'aurait laissé de tels indices uniquement sur lui. Croire le contraire serait tout de même le sous-estimer. Une erreur que n'avait jamais commis Varro, peut-être justement grâce son poste de Praetor de la Garde Prétorienne.

Votre théorie se tient parfaitement, mais si vous n'avez aucune idée de qui sont les manipulateurs du prélat, nous ne sommes pas avancés. Cela me redonne un peu de bonne conscience de considérer que mon protégé soit la "victime", mais Mettius n'est pas un idiot non plus, il devrait de son coté avoir de sérieux soupçons sur cette affaire, puisqu'il en ai l'un des principaux concernés. j'imagine aisément qu'il a de nombreux ennemis, même sa femme a une assez faible considération de lui...

Le centurion se permis une petite pose pour laisser passer le fugace souvenir des nuits régulières et enflammées qu'il avait partagé avec la première dame de Rome. Il n'avait pas encore rejoint la chambre de cette femme depuis son retour de l'expédition, il ne fallait pas éveiller les soupçons.

N'avez-vous vraiment aucune idée sur ces personnes voulant nuire à notre prélat ? Pour la sécurité de Rome, en plus de la votre, je ne permettrais pas que des assassins dépeuplent notre grande ville.

[Valentina Aquilius]

Varro semblait comprendre la situation délicate dans laquelle se trouvait la sénatrice. Du moins, il en connaissait une bonne partie. Il ne savait vraisemblablement pas pour sa grossesse comme une majorité des Romains. Seuls Caïus et Roenna étaient au courant selon Valentina. Et pour le moment, c'était bien suffisant.

La jeune femme tiqua quand le centurion parla de Mettius comme étant son "protégé" et une potentielle victime. Elle ne prendrait pas cet homme en pitié de si tôt. Certes un complot avait été ourdi contre lui mais qui semait le vent, récoltait la tempête. C'était bien parce que le prélat avait manigancé à tout va, se servant des Romains comme de pions, que désormais certains complotaient contre lui. Même si ouvertement, Valentina ou Caïus n'avait pas comploté contre lui, ils s'opposaient clairement à lui. Mais le praefectus avait une valeur morale importante et ne s'amuserait pas à comploter dans le dos de Mettius sans une excellente raison. Même la tentative d'assassinat pouvait être un bon moteur, la sénatrice pensait que son époux agirait de face et non à convers. Bien sûr, cela ne lui plaisait guère de voir son mari ainsi exposé et parfois elle aurait préféré le voir agir en secret. Mais elle ne le changerait pas et pour lui l'honneur était au-dessus de tout.

Au fond Varro était un peu pareil. Lui aussi mettait son poste et son rôle de soldat au-dessus de tout même s'il ne semblait guère apprécier l'homme, il jouait son rôle de protecteur face à la fonction de prélat. Il oubliait les manigances au profit du rôle du prélat au sein de la cité romaine. La jeune femme soupira.

"Non, je ne peux hélas vous donner aucune piste. Il faut dire que depuis la tentative d'assassinat, je suis restée cachée. Caïus avait prévu un endroit où je pourrais rester en sécurité. Je suis restée cachée durant près de deux mois. Je n'ai donc pas pu mener mon enquête. Mais croyez-bien que je compte me pencher sur la question au plus tôt. A mon avis, il faudrait voir qui aurait intérêt à supprimer Mettius. Bon nombre de personnes c'est un fait mais qui souhaiterait prendre sa place ? Ni Caïus, ni moi, ne le souhaitons. Il faudrait que ce soit quelqu'un de haut placé sous chez les soldats, soit chez les sénateurs. Maintenant je ne pense pas que la personne se mettra volontairement en avant, bien au contraire. Elle attendra que Mettius soit soit mort, soit totalement écarté du pouvoir pour prendre sa place. Je ne peux hélas vous en dire plus."

Valentina comptait bien mener son enquête tout comme Varro. L'idéal serait d'unir leur force mais ils n'avaient probablement pas la même façon de faire. D'ailleurs, là où Valentina ne chercherait nullement à protéger Méttius, Varro ferait probablement tout pour le couvrir. La situation n'était vraiment pas simple.

[Varro Cerenus]

La sénatrice révéla à Varro qu'elle n'avait aucune idée sur les personnes incriminées et cela ne lui plaisait pas, même s'il ne pouvait rien faire contre ce fait. Elle lui raconta le contexte qui avait régit ses deux derniers mois, et Varro comprenait un peu mieux l'état d'esprit de la jeune femme. Elle venait juste de sortir d'une période de peur pour elle même, et d'autres personnes s'étaient fait lâchement assassiner durant cette même période. Autant dire que le contexte n'était pas rose, et que malheureusement, cela avait un lien avait la déception du Centurion. Tout ça pour des enjeux politiques. Mais pourquoi diable les hommes rêvaient-ils de pouvoir ? Alors que tous savaient qu'il y risquait une mort bien plus affreuse et bien moins honorable que sur un champ de bataille, ces hommes et ces femmes risquaient tout dans le seul but d'obtenir une place où ils seraient eux-mêmes les nouvelles cibles de leurs propres exactions. Le pouvoir était un cercle vicieux que seule la mort pouvait stopper.

Varro n'avait, malgré son poste élevé, jamais été confronté aux intrigues, et pourtant, il jouait à un jeu dangereux en couchant avec la femme du prélat par exemple. Mais ce qui avait épargné Varro, c'est que malgré cet écart, et malgré ses gueulantes mémorables pour la mise en place du corps expéditionnaire, le Centurion n'avait jamais attiré la jalousie ni la convoitise des politiques. Varro était aimé pour ses compétences et son sens du devoir à la limite du fanatisme, ainsi que son intégrité religieuse à la limite de la connerie absolue. Vous pouviez lui affirmer qu'il n'avait qu’exécuter un condamné à mort dans l’arène, et qu'il a gagné par sa seule maîtrise des armes supérieures, Varro vous soutiendra qu'il avait agit pour la gloire de Minerve et qu'elle avait guidé son bras.

Jamais Varro n'avait contesté la moindre décision du sénat à son égard, il ne se gênait jamais pour dire qu'il n'était pas d'accord, mais il se pliait toujours aux ordres. De plus, il protégeait toujours le Prélat, même si cet homme n'était pas dans l'estime du Centurion, il ne faisait que son travail, rien de plus, rien de moins. Varro était le soldat parfait pour le sénat : un homme invaincu sur le champ de bataille qui ne contestait jamais les directives et savait mener les hommes comme peu de monde savait le faire. Pourquoi aurait-on voulu s'en prendre à lui ?

Mais pour le cas présent, un nouveau problème s'offrait à lui : on l'avait privé de son dû par pure manipulation sénatoriale. Déjà que Varro ne portait pas le sénat dans son cœurs, heureusement que quelques personnes comme Camila et à présent Valentina semblaient douées d'un minimum de morale et d'honneur.

Moi vivant, je ne permettrais pas que Mettius meurt, même si j'ai une faible considération de lui, c'est mon devoir de le protéger, les hommes que je dirige à la Garde Prétoriennes ont tous été sélectionnés par mes soins et ils ne laisseront pas commettre un tel acte. La seule façon pour moi de le voir remplacer est de le faire par la voie normale : en trouvant quelqu'un de meilleur que lui à ce poste selon les règles du sénat. Mais vu la lenteur d'action des sénateurs... Ce petit jeu ne risque pas de finir de si tôt. Ce que je peux concrètement faire, c'est assigner une protection 24h sur 24 pour les personnes encore digne de confiance si vous en connaissez. Nous devons de toute façon lancer une grande campagne de recrutement pour recomposer l'armée avec les lourdes pertes de l'expédition. Je peux en profiter pour assigner des hommes de confiance là où il le faut.

Varro se leva de son fauteuil, une nouvelle colère avait remplacé l'ancienne et il ne tenait donc pas en place. Il s'approcha de la fenêtre et contempla la vue. Il joignit ses mains dans son dos et adopta une posture officielle de cérémonies.

Oh Rome ! Pourquoi ton cerveau se compose de cellules voulant tuer les autres ? Pourquoi ton sang coule-t-il à flot alors qu'il en a si peu encore ? Les hommes et les femmes de cette cité comprendront-ils un jour que l'ennemi est dehors et pas dedans ?

[Valentina Aquilius]

Valentina ne pouvait que comprendre le désappointement de Varro concernant son absence d'informations sur ceux qui cherchaient à faire tomber Mettius. Elle n'aimait pas la prélat. C'était un fait. Néanmoins, elle se disait qu'avec lui, on savait à quoi s'attendre. Mais si jamais celui-ci se faisait destitué, celui ou celle qui la remplacerait ne serait pas du même acabit. Si celui qui parvenait au pouvoir était celui qui était à l'origine de la vague d'assassinat, il fallait craindre qu'il soit pire que le prélat actuel pour Rome. Comment le dirait le proverbe, on sait ce qu'on perd, on ne sait jamais ce qu'on gagne. Si la sénatrice avait été certaine que celui qui deviendrait prélat serait pour Rome un bienfaiteur comme l'était son mari, elle aurait été de son côté mais la vague d'assassinat montrait clairement qu'il n'avait que peu de considération pour la vie des Romains. Dès lors, il ne fallait pas en espérer des milles et des cents. La jeune femme soupira derrière le bureau qu'elle occupait, observant son invité qui observait leur cité. Elle finit par se lever et aller se poser au côté du centurion.

"Je crains que celui qui souhaite prendre la place de Mettius n'y accède de manière légale. C'est bien son projet sinon il n'aurait pas perpétré cette vague d'attentats qui incrimine directement le prélat. Il cherche à le faire destituer par le peuple et donc par le Sénat. Tous les tyrans justifient leurs actes en parvenant légalement au pouvoir. Celui qui veut la perte de Mettius, veut qu'il soit déchu de son titre et puisse le récupérer derrière. Mettius lui est plus utile vivant que mort. - Valentina lâcha un nouveau soupir - Je n'aime pas Mettius et je n'aime pas sa façon d'agir vis-à-vis de Rome et vis-à-vis de mon époux. Mais plus le temps avance, plus je me demande si pour le moment, il ne devrait pas rester à sa place. Au moins, on sait à quoi s'attendre avec lui."

Quand à savoir pourquoi la majorité des gens voulaient le pouvoir, c'était un grand mystère de l'esprit humain. Elle contempla la cité et posa une main sur ventre arrondie. Bien qu'elle n'en soit qu'à trois mois de grossesse, celle-ci se faisait voir malgré ses tenues. Après tout, elle attendait des jumeaux. Cela prenait de la place. Il lui faudrait certainement prendre contact avec un des médecins du temple de Jupiter. Elle songea à son frère, Victorius. Lui-même était médecin. Peut-être devrait-elle aller le voir sous peu.

"Je ne sais ce qui pousse les hommes à vouloir ce pouvoir. Si encore ils le voulaient pour le bien de Rome et non pour leurs propres gloires, ce serait déjà ça. Mais non, ils préfèrent la gloire, la richesse et laisser une trace indélébile, bonne ou mauvaise, dans l'Histoire. Mais vous avez raison, le plus grand ennemi de Rome est à l'intérieur de la cité. Je crains l'avenir centurion. Je crains pour l'avenir de mes enfants."

La main sur son ventre, elle espérait que les choses rentreraient rapidement dans l'ordre avant la naissance des jumeaux. Peut-être devrait-elle quitter le sénat quelques temps pour protéger ses enfants. Son devoir lui disait de rester en ces murs afin de continuer à aider Rome et parvenir à déjouer certains complots. Mais son instinct maternel l'enjoignait à vouloir préserver ces deux enfants à tout prix. Vivement qu'elle retrouve enfin Caïus.

[Varro Cerenus]

Ce n'étais sûrement pas la première intrigue sénatoriale qui animait les lieux, mais c'était la première qui avait eu une implication directe sur le Centurion en lui brisant notamment un rêve. Rien n'était plus lâche qu'une action faite dans l'ombre pour Varro, malheureusement, rien n'était plus efficace. Valentina le rejoignit dans sa petite contemplation de la ville, ne cessant de laisser une main posée sur son ventre, les derniers événements avaient dû la chambouler pas mal. Elle avait peut-être des nausées et des douleurs à avoir été enfermée deux mois durant, avec la peur pour seule compagnie. Puis Varro remarqua en la regardant un peu qu'elle avait un légers rebondissement au niveau d ventre, l'action de sa main appuyant sur le tissu découpé pourtant de façon ample révélait cette forme assez caractéristique. Soit elle avait trop mangé durant sa partie de cache cache, soit elle attendait un héritier. Et les dernières paroles mirent Varro sur cette possible piste d'un enfant à venir, puisqu'elle évoqua ses enfants justement. Et dans la même phrase, elle considérait que l'ennemis était intérieur à Rome, mais ce n'était pas ce que Varro avait voulu exprimé. Pour lui au contraire, la menace venait de l'extérieur, pas de l'intérieur. Une intrigue de sénat n'empêchera pas la ville de tourner, même malgré les quelques meurtres qui ont eu lieu, par contre, les attaques monstrueuses venant de toutes parts avaient un réel impact sur la sécurité globale de la ville. Et surtout, pour un servant de Minerve comme l'était Varro, les affaires internes comptaient toujours un peu moins que les ennemis de la Déesse se pressant contre les portes de la cité.

Vous parlez de vos enfants, mais je n'ai pas le souvenir que Caïus m'ai dit avoir déjà des enfants...

Varro étudia le visage de Valentina avant de lui demander :

N'auriez vous pas une future descendance à lui apporter ?

Puis Varro repris d'un ton un peu plus professionnel, celui qu'il adoptait en des occasions plus officielles :

Intérieur ou extérieur, d'où que vienne la menace, je ne peux malheureusement pas me battre sur plusieurs fronts. Les soldats de Pluton ont eu fort à faire à ce que j'ai compris dernièrement et je dois de mon coté reformer la Garde et la Legio Civitas à cause des lourdes pertes que nous avons subit durant la campagne. Trouver une force disponible pour compléter la Garde Prétorienne qui est déjà sensée protéger les lieux ne sera pas facile si on doit en plus empêcher les créatures de venir détruire notre ville. Je dois malheureusement passer une bonne partie de la semaine à participer au recrutement et à démarrer la formation des nouvelles unités, je vous ferait savoir comment nous allons organiser tout ça. Mais je pense que Caïus à lui aussi déjà pris des mesures, il a dû piocher dans ses propres hommes pour votre sécurité, non ?

Le centurion savait a peu près comment était le chef de la cavalerie, et il savait que ses hommes lui étaient loyaux, nul doute qu'il n'avait pas hésité à prendre les choses en main.

En Bref, je pense que malgré cette agitation intérieure, nous ne devons pas nous affaiblir contre l'extérieur, et malheureusement, les hommes ne sont pas assez nombreux actuellement pour gérer efficacement tous ces problèmes. Je vais bientôt devoir moi-même aller me poster devant les portes, dès que j'aurais fini de former ceux qui entraînerons les nouvelles recrues.

Varro aimait certes le combat, mais son poste l’obligeait à faire de la gestion d'homme plus souvent que du combat à proprement parler. D'un certain coté, il était content d'aller au front au coté des autres soldats, ce qu'il faisait de toute façon même quand il avait dirigé son unité dans le corps expéditionnaire par exemple, mais là, il allait se mêler avec des soldats qu'il ne commandait pas forcément pour prêter main forte. Il ne savait pas quand allaient s'arrêter les attaques sur la ville, pour lui, probablement jamais, l'enfer était innombrable disait-on. Varro espérait que son absence à l'intérieur de la ville durant ses combats ne seraient pas l'occasion d'un chaos généralisé comme il semblait avoir eu lieu durant les deux mois d'expédition. Sa présence avait souvent eu une valeur de dissuasion très efficace, et son efficacité n'était plus à prouver.

Je vais devoir retourner à la caserne, le travail ne va pas manquer en ces jours sombres. Si jamais il y a quoi que ce soit que je peux faire pour la sécurité du sénat, n'hésitez surtout pas.

[Valentina Aquilius]

Valentina acquiesça. Oui d'ici quelques mois, elle donnerait naissance à deux enfants. Les enfants de Caïus, les petits enfants de Neptune. Elle ne pouvait oublier ce fait.

"Oui j'attends les enfants de mon époux. Ils naîtront dans quelques mois maintenant. Et chaque jour, je crains un peu plus pour eux. Rome est loin d'être sûre que cela soit à l'intérieur ou à l'extérieur."

Les menaces étaient nombreuses et Valentina craignait aussi bien les manigances des sénateurs que celles du prélat maintenant mit au pied du mur par son époux. Elle craignait les créatures de Pluton aux portes de la cité et le peu de gardes pour les combattre. Elle craignait encore plus les dieux qui semblaient l'abandonner et jouer leur propre jeu. L'avenir lui paraissait bien sombre et si le ciel de Rome était dégagé, elle le voyait pourtant bien noir. Elle quitta la fenêtre pour revenir prendre place dans le fauteuil.

"Informez plutôt mon époux que moi concernant les nouvelles mesures que vous prendrez pour la défense de la cité. C'est lui le militaire. Pas moi."

En tant que sénatrice, elle se devait d'être au courant de tout ce qui concernait la cité. Mais cela ne l'intéressait que peu ces derniers temps. En fait, elle y portait de moins en moins d'attention depuis le retour de l'expédition.

"Faites votre devoir centurion envers la cité comme vous l'avez toujours fait. Caïus a effectivement dépêché des gardes pour ma sécurité mais je vais les renvoyer sous peu. Ils se doivent de protéger la ville plutôt que ma seule personne. Je ne vous retiens pas. Mais vous savez désormais pourquoi vous n'avez pas été placé à la tête de l'expédition et que cela n'a rien à voir avec vos compétences. Ce n'était que dans le but de faire périr le préfet de la cité, mon époux - d'un geste, elle désigna la porte - Je vous laisse rejoindre votre caserne. Gardez pour vous ce que je vous ai dit. C'est tout ce que je vous demande."

Elle salua l'homme avant qu'il ne quitte la pièce. Après son départ, elle essaya de travailler mais en vain. Lasse, elle revint se poster devant la fenêtre. Caïus lui manquait tellement. Elle ne put s'empêcher de pleurer. Elle qui voulait désormais une vie simple savait qu'elle ne l'aurait jamais. son mari était le fils d'un dieu et sa déesse en avait choisi une autre qu'elle comme élue.

Valentina avait eu vent de certains bruits concernant les senteurs de fleurs émanant de son domus. Pour tous, cela signifiait que Vénus avait fait de la femme du préfet son élue. Mais étant donné que cette dernière ne résidait pas dans la maison, ce n'était pas elle que la déesse avait choisi mais son androïde. Après tout, c'était à Roenna que la déesse était apparu en premier. Elle aurait du s'en rendre compte bien avant. Sa main se porta sur son ventre. Elle cherchait à calmer ses pleurs pour ne pas effrayer ses enfants. Elle se sentait découragée et dépitée. Elle aurait tant voulue être dans les bras de Caïus. Elle finit par regagner son bureau et essuyer ses larmes. Elle se mit à rédiger une missive et fit appeler un coursier.

"Portez ceci au grand prêtre de Vénus, Tibérius Scribonius, sur le camp."

L'homme s'inclina et prit le message avant de se retirer. Elle quitta ensuite son bureau et rejoignit sa garde. L'homme à la tête commença par prendre la direction du domus des Aquilius mais la jeune femme l'arrêta. Elle ne se sentait pas le courage d'y aller. Rentrer cela signifiait revoir Roenna et même si elle appréciait grandement son androïde, elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir d'être ainsi l'élue d'une déesse qu'elle n'avait jamais prié. Elle ne tenait pas non plus à rencontrer la nouvelle venue, la dénommée Katla. Si Caïus souhaitait la voir, il saurait la trouver. C'est lui qui avait trouvé cet endroit. Rentrée dans la maison modeste, elle fit dire à la garde de rejoindre les autres cavaliers et de s'organiser pour appuyer les défenses de la ville. Elle ne garda que deux hommes dans la maison et renvoya tous les autres. Si au départ, ils émirent des protestations, elle leur dit simplement qu'elle ne risquait rien avec le retour de son époux dans la cité, d'autant plus que celui-ci était le fils d'un dieu. Les hommes finirent pas obtempérer. Valentina quand à elle se retira dans la petite chambre qu'elle occupait depuis quelques semaines, elle s'allongea sur le lit et se mit à pleurer. La grossesse n'était pas forcément la période la plus simple dans la vie d'une femme. Mais maintenant, elle était décidée à ne vivre que pour les deux vies qu'elle abritait. Le plie destiné à Tibérius contenait sa démission du Sénat et lui demandait de choisir quelqu'un d'autre pour la remplacer.